9 juin 2020
Il n’y a pas de raison pour que les
startups ne soient pas à l’honneur dans cette rubrique !
Il y a quelques jours, je reçois un communiqué
de presse pour « Qonto, la néobanque
des entreprises et des indépendants dont l’offre répond aux besoins des
professionnels de l’événementiel, de la communication et du marketing notamment » :
alléchant, non ?
Je clique sur le lien et débarque sur
la page d’accueil de ladite néobanque … qui me déclare tout de go : « Afin d’optimiser votre expérience, ce
site utilise des cookies, que vous acceptez en poursuivant votre navigation » ;
avec un petit lien pour « en
savoir plus ».
Et là, vous avez droit à toute la « Politique d’Utilisation des Cookie »
de la startup qui vous explique que « lorsque
vous vous connectez à notre plateforme, nous pouvons être amenés, sous réserve
de vos choix, à installer divers cookies dans votre terminal ».
Suit la liste, qui va de Google Analytics à MailChimp en passant bien évidemment par Facebook Ads et autres Linkedin
Insight Tag, etc. : de quoi se faire, pour la startup, un maximum de
fric en valorisant les connexions de ses clients et visiteurs.
« Sous
réserve de vos choix »,
disent-ils : « Vous pouvez
configurer votre logiciel de navigation de manière à ce que des cookies soient
enregistrés dans votre terminal ou, au contraire, qu’ils soient rejetés » ;
mais attention, on vous aura prévenus : « Si vous refusez l’enregistrement de cookies dans votre terminal,
ou si vous supprimez ceux qui y sont enregistrés, vous ne pourrez plus
bénéficier d’un certain nombre de fonctionnalités qui sont néanmoins
nécessaires pour naviguer dans certains espaces de notre plateforme. Tel serait
le cas si vous tentiez d’accéder à nos contenus ou services qui nécessitent de
vous identifier ».
Pourtant que dit la Cnil
? « Avant de déposer ou lire un
cookie, les éditeurs de sites ou d’applications doivent :
- Informer
les internautes de la finalité des cookies,
- Obtenir
leur consentement,
- Fournir
aux internautes un moyen de les refuser ».
Renvoyer les internautes à leur
navigateur après la lecture de fastidieuses pages de conditions juridiques correspond-il
bien à l’esprit de ce qu’écrit le Cnil ?
Pas sûr …
Bref, au lieu d’offrir un choix simple
et clair aux internautes, Qonto fait tout
pour son possible pour les dissuader de refuser ses cookies : et c’est le jackpot !
Car vous vous trouvez – enfin, si vous
devenez client de « la néobanque des
entreprises et des indépendants » – face à un fournisseur qui connaît
tout de vous : non seulement vos données de navigation mais aussi … vos finances !
Je réponds donc à l’expéditeur du communiqué
de presse : « Etre une néobanque
n’empêche pas de respecter une certaine éthique et ses clients. Votre gestion
des cookies n’est guère respectueuse, et même en limite de conformité par
rapport au RGPD : en fait, elle fonctionne comme une pompe à données, qui
croisées avec les données financières que vous aurez par ailleurs, risque de se
révéler particulièrement intrusive pour ne pas dire malhonnête ».
Retour offusqué de l’agence de
communication : « Il n’y a
aucune malhonnêteté de mon côté » … sans doute … quoique …
Soit l’agence de RP s’est livré à la
même analyse que moi sur la gestion des cookies mise en place par son client …
et dans ce cas elle devient son complice ; soit elle ne l’a pas fait, et elle
me semble bien naïve !
Quoi qu’il en soit, les startups,
avec leur besoin absolu de grandir vite, très vite, ne me semblent pas plus,
sinon moins, vertueuses que les entreprises traditionnelles : dans le « monde de l’après » qui
devrait se construire aujourd’hui, on pourrait espérer mieux !
Quant à savoir si Qonto se révèle à
l’usage une aussi bonne banque que ça, petit tour sur le Web : bien sûr,
il convient de négliger les sites sensés délivrer des avis objectifs – et qui ne
recopient que les communiqués de presse ! – et rendez-vous sur les forums
d’entrepreneurs et autres freelances : et là, ça se corse, surtout si descends
dans le fil des discussions du côté des clients les plus anciens : forum.pragmaticentrepreneurs.com.
Un petit coup d’œil sur les tarifs
proposés et là encore, j’ai quelques doutes : ma banque personnelle – une « on ne peut plus traditionnelle »
– offre plus de services pour moins cher !