RGPD Archives - Marketing is Dead
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Marketing du ridicule : Hyundai

Certains marketers, certaines entreprises, en agissant de manière hâtive et désordonnée, poussée par le seul soucis d’une « efficacité » à très court terme – terme que je prends bien soin de mettre entre guillemets – se retrouvent parfois, voire souvent, dans des situations ridicules.

Je commencerai cette nouvelle rubrique par le cas Hyundai Motor France, qui vient de m’adresser un mail – non sollicité comme 90% de ceux que je reçois malgré le RGPD – me saluant en ces termes :

« Bonjour isabel ***, vous recevez ce mail car vous êtes abonné avec l’adresse … » : l’adresse mail est bien la mienne, et j’ai caché le nom de famille de la dénommée Isabel, que je ne connais aucunement par ailleurs … et qui n’a même pas droit à une majuscule !

Il est évident que la base de données n’est pas conforme au RGPD : il est clair que je n’aurais jamais confirmé souhaiter recevoir des courriels adressés à une dame que je ne connais pas, même si on me précise de manière mensongère : « Vous bénéficiez de cette offre car vous etes inscrit sur le reseau Canal-VIP et offres partenaires » … les accents qui manquent, ça sent le spammeur.

D’ailleurs, il suffit de taper Canal-VIP sur le 1er moteur de recherche venu pour que spammeur.com vous le signale aussitôt comme tel – à ne pas confondre avec le site espagnol de canalvip.tv : les spammeurs aiment bien entretenir la confusion.

canalvip.fr appartient à la société AzurInteractive, basée à Montpellier et très bien référencée également sur iboutix.no-ip.info/spam, site dénonçant également les spammeurs.    

Les spammeurs sont connus pour utiliser des bases de données non seulement peu respectueuses de la loi, mais également bien pourries, siphonnant de ci, de là des adresses pour les gonfler : d’où la non correspondance entre noms et adresses.

Et le risque pour des sociétés comme Hyundai de paraître complètement ridicules que dans le cas présent … ce qui ne serait pas le cas si elles respectaient la loi et l’éthique de la profession ; bref, le directeur marketing de Hyundai Motor France ferait correctement son job, il ne couvrirait pas sa société de ridicule.

Le RGPD, ils s’en foutent un peu tous !

« Les internautes doivent être informés et donner leur consentement préalablement à l’insertion de traceurs. Ils doivent disposer d’une possibilité de choisir de ne pas être tracés lorsqu’ils visitent un site ou utilisent une application. Les éditeurs ont donc l’obligation de solliciter au préalable le consentement des utilisateurs », dixit la Cnil.

Mais dans les faits, la plupart se moquent plus ou moins ouvertement des internautes ; pas tous … mais presque.

Il y a les vertueux, comme Libération qui a décidé de supprimer les cookies publicitaires pour ses abonnés numériques (ce qui inclut ipso facto les dinosaures abonnés papier comme moi) – pas pour les autres : vous payez déjà, pas question de se faire encore de l’argent sur votre dos.

Et c’est pas réellement facile de supprimer tous les traceurs publicitaires, tant les mécanismes sont complexes et les acteurs multiples ; par ailleurs le titre en conserve d’autres non liés à l’activité publicitaire, comme les ceux nécessaire au suivi d’audience. Résultat, il lui a fallu se fendre de nombreuses explications sur sa page Check News.

Il y a les hypocrites, qui affichent en gros : « Le respect de votre vie privée est notre priorité », avec quelques lignes en petits caractères et deux options : un « J’accepte » sur fond rouge et un « Plus d’options » sur fond blanc ; comme vous êtes pressés – un internaute est TOUJOURS pressé – et que le pavé couvre la moitié de la page, vous acceptez.

Si par hasard vous tentez sur « Plus d’options », ça se complique puisque ça commence par ce qui est requis comme « des identifiants publicitaires, des identifiants de l’appareil, des cookies et des technologies similaires » … et sur lesquels vous n’avez pas la main !

Ensuite, il y a plein de petites lignes, avec renvois vers des listes de tas de sociétés, de quoi se donner un mal de crâne à comprendre … mais surtout tout cela est activé par défaut : et si je décoche, je vais tout casser ? Tous les experts du Nudge vous le diront : les cases pré-cochées sont des pièges … et c’est même pour cela que le RGPD y fait la chasse.

Heureusement, si vous êtes optimiste, vous cliquez sur « Tout refuser » (option en blanc alors que « Accepter » – ce revient à ne rien faire – est à nouveau en rouge … et vous découvrez que vous pouvez naviguer aussi confortablement que si vous aviez tout accepté.

Parfois, c’est plus discret, juste un petit bandeau en bas de page : vous pouvez allègrement le négliger pour accéder aux contenus. Remarquez que «  OK, tout accepter » se distingue bien – et vous invite à cliquer dessus, vite fait alors que « Personnaliser » est en plus petits caractères.

Quoi qu’il en soit, « Personnaliser » vous entrainera bien souvent dans un monde de complexité insoupçonnée, où le pré-coché – ou le choix positif en rouge vif apparaît si tentant, si obligé – l’emporte systématiquement.

Mais bon, ils respectent peu (souvent) ou prou (plus rarement) l’esprit de la loi … si l’esprit de la loi, c’est de vous embrouiller !

Et puis, il y a les autres, les sites comme https://fr.smallable.com/ qui ne vous avertissent de rien et ne vous proposent aucun choix ! Reste à cliquer sur « Mentions légales & Confidentialité », parmi les multiples options du pavé de fin de page avec le « Recrutement » ou les « Conditions générales de vente ».

Et là, il y en a des kilomètres … mais rien pour vous permettre de refuser quoi que ce soit : vive le RGPD – pour … Rien à Glander, Pauvres Débiles !

Il y a enfin les plus vicieux, qui vous renvoient aux … paramètres de votre navigateur pour accepter ou refuser les cookies : bon courage par exemple sur la site Visa Platinum.

Et puis, il y a les sites vraiment honnêtes, comme celui de Paris La Défense qui n’offrent qu’un choix hyper simple : « J’accepte » ou « Je refuse », – même lettrage pour les deux options – avec un lien pour en savoir plus : claire et facile … si tout le monde pouvait agir ainsi !

En fin de compte, l’internaute lambda a vraiment l’impression qu’on se moque de lui sous prétexte de faire preuve de (fausse) vertu : pas sûr que de tels comportements restaurent la confiance dans les marques !

A quoi sert le RGPD ?

Réponse évidente : à pas grand-chose … du moins pour l’internaute lambda, sinon à se voir imposer de gigantesques « bannières vertueuses » par de nombreux sites.

Car si tous se doivent de vous informer sur leur politique en matière de cookies, certains le font discrètement … et d’autres vous imposent un immense pop-up pour vous annoncer combien ils sont soucieux du « respect de votre vie privée » : juste une façon de se redorer le blason à peu de frais.

En effet, si vous souhaitez visiter le site, il vous faudra bien accepter lesdits cookies … et subir le retargeting qui va avec !

L’internaute lambda et un peu naïf aurait également pu croire que le double opt-in lui éviterait rapidement les éternels bombardements de spams : suffit de se désinscrire des newsletters non sollicitées et pourries que l’on reçoit par wagons et ensuite, de ne jamais donner son double accord à chaque sollicitation.

Comme bien des citoyens crédules, je me suis désinscrit d’une multitude de listes … et continue de recevoir des mails débiles parce que je suis inscrit sur la base de données de tel ou tel opérateur qui, parce qu’il respecte le RGPD, me permet de me désinscrire d’un simple clic … avant d’en recevoir une palanquée d’un autre tout aussi soucieux de respecter la loi … mais qui s’en contrefout totalement, en fait !

Avant, les routeurs peu respectueux s’échangeaient de vastes bases d’adresses, sans scrupules à l’égard des consommateurs ; aujourd’hui c’est … business as usual, et merde aux mêmes consommateurs.

Ce serait compliqué pour la CNIL et ses homologues européens d’identifier tous ces pirates ? Certainement pas, et leur piquer au passage 4% de leur CA permettrait sans doute de freiner leur zèle.

Mais c’est sans doute plus drôle de ferrailler avec les GAFA – je ne dis surtout pas qu’il ne faut pas les déranger, il y a à faire de ce côté aussi –, et surtout plus médiatique : en d’autres termes, eux aussi ont envie de se redorer le blason à peu de frais – enfin aux frais du contribuable – et tant pis pour les internautes qui jettent à la corbeille des masses de mails polluants.

Où partent les données de mes voisins ?

Parti trop tôt … ou mal parti ? En 2010, 01net évoquait ainsi Peuplade : « C’est le réseau social entre voisins le plus ancien (sept ans d’existence) et le plus abouti » ; aujourd’hui, peuplade.fr se résume … à un site pour « faire des rencontres locales, trouver l’amour ou bien faire des rencontres amicales ou d’entraide entre voisins » : le Meetic du coin de la rue !

Pourtant l’ambition du site fondé par Nathan Stern au bon temps du Web 2.0 était plus vaste : « aider les habitants d’un même quartier à tisser des liens inédits » … et pas seulement trouver l’âme sœur ou un plan d’un soir. Mais alors, la mode était au village global, Myspace avant Facebook.

Aujourd’hui, alors que Zuckerberg s’empêtre dans des excuses contrites de post Cambridge Analytica auxquelles personne ne croit vraiment – et certainement, pas même lui –, la roue tourne et le village redevient … local !

D’où la multiplication des initiatives de proximité avec Allo Voisins, « le coup de pouce du quotidien », dont l’originalité consiste, après vous avoir géolocalisés, à partir des demandes (« je cherche ») et non des offres comme le Le bon coin ; à ne pas confondre avec Mon super voisin, qui propose plutôt des « missions » assurée par Axa.

On a aussi Smiile, « réseau social [qui] vous met en relation dans la vraie vie. Rencontrez vos voisins. Proposez des coups de main et mettez vos objets en partage » : ici, le collaboratif est à l’honneur.

Tout comme Stootie qui se veut juste « La référence des services du quotidien », avec pour claim : « Publiez votre demande en 30 secondes, on s’occupe du reste » et dont les actionnaires s’appelle la BPI et la MAIF, qui du coup « vous assure à hauteur de 15 millions d’euros ».

Sans oublier le rouleau compresseur Nextdoor, juste débarqué cette année en France, qui vous jure s’engager « à protéger votre vie privée et à vous faire bénéficier d’un pouvoir de contrôle plus important sur vos données afin que vous puissiez échanger avec vos voisins en toute confiance », et bien sûr respecter le RGPD … mais vous chercherez en vain où se baladent vos données !

« Les informations personnelles partagées sur Nextdoor n’apparaîtront jamais sur Google ou sur tout autre moteur de recherche », précisent-on encore et « Nextdoor ne divulguera jamais vos informations personnelles à une tierce partie publicitaire » : super !

Toutefois il est précisé nulle part non plus que Nextdoor soit une société purement philanthropique … donc il leur faut bien faire du business. Quand on sait que Jeff Bezos figure parmi les premiers investisseurs et que son modèle économique repose à terme sur la publicité, on peut craindre … le pire ?

Et surtout pour ses données et sa vie privée !

Que se passe-t-il quand plusieurs startups se retrouvent en confrontation frontale sur un marché non encore structuré et sans réel leader ? Juste une débauche de Growth Hacking … c’est-à-dire de coups tordus, car il n’y aura pas de 1ère place pour tous – euphémisme ! – et qu’il n’y aura qu’un vainqueur et beaucoup de perdants.

Pas sûr que le citoyen des quartiers en sorte, lui, gagnant !

Hi-Team : le respect de la loi, c’est pour les autres

Le manque de sérieux de certains dirigeants d’entreprises est affligeant – et ce d’autant plus quand ils se revendiquent élitistes.

Prenez Hi-Team, « créé par des anciens élèves de Grandes Ecoles françaises et des universitaires anglo-saxons » : ça a de la gueule, non ? D’autant qu’il s’agit d’un « réseau pluridisciplinaire de dirigeants, cadres, experts, professions libérales, universitaires » : vraiment, des gens sérieux …

Sauf que la CNIL, et bientôt, la RGPD, ils ne connaissent – ce dont je doute – ou ils s’assoient dessus !

Enervé de recevoir sans cesse des annonces pour des évènements qui ne m’intéressent pas – alors que je n’ai rien demandé pour les recevoir – je retourne un de leurs derniers mails avec un lapidaire : « Ras le bol, quel est le numéro d’enregistrement à la CNIL de votre fichier, quelles sont les mentions qui me concernent ? ».

Réponse immédiate, signée d’un « Associé cofondateur » : « Votre adresse mail a été immédiatement supprimée de notre liste d’e-mails. Nous n’avions pas eu de demande de désabonnement de votre part, après quelques vérifications et sauf erreur de notre part ».

Ils n’avaient en effet pas eu de demande de désabonnement de ma part … mais pas de demande d’abonnement non plus ; surtout, ils bottent en touche et ne précisent non plus le numéro d’enregistrement à la CNIL que j’ai réclamé.

Donc je réclame à nouveau : « Je vous ai demandé le numéro d’enregistrement à la CNIL de votre fichier, quelles sont les mentions qui me concernent » le 29 octobre avec relance le 2 novembre : silence radio !

C’est si long d’envoyer le numéro d’enregistrement à la CNIL ? Ou alors, ils n’en ont pas ?

Vraiment du grand n’importe quoi pour des gens qui se croient supérieurs aux autres pour avoir fait les Grandes Ecoles avec un « G » et un « E » majuscules – c’est écrit comme ça sur le site !