Dans une ville connectée … #2
Dans un post récent, j’annonçais la réunion du Club Expérience Digitale de l’Adetem du jeudi 2 mars prochain consacrée à la Smart city, pour laquelle plusieurs membres du Comité Scientifique ont rédigé une nouvelle pour lancer les débats : voici la mienne – suite du 6 février.
Alors comme ce matin il n’avait pas de réunion et que son banquier lui avait poussé une petite icône pour lui signaler que le salaire avait enfin été viré, il décida d’en profiter pour aller à nouveau flâner dans le centre commercial voisin et peut-être acheter le costume … ou tout autre-chose, au gré des promotions du jour.
Il traversa la longue galerie pour aller boire un café au kiosque habituel près de la station de métro : il adorait vraiment le spectacle des banlieusards qui se précipitaient sur les quais bondés … surtout les jours où n’avait pas à les suivre dans leurs pérégrinations.
Il consulta sa montre : aucune promotion ! Bien la première fois ! Au moment de payer, il posa le poignet sur le terminal du garçon : pas de vibration familière, pas de paiement automatique … pas de café ! Il dut laisser le gobelet sur le comptoir et renoncer à son petit plaisir matinal.
« Banque », cria-t-il presque à son montre, suffisamment fort pour qu’une dame se retourne et le regarde bizarrement : pas de réponse.
« Banque », insista-t-il … sans succès.
Mais, ce n’était peut-être pas sa banque qui était en cause, mais sa montre : il secoua la main, la porta à son oreille … comme si elle pouvait se mettre à faire tic-tac comme une vieille horloge !
Pas la moindre notification : panne de réseau ?
Passant devant la petite boutique de vêtements, il jeta un bref regard au costume pendu dans la vitrine et qui semblait le narguer !
Ce n’était pas la première – et certainement pas la dernière – panne de réseau dans le quartier, mais quand même, c’était toujours désagréable, on ne pouvait même plus acheter sa baguette de pain … à moins bien sûr d’avoir conservé quelques pièces de monnaie « old fashion ».
Plus qu’à rentrer à la maison et à tirer tout cela au clair.
Mais avant tout, vérifier si entre-temps il n’y avait pas une urgence au bureau : « Albert, je suis là ».
Pas de réponse ; pas de réseau fixe non plus ?
Rien !
Dépité, il frappe à la porte de son voisin qui, par chance, travaille dans la même société, mais dans un autre service : chez ce dernier, tout marche ; bizarre.
Hier soir, tard, il se souvient d’avoir reçu un étrange message lui demandant de confirmer l’achat d’un billet de train ; il avait zappé, pensant à une erreur …
Installé devant le terminal de son voisin, il rentre manuellement son identifiant unique, ultra sécurisé : le même numéro, pour son travail, son compte en banque, son FAI bien sûr, et tout un tas d’autres services.
Albert ne le reconnaît toujours pas ! Ses collègues se souviennent de son passage au bureau la veille … mais l’ordinateur central semble l’avoir oublié, et ils ne peuvent plus l’inviter en réunion.
Son banquier l’ignore – il n’existe pas ! Tout comme son FAI … Tout comme … tout le monde.
Il se souvient d’une histoire qui circulait il y a quelques mois sur les réseaux sociaux : l’histoire d’un gars qui avait été hacké en passant devant une boutique dans un centre commercial : son identité avait été aspirée ; ensuite on lui avait demandé de confirmer un achat, et il avait négligé de répondre.
Le lendemain son compte avait été débité malgré tout de la somme correspondante ; et le jour d’après, le système central de sécurité l’avait déconnecté.
Partout.
Tous ses comptes.
Il n’existait plus.
François regarda sans son réfrigérateur : plus grand-chose, et rien de frais ; normalement, c’était cette nuit que l’appareil aurait du passer une nouvelle commande …
La télévision refusait bien entendu de s’allumer, sa liseuse s’était vidée de ses contenus …
Il allait s’ennuyer ferme – et le ventre vide – en attendant que quelque-part on réactive ses comptes, lui rende son identité … si jamais cela avait bien lieu dans les jours prochains.