Musée du Quai Branly Archives - Marketing is Dead
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Fendre l’air

Très intéressante exposition au Musée du quai Branly consacrée à l’Art du bambou au Japon.

Son intérêt majeur est de souligner comment un objet quelconque peut au fil des ans se détourner de sa fonction pour devenir in fine œuvre d’art : au début du 19ème siècle, on ne parle de simples paniers utilitaires aux formes peu imaginatives, en un mot, des ustensiles sans prétention.

Au fil des ans, ils vont peu à peu changer de statut pour se muer en œuvres d’art présentées par les personnages de qualité à leurs hôtes lors de la cérémonie du thé ; et pour accompagner cette évolution, les artisans vont se mettre à signer leur production … ils sont désormais des artistes !

Objets d’art, ces paniers n’en restent néanmoins que des … paniers, malgré leur prix : certes, ils ont perdu leur fonction initiale – ils décorent agréablement le salon où se déroule la cérémonie du thé et les maisons des amateurs les plus éclairés – mais ils en gardent la forme.

Un siècle et deux guerres mondiales plus tard, la cérémonie du thé traditionnelle a vécu … et les paniers en bambou également : non seulement la clientèle des riches amateurs s’est tarie, mais le plastique a supplanté le bambou dans les usages basiques … bref, la tradition se délite.

Dès lors, la panier en bambou va pouvoir s’émanciper du … panier et devenir une nouvelle œuvre d’art aux formes improbables : il devient sculpture. Tanabe Chikuunsai IV va même lier bambou et impression 3D pour donner naissance à des créations où la tradition se mêle aux technologies du 21ème siècle.

Autre enseignement de cette exposition, les collectionneurs japonais – contrairement aux Occidentaux – n’exhibaient pas avec ostentation leurs biens dans leurs salons, mais les présentaient avec retenue à leurs amis, par exemple lors de la cérémonie du thé : autre relation à l’art et à la richesse !

Les japonologues se sont peu intéressés à cet art du bambou ; au Japon, plusieurs artistes du bambou ont été distingués du titre de « Trésor national vivant ».

Du Jourdain au Congo

Vernissage de 3 expositions aujourd’hui au Musée du Quai Branly

  • Éclectique – Une collection du XXIe siècle, réunit des œuvres aussi diverses que variées réunies par Marc Ladreit de Lacharrière, de Marc Chagall à Sonia Delaunay en passant par des sculptures indigènes de Côte d’Ivoire ou du Cameroun : assez hétéroclite !
  • Plumes, consacrée à la symbolique de la plume dans l’Amérique précolombienne.
  • Du Jourdain au Congo, Art et christianisme en Afrique central, est certainement la plus surprenante : consacrée exclusivement l’influence que jouèrent le catholicisme romain et l’iconographie chrétienne sur l’art et la culture kongo à partir du 15ème siècle, cette exposition présente 100 œuvres kongo d’inspiration chrétienne.

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Saint Antoine Kongo

Si les missionnaires ont réussi à imposer leur Dieu unique aux indigènes, ces derniers s’en sont étrangement saisi pour les acclimater à leur propre panthéon, avec pour résultat, ce surprenant Saint Antoine, des croix païennes transposées dans la culture chrétienne, jusqu’à cette récente vision de l’Enfer de Pierre Bodo, un artiste contemporain.

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Pierre Bodo, Lieu de tourment pour les méchants

Sans oublier les œuvres satiriques de Syms, peintre engagé et caustique.

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Caricature de Syms

Le Catholicisme a su prendre des voies détournées pour s’imposer dans cette partie de l’Afrique, intégrant la paganisme pour mieux le transcender : c’est toujours mieux que des charniers d’Isabelle La Catholique.