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À l’ouest, et partout ailleurs, toujours rien de nouveau #2

2ème épisode de ma contribution à L’Horrificque Disputatio, ouvrage collectif des Mardis du Luxembourg.


… et les GAFA ?

Les GAFA se portent bien, et même de manière scandaleuse pour Amazon dont le chiffre d’affaires explose … mais se comporte, humainement parlant, comme une entreprise du 19ème siècle !

Les confinés s’ennuient : finies les concerts, les cinés, les happy hours entre copains à la terrasse des bistros ! Alors, on se fait des apéros virtuels, on prend des nouvelles de ses amis via ses réseaux sociaux habituels, on suit ses artistes préférés sur YouTube … pour le plus grand bénéfice des Google et autres Facebook !

L’incertitude constitue un terreau favorable aux fake news … comme chacun le sait profitent à tous ceux qui vivent du trafic sur le Web : suivez mon regard !

De nombreux confinés télé-travaillent, et là aussi, c’est banco pour les Zoom, Microsoft, Google, etc. ; et comme après le travail à distance n’est pas prêt de s’arrêter après le déconfinement, l’avenir s’annonce tout aussi radieux que le présent pour ces acteurs.

Mais il serait injuste de dire que les GAFA – au sens élargi – se contentent de surfer passivement sur la crise pour engranger des bénéfices : ils préparent très activement l’après.

Pour cela, ils travaillent main dans la main avec les gouvernements pour faciliter la mise au point d’outils numériques de traçage des contacts, comme TraceTogether et autres StopCovid : ils ne peuvent que profiter d’une banalisation de tels dispositifs de traçage, alors qu’eux-mêmes se situent aujourd’hui bien souvent hors des clous – ou des zones d’ombre bien pratiques – quant à leurs pratiques de flicage des citoyens.

Les GAFA s’apprêtent à prendre – encore plus – le pouvoir … mais dans les faits, ils se considèrent déjà au-dessus des dirigeants démocratiquement élus : ainsi, on peut penser ce que l’on veut du président brésilien Jair Bolsonaro – et personnellement, je n’en pense pas grand bien – mais il n’en reste pas moins le président démocratiquement élu de son pays.

Twitter s’est permis le 29 mars de supprimer deux tweets de son compte officiel dans lesquels il remettait en cause l’efficacité du confinement décidé pour lutter contre le Covid-19 : on peut juger Bolsonaro incompétent, voire débile profond, on peut contredire ses propos, les commenter … mais il n’en reste pas moins qu’il possède une légitimité autre que celle des censeurs de Twitter.

Depuis le réseau social s’est également engagé dans un bras de fer avec le président américain, masquant certains de ses messages parce qu’ils enfreignaient certaines de ses règles ; et en Août, tout comme Facebook, il supprimera une vidéo de Donald Trump arguant que les enfants ne peuvent quasiment pas contracter le Covid-19.

Guerre et guérilla

Toute guerre entraîne ses dommages collatéraux : dans les guerres classiques, ce sont les populations civiles qui souffrent,  dans la présente, ce sont tous ceux qui vivent en marge de la société : on a quand même vu des policiers verbaliser des SDF sous prétexte qu’ils n’étaient pas confinés … chez eux ?

KONICA MINOLTA DIGITAL CAMERA

Bien sûr le tir a rapidement été rectifié sous la pression des associations notamment, mais la gent soldatesque reste prompt à la dérive comme le soulignent encore les comportements racistes à L’Ile Saint-Denis, où deux policiers se moquaient d’un suspect : « Un bicot comme ça, ça ne nage pas ».[1]

Mais il ne faudrait pas que ces exemples par trop flagrants cachent la souffrance d’une plus grande frange de la population : celle qui survit de petits boulots, de l’économie « parallèle » – pas forcément de la vente de drogue, mais plus simplement de jobs au noir… et qui n’existeraient pas autrement.

Comme le souligne la maire d’Aubervilliers, Meriem Derkaoui, une des communes les plus touchées par ce drame : « Ceux qui vivent du travail informel, font la plonge dans les restaurants, exercent des petits boulots pour 200 ou 300 euros par mois, risquent de se retrouver dans une grande détresse face à la crise économique qui s’annonce. Je crains que chacun ne tente de desserrer l’étau comme il le peut et qu’on se retrouve face à une République fracturée ».[2]

Dans certaines banlieues, la guerre contre le Covid-19 risque bien de déclencher son lot de guérillas urbaines tout comme est né deux ans auparavant le mouvement des Gilets jaunes, en réponse à une autre forme de malaise social.

En déclarant la guerre, et surtout en voulant tirer profit d’un état de guerre quasi permanant, le pouvoir n’aura certainement réussi qu’à créer une sorte « d’état de guérilla », fragmentant à l’infini la population et en montant une partie contre l’autre – combien de bagarres pour des masques non, ou mal, portés ? – et générant l’angoisse.

Non plus la peur de l’ennemi, mais un mal être sournois, et sans certitudes auxquelles se raccrocher dans un espace médiatique encombré de rumeurs et autres fausses informations ; et dans un monde où plus aucun pouvoir ne paraît légitime, les politiques se le disputant avec les GAFA, NATU et autres BATX …


[1] francetvinfo.fr

[2] liberation.fr

Xavier Wargnier, de Kawa à HeritageBike

Xavier Wargnier, je l’ai connu éditeur – notamment de plusieurs de mes livres –, puis comme fondateur des Sommets du Digital, je le retrouve … constructeur de vélos !

MarketingIsDead : Les Editions Kawa, les Sommets du Digital, et maintenant les Ateliers HeritageBike : es-tu ce que l’on peut appeler un serial entrepreneur ?

Xavier Wargnier : Serial entrepreneur je ne sais pas, mais c’est surtout la conséquence de mon caractère de passionné qui a une idée à la minute et qui aime la nouveauté. Ce n’est pas une stratégie de carrière mais plutôt des rencontres et des émotions qui me poussent dans des nouvelles aventures régulièrement. Et pour être sincère je suis un fainéant de nature et j’ai besoin de ressentir, de vibrer, de découvrir pour m’épanouir dans mon quotidien professionnel. Quoi de plus excitant que de créer une nouvelle activité ?

MarketingIsDead : De l’édition à la fabrication de vélos, il y a … un sacré saut : qu’est-ce qui t’a motivé ?

Xavier Wargnier : Compliqué d’expliquer ce saut dans le vide mais c’est surtout la rencontre avec Guillaume Monsigny, designer automobile de profession et la volonté commune de créer un vélo d’exception made in France. Nous étions alignés sur le projet et ses ambitions en étant très complémentaire entre nous. Et puis ce fût aussi un défi – pari lors de la 4eme édition des Sommets du Digital où je me suis avancé devant toute cette communauté en annonçant ce projet. Je ne pouvais plus reculer ensuite !

MarketingIsDead : Dis-en nous un peu plus sur les Ateliers HeritageBike : c’est quoi le positionnement, sa différenciation, sa mission ?

Xavier Wargnier : Nous ne sommes pas issus du milieu du cycle et je pense que cela été une force au contraire. Les professionnels du secteur rencontrés nous ont annoncé des « c’est impossible de fabriquer en France », « il faut des années pour lancer un vélo et une marque3… Nous avons alors, par réaction sans doute, mis les bouchées double en étant convaincus que notre militantisme et l’absence de compromis sur la qualité et le design feront la différence.

Aujourd’hui, la proposition de valeurs des Ateliers Heritagebike est « Mettre de l’exception dans votre mobilité » et cela résume assez notre positionnement. Nous sommes sur un marché de niche mais surtout nous assumons que nos vélos ne sont pas les vélos de Monsieur Tout le Monde. Nous avons chois de travailler avec des artisans d’exception, des matériaux de qualité et le plus propre possible (fibre de lin et cuir au tannage végétal), mais aussi de proposer des innovations de fabrication comme un gros travail en bureau d’étude pour intégrer dans le cadre batterie et moteur et ainsi avoir un centre de gravité extrêmement bas permettant un confort d’utilisation et des performances vraiment optimisées (plus de 100 km d’autonomie).

Nous proposons une petite gamme qui va s’étoffer dans les prochaines semaines encore et nous travaillons avec des gros partenaires pour aller encore plus loin dans le Made in France et dans les performances… tout en conservant notre différenciation de design totalement assumé !

MarketingIsDead : Et après ?

Xavier Wargnier : Pour une fois, je pense que la période et ses difficultés vont m’accaparer encore un moment avec un secteur de l’édition qui n’est pas en grande forme et qui innove trop peu à mon goût, l’événementiel a réinventé et la pénurie mondiale de pièces pour le vélo qui nous handicape chaque jours et durablement. Les challenges sont encore nombreux et tellement excitants que je pense que je ne vais pas aller dans une nouvelle activité en plus… au moins cette année !