Ethique Archives - Marketing is Dead
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Ethique-washing

Vous avez aimé le Greenwashing ? Vous allez adorer l’éthique-washing.

Greenwashing : « procédé de marketing ou de relations publiques utilisé par une organisation dans le but de se donner une image de responsabilité écologique trompeuse », rappelle Wikipédia.

Sur ce modèle, on peut aisément construire : Ethique-washing : « procédé de marketing ou de relations publiques utilisé par une organisation dans le but de se donner une image éthique trompeuse ».

Découvrez par exemple la superbe Charte éthique du groupe Auchan, qui dès les premières lignes donne le ton : « Auchan s’est développé depuis sa création en 1961 en s’appuyant sur un socle de convictions et de valeurs fortes et un engagement solide en matière d’éthique » : convictions, valeurs, voilà des termes forts !

La suite est du même acabit – et même bien entourée du beau filet rouge pour en souligner l’importance : « Nos valeurs nous inspirent au quotidien. Nous croyons que chacun aspire au mieux-vivre : toutes nos équipes ont pour ambition d’exercer leur métier de façon responsable et innovante afin d’améliorer la qualité de vie du plus grand nombre de femmes et d’hommes ».

Toutes les entreprises du groupe sont concernées : « partagée par les équipes de tous les pays, les Visions d’Auchan Retail, Oney et Immochan posent très clairement l’identité, la raison d’être, les engagements et l’ambition de chaque entreprise du Groupe ».

Auchan Retail, je connais ; mais Oney ? Je googlise donc et tombe sur cet article de France 3 Hauts de France : « Le groupe Auchan au cœur de l’optimisation fiscale maltaise ».

Ça ne sonne pas très éthique, comme le détaille une enquête de Mediapart relayée par Médiacités, qui détaille : « En juin 2011, deux sociétés ont été créées sur l’île de Malte : une pour l’assurance vie et l’autre pour l’assurance classique, comme l’expliquait Mediapart. Créée en mars 2011, une troisième société, nommée Oney Holding Limited, encaisse les dividendes des deux premières. Le taux officiel de l’impôt à Malte est de 35 %, davantage que les 33,3 % prélevés en France. Mais lorsqu’une société détenue par des étrangers distribue des dividendes à ses actionnaires, le fisc lui rembourse jusqu’à 85 % de l’impôt. Au total, entre 2014 et 2016, Auchan a ainsi économisé 21 millions d’euros d’impôts, selon les calculs de Mediapart ».

Auchan comme Decathlon, Auchan, Boulanger, Orsay, Adeo, Saint-Maclou et quelques autres, appartiennent à l’Association familiale Mulliez, elle-même en délicatesse avec le fisc français, comme le rappelle Capital : mais peut-être l’éthique des filiales ne concerne pas le sommet de la pyramide.

Pourtant, c’est un autre article récemment découvert dans Libération qui a le plus suscité ùon indignation et m’a conduit à rédiger ce billet, article intitulé : « Les liaisons dangereuses du français Voltalia avec la Birmanie ».

Voltalia, je ne connaissais pas plus qu’Oney, donc je consulte Wikipédia :« Voltalia est une entreprise française du groupe Mulliez qui construit et exploite des centrales électriques à partir d’énergie renouvelable, en France et dans les pays émergents ».

« Energie renouvelable » : ça sonne plutôt bien ;« pays émergents » : on peut espérer le meilleur … ou craindre le pire !

Ce nous présente le quotidien confirme aussitôt mes craintes : « Voltalia fournit de l’électricité renouvelable depuis février 2018 à MyTel » … et ce MyTel, c’est en fait Myanmar Economic Corporation, « l’un des deux puissants conglomérats du pays aux mains de l’armée birmane ».

Il faut savoir que l’armée birmane, pour ne pas avoir à rendre de compte à un parlement pourtant totalement à la botte, finance ses exactions contre les Rohingyas via ces deux conglomérats … ce qui signifie que le groupe Mulliez, via Voltalia, porte sa part de responsabilité dans l’extermination de la minorité des Rohingyas.

Suite à un rapport du Conseil des droits de l’homme de l’ONU soulignant que « toute activité commerciale étrangère impliquant le Tatmadaw [= forces armées birmanes] et ses conglomérats présentait un risque élevé de contribuer ou d’être liée à des violations du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire », des entreprises comme Western Union ou Newtec, fournisseur en services technologiques de MyTel, ont cessé toutes activités en Birmanie.

Pas Voltalia, malgré les demandes pressantes d’ONG comme Sherpa, RSF et Info Birmanie.

A l’heure où le concept « d’entreprise à mission » a le vent en poupe – pour ne pas dire est « tendance », – il me semble particulièrement dommageable que des sociétés ne tiennent pas leurs promesses, comme le Groupe Mulliez.

Personnellement, j’aurais bien du mal à travailler dans une entreprise sans éthique … même si cela réduit considérablement le champ des possibles ; je pense en outre qu’il convient de militer pour convaincre les mauvais élèves de s’améliorer … mais il y aura toujours des brebis galeuses, hélas !

Par contre, que d’aucuns se permettent d’afficher des chartes éthiques pour ne pas respecter les principes fondamentaux de l’Ethique – avec une majuscule – cela ne peut que se révéler triplement catastrophique.

Pour leur image de marque, parce qu’un jour tout se sait … mais ça, on s’en fout un peu.

Pour la société humaine : même si une société n’écrit pas ouvertement qu’elle ne participera jamais à un génocide, ou s’en rendra complice – c’est tellement évident –, ce n’est pas une raison de le faire … et de continuer à le faire en toute connaissance de cause.

Et pour le marketing : car ce sont toujours les marketers que l’on accusera de mentir – tous coupables bien évidemment –, même ceux qui pratiquent un marketing vertueux et responsable.

La profession ne faudrait peut-être pas attendre qu’une ONG lance les Prix Pinocchio de l’éthique-washing – comme existent ceux du green-washing : c’est à elle de balayer devant sa porte avant que d’autres s’en chargent.

Il y a des baffes qui se perdent !

Je viens de recevoir un communiqué de presse des éditions Eyrolles annonçant la parution d’un ouvrage intitulé : Comment créer un produit ou un service addictif !

Je rappelle juste que « les addictions sont des pathologies cérébrales définies par une dépendance à une substance ou une activité, avec des conséquences délétères » – définition issue de la plateforme drogues.gouv.fr

« Vous êtes marketeur, créateur, entrepreneur ? Il vous dévoile le processus infaillible qui permettra de rendre votre client accro » : voilà ce que vous promet l’éditeur !

Ce titre racoleur, à qui le doit-on ? A Eyrolles ou à la traductrice, puisqu’il s’agit de la version française de l’ouvrage de Nir Eyal intitulé Hooked … qui se traduit aussi bien en français par accro que par drogué.

Je ne discuterai même pas ici les thèses de l’auteur, même s’il est clair qu’un usage non contrôlé des neurosciences peu aboutir à ce qu’Orwell n’imaginait même pas dans ses pires cauchemars : pour moi, les gens de marketing – et tous les entrepreneurs – devraient placer l’éthique au sommet de leurs priorités.

Je me contenterai juste de pointer l’effet désastreux d’un tel titre sur l’image d’une profession déjà assez décriée et trop souvent accusée de manipuler les consommateurs : grâce aux éditions Eyrolles, tous ses détracteurs en ont une preuve de plus, sous forme d’un manuel de la manipulation !

Je ne sais pas quel est le directeur de collection responsable (= coupable) de ce titre qui se veut accrocheur : sans doute en tirera-t-il quelques ventes complémentaires … quitte à flinguer l’image d’une profession qui le fait vivre en achetant ses manuels.

Hi-Team : le respect de la loi, c’est pour les autres

Le manque de sérieux de certains dirigeants d’entreprises est affligeant – et ce d’autant plus quand ils se revendiquent élitistes.

Prenez Hi-Team, « créé par des anciens élèves de Grandes Ecoles françaises et des universitaires anglo-saxons » : ça a de la gueule, non ? D’autant qu’il s’agit d’un « réseau pluridisciplinaire de dirigeants, cadres, experts, professions libérales, universitaires » : vraiment, des gens sérieux …

Sauf que la CNIL, et bientôt, la RGPD, ils ne connaissent – ce dont je doute – ou ils s’assoient dessus !

Enervé de recevoir sans cesse des annonces pour des évènements qui ne m’intéressent pas – alors que je n’ai rien demandé pour les recevoir – je retourne un de leurs derniers mails avec un lapidaire : « Ras le bol, quel est le numéro d’enregistrement à la CNIL de votre fichier, quelles sont les mentions qui me concernent ? ».

Réponse immédiate, signée d’un « Associé cofondateur » : « Votre adresse mail a été immédiatement supprimée de notre liste d’e-mails. Nous n’avions pas eu de demande de désabonnement de votre part, après quelques vérifications et sauf erreur de notre part ».

Ils n’avaient en effet pas eu de demande de désabonnement de ma part … mais pas de demande d’abonnement non plus ; surtout, ils bottent en touche et ne précisent non plus le numéro d’enregistrement à la CNIL que j’ai réclamé.

Donc je réclame à nouveau : « Je vous ai demandé le numéro d’enregistrement à la CNIL de votre fichier, quelles sont les mentions qui me concernent » le 29 octobre avec relance le 2 novembre : silence radio !

C’est si long d’envoyer le numéro d’enregistrement à la CNIL ? Ou alors, ils n’en ont pas ?

Vraiment du grand n’importe quoi pour des gens qui se croient supérieurs aux autres pour avoir fait les Grandes Ecoles avec un « G » et un « E » majuscules – c’est écrit comme ça sur le site !

Spams par SMS

Ah ! L’éthique : tout le monde en parle à l’aube de la RGPG ! Imaginez : jusqu’à 4% d’amende sur le CA mondial des contrevenants, les GAFA et autres TUNA (Tesla, Uber, Netflix, Airbnb pour ceux qui ignore encore l’acronyme) vont enfin souffrir.

Sauf qu’il n’y a pas que les « big » américains qui sont concernés : il y a tous les petits rigolos hexagonaux, ceux qui polluent le Web de leurs procédés « limite », pour ne pas dire malsains – et qui renforcent les consommateurs dans leurs réticences vis-à-vis du marketing.

Après les emailings non sollicités – mais on se désabonne d’un côté, et on continue à recevoir des tonnes de spams de l’autre – voici les campagnes de SMS.

Je reçois un courriel avec pour objet : « Campagne de SMS. Offre d’essai a 19,90 ». Mauvaise tête, je questionne : « Vos fichiers SMS sont bien en double opt in, conformément à la RGPD ? ».

No news de … au fait, de qui ?

Je me rends sur le site air-sms.fr, je clique sur « Prospection par SMS » et on me propose … « 4 millions d’emails de professionnels en France, 3 millions d’emails de particuliers en France » : bref, un site un peu … pourri ?

Avec pour directeur de la publication, un certain Paul Coben, dont l’existence semble un peu douteuse puisque lorsqu’on rentre son nom sur Google, on trouve aussitôt un lien vers ce blog : Vialet.org, qui déjà en 2014 dénonçait les pratiques on ne peu plus douteuses de Direct Mails et Air Email, les deux marques apparaissant dans les Mentions légales de air-sms.fr.

Derrière tout ça, le blogueur avait identifié un entrepreneur individuel de Saint Romans, du nom de Maurice Rambaud, encore en activité à cette adresse selon la CCI de Grenoble !

Si Direct Mails ne répond pas à mes questions stupides sur l’opt in – franchement, c’est quoi, ces bêtises ? – il semble (je mets au singulier, puisqu’il s’agit d’un autoentrepreneur) plus réactif à une visite de son site : à peine en étais-je sorti que je recevais à nouveau un courriel me proposant d’utiliser ses services de mails et de SMS !

Pourquoi je semble m’acharner sur un pauvre gars perdu dans ses montagnes : parce que c’est ce genre de gars qui pourrissent notre métier, et incitent les législateurs à édicter des règlements de plus en plus contraignants.

Car les gens de Bruxelles sont des citoyens comme les autres, qui en ont ras le bol de recevoir des kyrielles de spams ; et quand les pourriels s’invitent parmi nos SMS, on a de plus en plus d’impression d’être agressés dans notre intimité : la relation à notre Smartphone est beaucoup plus intime qu’à notre PC.

Alors de grâce, si on ne peut empêcher les agissements douteux de certains, on peut au moins éviter de recourir à leurs services.