livre Archives - Marketing is Dead
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Gutenberg et l’ebook

« Bientôt, à l’école il n’y aura plus de livres – et on s’étonne de la « baisse du niveau » », se lamentait récemment le chroniqueur Thomas Clerc dans Libération : certainement aurait-il enseigné à l’époque de Gutenberg, se serait-il plaint de la disparition des manuscrits enluminés …

Le monde évolue trop vite pour d’aucuns qui se laissent piéger dans des époques révolues : ce n’est pas parce que le livre fut longtemps synonyme de savoir, que son statut doit demeurer intangible – éternellement figé comme le garant ultime de la connaissance.

Quand le susnommé Thomas Clerc était sur les bancs de l’Université avant que d’y enseigner, on se plongeait avec délectation dans les encyclopédies papier pour grossir ses connaissances ; aujourd’hui, on surfe sur Wikipédia et grâce au jeu des liens hypertextes, on rebondit d’articles en articles.

Et comme l’a démontré la revue scientifique Nature, dans leur version anglaise, les contenus de l’encyclopédie libre se situent à un niveau de précision proche de celui de l’Encyclopædia Britannica … qui comme toutes les encyclopédies « classiques » n’est pas exempte d’erreurs !

La culture digitale n’est pas la culture livresque, tout comme la culture livresque n’est pas LA culture … qui n’existe pas vraiment : il n’est que DES cultures, et rien ne prouve que la nostalgique de Thomas Clerc soit meilleure qu’une autre.

Toute nouvelle culture nécessite pour les habitués à l’ancienne un double effort d’apprentissage et d’adaptation : il faut accepter de perdre ses repères – ou du moins d’en envisager d’autres – et reconsidérer un système de valeurs dont on se satisfaisait parfaitement jusque-là : plus simple de rejeter en bloc la nouveauté, nettement moins fatiguant !

Une nouvelle culture, c’est aussi un modèle économique nouveau : le monde de la musique a été précurseur en la matière, certainement parce que ce sont les adolescents qui ont accéléré le mouvement dès le début des années 2000 avec le recours massif au mp3 et aux plateformes de téléchargement.

Aujourd’hui le disque a plus que du plomb dans l’aile – bizarrement le CD souffre presque plus que le vinyle qui revient en grâce … à doses malgré tout homéopathiques – et les majors tanguent ; mais la musique, elle, se porte bien avec non seulement le streaming mais également l’explosion du « live » : bref, on est passé de la musique en boite à la musique vivante.

Pour revenir au livre, les éditeurs ont eux-mêmes scié la branche en proposant à la vente les premiers livres électroniques plus chers que les éditions de poche : comme fossoyeurs, on ne trouve pas mieux ; mais sans doute sont-ils adeptes non seulement d’un culture mais aussi d’une économie déjà bien dépassés !

Quant à l’enseignement, son futur ne se situe certainement pas dans la nostalgie d’outils appartenant au passé, mais dans son adaptation à un nouveau monde – toutefois la disparition de pesants cartables ne signifie la mort du roman ; pas plus qu’il ne se trouve non plus dans le modèle économique des business schools élitistes.

Plutôt que de défendre bec et ongles LEUR culture, les enseignants devraient adopter l’attitude des anthropologues et s’ouvrir aux autres cultures … même si ces dernières peuvent signifier à terme la mort de la leur.

Chroniques de l’intimité connectée

Un jour, dans un futur pas si proche, mais pas si éloigné non plus …
« Ce millénaire va vite, presque même trop vite : tout change sans arrêt, on a évoqué la révolution digitale, celle du Web 2.0 et des médias sociaux, celle de la consommation collaborative ; sans oublier le big data, les objets connectés.
Hier le progrès était linéaire … ou du moins l’imaginions-nous comme tel : mais clairement, ce n’était que le tout début d’une exponentielle et soudain, nous nous retrouvons au point d’inflexion de la courbe – les mathématiciens pardonneront une métaphore approximative, mais il est clair que notre société subit une poussée violente »
.
Jules sourit en relisant cette introduction à un vieil ouvrage de 2015 : Rupture, vous avez disrupture ? Ils en avaient de l’imagination ces gars des Mardis du Luxembourg ! Et pourtant, tout avait encore été plus vite, bien plus vite qu’ils ne l’avaient fantasmé : on était passé dans le monde de l’Internet des Objets – l’IoT, prononcez Aï O Ti, pour Internet of Things ; et désormais les objets discutaient entre eux, sans nécessairement laisser la parole aux humains !
Ah ! s’ils avaient pu imaginer notre vie de tous les jours, pour le meilleur ou pour le pire : de nouvelles manières de s’aimer, de nouveaux modes d’actions pour le grand banditisme aussi ; de nouvelles règles sur le marché du travail – pour reprendre une expression désuète : il n’existe plus vraiment de marché du travail, les entreprises ont explosé, tout s’est atomisé.
Jules ferme son écran, et se plaît à rêver de ce qu’aurait pu être sa vie en 2016, dans un monde à peine connecté …
Retour en 2016.
Avec mes copains des Mardis, nous discutions de notre dernier recueil d’essais – celui-là même que Jules relisait en 20… .
Avec une certaine frustration : nous sentions qu’il nous fallait aller plus loin que l’analyse, mais réellement anticiper ce que serait demain la vie dans un monde totalement différent, du fait notamment de son hyper connexion.
Pour cela, il nous fallait cesser de réfléchir pour … créer.
D’où ce recueil de nouvelles qui vient de sortir chez Kawa, intitulé : Chroniques de l’intimité connectée. Car pour comprendre ce que sera le monde de demain, mieux vaut le vivre.
Prévenons tout de suite nos fidèles lecteurs (la fidélité commençant à deux expériences consécutives, je parle donc des ceux qui commencent cet ouvrage après avoir déjà dévoré Rupture, vous avez disrupture ?) : ce livre ne constitue qu’une étape …
Car nos réunions du mardi – qui d’ailleurs, rappelons-le, ne se tiennent pas nécessairement le mardi – nous conduisent déjà vers d’autres explorations. Et surtout de nouvelles formes d’expression : après ce second livre, il y aura … peut-être un troisième opus, mais aussi des conférences, des spectacles, des vidéos, et tout ce que nous imaginerons !
Work in progress.