Pauvre Victor
Victor a longtemps hésité : lui, le Geek, il a interminablement tergiversé avant de se lancer dans l’aventure, se demandant si à 50 ans, il n’était pas trop tard. S’il allait supporter l’implant, s’habituer à ce nouveau mode de vie, si …
Et puis il y a deux ans, il a sauté le pas : une opération brève, indolore … et une expérience extraordinaire !
Juste une petite anesthésie locale pour lui placer dans l’avant-bras une micro-puce connectée à un nerf – il ne voulait pas en savoir plus, autant il adorait parler technologies, autant il éprouvait un certain malaise à évoquer les aspects biologiques de la chose !
Et hop, un geste discret de main pour mettre en marche son téléviseur, un claquement de doigts pour changer de chaine, un autre geste pour fermer les volets, un mouvement imperceptible des doigts pour appeler un numéro de téléphone : génial, c’était génial !
Au début, il lui avait fallu s’habituer : éviter d’éteindre la télé à la place d’ouvrir les volets, par exemple ; il y avait eu des gags, quand au lieu de mettre musique, il avait ouvert le canapé-lit ; quand il avait failli refermer la porte du garage sur le capot de sa voiture : heureusement il y avait des sécurités
Mais très rapidement, il s’y était habitué et au bout de quelques semaines, impossible de s’en passer.
Tout était vraiment formidable, jusqu’au jour où son médecin lui diagnostiqua quelques prédispositions à la maladie de Parkinson et même quelques signes avant-coureurs …
Il n’y avait pas vraiment pris garde, pas plus qu’il n’avait vraiment entendu quand le chirurgien qui l’avait implanté lui avait dit que la puce, pour des tas de bonnes raisons techniques, évidemment, serait compliquées à retirer, et ce d’autant plus que le temps passerait.
Et voilà qu’aujourd’hui, ses volets montaient et descendaient sans raison, la télévision s’allumait et s’éteignait un peu n’importe quand, le four refusait de finir de cuire ses gâteaux, etc.
Plus la moindre autorité sur les objets du quotidien, pas plus que sur son corps.