Vive la politique « vintage »
« De quoi la gauche est-elle malade », titre en gros caractères Philosophie Magazine : je n’ai pas lu le dossier mais j’avancerais volontiers une réponse assez simple : de la chute du Mur de Berlin et de la politique.
Bien sûr, déjà bien avant l’effondrement du bloc soviétique, il n’y avait plus grand monde pour croire en l’inéluctable victoire du communisme – excepté Georges Marchais, bien entendu. Mais une gauche plus « moderne » apparaissait une alternative crédible à une droite déjà embourbée dans ses scandales immobiliers et financiers (souvenez-vous de la Garantie foncière … avant le PénélopeGate) et ses diamants de Bokassa.
Là-dessus s’effondre le Mur, ancrant dans les esprits que seul le modèle libéral est viable ; et au libéralisme pur et dur des Reagan et Thatcher s’opposera le libéralisme soft des Blair et Clinton … puis des Hollande et Valls : fini le grand soir, et pas non plus de quoi faire rêver dans les chaumières des plus défavorisés.
Le problème, c’est que la seule alternative au libéralisme, soft ou dur, ce seront les extrêmes – et surtout, les extrêmes qui ne sont jamais compromis dans quelque gouvernement : les Trump et les Le Pen – pas réjouissant !
Ça, c’est pour la chute du Mur ; la politique, c’est quand le libéralisme soft ne fonctionne plus et que les gouvernants cherchent à s’accrocher : c’est Valls et Hollande reniant leurs origines socialistes – ou trahissant leur électorat socialiste – pour gouverner au centre … or le centre, n’en déplaise à Bayrou, a toujours été de droite en France.
Ce sont aussi les députés travaillistes anglais qui cherchent à se débarrasser d’un Corbyn qu’ils ne jugent pas trop présentable … et que la base du parti réélit à sa tête ; ce sont les députés socialistes français qui après la victoire de Hamon cherchent à rejoindre Macron, au cas il y aurait quelques places à grappiller … et certainement pas pour son programme, puisque comme le rappelait récemment Charline Vanhoenacker et Guillaume Meurice sur Fance Inter : même les machines à laver ont bien « plus de programmes » que lui.
Aujourd’hui quand on voit les premiers pas d’un « non establishment » comme Trump au pouvoir, on peut frémir ; on se rassurera en se disant que Marine Le Pen n’est pas tout à fait aussi anti système puisqu’elle triche comme Fillon avec l’argent public … mais c’est pas glorieux.
Pour éviter d’en arriver à mettre aux commandes des personnages aussi dangereux que Trump ou Le Pen, certainement faudrait-il que les politiques ne gouvernent plus pour gouverner mais pour défendre des idées : mais face à la pensée unique, ça fait un peu « vintage », non ?