Le RGPD, ils s’en foutent un peu tous !
« Les internautes doivent être informés et donner leur consentement préalablement à l’insertion de traceurs. Ils doivent disposer d’une possibilité de choisir de ne pas être tracés lorsqu’ils visitent un site ou utilisent une application. Les éditeurs ont donc l’obligation de solliciter au préalable le consentement des utilisateurs », dixit la Cnil.
Mais dans les faits, la plupart se moquent plus ou moins ouvertement des internautes ; pas tous … mais presque.
Il y a les vertueux, comme Libération qui a décidé de supprimer les cookies publicitaires pour ses abonnés numériques (ce qui inclut ipso facto les dinosaures abonnés papier comme moi) – pas pour les autres : vous payez déjà, pas question de se faire encore de l’argent sur votre dos.
Et c’est pas réellement facile de supprimer tous les traceurs publicitaires, tant les mécanismes sont complexes et les acteurs multiples ; par ailleurs le titre en conserve d’autres non liés à l’activité publicitaire, comme les ceux nécessaire au suivi d’audience. Résultat, il lui a fallu se fendre de nombreuses explications sur sa page Check News.
Il y a les hypocrites, qui affichent en gros : « Le respect de votre vie privée est notre priorité », avec quelques lignes en petits caractères et deux options : un « J’accepte » sur fond rouge et un « Plus d’options » sur fond blanc ; comme vous êtes pressés – un internaute est TOUJOURS pressé – et que le pavé couvre la moitié de la page, vous acceptez.
Si par hasard vous tentez sur « Plus d’options », ça se complique puisque ça commence par ce qui est requis comme « des identifiants publicitaires, des identifiants de l’appareil, des cookies et des technologies similaires » … et sur lesquels vous n’avez pas la main !
Ensuite, il y a plein de petites lignes, avec renvois vers des listes de tas de sociétés, de quoi se donner un mal de crâne à comprendre … mais surtout tout cela est activé par défaut : et si je décoche, je vais tout casser ? Tous les experts du Nudge vous le diront : les cases pré-cochées sont des pièges … et c’est même pour cela que le RGPD y fait la chasse.
Heureusement, si vous êtes optimiste, vous cliquez sur « Tout refuser » (option en blanc alors que « Accepter » – ce revient à ne rien faire – est à nouveau en rouge … et vous découvrez que vous pouvez naviguer aussi confortablement que si vous aviez tout accepté.
Parfois, c’est plus discret, juste un petit bandeau en bas de page : vous pouvez allègrement le négliger pour accéder aux contenus. Remarquez que « ✓ OK, tout accepter » se distingue bien – et vous invite à cliquer dessus, vite fait alors que « Personnaliser » est en plus petits caractères.
Quoi qu’il en soit, « Personnaliser » vous entrainera bien souvent dans un monde de complexité insoupçonnée, où le pré-coché – ou le choix positif en rouge vif apparaît si tentant, si obligé – l’emporte systématiquement.
Mais bon, ils respectent peu (souvent) ou prou (plus rarement) l’esprit de la loi … si l’esprit de la loi, c’est de vous embrouiller !
Et puis, il y a les autres, les sites comme https://fr.smallable.com/ qui ne vous avertissent de rien et ne vous proposent aucun choix ! Reste à cliquer sur « Mentions légales & Confidentialité », parmi les multiples options du pavé de fin de page avec le « Recrutement » ou les « Conditions générales de vente ».
Et là, il y en a des kilomètres … mais rien pour vous permettre de refuser quoi que ce soit : vive le RGPD – pour … Rien à Glander, Pauvres Débiles !
Il y a enfin les plus vicieux, qui vous renvoient aux … paramètres de votre navigateur pour accepter ou refuser les cookies : bon courage par exemple sur la site Visa Platinum.
Et puis, il y a les sites vraiment honnêtes, comme celui de Paris La Défense qui n’offrent qu’un choix hyper simple : « J’accepte » ou « Je refuse », – même lettrage pour les deux options – avec un lien pour en savoir plus : claire et facile … si tout le monde pouvait agir ainsi !
En fin de compte, l’internaute lambda a vraiment l’impression qu’on se moque de lui sous prétexte de faire preuve de (fausse) vertu : pas sûr que de tels comportements restaurent la confiance dans les marques !
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