Blog - Marketing is Dead
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L’illusion du futur ou l’impossible imaginaire

medium_Fabriquerfutur2.2.jpgPetite contribution à Fabriquer le futur 2, seconde édition du livre de Pierre Musso, Laurent Ponthou et Eric Seuilliet, dont je vous ai déjà annoncé la récente sortie en librairie.*

Impossible à la fin des années quatre-vingt dix d’évoquer les écrans plats au cours d’une quelconque réunion de consommateurs sans que tout le monde ne s’extasie : « Extraordinaire, on baignera dans l’image, on sera au cœur des films ».

Impossible deux ou trois ans plus tard, d’aborder le même sujet sans que revienne de manière récurrente l’angoissante image de 1984 d’Orwell : « C’est un peu comme si la télévision nous suivait partout, on n’est plus vraiment libre de ses loisirs ».

Aujourd’hui, les consommateurs qui achètent des écrans plats n’achètent simplement que… des téléviseurs moins encombrants, un point c’est tout : en quelques années, on est passé de la fascination absolue à un étrange malaise – pour sombrer aujourd’hui dans la plus grande banalité des usages.

A chaque fois, les futurologues se sont bien évidemment laissés piéger : l’imaginaire que nous révèlent toutes les études qualitatives prospectives – en groupes ou individuelles – ne reflètent en réalité que les attentes, espérances, angoisses et désillusions des interviewés face… à leur présent : en 1998, c’était l’euphorie de la Nouvelle économie, et en 2002, le stress d’une crise mondiale sans précédent. Autant d’affects qui suintaient sur le quotidien des Français, les rendant euphoriques avant de les déstabiliser. Et pourtant !

Et pourtant, le futur apparaissait si prévisible : les grandes innovations – la téléphonie mobile, Internet – étaient déjà connues, voire maîtrisées par bon nombre d’entre nous, et l’avenir s’inscrivait dans une simple logique d’évolution : de plus en plus de services sur nos terminaux portables, le commerce traditionnel basculant pour partie en ligne, et le bras de fer grandissant entre les majors de l’édition musicale et les enfants de Napster.

Mais les nouvelles technologies ne changeaient en rien les schémas ancestraux de l’Information et de la Communication en nos sociétés occidentales : le téléphone mobile, c’était le téléphone sans un fil à la patte, Internet, plus de connaissance et plus vite ; mais TF1.fr parlait comme TF1, et tous les sites médias comme tous les mass médias traditionnels : one to many !

Peut-être la plus grande révolution – et la plus grande surprise – vient-elle des… SMS, ces petits messages personnels, si pauvres, auxquels aucun marketer – et bien sûr aucun ingénieur – n’accorda alors la moindre attention, mais qui préfiguraient le développement d’une communication asynchrone : « Je dis à mon copain que je pense à lui, sans me condamner à passer dix minutes avec lui à parler de tout et n’importe quoi ». Non, pour les gens des télécoms, l’avenir s’inscrivait dans une profusion de messages et d’interactivité : c’était le Wap, dont le succès ne fut hélas pas au rendez-vous !

Mais le développement de l’asynchrone – de l’interactif pauvre – rompait – et rompt encore – toute une logique d’évolution : dès lors, le futur devient inenvisageable, du moins pour la quasi-totalité de la population – excepté peut-être une frange marginale d’experts…

L’asynchrone des SMS apporta les premiers signes d’une violente rupture qui s’amplifie de jour en jour et que Tim O’Reilly a baptisée Web 2.0 : fin des mass médias et passage du one to many au many to many ; horizontalité, et non plus verticalité de la communication ; et bien sûr participation du plus grand nombre et systématisation de l’asynchrone.

Et là, les usages vont beaucoup plus loin que les imaginaires.

Les imaginaires se construisent dans la durée : nous pénétrons dans le champ des inconscients collectifs, de la psychanalyse de Jung, dans l’élaboration d’archétypes. Les usages sont instantanés, instinctifs et volatiles ; et d’autant plus instantanés, instinctifs et volatiles que ce sont souvent les plus jeunes qui les initient.

D’où le succès, après les SMS, de plateformes de blogs comme celle de Skyrock et de sites communautaires comme MySpace, qui mettent à bas les fondements de l’économie traditionnelle… précipitant la chute de la presse quotidienne française, déstabilisant durablement les majors de l’industrie musicale.

Depuis des années, les citoyens ne croient plus à l’objectivité des médias nationaux – les plus critiques à cet égard étant les lecteurs de la presse nationale, les autres se contentant des journaux télévisés ; et voilà que les blogs leur apportent une information – et surtout un commentaire sur cette information – estimé plus honnête : à quoi bon continuer à s’abonner à Libération ou au Monde ?

Concernant la musique, le bras de fer entre les majors et les sites de P2P ne s’est pas résolu par la victoire d’une partie sur l’autre, mais par l’émergence d’un nouveau modèle où la promotion passe par la mise à disposition gratuite des nouveaux morceaux sur Internet, indépendamment de toute opération de marketing traditionnelle : et c’est ainsi que les Artic Monkeys ont fin 2005 inscrit leur premier single en tête des charts anglais – ce à quoi ni les Beatles,  ni les Stones n’étaient parvenus !

Qui aurait pu imaginer cela il y a encore un an ? Certainement pas les éditeurs, tout à leur lutte contre les pirates du Net ! En fait, personne.

Traditionnellement l’imaginaire des citoyens reflète au mieux leur présent – et certainement pas leur futur ; avec la montée en puissance de Web 2.0 et des pratiques qui y sont liées, la gageure prospective devient caricaturale. »

* Voir ma note du 03.03.2007.

 

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Presse quotidienne : la fin d’une époque

medium_PQN.jpgArticle paru dans Presse Edition n°55 – Décembre Janvier 2007.

La presse quotidienne gratuite sera-t-elle le fossoyeur de la presse quotidienne nationale « classique » ? Fondés sur une lecture de type zapping, Métro ou 20 Minutes endosseront-ils la responsabilité de mort probable de titres comme France-Soir ou Libération ?

Le débat est ailleurs : aujourd’hui les médias traditionnels ne répondent plus aux exigences d’une population de plus en plus critique – parce que se sentant de plus en plus trompée – en quête de nouveaux repères. Et qui se tourne de plus en plus vers d’autres sources d’information.

L’arbre qui cache la forêt

Le business model de la presse gratuite ne présente aucune originalité : c’est celui de la radio, de la télévision. Les médias audiovisuels puissent leurs revenus, soit de l’impôt – la redevance, même si pour la radio, celle-ci n’est plus directement liée à la possession d’un poste –, soit de la publicité : dans les années quatre-vingt, les nouvelles stations de la bande FM se sont battues pour accéder à cette dernière manne !

La vente par abonnement n’est que très récemment apparue dans l’histoire, pourtant courte, de la télévision – avec l’arrivée de Canal Plus et surtout du câble et du satellite, et la fragmentation des audiences liée à la multiplication des thématiques : les chaînes généralistes à fortes audiences recourront au financement publicitaire (avec un apport étatique pour le secteur public), les autres demandant un droit d’accès à leurs auditeurs.

La presse, née avant la publicité, a toujours privilégié la vente – tant au numéro que par abonnements : les premiers almanachs étaient diffusés à la criée par des colporteurs itinérants. Et quand Emile de Girardin introduit la publicité dans son Petit Journal, il n’y voit qu’un financement complémentaire l’autorisant à baisser son prix de vente pour augmenter sa diffusion.

L’arrivée de la gratuité dans presse quotidienne ne constitue donc pas un réelle surprise – du moins sur le segment des titres à large diffusion, les journaux d’opinion ne drainant pas suffisamment de lecteurs pour intéresser réellement les annonceurs : elle apparaît même comme le réalignement de ce support sur les autres médias d’information, les radios périphériques notamment.

L’investigation coûte cher : la seule publicité pourrait-elle assurer le financement de titres comme Libération ou Le Monde ? Il semble que ce ne soit pas totalement le cas, si l’on compare l’épaisseur de 20 Minutes ou de Métro[1] à celle des précédents : l’analyse y fait cruellement défaut, ces titres se contentant grandement de décliner le fil des agences internationales ou de passer in extenso les communiqués des agences de relations publiques – sur ce dernier point, ils ne sont hélas pas les seuls !

Hors tout jugement de valeur, cela signifie simplement qu’il existe une clientèle croissante pour un contenu basique d’information – une sorte de degré zéro du journalisme – et qu’inversement – et parallèlement –, une presse quotidienne d’analyse et d’opinion constitue un concept vieillissant et en perte de vitesse : on pourra le regretter – ce qui est mon cas, fidèle lecteur de Libération depuis les années Jean-Paul Sartre – mais c’est un constat.

La Nouvelle Economie à la fin du siècle dernier a certainement contribué à accélérer la fuite en avant vers le tout gratuit : d’une part, parce que celui-ci constituait son unique business modèle – seule façon de gonfler artificiellement, mais immédiatement, les audiences pour attirer d’éventuels investisseurs[2] ; par ailleurs, les consommateurs ont bien été obligés de rogner sur des dépenses récurrentes pour financer celles liées aux nouvelles technologies – le téléphone mobile en premier.

La constante érosion de la presse quotidienne payante au profit de la gratuite ne s’explique que par un désamour plus profond – la crise qui frappe aujourd’hui la première ne saurait s’expliquer que par la montée en puissance de la seconde. Dans notre pays, jamais des titres comme Le Monde ou France Soir n’ont prétendu à des diffusions comparables à celles du Sun ou du Daily Mirror.

Surtout, depuis longtemps, l’analyse a migré vers un nouveau type de presse qui, malgré son nom, n’existe pas vraiment outre Manche : les news magazines. Les Français ont appris à se contenter de brèves informations quotidiennes, prenant le temps de la réflexion en fin de semaine : en Angleterre, aux Etats-Unis, ce sont les suppléments dominicaux de la presse quotidienne qui remplissent cette double fonction commentaire / détente.

Une crédibilité en perte de vitesse

La véritable question n’est pas : pourquoi les Français glissent-ils d’une presse quotidienne nationale payante, riche et complète, vers une presse gratuite, mais au contenu plus limité ? Mais : pourquoi les Français se détourne-t-il de plus en plus de la presse quotidienne nationale ? Car cette dernière a beaucoup moins prise de lecteurs à sa grande sœur qu’elle n’en a créé de nouveaux.

Le combat se situe certainement plus au niveau d’un marché publicitaire relativement peu extensible : en termes de lectorat, l’arrivée de titres comme 20 Minutes ou Métro cache une crise nettement plus profonde qui affecte aujourd’hui tous les supports d’information – et non la seule presse quotidienne.

Dans le baromètre annuel sur la crédibilité des médias réalisé par TNS Sofres[3], près d’un Français sur deux doute de la véracité des informations publiées par la presse – 48% versus 47% pour l’opinion inverse. L’écart se creuse fortement avec la télévision : 44% d’opinions positives versus 54% de négatives ; seule la radio tire – très relativement – son épingle du jeu, avec des résultats inverses à ceux du petit écran.

Au fil dans ans, les Français ont totalement perdu confiance dans leurs médias : la télévision, inféodée à de grands groupes capitalistiques – TF1 – ou au pouvoir politique – France Télévision ; mais également la presse et la radio, même si cette dernière s’en sort mieux – mais elle ne délivre qu’un contenu extrêmement limité : pas d’image, un temps de parole extrêmement réduit, avec une courte boucle éditoriale pour les stations en continu.

La radio tirerait-elle la crédibilité de cette « pauvreté » ? Peut-être : elle informe vite – plus vite encore qu’Internet ; et elle se limite aux faits les plus bruts – impossible de multiplier les commentaires en un espace temporel réduit.

Inversement la télévision, qui manie l’image – l’image apparaît toujours fortement soupçonnée de manipulation – et qui requiert en outre des moyens financiers gigantesques – d’où d’importants enjeux capitalistiques et ici encore les mêmes soupçons de trafics d’influence –, se révèle le plus critiqué des médias – la télévision, le mass média par excellence, et la caricature du système one to many.

Ce qui explique l’apparition, puis la montée en puissance, des blogs journalistiques au début des années 2000 aux USA – en pleine guerre en Irak, en pleine domination Républicaine. Ne s’estimant plus en mesure d’effectuer correctement leur travail – CNN, Fox News apparaissant complètement noyautés par le pouvoir économico-politique en place –, une poignée de journalistes décida d’utiliser les nouvelles ressources du Net comme contre-pouvoir… et comme média d’information « citoyen ».

Les premiers papiers publiés sur les opérations militaires en Irak ont rapidement bénéficié d’une forte audience, et d’une encore plus forte crédibilité – succès extraordinaire pour des supports ne bénéficiant d’aucune publicité et bien évidemment d’aucun moyen financier : mais ce n’était plus des institutions qui s’adressaient à la masse, bien au contraire : de simples citoyens d’adressant honnêtement à d’autres simples citoyens.

Le premier bras de fer a donc eu lieu au sein de la nation la plus puissante du monde, là où les patrons des médias sont les plus puissants : une alternative naissait, qui ne requerrait que des moyens extrêmement limités – mais une grande honnêteté…

Et c’est sur ce même terrain que se situe le nouveau combat en France de la presse quotidienne nationale – mais en fait de tous les médias d’information – versus un contre-pouvoir certes encore embryonnaire, mais d’une déjà extraordinaire vitalité : certainement pas la presse gratuite, mais le many to many.

Many to many

Pierre Bellanger a très fortement contribué au développement du phénomène des blogs en France… mais tout aussi certainement à en donner une image biaisée – bien involontairement, et ce qui ne remet en aucun cas son mérite en cause.

Extrêmement friand de culture – ou plutôt de contre-culture – américaine, le fondateur de Skyrock a découvert le phénomène à ses tous débuts ; de retour en France, il demande à ses équipes de l’adapter à la communauté de ses auditeurs, c’est-à-dire à un public d’adolescents : en quelques mois Skyblog accueille des milliers, puis des millions de blogs de collégiens et lycéens. Qui parlent de tout et de rien, de leur école, leurs petites et petites ami(e)s, de musique également : très rapidement – et bien évidemment à tort –, les spécialistes adultes parlerons de millions de journaux intimes brusquement portés sur la place publique !

Car un blog – même celui d’un gamin de 15 ans –, constitue un support d’information comme un autre, au même titre que TF1 ou Le Monde, n’en déplaise aux institutions qu’ils sont devenus ! Et additionnés les uns aux autres, tous ces blogs forment un média d’information d’une puissance extraordinaire : connaissez-vous les Artic Monkeys ?

Les Artic Monkeys ont réalisé en Angleterre ce que même les Beatles ou les Stones n’ont pas réussi : placer leur premier single au sommet des charts musicaux ! Ils y sont parvenus en diffusant gratuitement pendant six mois plusieurs morceaux de leur futur album sur le Net.

Démarche originale ? Pas vraiment en fait : des centaines de groupes font de même – mais tous ne décrochent évidemment pas la timbale ! Alors que c’est-il réellement passé ?

Leur musique a séduit une poignée d’internautes qui en ont parlé à d’autres, dans des forums ou sur leurs blogs : l’information a circulé – extrêmement crédible : elle ne provenait pas de critiques plus moins soupçonnables de complaisances, mais de réels amateurs – de jeunes en tous points identiques à ceux qui la lisaient.

Le succès des Artic Monkeys ne constitue pas un cas isolé : on citera pareillement celui de Clap Your Hands Say Yeah aux Etats-Unis.

Comment fonctionne / circule l’information sur les blogs ? Tous les bloggeurs disposent des mêmes moyens – ils sont tous égaux ; pourtant, assez rapidement vont se constituer des sortes nœuds dans la blogosphère – là où certains parlent avec plus « d’autorité ». Ainsi se crée le buzz : les nouvelles prennent de l’importance, gagnent en crédibilité – et les Artic Monkeys atteignent les sommets.

C’est le phénomène Web 2.0 : les citoyens parlent aux citoyens ; des millions de gens à des millions de gens – many to many ! Web 2.0, pour la musique, c’est des sites comme MySpace – une plateforme où chacun peut créer sa page personnelle pour y diffuser ses créations – et des milliers de blogueurs qui écoutent, critiquent et relaient l’information.

Un phénomène marginal ? Plus de 5 millions de blogs aujourd’hui sur la seule plateforme de Skyrock en France ; quant à MySpace, Rupert Murdoch a déboursé quelques 580 millions de dollars pour l’acquérir récemment. Non, Web 2.0 et la blogosphère constituent bien une réelle lame de fond – qui préfigure le paysage médiatique de demain : le pouvoir change de mains, il retourne aux citoyens.

Vers un nouveau modèle médiatique

La fameuse génération zapping dont se gargarisent bien des sociologues des médias n’existe guère que dans l’esprit de ces spécialistes : si les jeunes se contentent de brèves informations, ce n’est certainement parce qu’ils refusent analyse et réflexion, mais bien plus simplement parce qu’ils ne croient plus dans l’analyse et la réflexion pré-formatée des médias traditionnels.

Dès lors, à quoi bon payer – cher – ce dont on peut disposer gratuitement – et d’une qualité comparable : en fait, un simple fil d’informations, brutes et le moins possible manipulées. Le reste apparaît superflu – d’autant que les nouvelles technologies occasionnent de nouvelles dépenses : ADSL, téléphonie mobile, qu’il faut bien financer par ailleurs !

Que la montée en puissance de la presse gratuite ne facilite pas vraiment la vie de quotidiens déjà bien malades, c’est vrai ; accuser cette dernière de tous leurs maux constitue en revanche un raccourci un peu trop rapide. Mais globalement, les véritables responsables des malheurs des médias actuels… ce sont les médias eux-mêmes.

Evidemment dans le cas des télévisions généralistes, le risque semble plus lointain, puisque, d’une part, elles tirent leurs revenus de la publicité, et que, de l’autre, elles proposent plus de divertissement que d’information : n’empêche que l’audience des grands réseaux hertziens américains se tasse régulièrement[4] depuis déjà plusieurs années. Bien avant même l’apparition des blogs et de Web 2.0.

Blogs, Wikis, sites collaboratifs, etc., désormais les citoyens disposent d’une large palette de moyens d’expression : il serait suicidaire pour les médias traditionnels ne n’y discerner qu’un phénomène générationnel et nécessairement transitoire.

Bien au contraire, c’est toute la civilisation du one to many – celle des mass médias – qui bascule dans le many to many : des opportunités apparaissent à portée de main, tout comme bien des faillites sont à craindre.

Des opportunités : quelles opportunités ? Si demain – aujourd’hui même – les citoyens reprennent en main le contenu éditorial, les groupes médias devront accompagner le mouvement en leur fournissant les plateformes nécessaires : Skyblog hier, MySpace maintenant ; et Murdoch ne s’y est pas trompé en cassant sa tirelire pour acquérir cette dernière.


[1] Problème de jeunesse ? A Londres, les gratuits peuvent dépasser les 70 pages.

[2] Voir François Laurent : La grande mutation des marques high tech.

[4] IDATE News, 28 octobre 2003

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Du Consommacteur à l’Empowered Consumer

medium_casseur.jpgConsommacteur : magnifique mot valise – valise et fourre-tout, de surcroît ! Le consommateur acteur : mais acteur de quoi ?

Le terme est né de l’alter consommation et du commerce éthique, avant d’être détourné par le marketing qui se l’est indûment approprié… en le dévoyant fortement.

Le consommacteur originel présente un côté militant pouvant déboucher sur des actions énergiques, comme le boycott de marques non citoyennes : « Vous verrez […] que les grandes marques (plus chères) que vous connaissez appartiennent toutes à des groupes mondiaux, possédés par des actionnaires de tous pays, et produisant dans des pays à bas coût. A éviter donc », lit-on sur un tract : Devenez un Consommacteur !(1)

L’idée est que si une mondialisation effrénée ruine notre planète – et notre humanité –, les citoyens peuvent se mobiliser et réagir : qu’ils reprennent leur destin en main et que consommateurs passifs, et se muent en acteurs de leur consommation. Nike détruit des emplois en Europe en exploitant des enfants en Chine ? Refusons son impérialisme économique.

Inversement, le commerce équitable garantit une existence décente à des paysans défavorisés ? Soutenons les projets responsables et achetons le café labellisé Max Havelaar.

Le marketing ne participe évidemment pas d’un mouvement alternatif qui en dénonce les dérives les plus flagrantes, comme dans le livre de Naomi Klein : No logo, explicitement sous titré : La tyrannie des marques !(2) ; un mouvement pouvant déboucher sur l’activisme radicale des « casseurs de pub ».

Vu sous cet angle, consommacteurs et marketers ne sauraient faire bon ménage… même si certains s’interrogent : « No Logo est un livre qui m’a marqué ; je travaille en marketing et en design graphique, et je ne cesse de me demander si nous pouvons vivre de ce genre de métier sans avoir du sang sur les mains », peut-on lire sur le site de Radio Canada(3).

Tout au plus, le marketing y aura-t-il discerné une tendance sociétale plus profonde : la résurgence des valeurs de l’être versus le paraître, liée à un besoin croissant d’expression de soi. La mondialisation galopante conduisant à une nécessaire uniformisation – une lobotomisation – culturelle, les gens ressentent un impérieux besoin d’affirmer leur personnalité, marquer leur identité.

En mal de différenciation, les marques vont surfer sur la vague, les nouvelles technologies leur fournissent un support inespéré. Nike s’engouffre ainsi rapidement dans la brèche, en lançant son site Nikeid(4) : il est vrai que le leader américain a eu à subir les foudres des consommacteurs de la première génération, Michael Moore en tête qui débarque un jour dans le bureau Phil Knight, caméra sur l’épaule, et lui demande tout de go s’il sait que des enfants de moins 14 ans fabriquent les chaussures dans son usine en Indonésie.

Les nouveaux consommacteurs pourront, quant à eux, customiser les leurs sur Internet en choisissant la couleur, en précisant le nom qu’ils souhaitent y voir inscrit, etc.

A un consommacteur militant et solidaire, les marques opposent donc un nouveau consommacteur nettement individualiste, et à la créativité fortement bridée – elle ne s’exprime que dans un cadre très étroit et nécessairement préformaté. Le néo-consommacteur apparaît donc bien comme un pur produit marketing – un pseudo acteur !

Un nouveau consommacteur qui s’en va hanter les colloques et la presse professionnelle : « Libres variations sur des thèmes, les motifs contemporains sont porteurs du dynamisme d’un « consommacteur » qui attend des designers une nouvelle créativité, rien que pour lui », découvre-t-on dans Stratégies(5). Et la profession d’expliquer à la profession comment créer des produits qui laisseront croire à leurs clients qu’ils en sont les créateurs !

Evidemment, un tel discours ne séduit que ceux qui y croient… mais pas vraiment les consommacteurs supposés ! Ainsi le webmaster de Nike de recevoir la demande d’un internaute américain d’inscrire sur ses chaussures le mot « sweatshop » pour « rappeler l’effort et le travail des enfants qui ont fabriqué mes chaussures »(6). Refus embarrassé du fabricant qui découvrira avec stupeur la publication de ses réponses gênées sur divers sites et forums !

L’erreur du marketing aura été de croire que l’on pouvait traiter les consommacteurs comme de simples consommateurs, une cible émergente – des consommateurs as usual, avec de nouvelles motivations : auto expression, communication asynchrone, etc. Un peu comme les Activistes(6) d’hier privilégiaient hier leur élitisme au travers de marques identitaires : suffit alors de segmenter et adapter son offre.

Sauf que les nouveaux consommacteurs ne respectent pas les lois fondamentales du marketing, à savoir choisir au sein de propositions de plus en plus variées, celle qui leur convient le mieux. Ils ne comptent plus sur les marques pour leur permettre d’agir : ils agissent, point barre !

Ils ne se contentent plus d’illusions – d’une vie par procuration au travers des marques : ils reprennent leur destinée en mai, non pas parce qu’ils en ont soudain envie… mais simplement parce qu’ils disposent enfin des moyens pour !

Et là encore, les annonceurs l’ont appris à leurs dépends. Free, par exemple : début septembre 2005, Stéphane lance Freepouille, un blog pour raconter au quotidien ses déboires avec son fournisseur d’accès Internet ; un mois après, son audience explose – plus de 1500 visites hebdomadaires – et cela dure jusqu’à ce qu’enfin, fin novembre, une solution soit apportée à son problème.

Un an plus tard, son blog ne contient plus qu’une unique page de conseil : « J’avais écrit ce blog pour faire pression sur Free et d’une certaine façon, cela a porté ses fruits […] Mais plutôt que d’effacer complètement ce blog, je préfère ne laisser en ligne que cette note, dans laquelle je vais essayer de faire partager ma – petite – expérience… ». Ce qui ne l’empêche pas de totaliser aujourd’hui plus de 50 000 visites !

Le cas d’école reste celui des antivols Kryptonite : le 14 septembre 2004, le blog Engadget, un des plus populaires aux Etats-Unis, publie la note suivante : « Much to our surprise, we were able to hack our Kryptonite Evolution 2000 U-Lock with a ballpoint pen. This $50 lock is supposed to be one of the best for « toughest bicycle security in moderate to high crime areas » — unless the thief happens to have a Bic pen » ; une édifiante vidéo accompagne la note.(9)

L’histoire fait rapidement le tour des blogs et des médias et, après un pesant silence de quelques jours, la société incriminée suspend la production du cadenas défaillant, puis en offre le remplacement… une affaire qui lui coûtera la bagatelle de plusieurs 10 millions de dollars de pertes.

Résumons : le consommacteur #1 apparaît comme un militant du développement durable de la première heure ; le consommacteur #2, comme un vulgaire ersatz, un pur ectoplasme marketing.

Et le consommacteur #3, comme un citoyen lambda – ou presque – qui utilise au mieux les nouveaux outils technologiques dont il dispose : Stéphane n’embrasse d’autres causes que la sienne et ne se bat que jusqu’au jour où il obtient réparation ; par contre, les dégâts collatéraux apparaissent bien souvent irréversibles.

C’est pourquoi je ne parlerai plus de consommacteur le concernant, mais d’Empowered Consumer : un consommateur rendu plus puissant par les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication ; et qui sait user de son nouveau pouvoir, les fameuses NTIC dont se gargarisaient les spécialistes de la Nouvelle Economie au plus fort de la Bulle Internet.

Bien sûr, dans la vie quotidienne, tout cela se traduit par des pratiques bien plus banales, mais irréversibles. Ainsi tous les ans depuis mon arrivée dans le groupe Thomson, j’étudie l’évolution des comportements d’achat des acheteurs de produits d’électronique grand public. Les premières années, la démarche apparaissait intangible : quelques visites en magasin, les tests de la FNAC, les éventuels conseils d’amis… avant l’ultime rendez-vous au cours duquel un vendeur adroit savait toujours guider leur choix dans le sens de ses propres intérêts.

Il y a deux à trois, tout a basculé : première étape, une recherche plus ou moins précise sur Internet pour découvrir… les prix les plus bas, puisque les comparateurs de prix apparaissent toujours en tête des sites référencés par Google. Seconde étape, on affine : tel téléviseur dispose de deux prises HDMI : c’est quoi, ça sert à quoi ? Et on repart sur Google, puis de forum en chat, on se fait une petite idée.

Dès lors, la visite en magasin change du tout : notre client exige les prix les plus bas, et le vendeur a beau argumenter – non seulement, il y a 4 prises USB, mais aussi une prise Firewire –, ce dernier n’en a cure. Pire, il saura lui démontrer que, franchement, la prise Firewire, elle ne lui servira pas à grand-chose : non, ce qu’il veut, c’est cet ordinateur-là, à ce prix-là. Point barre !

D’autant qu’il sait parfaitement que le vendeur est intéressé aux résultats, que son bonus dépend uniquement de certains produits, ceux à fortes marges, pour le distributeur s’entend ; de même qu’il décode parfaitement les campagnes publicitaires, sait discerner les gadgets marketing des réelles avancées techniques, etc. Il regarde la télévision : Culture Pub, Capital et autres émissions économiques.

Mieux informé, mieux outillé, l’Empowered Consumer s’est emparé du pouvoir : il n’est pas près de le lâcher !

Evidemment le marketing actuel est caduc : marketing is dead !

Cela ne veut pas dire qu’il faut baisser les bras : cela signifie que plus rien ne sera comme avant. Et surtout que les entreprises qui tenteront de s’adresser à cet Empowered Consumer en croyant pouvoir lui parler le langage factice du consommateur #2 se préparent des lendemains difficiles.

L’Empowered Consumer n’est pas un nouveau subterfuge marketing : c’est une réalité forte, une équation nouvelle dont il faudra savoir tenir compte.

(1)www.familoo.com/familoo/RepFiles/3896536872/DevenezunConsommacteur.doc

(2)Naomi Klein : No logo.

(3)www.radio-canada.ca

(4)http://nikeid.nike.com/nikeid/

(5)http://www.strategies.fr/archives/1335_2/1335_203801/dossier_vous_avez_un_motif_.html

(6)François Laurent : La Grande Mutation des Marques High Tech.

(7)Bernard Cathelat : Les styles de Vie des Français.

(8)http://freepouille.blog.01net.com/

(9)http://www.engadget.com/

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Palo Alto et après… Systèmes instables et permanence

L’école de Palo Alto

On réunit sous ce vocable le groupe de chercheurs de multiples origines scientifiques réunis sous l’impulsion de Gregory Bateson dans cette petite ville de la banlieue sud de San Francisco pour jeter les bases d’une psychologie et d’une thérapeutique fondées sur l’analyse des relations interpersonnelles – et non sur celle des seuls individus, comme dans le cas de l’analyse Freudienne.

Pour Paul Watzlawick, Janet Helmick Beavin, Don D. Jackson et leurs collègues, nous évoluons à l’intérieur de plusieurs systèmes différents qui se recoupent partiellement : famille, relations de travail, amis, etc. : « Dans une famille, le comportement de chacun des membres est lié au comportement de tous les autres et en dépend. Tout comportement est communication, donc il influence les autres et est influencé par eux »*.

D’un point de vue thérapeutique, impossible d’isoler un membre de sa famille pour le soigner, non seulement parce que sa maladie résulte de sa position au milieu des siens, mais parce qu’elle façonne leur existence même, d’où un équilibre difficile à rompre. Jackson « a observé que si l’état d’un malade s’améliorait, cela avait souvent des répercussions catastrophiques dans la famille du malade mental (dépressions, épisodes psychosomatiques, etc.) ; il a supposé alors que ces comportements, et peut-être tout aussi bien la maladie du patient, étaient des « mécanismes homéostatiques » qui avaient pour fonction de ramener le système perturbé à son état d’équilibre ».

Quatre principes fondamentaux caractérisent les systèmes sociaux. Celui de totalité les distingue de simples agrégats d’individualités indépendantes : « Les liens qui unissent les éléments d’un système sont si étroits qu’une modification de l’un des éléments entraînera une modification de tous les autres, et du système entier ».

Celui de rétroaction dépasse la simple notion de feed back en inscrivant chaque action au centre d’une chaîne infinie de réactions, positives – et c’est l’effet boule de neige, chaque réaction gagnant en intensité par rapport à la précédente –, ou négatives – par soumission d’un individu à l’autre.

Celui d’homéostasie : tout système s’autorégule selon un équilibre qui lui est propre ; toute action tendant à une modification de cet état de stabilité entraînera ipso facto un ensemble de réactions destinées à le restaurer : la guérison d’un membre de la famille déclenche la maladie d’un autre.

Celui d’équifinalité enfin souligne la prééminence du système : des causes initiales identiques peuvent déclencher des résultats différents, de même que des causes initiales divergentes peuvent aboutir au même résultat, le but ultime consistant en la conservation du système.

Chaque individu participe donc de plusieurs systèmes qui se chevauchent plus ou moins. Son comportement pourra différer d’un système à l’autre, puisque ses actes dépendent de la relation qu’il entretient avec les autres membres du groupe concerné : tel employé de bureau docile se révélera un mari autoritaire à la maison, et un agréable compagnon à l’heure de l’apéritif.

Enfin d’éventuelles interactions entre systèmes voisins sont possibles : un individu refusera d’acheter le manteau que lui conseille son épouse, quitte à se le voir reprocher plus tard, par peur de paraître ridicule au bureau ; bien des familles se composent de groupes hétérogènes, physiquement très éloignés, et n’interagissant entre eux que par l’intermédiaire des éléments les plus mobiles.

Palo Alto, du 19ième au 20ième siècle

Deux traits fondamentaux caractérisent les systèmes dévoilés par Palo Alto : leur permanence et leur ouverture.

Permanence – Le fondement même de la théorie : les quatre principes de base, codifiés avec précision – totalité, rétroaction, homéostasie, équifinalité –, ne visent qu’à la permanence des communautés. Que leurs membres ne les respectent pas et tout s’écroule : imaginez un bureau où un employé s’ingénie à réfuter l’autorité de ses supérieurs – à la porte ! imaginez une société où l’autorité des dirigeants se trouve sans cesse remise en cause – c’est la faillite assurée !

Evidemment la pression qui pèse sur chacun des participants apparaît immense : impossible parfois d’exprimer de sincères opinions, de répliquer trop instinctivement, ou inversement de réprimander ; d’où parfois des actes manqués qu’il conviendra de négliger, des non dits par trop loquaces, voire des agressions indirectes – le petit nouveau qui « flingue » à tout va, juste pour briller…

Ouverture – Heureusement, nul ne se retrouve enfermé au sein d’un seul système : nous naviguons avec (plus ou moins grande) aisance d’une communauté à l’autre, quittant notre bureau pour le restaurant où nous attendent des amis, retrouvant avec joie le soir notre famille, etc. Et même dans la société où nous travaillons, nous pouvons nous évader quelques instants de notre service pour échanger avec des collègues d’un autre département.

Souvent, des systèmes se désagrègent, parfois brutalement, parfois insidieusement : nous démissionnons de notre job « parce que nous avons besoin d’un peu d’air frais » – mais le système s’adaptera, il survivra sans nous en embauchant un remplaçant. Un ménage sur deux divorce à Paris, mais la mésaventure sera d’autant mieux surmontée que les autres systèmes où nous nous mouvons – travail, amis, famille, etc. – nous soutiendront… en fait, qu’elles nous assurerons une permanence transitoire là où une communauté explose.

L’ouverture entre système assure donc la permanence de l’ensemble.

Les communautés de la France paysanne du 19ième siècle respectaient les même principe de totalité, rétroaction, homéostasie et équifinalité – condition sine qua non de leur permanence : et en ce sens, l’analyse de Palo Alto s’enracine dans une très longue tradition.

Par contre, l’ouverture faisait le plus souvent cruellement défaut – cruellement à nos yeux, s’entend. Difficile de quitter son village, sinon sans espoir de retour, ou pour de longues périodes, équivalent plus à des ruptures qu’à des ouvertures : quand le conscrit partait à l’armée, il ne naviguait pas d’une communauté – son village – à une autre – l’armée – mais quittait temporairement un système pour un autre : il ne pouvait récupérer le soir au sein de sa famille des brimades de son adjudant.

La vie de village était codifiée à l’extrême, l’autorité – les autorités – en régentant le quotidien : maire, curé, instituteur imposaient un ordre très strict que tous respectaient sous peine de se voir imposer la pire des exclusions – l’exclusion de la communauté à l’intérieur de la communauté elle-même.

L’extrême stabilité de tels systèmes ne peut qu’en renforcer l’oppression. Autre type de système fermé, le pensionnat, pétrifiait les adolescents qui le fréquentait, les maîtres d’internat organisant la répression contre toute forme de rébellion ; mêmes remarques pour le service militaire, etc. Car nul besoin de souplesse ici pour conserver son pouvoir – de quasi droit divin – et ses ouailles : nul ne peut réellement s’échapper, sinon définitivement.

Le 20ième siècle, avec le développement des communications – routes, voiture, train, avion, métro, etc. – et des télécommunications – téléphone fixe, puis mobile, la radio hier, Internet aujourd’hui – a considérablement favorisé l’ouverture des systèmes, optimisé le passage inter structures. Et ce faisant, considérablement renforcé la permanence des systèmes élémentaires – l’entreprise, la famille, les cercles d’amis – et celle surtout celle du système d’ensemble – la société où nous vivons, notre civilisation.

Palo Alto et après

Un blog constitue-t-il la base d’un système – dans l’acception de Palo Alto s’entend ?

Celui-ci, plus ou moins. Du moins, tant que je m’en occuperai activement et en garantirai de mon mieux la permanence. Il s’inscrit au cœur d’une communauté d’amis, qui partagent peu ou prou ma vision de la société de consommation, du marketing, de la communication ; avec certains d’entre eux, nous souhaitons même ambitieusement jeter les bases d’un nouveau marketing – ou plutôt d’un Post Marketing.

La rétroaction demeure encore pauvre, de même que l’équifinalité, mais elles existent : quand un internaute poste un commentaire, il y a bien rétroaction ; quand un autre attache l’adresse de son propre blog à une réplique lapidaire, il y a bien équifinalité : il ne me répond pas, il ne cherche qu’à capter une part de l’audience.

Mais que dire des millions de blogs d’adolescents qui fleurissent continuellement sur Skyrock ?

D’aucuns les comparent à autant de journaux intimes soudain portés sur la place publique – un comble pour des journaux intimes ! Et pourtant, ce n’est pas totalement faux : on pourrait croire à un réseau d’échanges entre copains ; sauf que chacun aura le sien, que les frontières se révèlent extrêmement floues, les interactions chaotiques, et que tout cela ne s’inscrit que dans une très hypothétique durée.

Les blogs bafouent les fondamentaux de Palo Alto ; les SMS également : « Envoyer un SMS, c’est juste dire à un copain que je pense à lui sans avoir besoin de l’entendre me répondre : moi aussi », commentait récemment un jeune : le SMS fonde la communication asynchrone, sans immédiate rétroaction – et c’est une des clefs de son succès.

Et les flash mobs ? Un flash mob, c’est une sorte d’happening improbable : 50, 100, 200 personnes qui ne se connaissent pas, ne se reverront peut-être jamais, et qui se retrouvent soudain en un même lieu pour exécuter la même action totalement inutile au même instant : applaudir pendant 30 secondes, regarder en l’air. C’est parti de New York, on en a vu à Boston, Minneapolis, San Francisco, avant de débarquer à Rome, Londres et Paris où quelques cent personnes ont brandi des panneaux représentant d’immenses lunettes de soleil.

En d’autres termes, apparaissent de nouveaux systèmes réfutant toute idée même de permanence.

Permanence dans la non permanence

Se dirige-t-on vers une civilisation de la non permanence, de l’éphémère, du transitoire, de l’instable ? Vers une société asystémique – une non société, en quelque sorte ?

Inutile de consulter sa boule de cristal, l’horizon temporel à envisager serait bien trop vaste : de tel bouleversements embrassent des dizaines, voire des centaines d’années – même au siècle d’Internet. Même à ne considérer que les jeunes générations, les plus aptes à tout chambouler : ainsi même si ces derniers rejètent de plus en plus les marques, montrent une sensibilité exacerbée à l’éthique, il n’en demeure pas moins que, même parmi eux, les marques occupent une part de marché supérieur aux non marques ; et que le commerce équitable demeure marginal.

Et puis, des étapes transitoires apparaissent nécessaires. Prenons justement l’exemple des marques et des non marques : de plus en plus de consommateurs acceptent d’acheter des produits de marques inconnues… mais dans des enseignes connues ; ou sur Internet… des produits de marques connues. Peu ont franchi totalement le pas pour se lancer dans l’inconnu, même si le mouvement paraît inéluctable.

La non permanence s’est révélé en fin de vingtième siècle par le développement de structures d’accueil transitoires, comme le Point Ephémère, quai de Valmy à Paris : « Ce centre de dynamiques artistiques a ouvert le 13 octobre 2004 pour une durée de vie programmée de 4 années. Il met en place les moyens nécessaires à la résidence d’artistes (plasticiens, musiciens, danseurs, scénographes) et des outils de reconnaissance publique de leur travail »**.

Les artistes qui transitent dans ces lieux espèrent que leur œuvre, elle, s’inscrira dans la durée.

Se développe aujourd’hui une autre forme de non permanence, fondée à l’inverse sur des espaces stables accueillant des systèmes instables : la plate-forme Skyblog héberge aujourd’hui plus de 4 millions de blogs – plus de 4 millions de systèmes de communication asynchrone, totalement erratiques, et plutôt réservés aux adolescents. Mais pour les adultes ?

« Vous voulez monter le blog de votre rue, trouver une baby-sitter, disputer un match de foot amateur, apprendre à cuisiner thaï, organiser un bœuf avec les musiciens du quartier, trouver quelqu’un pour réparer votre ordinateur ? » : rendez-vous sur peuplades.net. Le site constitue la structure d’accueil stable et permanente d’une kyrielle de communautés plus ou moins éphémères, plus ou moins structurées, plus ou moins spontanées, plus ou moins publiques – du plus sérieux : Soutien scolaire dans le 18ième arrondissement, au plus futile : Happening « Pique-Nique Géométrique au Champ de Mars ».

Avec cet Happening, nous glissons vers le flash mob déjà évoqué et peuplades.net évoque alors ici parismobs.free.fr, flashmob.com et autres flash-mob.de, avec encore plus de spontanéité – la plate-forme accueille tout groupement, sans a priori – et d’éphémère – éventuellement, rien n’étant défini par avance et codifié comme tel par le site.

Nous pourrions également évoquer le succès de La Nuit Blanche, à Paris, puis dans d’autres capitales, la mairie de la capitale, structure pérenne, favorisant l’émergence d’événements nécessairement provisoires.

Structures permanentes versus communautés instables

Autorité et codes ont longtemps assuré la permanence et la survie des systèmes fermés de civilisations essentiellement rurales ; l’ouverture entre systèmes, propre à la civilisation du 20ième siècle, en garantit la stabilité et la continuité tout en levant considérablement les contraintes liées à l’autorité et aux codes.

Aujourd’hui, nous basculons dans une civilisation où cette notion même de permanence devient moins centrale – une civilisation qui ne se fonde plus sur une nécessaire stabilité, d’où le développement exponentiel de modes de communications asynchrones : SMS, blogs, e-mails, etc.

En cette période nécessairement incertaine, se développent des pratiques transitoires, liant la stabilité d’un espace – même virtuel – et la fugacité de pratiques : là réside un champ d’investigation capital pour anticiper ce que sera la société de demain.

* Paul Watzlawick, Janet Helmick Beavin, Don D. Jackson : Une logique de la communication, Editions du Seuil, 1972.

** http://www.pointephemere.org/index.html

*** http://www.peuplades.net/paris/

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La communication en synapse : vers un citoyen ni global, ni local.

La globalisation du consommateur peut s’envisager d’un point de vue purement mécanique : pour des économies d’échelle évidentes, les produits deviennent mondiaux, et par voie de fait les citoyens achètent les mêmes écrans LCD au Japon, en France ou au Mexique, mangent les mêmes hamburgers à Paris, Séoul ou New-York ; et dans toutes les rues du monde, ils téléphonent avec les mêmes appareils fabriqués en Corée ou en Chine.

Pourtant, là ne résident toujours pas les clefs du succès : Mac Donald en France a dû compléter ses menus de salades, mieux adaptées aux goûts hexagonaux. Plus récemment, les opérateurs de la téléphonie mobile ont découverts que les usages fondaient plus l’innovation que les technologies elles-mêmes, d’où l’échec du WAP en France, versus l’insolent développement de l’i.Mode au Japon : si les produits s’internationalisent rapidement, il n’en va pas de même des usages.

Autre vecteur très souvent avancé de la globalisation de notre société : les marques. Sans même approfondir le rejet théorique et éthique tels qu’ils émergent de plus en plus, et parfois violemment, tant dans les démarches des groupes d’opposants à la publicité ou dans No Logo*, nous ne pouvons que constater l’immense reflux des marques dans des secteurs aussi divers que le high tech ou l’alimentaire, où non maques et produits premier prix grignotent inlassablement les parts de marchés des marques leaders.

Dernier vecteur que nous envisagerons – sans recherche d’exhaustivité –, les réseaux de communication, et au premier rang d’entre eux, Internet : force est de reconnaître que si ces derniers n’ont – et ne sauraient avoir – d’existence que mondiale, leur utilisation ne milite pas nécessairement dans le sens d’une globalisation de la consommation. Nike notamment en a fait ces dernières années la cuisante expérience, passant de sa position de marque statutaire des jeunes à celle de punching ball, après son interpellation quant à son emploi d’enfants chinois.

Il semblerait donc que notre société – ou du moins les jeunes générations – s’oriente plus vers une globalisation du rejet, sinon du global, du moins du globalisateur. Pour comprendre ce reflux « vécu » du mondial par rapport à sa réalité concrète – nul ne saurait remettre en cause un tel état de fait –, il convient de se pencher sur les modes organisationnels de nos sociétés en matière de communications interpersonnelles.

Une des analyses les plus pertinentes pour expliquer à la fois la structure des sociétés occidentales du siècle dernier et l’explosion d’Internet, est celle de l’école de Palo Alto**. Pour Paul Watzlawick et ses confrères, nous interagissons tous au sein de plusieurs systèmes relationnels régis par les quatre principes de totalité, rétroaction, homéostasie et équifinalité ; ces systèmes sont qualifiés d’ouverts en ce sens nous naviguons sans cesse d’un système à un autre : notre famille, nos amis, notre travail, etc.

C’est essentiellement l’urbanisation qui a permis le développement d’une telle organisation sociétale : les villageois de la fin du dix-neuvième siècle vivaient en des systèmes quasiment fermés. Dans un village, tout ce sait, toute action individuelle influe sur, et est influencée par, la communauté : soit on accepte les codes rigides, soit on s’en exclue, sans aucune solution intermédiaire.

La ville constitue le lieu idéal de développement des systèmes ouverts : contrairement au village, espaces de travail, de loisirs, de vie, etc., peuvent se déconnecter les uns des autres, et chaque individu peut évoluer librement de l’un à l’autre ; il peut même changer de personnalité de l’un à l’autre : méthodique au travail, convivial entre amis, autoritaire avec les siens, etc. Les moyens traditionnels de communication – voiture, métro – et de télécommunication – téléphone – ont ensuite favorisé la mutation.

Internet dilate les groupes à l’extrême, certains n’existant même que dans la virtualité : forums, chats. Sans nécessairement conduire au syndrome des personnalités multiples ou à la schizophrénie, l’anonymat autorise l’adaptation souple des citoyens aux communautés au sein desquelles ils s’inscrivent au gré de leurs choix.

Mais aujourd’hui, apparaissent de nouveaux modes de communication qui remettent totalement en cause l’analyse de Palo Alto : des systèmes non plus seulement ouverts, mais totalement déstructurés ne répondant plus aux quatre principes de totalité, rétroaction, homéostasie et équifinalité.

Dans un système ouvert, tout comme dans un système fermé, les participants respectent un certain nombre de règles précises, qui déterminent en fait leur appartenance à un groupe social particulier : si dans un système fermé, elles apparaissent totalement incontournables – puisqu’il n’existe aucune solution hors du groupe –, au contraire dans un système ouvert, leur observation se révèle souvent plus souple, l’exclusion du groupe ne constituant plus un danger si élevé.

Les blogs journalistiques ne diffèrent pas réellement du modèle, ne serait-ce que parce qu’y demeure un certain contrôle. Ce qui n’est plus nécessairement le cas des trois millions de blogs d’adolescents qui se sont récemment développés sur le site de Skyrock en France : les contours en sont flous – tout inconnu peut s’inviter au sein de ce qui ressemble pourtant plus à cercle privé qu’à un site institutionnalisé, ou du moins simplement public.

Aujourd’hui, parmi les jeunes Européens, se développent deux systèmes relationnels totalement opposés. Essentiellement dans les banlieues des grandes conurbations, se renforcent des tribus au fonctionnement assez proche de celui des villages, où chacun cherche à rester en étroit contact avec les autres membres de son groupe : d’où ces jeunes qui se téléphonent d’une salle à l’autre des complexes cinématographiques pour commenter les films qu’ils regardent et inviter leurs amis à les rejoindre.

Pour ces jeunes, les marques jouent un grand rôle identitaire, définissant l’appartenance à son clan, et des leaders comme Lacoste ont souffert de devenir l’emblème de certains d’entre eux ; d’où le succès plus récent de Com8, la marque de Joey Starr. Pour eux, par contre, la mondialisation ne constitue qu’une donnée abstraite et lointaine, tout au plus une contrainte économique qui les rejette dans le chômage, et les referment sur leur tribu.

Inversement, la grande majorité des jeunes – et notamment tous ceux qui maîtrisent parfaitement les nouveaux outils de communication – cassent les systèmes relationnels actuels, pour développer des organisations totalement déstructurées : ici, le groupe devient filandreux, s’organise autour de chaque individu comme les neurones déploient leurs synapses ; et sur le même modèle, les relations qui s’établissent peuvent se renforcer ou s’amoindrir au fil du temps, sans réelles conséquences.

Pouvons-nous pour autant parler de comportement de citoyen mondial dans ce dernier cas ? En fait, il ne semble pas quelque spatialisation joue ici : les encyclopédies Wiki étendent leur ramifications aux quatre coins de la planète tandis que les blogs ne dépassent pas nécessairement les limites d’un quartier, mais dans un cas comme dans l’autre, il ne s’agit que du prolongement de mon système relationnel personnel, sans plus ; et si l’espace ne constitue plus une contrainte, il apparaît plutôt comme un paramètre secondaire.

Pour passer enfin du citoyen au consommateur, il convient de s’interroger sur la notion fondamentale de marque : or cette dernière ne joue plus aucun rôle identitaire dans un système ultra-ouvert et déstructuré, puisque plus personne ne revendique son appartenance à quelque groupe que ce soit. Et ce tant dans le monde virtuel d’Internet que dans le concret des cours de lycée : les grandes marques mondiales laissent peu à peu la place à d’autres, moins connues, voire disparaissent totalement face à l’anonymat d’un jean acheté aux puces !

* Naomi Klein, No logo – La tyrannie des marques, J’ai Lu, 2004.
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Paul Watzlawick et al., Une logique de la communication, Seuil Points Essais.

 

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Usage creates innovation: future is local

Globalization is only a technician’s point of view – at least an industrial necessity. But certainly not a consumer need. An usually widespread idea is that tomorrow, life will be “standardized” all around the world because technology will be “standardized”: we’ll use the same computers, the same mp3 players, etc. we’ll become identical from London to San Francisco and from Berlin to Atlanta, doing the same thing with the same objects.

But it’s not because we have the same mp3 players or the same cell phones in hand that we use them in the same way: teenagers in Paris, Tokyo and Beijing don’t have the same usage of their mobile phones for instance. And globalization doesn’t appear as the objective for teenagers: for them, life will be different, somewhere between local and global – but certainly more local than global.

Innovation and globalisation

Economy becomes more and more global, especially in high tech industry: there are no more local computer, television or cell phone manufacturers – only local assemblers, essentially working for retailers. All the leading companies – Sony, Samsung, Dell, Hewlett Packard, Nokia, etc. operate at a worldwide level. Consolidation goes really quickly, generally by external growth, leaders buying their challengers.

In most cases innovation appears as the main driver, as for the cell phone industry: cell phone industry is an extremely recent one where technicians establish worldwide standards in order to have the possibility to sell the same products in Paris, London or New-York. When there is no past, no history, it’s quicker and easier for the whole industry to act in a same and common direction.

Television is an old high tech industry – more than half a century! Transition from black and white to color abolished some differences in Europe, mainly between French Secam and German Pal. But some divergence remained – for instance at a global level, with American NTSC. Today new transition to flat screens (LCD, PDP) and to High Definition (Mpeg 4) accelerates worldwide unification.

This recent phenomenon coincides with the development of digital. Clearly, digital speeds up innovation and globalization: 30 years ago, the first experiments of analog High Definition television failed pitifully, mainly because European and Japanese industries dashed into a wild and total competition, refusing any discussion. Remember the story

In 1972, NHK, the main Japanese TV channel, starts research on High Definition television, supported by the government; 1984: European Broadcasting Union gives its agreement to the standard D2 Mac Paquet, developed by France Telecom and Deutsche Telekom. 1986: Japan submits their HiVision to the Consultative Committee for International Radio, but not compatible with American NTSC.

European industries improve the development of D2 Mac Paquet with new HD MAC whereas Japanese HiVision is modified to a NTSC compatible version: Muse. But American government starts at the same time initial research on digital TV.

Millions $ will be invested and simply lost: In 1993, in front of the obvious failure of the standard, Philips and Thomson abandon D2 MAC, as do the Japanese the following year with Muse. It will be necessary to wait until 2006 and the football world cup in Europe for High Definition television to really begin.

Digital High Definition television. And thanks to a global standard based on Mpeg4. Digital drives innovation. And innovation drives innovation.

Nevertheless, even with digital, everything is not perfect and sometimes industry plays again and again the same old song – repeating the same mistakes: today DVD recorders multiply non compatible standards as did 30 years ago the VCR with JVC’s VHS, Sony’s Betamax and Philips’ V2000.

However the story began very well: when the first devices arrived on the market in 1997 in France, it was under the best auspices: a single standard, the praises of the press, a promising future in spite of high prices. Only two shadows in the picture: an unofficial format called DivX, allowing burning a film onto a simple CD; and the Chinese preference for the competitor Video CD.

But DVD was not burnable. With the launch of the first burners, there started a new war between more or less compatible standards: consumers had to learn the differences between DVD +R, DVD + RW, DVD RAM and DVD-R /-RW! Good luck! And moderators heard again and again the same complaints during focus groups: “I remember what my father said about his old Betamax.” A never ending story!

DVD size is too small to burn a film in High Definition quality: unluckily, if the next generation of burners will strongly improve quality, it will not correct the error of the previous one: the war is always so violent between Blu-ray and HD-DVD whereas Chinese want to launch their own standard, called EVD.

Nevertheless the dominating trend is industrial globalization, with the emergence of quasi-monopolies: how many brands in cell phones’ industry, how many for computers? On this last market, globalization is more in the components: if there are a lot of local makers – essentially working for retailers – for the chip, you just have the choice between Intel and AMD.

Because high tech products are the same from one extremity of the planet to the other, high tech globalization is quickly on its way: citizens use the same machines, in the same way, there are less differences between a teenager in Tokyo and in Sao Paolo than between this teenager and his grandfather! Technology standardizes our world.

In this global game, some countries are more important than others: cell phones, LCD televisions, mp3 players, everything comes from Akihabara in Tokyo – as it was the case for luxury and perfumes in Paris. Japanese teenagers show the direction to a global young generation: tomorrow we’ll use the products they buy today. Knowing the high tech future is easy: we see it in Akihabara streets!

Innovation is usage

That’s what high tech managers think – or still try to think. But reality, as it appears more and more often, is completely different. In this paper our approach will be mainly based on observation of failures and successes, and then questioning people to explain these failures and successes and understand the evolutions of their day to day practices.

Failures are not exceptions, as for the DVD recorders: reality is more the opposite. Best case is certainly the 2.5 generation on cell phone market.

GSM was the second generation for cell phone, the transition from analog to digital, but limited to voice. UMTS will be the third generation with high speed communication for voice, data and images. Between GSM and UMTS, 2.5 generation was seen as a great improvement, optimizing immediately GSM possibilities with data and images.

Called i-mode in Japan, 2.5 generation became a great success: teenagers immediately bought i-mode cell phones – and used i-mode services: to discover the best restaurant in the street, to know the location of the latest fashionable disco, to send messages to their friends and reply to their parents, etc.

Called WAP in France (for Wireless Application Protocol), 2.5 generation was a disaster because in our country nobody wanted to carry in his pocket a mini computer to connect to Internet, to chat, to surf in the street: speaking with friends, or informing them of a delay was enough.

Technique is less important than usage: therefore WAP didn’t succeed in Europe. Usage creates innovation – not engineers! The real innovation – and success – of the last five years is SMS. However SMS is not a technical innovation, neither a marketing innovation: no telecom operator believed in such a product. But the younger generation used them a lot: why?

Communication has completely changed since the beginning of the 21st century. Last century was marked by the transition from closed systems as in the little country villages to open systems as described by Palo Alto researchers; but now the younger generation is moving to less and less structured systems, without constraint at all. We’ll come back on this point.

Consumer is the real creator of the products he uses… and sometimes it’s surprising. Surprising for engineers when he gives sense to products in which they do not believe, as SMS: SMS is a very poor system of communication, especially when you can add pictures and data to the voice!

Surprising when users transform a product into another. Recently a French telecom operator experimented with mobile television on a cell phone: 185 persons received a nice terminal – the same size as a normal cell phone with a wonderful LCD screen.(*) The main purpose of the test was to discover where and when people would watch television : at the hairdresser’s, at the office, waiting for somebody in a bar, etc.

Positive surprise: 84 % of the users think that the mobile telephone is well adapted to television. Quality of image and sound are approved by a large majority – respectively 98 % and 95 % of satisfied users. News appears as the most relevant program for telephone, ahead of music and weather reports.

But the real surprise comes from the place and time where people look at television on their mobile phone: 70% watch it by night… at home. For them, this kind of telephone is above all a second TV set! A nice tool to watch the end of a soccer game in bed, without annoying his spouse.

From a methodological point of view, it’s no more possible to conduct consumer research as usual. Imagine: you write a nice concept board about mobile television; you moderate a qualitative group with early adopters – to be sure they will correctly understand the product – and you try to know when and where they will watch this television.

“In a coffee shop, waiting for a friend” or “In a bus, on my way to my office”, etc. They will imagine all situations – the same situations engineers and marketers would imagine too. Mistake: in real world, they’ll use it at home, in bed!

When you question somebody about usages he could have, he necessarily answers with his semantic memory – where concepts are built and analyzed; but his life leaves its own traces somewhere else: in his episodic memory. This is why nobody can really imagine what their future will be: nobody can anticipate something in episodic memory with semantic memory.

The only pertinent way to determine what is an innovation or not, is look at citizens’ behavior: it’s why we researchers today replace more and more in depth psychological interviews or focus groups with ethnology and pure observation. To understand what “connectivity” really means for consumers today, it’s more relevant to visit them at home and see their practices and solutions.

It’s what we did at Thomson last year. First we identified Young couples without children and Young parents as key targets for connecting products because as all young people, they are deeply involved in computing and nomadic digital products; and at the same time they start a new life where home and family become more and more central, including television.

They have a lot of music, photos, videos they like to share with friends: to understand how they achieve it, we sent an ethnologist with a cameraman to visit 12 homes and discuss this point with them: “Tell me how you show all your pictures to your friends?” The reality is amazing: they take a lot of photos… they never look at, neither alone, nor with someone else.

And when you ask them why they don’t connect for instance their camera to the TV set, they reply: “I didn’t know it was possible”! However we are questioning early adopters, high tech lovers but their behaviors are totally unexpected: they photograph all the time with their cameras, webcams or cell phones, select only a few pictures which they send to all the addresses they have in their mail box, then they forget them.

Another example: in 2004 we had to understand consumer concerns and expectations towards video recorders with built in hard disk drive. These kinds of products are like a VHS video recorder, but the tape is replaced by an hard disk drive: it facilitates recording (you can easily record hours of program); another advantage is the time shifting: you can “pause” a live program, answer a call, and start again thanks to a temporary recording on the hard disk.

We organize qualitative groups amongst early adopters and time shifting appears as the most appreciated feature: so fascinating! Then we gave a prototype to each attendee and questioned them after two weeks: time shifting was no more a useful feature because it breaks the domestic cohesion. Conversely they approved by a large majority the ease of recording: reality of use completely changes the perception and the destination of the product!

Global or not global

Two opposite movements cross our civilization, one bound to technological innovation, the other to usages engendered by this innovation: the point is to know if worldwide high tech products will necessarily generate global usages or if usages will nevertheless remain local and convert global innovative high tech products into local products. Which one is the most powerful trend?

If it’s the first one, the whole planet will act tomorrow in the same way: we’ll listen to the same music on the same mp3 players, watch the same movies on the same LCD TV sets, drive the same cars thanks to the same GPS Navigation System. Some differences will remain: British citizens will continue to drive on the left side and French ones on the right, and German movies will be translated – at least shown with subtitles – on Japanese television; but music is already global and Japanese teenagers listen to Franz Ferdinand or Placebo as do French or American ones: since Elvis Presley and the Beatles, rock and roll is universal and the language doesn’t matter.

Actors eat the same food in movies we see on our TV sets when we are having dinner at home – and we choose the same meals in restaurants afterwards: Chinese or Italian food is no more exotic food – just a part of global food: there are so many Chinese or Italian restaurants in New-York, Paris or Sidney! That’s what the great majority of futurologists think.

But if the second is the most powerful trend, we’ll use in totally different ways the same global products: TV sets, cell phones, microwave ovens will be identical in Paris or in Tokyo – coming from the same factories in Korea or China – but we’ll eat different meals, watch television in different ways, we’ll call our friends for different reasons – not at 4 PM to have a cold dinner with a glass of beer at 6 PM in front of a baseball program!

Changes are quicker amongst young teenagers than mature citizens: you accept more easily the changes when you don’t have too many anchored customs. Evaluate the power of these two movements – technology versus usage – through two symbolic products of this generation: mp3 players and mobile phones.

mp3 is certainly one of the most successful products of the last ten years: every teenager has one: thye can’t live without one. All teenagers walk or cycle in the streets of Berlin, Seoul or Chicago with their player in their pocket, the earphones plugged into their ears, listening to the Artic Monkeys, Franz Ferdinand and/or Eminem: music and music players are global – and usages too.

Yes. And No! And conclusions are certainly more complex!

Music was global before mp3 and mp3 players: Mozart or Bach were played at the courts of all the European kingdoms, and then listened to by the whole European bourgeoisie; they were as popular at the opera in Paris as in Moscow. During the second part of the twentieth century, radio boosted the explosion of the rising music, but didn’t create the love of the music amongst young generations.

The Beatles – according to the famous word from John Lennon – were more famous than Jesus Christ, not because radio broadcast their music but because their music expressed the rebellion of a whole generation to the consumer society; today Placebo or Franz Ferdinand are not famous because their songs are shared on Internet but their songs are shared on Internet because they are popular. Because, since Elvis Presley, rock and roll is (one of) the music of the young people!

And Eminem? Eminem is certainly the best example. Because Eminem is not rock and roll but rap: rap is another kind of rebellion and contestation, more spontaneous than rock and roll today. Rap exists in all suburbs over the world, at least in developed countries: rap is the music of the young and poor tribes in America, Eminem comes from Detroit. If Eminem is a well known star now, it’s because he personifies a certain kind of revolt against establishment. A common revolution for all poor young people.

At the same time, rap is the link gathering a tribe living in the same suburb: viewed from this angle, rap is no more global, only micro-local. And the boys who listen to the same music on the same Boom Box (big portable audio system) as the boys of the next street don’t share anything with them: they don’t belong to the same tribe; they don’t live in the same world – because their world stops at the corner of the street!

Technology supports musical globalization – but doesn’t create it. It’s not because young boys, all over the world have the same mp3 players or the same Boom Boxes that they share the same values, the same expectations. Reality is exactly the opposite: it’s because music was global first that it became so rapidly global. Culture before high tech.

Same analyze for cell phones: in this case, technological innovation was 50 years late versus civilization! Or even more!

When western countries were more or less agricultural, villagers met every day on the main square of the village; when they had to discuss, they walked easily from one house to another. In the small towns, it was not really more difficult; even in Balzac’s books, at the middle of the 19th century, Parisians walked continuously from one district to another: big cities remained human.

After the drift from the land, cities became suddenly too big: it was no longer possible to keep in touch with all ones friends or relatives. The telephone helped to fix appointments: nobody spends one hour in traffic jams if they are not sure to meet the people they want to speak to. It lacks flexibility but it’s nevertheless a great progress.

Towns become bigger and bigger. Too quickly: we lose hours in buses or in traffic jams, and people regret the “good old times” when it was so easy to cross the village main street to find friends in a bar.

Cell phones give back this lost flexibility: wherever you are, you can reach your friends and decide how to meet them; if you are late in a traffic jam, you can call and inform your friends you are coming.

When you ask consumers about mobile phones, they don’t answer: “What a great idea”, but: “Why did nobody do it before?” Yes, why: in all countries, cities became too big during the last century, it was urgent to design something to help their inhabitants. Mobile phones became immediately global because the problem was common to all countries: all cities were too big, too inhuman.

Again, technological innovation doesn’t create globalization but follows it.

Usage is local

Even if technological innovation doesn’t create globalization, it could accelerate it? Technological innovation could standardize usages – convert local usages into global usages. However the opposite seems more evident: local usages, local ways of life slow down globalization. Cell phones appear again as the best example.

We wrote above that i-mode became immediately a great success in Japan while WAP was a total disaster in France. However cell phones were as successful in Japan as in France: why its upgrading diverged from one country to another? Because in spite of appearances, the Japanese and the French use telephones in different ways. Even if they live in gigantic cities, people from Paris and Tokyo are more different than similar.

As in Tokyo, Parisians needed tools to fix appointments with their friends at night and / or to advise them they would be late because of traffic jams, for instance – and it’s why cell phones appeared as a great idea in Europe as well as in Asia.

A traffic jam is a good reason to call the person you are going to meet – even if it’s dangerous to call whilst you are driving! There are so many traffic jams in Paris between 5.PM and 7.PM; after 8.PM driving becomes easier in our country… but not in Tokyo: there, traffic never stops before midnight.

Why? Because Japanese people don’t live at home, like us, but outside, in streets, bars, restaurants – everywhere, but not at home. At least, men and young women: when they have children, mothers stay definitively at home, often with grandparents – Tokyo misses flats and flats are so small that often three generations live in the same place without real intimacy!

And men don’t stay home, they prefer to spend the night in bars and restaurants with friends and colleagues. Japanese people don’t live outside because their flats are not really convenient, it’s more the opposite: they don’t need bigger flats because they prefer to live somewhere else. It’s not a recent phenomenon: even when there were no cars and no jams in Tokyo, Kyoto, Osaka or Kobe, men spent their time in bars. For them, bar-maids were as important as their own wife: Kafu in Tsuyu no atosaki (**) tells Kimie’s story, barmaid in Ginza… in 1931!

Japanese life changed after the beginning of the last century – as French life did too. But not their fundamental bases: Japanese men return home very late – streets, bars, restaurants are their real homes! And they need Internet tools in their pocket exactly as we need Internet tools at home: they order a book at Amazon in a bar with their cell phone exactly as we do… only at home on our computer.

Young people modify their habits more quickly: in appearance, they are as nomadic in France as in America as in Japan. But even with an i-mode cell phone in their pocket, Parisian teens prefer to send and receive e-mails or order goods via Internet at home than outside: even having an i-mode cell, they keep their habits – high tech products don’t change usages if there is no fundamental need.

Sometimes French teens need a quicker communication than e-mails – but very limited communication: just few words to fix an appointment or to say hello to a good friend – no answer needed in this last case. It’s why French teens use SMS a lot: just a way to keep in touch to close friends, immediately and in an extremely easy way.

For many reasons usage will remain local. Television for instance: news on TF1 and France 2 – the two main French TV channels – starts at 8.PM every night and at 6.PM on BBC1 from Monday to Friday, and later during the weekend, in the UK. Even in front of a wonderful High Definition plasma screen, English people will continue to watch the news at 6.PM with a cold dinner while their French cousins will prefer a more substantial meal later.

Main television is sometimes in the kitchen in the UK – a bigger kitchen than in France – and in the basement in America, with a billiard table or other games: there is no problem of space, and people in the Midwest generally buy impressive projectors. In Japan, it’s exactly the opposite and it explains the success of LCD television – and at first mobile television too! High tech innovation will not change historical usages… and the size of the flats too!

Tomorrow will be local

Even if high tech innovation will not change the size of the flats, maybe it could modify habits and usages which are not linked to fundamental patterns – as outdoor life in Japan. And certainly the young generation is the most capable of changing, they have no prejudices: we’ll have to investigate the relationships between teenagers in France, to understand what the principal trends are and if these trends go towards globalization or not.

But before, let’s consider the last trends on Internet, independently of any consideration for age or other socio-demographics. At its start Internet was designed as global: the best solution to improve scientific exchanges between researchers, between universities. Languages appeared as the main barrier to globalization – and today, encyclopedias as Wikipedia are available in many languages even if the concept is global.

Nevertheless the first trend was global – the myth of the Global Village. But today, the village becomes more and more local – as a real village. New communities, new sites arise everywhere, sites whose content is to bring together people of the same district: neighborhood networks to share with close people, from the same street, even the same house!

Recently in a popular district of Paris a new site appeared called: Peuplades – Tribes in English. The purpose was to help people living in the same area to meet and to develop communities: for baby sitting, for cultural trips, for wine lovers, etc. Last tribes: the musicians of the Epinettes, the data processing specialists in Montparnasse, the housewives from Place de Clichy, etc. The Epinettes, Montparnasse, Place de Clichy: as many small areas in Paris!

Peuplades.net is growing very fast. Other communities are born here and there, more and more often based on blogs. What is a blog? “Short for Web log, a blog is a Web page that serves as a publicly accessible personal journal for an individual. Typically updated daily, blogs often reflect the personality of the author”, according to Wikipedia.org.

“Knitting wool passion” helps ladies who like to make their own clothes; “It’s in Besançon” indicates the main events coming in this town; and on “Paris 16th”, we learn that: “Psyreso association proposes next Tuesday at 8.PM a discussion about: how to loose weight thanks to psycho”. Internet becomes more and more the best solution to solve local problems.

Teenagers love blogs too – they use them a lot: more than 4 millions teenagers’ blogs on Skyblog in France; Skyblog is the Internet site of one of the most popular Rap radio stations in our country. And again, all these blogs appear local, immediately local: some do not exceed the limits of one college. But in reality these blogs are neither global, nor local: they are somewhere else, in another dimension.

Tomorrow will be somewhere else

Blogs illustrate one of the most important changes in our society, in terms of communication.

To understand what’s going to happen tomorrow, we have to explain what happened yesterday when our civilization moved from a country life to an urban life: our society faces today a fundamental change, exactly as one century ago, when life and communication were only local – but moving to global.

Living in a village is living in a closed community: you must accept and respect many rules – non-written rules, imposed by tradition. For instance, a young lady can’t stay alone with a man: if she does such behavior, she will be seen as a loose woman. If you live in a Christian village, you have to go to church on Sunday: if not, you will be quickly suspected of all wrong-doings, etc.

In a town, you belong to different communities: your family, your colleagues, your friends, etc. Rules are different from one group to another and your behavior can easily change too: a subjected husband at home will become a grumbling director at his office and a really charming friend in a pub. If this person becomes grumbling with his friends, he will lose them: to remain in this group, he has to accept its rules, as in the previous village. But he can move from one group to another, it’s really easy in a bigger town.

It’s why Palo Alto Group calls these communities open systems: as the closed system from the 19th century, strong rules link members of a same group – but everyone is free to change, to move from one group to another:

“Human interaction is described as a communication system, characterized by the properties of general systems: time as a variable, system-subsystem relations, wholeness, feedback, and equifinality. On-going inter-actional systems are seen as the natural focus for study of the long term pragmatic impact of communicational phenomena”.(***)

If one member doesn’t respect the rules of his group – his system – he will be quickly excluded from the group; if 10% or more of the members don’t respect the rules, the group will explode.

Some rules are specific to each particular group, but some are common to all groups – as defined by Palo Alto: wholeness, feedback or equifinality, etc. A system not governed by these rules is not stable – it will be rapidly destroyed. For instance, a system where there is no feedback is either a dictatorship, or a non-system; just a juxtaposition of persons without communication.

Each citizen, in any country, belongs to several local groups – or systems: his neighbors, his family, his friends, etc. His job too, very often: he goes to his office, meets colleagues, clients, etc. But when you are senior manager in an international company, you have to manage employees in different countries, you have to take the plane to meet colleagues in America or Russia, etc. One of the different systems you belong to is global.

Between local and global, there’s national, continental system: when you look at the news on TF1 or RAI 1, you become a member of a broad French or Italian community, even if the feed back is poor: you just have the right to turn off your set if you disagree, and now you can answer with SMS.

We all belong to different communities – systems according to Palo Alto definition. And some of these systems are local, others are national or global. And because communication is system, and system is communication – still according to Palo Alto definitions – we take part more and more in national and international communities: television and now Internet.

The first communities which arose on Internet respected Palo Alto rules: often a moderator helped members; and the one who didn’t play the game could be excluded for the protection of the group itself. And the first blogs developed by American journalists respected Palo Alto rules too, reporting the same news as the traditional media, but with another analysis, another point of view.

The main difference between blogs and mass media was the quality of feed-back: on a blog, you can react, discuss, and develop contradictory opinions. A journalist blog in America, or now in Paris, is a national or multinational system, respecting Palo Alto rules.

The teenagers’ blogs are different: they don’t respect any rules. First there is no real feed-back: everyone is invited, everyone can do what they want – even tags, modify the existing blog. Blog is an object which doesn’t really belong to its creator.

These blogs don’t respect the main property of general systems: wholeness. Blogs are the zero degree of community – as SMS are the zero degree of communication: the borders are not known, even by its first designer. It’s not like a body – the best image is certainly the synopsis: something “long-winded”, the possibility for “people” to establish “contact” and stay in touch. Temporarily.

Blogs are not the only or the first system to not respect Palo Alto rules: for instance flash mobs are similar: “A flash mob is a group of people who assemble suddenly in a public place, do something unusual for a brief period of time, and then quickly disperse. They are usually organized with the help of the Internet or other digital communications networks”, according to Wikipedia. (****)

Teenagers’ blogs or flash mobs are certainly not global; they are not local too, they are somewhere else. But they are more local than global… or more precisely non-global: there is no worldwide ambition in these new communication tools – just the possibility to express, react, share.

At the end of the 19th century our civilization moves from closed systems to open systems: people stood at the connection of different communities – some local, some national, some global. Our civilization moved from traditional villages to global villages – with “s”. But this evolution is only possible if open systems are stable – when they are systems: globalization needs stability.

Today in the 21st century, emerging trends are less and less stable communities – more temporary systems linked to opportunities. Teenagers are looking for more humanity – and humanity is local. Therefore globalization will mark time. Certainly “some globalization” is irreversible but it’s no more the major trend. Local networking and communication will lead society during this century.

Paper to be published in: Innovative technology, Cambridge Scholars Press – 2006

Thank you to Mike Davison for his support.
* http://www.institutionnel.bouyguestelecom.fr
** Kafu: Tsuyu no atosaki, Hisamitsu Nagai, 1931
*** Paul Watzlawick and al. – Pragmatics of Human Communication: A Study of Interactional Patterns, Pathologies, and Paradoxes, Norton & Company, 1967
**** http://en.wikipedia.org/wiki/Flash_mob

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