Travaux à la chinoise
Petite ballade au Laos entre Luang Namtha et Luang Prabang : 310 kilomètres de « routes » … et 9 à 10 heures de conduite, notamment parce que le goudron a complètement disparu de la chaussée sur une petite centaine de kilomètres entre Pak Mong et Oudom Xai : mieux vaut louer des véhicules tous terrains, on a réellement besoin de ses 4 roues motrices !
Une dizaine de kilomètres avant Pak Mong, des ouvriers sont en train de refaire la route : enfin, dirais-je ! Ils posent une canalisation d’un fossé à l’autre, certainement pour évacuer les pluies torrentielles qui emportent régulièrement la route.
Généralement, dans ces cas-là, la circulation s’effectue de manière alternée sur une moitié de la chaussée tandis que les pelleteuses s’affairent de l’autre côté ; puis on consolide le tranchée et la circulation change de côté, ce qui évite bien des désagréments, surtout quand il n’existe aucune déviation possible.
Ici, c’est différent : on coupe la route pendant 4 à 5 heures, et tout un petit monde s’active. Enfin, s’active, c’est un bien grand mot !
Les ouvriers laotiens creusent, et un contremaître chinois supervise, debout sur un tas de cailloux.
De temps à autre, mais pas trop souvent, le grand chef (chinois) arrive, critique … et repart ; on le reconnaît à ses vêtements impeccables (pas une trace de boue) et à son sac en cuir.
Le conducteur de la pelleteuse fonctionne à son rythme : c’est un ingénieur, comme le grand chef, donc il n’obéit pas vraiment au contremaitre ; d’ailleurs, quand le big boss arrive, il ne discute pas avec le contremaitre mais seulement avec le conducteur de la pelleteuse. Un peu plus loi, le conducteur du bulldozer ne parle à personne, et contemple tout de son perchoir.
C’est le charme des organisations matricielles à la chinoise que j’ai eu le plaisir de découvrir en d’autres circonstances : tout gradé d’un rang supérieur peut contredire un subalterne, même s’il n’a pas les compétences en la matière ; in fine, ce sera au Grand Chef Suprême d’arbitrer … un de ces jours.
Dans le petit univers de ce chantier, cela prendra juste un après-midi, créant une file de véhicules de plusieurs centaines de mètres dans les deux sens ; quand on repart, c’est pour découvrir 200 mètres plus loin … un second chantier, mal coordonné avec le premier … et c’est reparti pour une demi-heure de rab !
Pas de commentaires