Interviews Archives - Page 5 sur 6 - Marketing is Dead
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Interviews

Les Frigos Solidaires

Les Frigos Solidaires, vous connaissez ? Non ? Une belle initiative lancée par une jeune restauratrice et soutenue par Identités Mutuelle ; rencontre avec Veronique Micard, responsable communication de la mutuelle.

MarketingIsDead : En deux mots, c’est quoi, ces Frigos Solidaires ?

Veronique Micard : Les Frigos Solidaires, ce sont des frigos en libre service dans lesquels les habitants du quartier, commerçants et restaurateurs peuvent déposer de la nourriture et ceux qui en ont besoin se servir facilement. C’est une action solidaire qui crée du lien social, un point de rencontre entre ceux qui donnent et ceux qui sont bénéficiaires et une façon de lutter contre le gaspillage des restaurateurs et particuliers.

C’est l’idée de Dounia Mebtoul, une jeune restauratrice, qui a vu ce concept à Berlin et à Londres et a ouvert le 1er Frigo solidaire dans son restaurant La cantine du 18 à Paris.

Pour en ouvrir un, c’est simple, il faut trouver un restaurateur ou commerçant qui va lancer une cagnotte sur HelloAsso pour recevoir le Frigo, et respecter la charte des produits qui peuvent rentrer dans la Frigo.

MarketingIsDead : C’est Baptiste Lorber, un Youtubeur, qui va devenir l’ambassadeur de cette campagne : les Youtubeurs deviennent les nouveaux porte-parole de la solidarité ?

Veronique Micard : Effectivement, les Youtubeurs se mobilisent de plus en plus sur des projets solidaires (voir l’exemple de Jérôme Jarre) et rassemblent leur importante communauté (fans, followers …) autour des causes qu’ils défendent.

Baptiste Lorber s’est vraiment impliqué dans l’action des Frigos avec plus de 65 000 vues sur la vidéo de présentation et de nombreux tweets pour interpeller les mairies. Il a gardé son ton et son humour pour diffuser cette idée simple auprès du plus grand nombre

MarketingIsDead : Et que vient faire Identités Mutuelle dans cette aventure ?

Veronique Micard : Identités Mutuelle, en tant qu’acteur de l’économie sociale et solidaire cherchait à soutenir une initiative citoyenne. Nous avons rencontré Dounia après avoir lu des articles et vu des reportages sur l’ouverture du Frigo, il se trouve que Dounia connaissait la mutuelle qui avait été celle de son grand-père, minier dans le nord de la France. Nous avions tout pour devenir partenaires!

Dounia, Baptiste et Identités Mutuelle se sont mobilisés pour qu’il y ait de nombreux frigos ouverts dans les villes de France, après Paris, il y a eu Lille et Grenoble. et de nombreux autres ouvertures sont en préparation…

Pour lancer un frigo, rendez-vous sur  identites-mutuelle.com/lesfrigossolidaires ; et pour liker, commenter, partager : facebook.com/identitesmutuelle/ ou : twitter.com/ID_Mutuelle?lang=fr.

Allo-Media remporte le Prix de l’Excellence Marketing by Adetem

Hier étaient remis les Prix de l’Excellence Marketing by Adetem, devant 600 personnes à la Salle Wagram ; grand vainqueur : Allo-Media ; rencontre avec Frédéric Daniel, Directeur général adjoint et associé.

MarketingIsDead : En deux mots pour ceux qui ne vous connaîtraient pas encore, c’est quoi Allo-Media ?

Frédéric Daniel : C’est une équipe de 18 personnes, incluant 15 techs dont 4 Docteurs spécialistes de la reconnaissance automatique de la parole et de l’IA, qui a développé un techno révolutionnaire « le Cookie Vocal » (marque déposée). Ce Cookie Vocal capte (reconnaissance vocale & analyse sémantique avec IA) l’intégralité des conversations téléphoniques d’un service Clients, les transforme en Data client anonymisées, et les relie aux données de parcours web qui a précédé l’appel si le prospect/client est d’abord passé par le site … d’où le nom de « Cookie Vocal ». Le service clients devient une source de Data conversationnelle, et le Marketing dispose d’un nouvel univers de données inédites, les Clients sont enfin entendus, tout le monde est content. Et nous aussi :).

Le client « entendu » est un vrai sujet, car aujourd’hui les marques et leur marketing n’entendent pas les clients… c’est le conseiller qui écoute et qui n’a que très peu d’outils et pour ne capter que de manière très partielle et peu fiable le résumé de ses échanges téléphoniques. D’où le statut de « centre de cout » des centres d’appels, alors qu’on y entend le contenu d’échanges clients le plus riche et le plus naturel qui soit …

MarketingIsDead : Comment une startup lancée il y a 6 ans peut-elle se permettre de continuer à investir fortement en R&D ? Généralement, c’est l’inverse, les startups ont la techno, puis se lancent …

Frédéric Daniel : Nous avons été rentables rapidement, mais fait 2 pivots en changeant de modèle économique : les cas d’usages et le packaging de l’offre avaient besoin de gagner en maturité, la technologie à base d’IA de s’affiner encore avec nos chercheurs (issus du labo universitaire du LIUM au Mans), nous avions déjà les bases d’une techno révolutionnaire en laquelle croyaient nos Business Angel, ils ont donc financé 3 ans de R&D avec beaucoup de bienveillance.

MarketingIsDead : Parmi les valeurs affichées sur le site, il y a « Respect des règles de la CNIL » et « Discrétion » : comment voyez-vous l’évolution du cadre juridique européen, avec non seulement le nouveau règlement sur la protection des données personnelles qui doit entrer en vigueur en 2018, mais aussi les réflexions en cours sur les cookies ?

Frédéric Daniel : Les données sont anonymisées, collectées dans le respect des droits fondamentaux du consommateur (information, opposition …), et c’est un enjeu majeur pour nous, car notre objectif c’est d’aider les marques et les clients à mieux se comprendre.

Pour optimiser la qualité des appels, il faut identifier les conseillers qui ont besoin d’un complément de formation, mais pour améliorer la qualité de l’expérience client se sont les processus qu’il faut rectifier, pas les clients. L’enjeu c’est donc de capter les parcours type, pas les identités.

Notre technologie a été pensée pour ces sujets. Par exemple, en cas de communication de numéro de carte bancaire, notre « Cookie Vocal » crypte automatiquement et simultanément à l’appel le numéro de la carte, qu’on ne retrouvera ni dans les enregistrement écrits, ni dans les vocaux …

Concernant la RGPD et la e-Privacy, nous nous intégrons dans les stratégies et les processus de protection des données de nos clients, notre technologie n’étant qu’un moyen supplémentaire de valoriser des données de parcours clients.

Ces nouvelles réglementations devraient permettre d’assainir le marché de l’utilisation indélicates des données personnelles qui jette l’opprobre sur toutes les technologies, y compris sur celles qui peuvent réellement améliorer notre quotidien, comme nous l’ambitionnons pour notre Cookie Vocal.

Nous voyons donc ces réglementation comme un véritable progrès, permettant à des technologies vertueuses d’être appréciées sans inquiétude ni réserve.

Il n’y a pas que les amis Facebook, il y aussi les Friends of glass

Peut-être avez-vous regardé la vidéo du journaliste Christophe Beaugrand en train de faire des haltères avec deux bouteilles de verre dans la rue sur Facebook, et vous êtes-vous interrogé sur la raison de l’exercice ; la réponse, c’est Jacques Bordat, Président de la Fédération du Verre, qui nous la livre.

MarketingIsDead : Jacques Bordat, tu es Président de la Fédération du Verre et avec Friends of glass, vous lancez une opération en faveur du recyclage du verre : en deux mots, c’est quoi, Friends of glass ?

Jacques Bordat : « Friends of Glass » réunit à un niveau européen tous ceux qui apprécient les qualités uniques du verre comme matériau d’emballage. En un mot, la communauté « Friends of Glass » prône un mode de vie qui adopte le verre sans réserve pour trois raisons principales : la santé, le goût et le développement durable. Ce mouvement a été initié en 2008 par la FEVE, la Fédération européenne du verre d’emballage, une association internationale à but non-lucratif représentant les fabricants d’emballages en verre.

MarketingIsDead : L’opération commence par une vidéo postée sur Facebook par le journaliste Christophe Beaugrand pour inciter les Français à recycler le verre : il y a des trous dans la raquette, tout le monde n’effectue pas le bon tri sélectif pour le verre ?

Jacques Bordat : Notre campagne « Le Verre sans Modération » s’adresse en priorité à la jeune génération, qui, paradoxalement, se dit moins motivée par le recyclage du verre que ses aînés, ceci malgré les actions de sensibilisation menées dans les écoles. L’étude Opinion Way que nous avons réalisée en avril dernier montre en effet que près d’un quart des 18/27 ans n’est pas intéressé par le recyclage du verre.

Christophe Beaugrand, l’ambassadeur de notre campagne pour la seconde année est une personnalité médiatique qui fait l’unanimité. Très apprécié des jeunes, il sait être drôle et porte des valeurs de bienveillance et d’engagement, notamment en faveur du développement durable, sans être moralisateur.

Notre but est donc de faire prendre conscience à la jeune génération de l’importance du recyclage du verre via une personnalité appréciée de tous et un canal de communication privilégié par cette tranche d’âge. Par ailleurs, nous savons que les injonctions ne fonctionnent plus, le discours écoresponsable doit être fun et gratifiant pour toucher les jeunes.

La cause de la Fédération du Verre et de Friends of Glass est écoresponsable, nous tentons donc de sensibiliser les cibles à privilégier, tout en adaptant la forme de notre message.

MarketingIsDead : Et quel est l’intérêt de la Fédération du Verre dans ce type d’opération ? Marketing responsable ou greenwashing ?

Jacques Bordat : Nous devons mener campagne en permanence pour toujours faire progresser le taux de recyclage du verre d’emballage. Notre étude sur les jeunes et le recyclage du verre met en lumière certains des freins, comme le manque de place pour stocker (pour 52% des 18/27 ans) mais aussi des leviers faciles à actionner comme l’augmentation du nombre de conteneurs de collecte, par exemple, ou encore le fait que, promouvoir le recyclage à travers des personnalités populaires auprès des jeunes permettrait de stimuler l’envie de recycler.

Ces enseignements donnent tout son sens à l’implication de Christophe Beaugrand dans notre campagne, ainsi que dans le lancement du challenge sur Facebook.

Pour rappel, l’objet de ce challenge est de se filmer en train de faire 25 squats avec une bouteille en verre dans chaque main pour rappeler qu’en France, encore 25% du verre consommé n’est, à ce jour, pas recyclé. Le message est simple « Pas besoin d’être musclé pour recycler » !

La vie est un parfum

Pauline Dumail vient d’écrire un étrange livre intitulé : La vie est un parfum … Respirez-la ; un livre qu’elle m’a offert avec un petit paquet de pierres odorantes.

MarketingIsDead : Ce livre, c’est déjà l’histoire de Louise, 75 ans en 2002, grand Nez de la parfumerie …

Pauline Dumail : Oui, ce livre nous plonge dès les premières pages dans le monde des parfums et des sens, qui sont une porte, une fenêtre vers l’âme et vers soi-même : ils nous ramènent au corps et à l’instant présent. Et il nous plonge également dans la dualité qui caractérise notre monde et notre essence ; en effet la première scène, qui dévoile et délivre les essences les plus subtiles et les plus nobles que porte Louise, se passe… dans le métro parisien. A la frontière entre passé et avenir, Louise, en nous racontant sa vie, va nous plonger dans le monde des essences naturelles, des terroirs et de la biodiversité. En transmettant son savoir à la jeune Maïa, elle va permettre à l’œuvre qu’elle a initiée de continuer, une œuvre à la fois très ancrée dans la matière, mais aussi dans la spiritualité.
MarketingIsDead : Mais ce livre, c’est aussi la juxtaposition de 4 histoires qui se déroule en 2002 donc, en 2014, mais aussi en 2047 et en … 6000 : pourquoi une telle fuite temporelle ?

Pauline Dumail : Je ne vois pas cette temporalité comme une fuite, mais plutôt comme une spirale, un vortex. Et c’est pour cette raison qu’il était important pour moi de juxtaposer les histoires, afin de faire apparaître des synchronicités de lieux, de personnes, de sujets. C’est ainsi que les personnages ou leurs descendants nous emmènent faire une promenade dans le temps. 2047, c’est le futur proche, il représente la rupture, et dans cette rupture, la résilience. Quant à 6015, n’y cherchez pas de la science fiction, mais plutôt de la psycho-socio-spirito fiction. Le fait de me projeter 4000 ans plus tard m’a permis d’imaginer la société telle que j’aimerais qu’elle soit, sans avoir à me poser la question du comment. D’autre part, il y a dans ce choix un effet miroir avec le passé, et le grand mystère que représentent les grandes civilisations disparues, égyptiennes, mayas et toutes les autres, qui nous ont laissé des vestiges d’architecture dont nous n’avons pas encore percé les mystères, et nous ont démontré par ces pierres à quel point leurs connaissances en sciences et en astronomie étaient élevées.

MarketingIsDead :  « Ce roman s’enroule autour de quatre parfums […] Ces quatre parfums sont la « réification » des quatre personnages principaux du livre » : les gens sont aussi (avant tout) des parfums ?

Pauline Dumail : Oui, ce roman s’enroule autour de 4 parfums qui portent les noms des 4 principaux personnages de cette histoire ; nous les avons créés avec Valérie Autard, évaluatrice en parfumerie fine. 4 parfums, ou plutôt, 4 assemblages d’huiles essentielles, que les lecteurs pourront sentir grâce à des marque-pages parfumés qui accompagneront le livre aux pages adéquates.
Un parfum est un assemblage de molécules chimiques, mais pas que… Ces molécules ont également des propriétés physiques…

Une personne n’est pas un parfum, mais elle émet des vibrations, comme les couleurs, comme les sons, et comme… les parfums ! Le travail que nous avons accompli avec Valérie consistait à trouver la résonance juste entre les personnages, leur personnalité, leur profondeur, leurs côtés sombres et lumineux, et le parfum créé.

MarketingIsDead :  Un parfum pourrait-il participer de la signature d’une marque (pas une marque de parfum bien entendu, une marque de produit de grande consommation), tout comme un graphisme ou une musique ?

Pauline Dumail : Bien sûr ! l’olfaction, au niveau du cerveau, se trouve dans la partie primitive et limbique. Nous avons délaissé ce sens, et pourtant, il est omniprésent dans notre vie, souvent à notre insu. Un parfum connu vous replonge immédiatement dans l’état émotionnel qui lui est associé. Ainsi, en créant une signature olfactive, une marque ajoute ce supplément d’âme à ce qu’elle est, en créant une expérience client « ancrante ». A l’heure du digital et du zapping, c’est loin, très loin d’être un détail. Et ça l’est d’autant moins lorsqu’on crée un parfum avec des molécules qui proviennent du vivant, d’un terroir, d’une plante et d’un savoir-faire. Leur puissance vibratoire est bien plus importante. C’est un peu comme si vous regardiez une toile de maître, la nuit étoilée de Van Gogh par exemple, à Orsay. L’émotion ressentie face à ce tableau, à cette matière posée là, est décuplée par rapport à ce que vous ressentiriez en regardant une reproduction de ce tableau dans un livre ou sur papier.

Rencontre avec un(e) marmiton(e)

Marmiton : tous les gourmets – et même les autres ! – connaissent le site leader des recettes de cuisine ; rencontre avec Caroline Gros, Directrice de Pôle Marmiton chez Aufeminin.

MarketingIsDead : Marmiton, c’est près de 3000 recettes, plus de 2000 vidéos et près de 13 millions de visiteurs uniques en France : comment expliquer un tel succès ?

Caroline Gros : Marmiton c’est plus de 66 000 recettes, plus de 3000 vidéos, 12 millions de VU (uniquement site web et web mobile) et 15 millions d’application mobile installée sur son smartphone et/ou tablette ! Le leader de la cuisine en France vient de fêter ses 18 ans et se remet systématiquement en cause afin de toujours rendre service à ses utilisateurs. Que ce soit sur application pour trouver une recette rapidement, sur le site pour comparer avec d’autres recettes, sur le magazine (6 numéros par an) pour s’inspirer, sur les réseaux sociaux pour se régaler avec des vidéos/photos qui donnent très très faim, Marmiton a pour principale mission de faciliter le quotidien alimentaire des Français. Nos valeurs sont la convivialité, l’accessibilité, le partage et le plaisir.

MarketingIsDead : La presse papier a encore bien du mal à trouver ses synergies avec le Web – et surtout un équilibre financier ; or Marmiton a effectué le chemin inverse et lancé un magazine papier …

Caroline Gros : Le lancement du Marmiton Mag a été une demande (comme très souvent dans tous nos lancements) de notre communauté qui souhaitait conserver les recettes, pouvoir apprendre la provenance et bienfaits des produits et s’inspirer via un support papier. Nous avons évènementialisé le lancement pour les 10 ans de la marque et les exemplaires ont été achetés en quelques jours. Nous avons maintenant plus de 118 000 exemplaires tous les 2 mois qui sont distribués en Kiosque et via abonnement. En 2016, nous avons eu la chance d’être primé 2 fois en qualité de meilleur magazine de l’année avec l’ACPM et le SEPM / RELAY.

MarketingIsDead : Le site s’est depuis développé à l’étranger : votre stratégie, c’est de vous appuyer sur l’image d’un « savoir-faire » culinaire français, ou au contraire, de laisser émerger les spécificités locales ?

Caroline Gros : Nous avons en effet lancé 2 sites à l’international : Let’s cook french en Angleterre où nous inspirons nos amis d’outre-Manche au savoir faire culinaire français. En revanche Tutto Gusto lancé en 2015 en Italie est plus adaptée aux recettes et spécificités locales.

MarketingIsDead : Aujourd’hui se développe de nouveaux services, comme Deliveroo, Foodora, UberEats, qui mettent la gastronomie à la portée de ceux qui ne veulent plus cuisiner : comment voyez-vous évoluer votre métier, votre offre, etc. dans les mois et les années à venir ?

Caroline Gros : L’arrivée des services à domicile est normale : nous avons parfois la flemme de cuisiner ! Nous avons d’ailleurs de bonnes relations avec Deliveroo avec qui nous faisons des opérations communes. Mais ces acteurs ne sont que complémentaires à nos services. Nous souhaitons encore plus accompagner nos communautés et leur faire vivre des expériences : tester gratuitement des produits, les faire participer à des ateliers de cuisine, les valoriser en les rendant ambassadeurs de Marmiton, leur permettre de faire des économies via des offres de réduction, de leur faciliter le quotidien et la recherche de recette grâce à nos outils sur « Que reste-il dans mon frigo / mes placards » (disponible sur l’application, site web et #SOSMarmiton sur Twitter.)Nous sommes en train de repenser nos sites et applications pour permettre à nos communautés d’améliorer leurs expériences sur nos supports y compris les réseaux sociaux où nous avons plus de 2 millions de fans sur FB et plus de 30% d’engagés par semaine.

#100idées pour une France numérique

L’Institut G9+ vient de publier un livre collectif : 2017 : #100idées pour une France numérique. Rencontre avec Nadia Robinet, sa Vice-présidente.

MarketingIsDead : En deux mots, c’est quoi, l’Institut G9+ ?

Nadia Robinet : L’institut G9+ est un think tank (cercle de réflexion) associatif, apolitique et pluriel qui vient de célébrer ses 20 ans. Notre raison d’être  est de permettre de mieux appréhender les dimensions techniques, économiques et sociétales du Numérique afin de contribuer à relever les défis de notre temps.

Notre communauté fédère 24 associations ou clubs de diplômés de grandes écoles d’ingénieurs, de management, de sciences politiques et d’universités dans le domaine du Numérique.

Nos actions s’articulent autour de quatre principaux piliers :

  1. Décrypter les transformations numériques,
  2. Susciter des débats contradictoires,
  3. Communiquer les réflexions et travaux et
  4. Impulser des expérimentations concrètes innovantes afin de faire du numérique un facteur de progrès et de compétitivité des organisations.

Nous publions régulièrement des livres blancs et organisons une cinquantaine de conférence par an avec des dirigeants, entrepreneurs, experts et leaders d’opinions. Toutes nos actions sont portées par nos membres des professionnels du domaine et tous bénévoles.

MarketingIsDead : Et pourquoi un tel ouvrage, qui vise à placer le numérique au cœur de la campagne présidentielle ?

Nadia Robinet : Parmi les valeurs qui nous caractérisent et nous animent, il y a un sens aigu des responsabilités. Le Numérique ouvre la voie à de  formidables transformations économiques, sociales et sociétales  qui peuvent être mobilisées au service de progrès humains et  environnementaux.

Nous avons souhaité interroger des leaders d’opinion de la société française dont une majorité d’entrepreneurs pour proposer 100 idées percutantes, efficaces et faciles à déployer. Propriétés de leurs auteurs, ces propositions sont toutes faites pour être intégrées à des projets de loi ou des réformes au niveau national ou européen. L’Institut G9+ souhaite, par cet ouvrage collectif, interpeller les candidats à l’élection présidentielle. Nous suivrons les prises de position et le niveau d’engagement en face de chacune des idées présentées.

Afin de prolonger le livre et  engager le débat sur les idées, une plateforme d’échange est ouverte à l’adresse suivante : http://100idees.g9plus.org.

Le numérique est devenu, en peu de temps, un facteur central de changement, qu’il s’agisse de compétitivité pour nos entreprises, de culture, de santé, de défense, ou de nombreux autres sujets fondamentaux pour le fonctionnement de nos sociétés.  Nous appelons à garder résolument le cap d’une France numérique !

100-idees

MarketingIsDead : Luc Bretones, Président de l’institut, cite en introduction Watson, Président d’IBM, qui déclarait en 1943 : « Je pense qu’il y a un marché mondial pour quelque-chose comme 5 ordinateurs » … ce qui n’a pas empêché IBM d’effectuer plusieurs mutations et d’être aujourd’hui une des entreprises leaders : le véritable génie ne réside-t-il pas avant tout dans l’agilité, l’adaptabilité ?

Nadia Robinet : C’est précisément de ce dont il s’agit, d’adaptabilité et d’agilité, dans un contexte d’accélération des innovations techniques qui ouvrent la voie à de nouveaux usages et à des évolutions économiques et sociétales majeures. A cela, un pré-requis est la prise de conscience par tous que l’on entre définitivement dans une économie de l’innovation, et qui sera forcément numérique (algorithmes, réseaux, IoT, robotique…).

Nos élites politiques ne maîtrisent, en général, pas le numérique, et en font un sujet d’angoisse plus que d’opportunités ou de potentiel d’amélioration de la société. La transformation numérique, il vaut mieux l’anticiper que la subir.

En mettant le numérique au cœur du débat de la présidentielle, en proposant cet espace de débats contradictoires et d’échange d’idées, nous contribuons à ce que ce sujet majeur et structurant soit clairement abordé par les candidats.

La France et l’Europe, contrairement à d’autres pays (Israël, pays nordiques…) et continents (Amériques et Asie), ne profitent pas suffisamment des opportunités du numérique pour répondre à leurs défis majeurs. L’institut rappelle donc la nécessité d’accélérer et de se doter d’une vision large et transverse du numérique pour la France.

« Contrairement aux Etats-Unis, à la Chine, à Israël et d’autres pays, notre Etat ne dispose pas d’un CTO/CDO (Chief Technical Officer/Chief Digital Officer) en prise directe avec le président, au-delà même de l’intégration dans chaque ministère de l’outil numérique. », comme le mentionne Luc Bretones dans son introduction.

Nous souhaitons promouvoir les actions en faveur du numérique car nous considérons à ce stade que ceux qui font du numérique un axe différenciateur de leur campagne sont ultra-minoritaires

MarketingIsDead : Il achève son introduction en plaidant pour un « marketing du respect du citoyen, du consommateur et de la vie privée », ce que je ne peux qu’applaudir : comment se prémunir efficacement des dérives hélas de plus en plus nombreuses liées à l’inflation des données ?

Nadia Robinet : En 2014, 81 % des Français exprimaient des craintes quant aux risques potentiels liés à l’utilisation de leurs données. Or, la nature des données captées par les entreprises, publiques et privées, ainsi que la façon dont elles sont exploitées restent très floues. Aucune solution ne permet encore aux Français d’exercer un vrai pouvoir de contrôle sur leurs données.

Ainsi, Bernard Gainnier (#73) appelle à inventer la carte nationale d’identité numérique et instaurer une e-identité. Cette carte nationale d’identité numérique, le pendant digital de notre carte nationale d’identité, regrouperaient les informations personnelles que nous partageons sur Internet, permettra d’y remédier. La carte nationale d’identité numérique prendra la forme d’une plateforme de gestion de données personnelles. Grâce à cette plateforme centralisée, l’utilisateur pourra gérer la diffusion de ses données depuis un seul endroit.

Par ailleurs, Pascal Imbert et Laurent Stoupy (#81) invite à faire de la France un espace de confiance numérique reconnu pour protéger juridiquement les données qu’elle héberge, favoriser l’émergence de services «responsables» et éthiques, disposer de moyens de protection et de réaction en cas d’incidents, quels qu’ils soient.

La confiance dans le numérique est un facteur indispensable de son développement. Chaque malversation, chaque fraude, chaque cyberattaque suscitent les craintes du grand public et retardent davantage encore la récolte des fruits du numérique…. les grands acteurs du numérique ne fournissent pas nécessairement un niveau de confiance suffisant quant à la propriété des données, leur protection et leur non-réutilisation. Une garantie de confiance peut donc indéniablement se révéler un facteur de différenciation pour des services grand public.

Jean-François Abramatic (#84) interroge néanmoins sur la façon dont on préserve la confidentialité des données personnelles et formule une proposition visant  à mettre en place une protection automatisée des données personnelles […] via une plateforme qui exploite des standards ouverts et sur laquelle chacun des acteurs pourra faire état de ses exigences et de ses besoins, en matière d’usage et de protection des données. Les usagers obtiendront le moyen de fixer des limites à l’exploitation de leurs données personnelles par le fournisseur de service.

Fabrique nous un dieu

Ce n’est pas la première fois que j’ouvre mes colonnes à Georges Lewi (voir ici par exemple) à l’occasion de la sortie d’un nouveau livre : reconnaissons qu’il est difficile de trouver plus prolixe, puisque son registre va des ouvrages marketing très sérieux à la réécriture de Flaubert ou de … la Bible dans Fabrique nous un dieu !

MarketingIsDead : Georges, après Bovary 21 et Flaubert, tu adaptes au 21ème siècle la vie de Moïse : d’où te viens cette envie de réécrire de tels récits ?

Georges Lewi : Vingt ans de recherches sur les marques m’ont conduit à considérer que chaque époque réinterprète les mythes du passé. La technologie fait des pas de géants, elle apporte des ruptures souvent difficiles à concevoir mais l’esprit humain a besoin de retrouver sans cesse ses repères. Ces repères sont les représentations qui ont structuré la pensée de l’enfant et la pensée de l’enfance de l’humanité. Les marques, ces représentations de la culture urbaine et commerciale s’appuient sur les mythes, sur les oppositions binaires qui permettent à l’être humain de se positionner, de se situer face à l’univers, face à la nature, face à l’adversité, face aux êtres humains.

Depuis toujours, les mythes ont assuré à l’être humain une compréhension (ou un début de réponse) de sa situation. Je pense et j’écris en fonction de ces mythes qui assurent la pérennité de l’humanité, au-delà de nos diversités, au-delà des époques. Je suis frappé en particulier par le fait que deux mythes seulement sont totalement universels : celui de l’espoir et celui de l’âge d’or. Le futur et le passé. Individuellement, chaque être humain rêve et fait tout par améliorer sans cesse sa situation, humaine, politique, économique, amoureuse… Chaque groupe se situe par rapport à un temps, un mythe fondateur où ce groupe situe son apogée à atteindre à nouveau.

En traitant du mythe de Bovary dans mon précédent roman Bovary21, j’abordais l’espoir au féminin au travers de la vie d’une blogueuse, « job » qu’aurait adoré sans doute Emma Bovary. Mais cette activité de puissance féminine retrouvée ne lui permet pas plus qu’à son ancêtre de trouver l’homme idéal. Avec ce dernier roman « Fabrique nous un dieu » , j’ai voulu traiter du mythe du pouvoir au masculin, c’est-à-dire de la quête de la réussite.

A l’instar du « vrai » Moïse, mon personnage de Moïse veut libérer l’humanité de la mort et de la souffrance.

MarketingIsDead : Le véritable sujet du livre, c’est le transhumanisme qui se révèle sinon une vaste escroquerie, du moins une impasse : même si ton Moïse apparaît très sincère dans sa démarche, il n’accède ni à la Terre Promise, ni au Paradis, puisqu’il disparaît sans laisser de traces …

Georges Lewi : En m’appuyant sur le transhumanisme comme « produit » proposé aux citoyens (je n’ose pas dire consommateurs) du monde, je traite encore de l’espoir humain et de la façon de « réussir à créer et développer ex nihilo une marque mondiale ». Cet objectif est l’espérance de toute entreprise et de ses équipes marketing. En développant une promesse aussi forte, la bataille est nécessairement intense entre ceux qui croient à ce produit « miracle » et ceux qui veulent développer ce produit-miracle même si la réalité de la promesse n’est pas assurée.

Comme Moïse l’ancien, Newton, Steve Jobs, mon Moïse est un idéaliste qui veut trouver, prouver, changer le monde. Comme eux, il est orphelin et a une revanche sur la vie à prendre. Comme ces illustres prédécesseurs, il ressemble à Don Quichotte face à ses moulins à vent. Mais n’est-ce pas le lot de tous les chercheurs, de tous les créateurs, de la plupart des entrepreneurs. Le transhumanisme est le dernier avatar de l’espoir humain, fou, inutile, sans doute dangereux mais toujours présent. Comme si l’être humain ne pouvait pas se passer de cette drogue ! L’humanité est droguée à l’espérance. C’est ce que j’ai voulu exprimer dans ce roman.

MarketingIsDead : Google investit des sommes colossales dans le transhumanisme en recrutant notamment Ray Kurzweil, le pape du transhumanisme : aujourd’hui le transhumanisme, c’est le mythe ou le business ultime ?

Georges Lewi : Il n’y a pas de business sans mythe, sans rêve ancré dans l’esprit humain depuis toujours. Peintre à Lascaux, il y a 30 000 ans, notre ancêtre rêvait déjà de survivre aux animaux sauvages qu’il peignait, qui l’entouraient et l’effrayaient. La grotte nous montre le petit homme vainqueur des monstres qui réduisent son temps de vie à peu de choses. Le mythe ultime de l’être humain comme le montrent tous les grands récits « mythiques » est de vivre éternellement dans un paradis où il n’y aurait ni souffrance, ni labeur, ni mort… Google est sans doute l’entreprise qui a le mieux épousé les mythes humains : avoir le pouvoir sur le savoir, voir partout comme si on y était, ne plus avoir à conduire sa voiture, avoir le pouvoir sur sa vie…

Ce qui caractérise l’être humain est son incapacité à être totalement satisfait. Son besoin d’espoir est tel qu’il espère toujours plus, toujours mieux, toujours plus grand, plus fort, plus longtemps. Le mot « plus » est le symbole de l’humanité. On peut le regretter mais c’est ainsi. Mon Moïse a créé un laboratoire pour développer ces « produits de vie éternelle ou presque ». Il va lui falloir confronter ce rêve extraordinaire de ses « consommateurs » à la réalité des médias plus sceptiques et surtout de son équipe qui doute encore plus de la promesse et qui attend, plus prosaïquement, une amélioration immédiate de son sort.

La vie est un roman. C’est ce que j’ai a essayé de décrire sur fond de vie en entreprise, ce que peu d’auteurs (qui connaissent mal l’entreprise) utilisent comme « support » et contexte. Les lecteurs me diront si c’est réussi.

Human Psycho

Alexandre Rispal a participé à l’ouvrage collectif des Mardis du Luxembourg : Rupture, vous avez disrupture ? Il récidive aujourd’hui avec Human Psycho.

MarketingIsDead : Tu as contribué à Rupture, vous avez Disrupture ? en  traitant d’un sujet plutôt vaste : Une nouvelle direction pour l’Humanité. Pourquoi ?

Alexandre Rispal : Je souhaitais dresser un portrait des formidables avancées technologiques de ces dernières années. Si ces progrès changent tout dans notre quotidien, je pensais trouver des sous-jacents permettant de comprendre pourquoi cette accélération de l’histoire se produit en ce moment.

MarketingIsDead : Et alors ?

Alexandre Rispal : Nous sommes face à de profonds changements. Ce qui est frappant, c’est que ces changements opèrent sur le mode solutionniste comme le souligne Morozov. Plus besoin de penser, on nous assiste numériquement pour avoir une solution à tous nos problèmes (parfois en anticipant même les problèmes …).

MarketingIsDead : Les besoins des consommateurs sont donc mieux servis ?

Alexandre Rispal : A court terme, oui, sans doute. Toutefois, ces évolutions s’appuient sur un corpus idéologique estimant que l’humanité telle qu’elle est aujourd’hui est incomplète, nocive. Ce mouvement de pensée est parti de la Silicon Valley et fait donc de la technologie un moyen aux services d’idéaux politiques. Cet idéal est le suivant : il faut augmenter l’homme, atteindre un nouveau stade de l’évolution. Et quand des entreprises de haute technologie deviennent trop puissantes, c’est tout notre système démocratique qui est menacé.

Ce qui me gêne, c’est qu’une vision du monde nous est imposée de plus en plus. Sans débat public.

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MarketingIsDead : Pourquoi avoir développé ces thèses dans un roman, Human Psycho ?

Alexandre Rispal : C’est plus simple d’accès et j’espère que les lecteurs s’amuseront lors de ce voyage au cœur de la Silicon Valley quasiment en temps réel. Et si cela peut amener à un questionnement plus grand au sujet du transhumanisme, c’est que l’objectif aura été rempli.

Nudge, vous avez dit Nudge ?

Nudge marketing.jpgEric Singler vient de publier : Nudge marketing : Comment changer efficacement les comportements. Petit interview pour préciser quelques concepts.

MarketingIsDead : En deux mots, c’est quoi le Nudge Marketing, et quelles en sont les origines ?

Eric Singler : Le Nudge, c’est le « coup de pouce », l’incitation douce qui encourage les individus à adopter un nouveau comportement bénéfique pour eux-mêmes, la collectivité ou la planète. Des actions apparemment anecdotiques mais dont l’efficacité est formidable. Comment, par exemple, générer 96000 adhésions supplémentaires à un programme de dons d’organe en changeant une phrase du site gov.uk ou réduire de 250 millions de dollars la consommation énergétique de foyers en mettant un Smiley et un comparatif de consommation sur une facture. L’approche est née du livre seminal Nudge de 2 professeurs Américains, Richard Thaler et Cass Sunstein publié en 2008.

MarketingIsDead : Damasio a bien souligné dans l’Erreur de Descartes, qu’il n’était pas possible de séparer raison et émotions : comment un spécialiste des études marketing comme toi peut-il les réconcilier ?

Tu as raison, la base du Nudge, c’est 40 ans de recherche expérimentale – La Behavioral Economics – qui a remis en cause la vision d’un homo economicus qui décide rationnellement à partir d’une information rigoureusement analysée et de préférences clairement établies. Nous sommes fondamentalement influencés par nos émotions, des illogiques de décision, le comportement des autres et le contexte dans lequel nous prenons nos décisions. En étude, il faut donc tenter d’observer plutôt que de questionner, de mettre en contexte réel pour éviter les biais situationnels, de tenter d’appréhender les phénomènes de compréhension spontanée plutôt que de faire rationaliser, de faire agir plutôt que de s’intéresser aux attitudes et intentions …

MarketingIsDead : Alors que bien souvent nous pensons dominer rationnellement nos choix, en fait, nous obéissons à des mécaniques totalement prévisibles : un marketing qui s’appuie sur de telles connaissances n’est-il pas antisocial, voire dangereux ? Que reste-t-il du libre choix des citoyens ?

Les behavioral Economists cherchent à faire comprendre au plus grand nombre la réalité des facteurs qui nous influencent afin que justement cette conscience nous permette, en tant qu’individu, de prendre des décisions meilleures pour nous-mêmes ou notre environnement. 

Le Nudge se veut également profondément éthique à la fois dans sa mission – aider à prendre des décisions vertueuses et bénéfiques – et dans l’existence de garde-fous sur les mécaniques utilisées. Le comportement visé et les mécaniques utilisées doivent être explicables aux « Nudgés » de manière transparente sinon il y a problème.

Après, comme toute technique elle peut être utilisée pour le meilleur ou pour le pire. Mais je pense pour ma part que le marketing ne peut être que responsable s’il veut accompagner efficacement des entreprises qui doivent savoir combiner business et éthique pour être durablement performantes.

MarketingIsDead : Le Nudge peut également s’appliquer aux politiques publiques : pour une meilleure efficacité de nos administrations ou dans une vision plus « Big Brother » ?

Oui le Nudge s’applique parfaitement à l’univers des politiques publiques. C’est une 4ème voie d’influence des comportements qui vient en complément de la loi, des incitations économiques et de l’information. Le Nudge cherche a rendre plus efficaces les politiques publiques en aidant aux changements comportementaux souhaités. Recherche d’efficacité à une époque ou chaque euro dépensé se doit d’être utile a la collectivité, oui ! Big brother non, sauf à considérer que toute action de l’Etat est en soi illégitime .

MarketingIsDead : Si on applique parfaitement les théories du Nudge, on peut se passer … d’études marketing .

Les études sont au contraire à la base du Nudge. Un Nudge n’est efficace qu’à partir du moment ou il lève une barrière qui bloque l’adoption du comportement souhaité. Et ce sont les études – notamment Ethno – qui vont révéler ces blocages. Et, après avoir identifier des idées de Nudges, il va falloir prouver leur efficacité avant de les déployer globalement. Donc des  expérimentations comportementales en fin de process.

Les études sont donc au cœur de la démarche Nudge en combinaison avec des approches inspirées de Design Thinking, de créativité et de consulting.

Les Incontournables du Commerce de demain

Frank Rosenthal.jpgFrank Rosenthal vient de publier avec Olivier Dauvers : Les Incontournables du Commerce de demain ; rencontre avec le coauteur, également coprésident du Club Distribution de l’Adetem.

MarketingIsDead : L’expérience client s’inscrit aujourd’hui au cœur de la démarche marketing : comment s’inscrit-elle dans la stratégie des distributeurs ?

Frank Rosenthal : Comment définir l’expérience client pour un distributeur ? Nous le faisons dans le chapitre correspondant dans le livre. C’est la somme de tout ce qu’un commerçant donne à vivre à ses clients avant, pendant et après l’achat. C’est très important quand on sait que par exemple dans la distribution spécialisée, 80% des visiteurs en magasins se sont renseignés auparavant sur le site Internet de l’enseigne.

En 2012, à New York, Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon, qui recevait de la NRF (Fédération Américaine du Retail) le prix de la personnalité de l’année, déclarait : « Si vous créez une excellente expérience client, les clients en parleront. Le bouche-à-oreille est un outil très puissant. » Voilà, c’est un  bon résumé, l’expérience client a de plus en plus d’impact sur le business des distributeurs et la réalité de l’expérience est au cœur des enjeux, beaucoup plus que certains gadgets marketing qui remplissent les gazettes des journaux spécialisés et que tout le monde finit par oublier très vite. 

Oui, l’attente aux caisses et l’amabilité du personnel font plus pour l’expérience client que la énième application mobile que quelques-uns téléchargent et que très peu utilisent au quotidien et je suis moi-même un fan des applis mobiles que je ne cesse d’utiliser, c’est seulement un exemple de priorités !

MarketingIsDead : L’économie collaborative et circulaire touche également la distribution, de nouveaux modèles apparaissent : comment la distribution, tant « brick and mortar » que « click and mortar », peut-elle, ou doit-elle, s’adapter ?

Frank Rosenthal : Ca fait déjà quelques années que certains distributeurs se sont adaptés. Je pense précisément à Décathlon avec son Trocathlon. Le formidable développement du Bon Coin force les enseignes à réfléchir et à agir ou sinon réagit. Citons le cas d’Ikea qui a plus de 100 000 produits revendus sur le Bon Coin, c’est énorme, ça leur échappe et c’est pour cela que l’enseigne suédoise propose de récupérer les anciens meubles contre des bons d’achat et en permanence.

Depuis peu, certains magasins prêtent leur parking pour des vide-greniers, un bon moyen de montrer sa compréhension des phénomènes et d’attirer du trafic en restant au plus près de ses clients. Ce qu’il manque selon moi, c’est l’approche value for money « en avoir pour son argent » qui devrait miser beaucoup plus sur la durabilité des produits, c’est une approche nouvelle « value for money for longtime » (Est-ce que cela vaut bien l’effort que je vais consentir pour la durée de vie que j’attends), une approche globale qui permet d’intégrer le prix mais pas seulement. Une enseigne comme Manufactum en Allemagne, leur signature : « The good things in life still exist » en est la parfaite illustration.

MarketingIsDead : On constate depuis quelques années un retour en force des grandes enseignes dans les centres-villes : l’hypermarché constitue-t-il encore un modèle adapté au 21ème siècle ?

Frank Rosenthal : Certes, ces dernières années, c’est dans la proximité que l’on a vu le plus de nouveaux concepts, je pense aux Carrefour City, Intermarché Express, U Express et autres Casino Shop entre autres qui sillonnent nos villes. Cela correspond à une revaloirsation des centres-villes, à une optimisation des coûts immobiliers très élevés et à une vraie attente des consommateurs.

Pour autant, l’hypermarché n’est pas mort, au gré des extensions de surfaces, techniquement le format continue de se développer. Sa définition évolue car le « tout sous un même toit » initial a beaucoup moins de sens à l’heure du web…qui par définition est illimité en taille. Amazon.fr c’est 150 millions de références quand un hypermarché est entre 100 et 150 000. Mais les hypermarchés continuent d’être fréquentés, sont plus que jamais le lieu des promotions massives, qui intéressent les Français et qui ont redonné un vrai coup de fouet aux marques versus les MDD, le lieu des événements commerciaux et du référencement des innovations.

Donc pas si mal pour un format que beaucoup disaient à l’agonie et qui avec le drive et les efforts réalisés notamment sur le passage en caisse et la zone marché retrouve une vraie vitalité. Pour moi, plus que la mort de l’hyper, c’est l’idée que l’hyper va mourir qui est morte !

MarketingIsDead : Un peu de futurologie : c’est quoi le commerce de demain ?

Frank Rosenthal : Notre livre commence par une citation de Peter Drucker « the best way to predict the future is to create it ». J’aime bien cette phrase parce que tout est encore (ou Presque) à inventer. Pour nous (Olivier Dauvers et moi-même, coauteur), la clé du commerce de demain est la préférence. Elle peut se jouer à plusieurs niveaux qui correspondent à 4 grandes ambitions :

  1. Assurer ses fondamentaux
  2. Intégrer pleinement la révolution digitale
  3. Créer la différence
  4. Anticiper sur les futurs filons.

C’est une approche très pratique et pragmatique qui permet d’éviter le côté labo du commerce de demain, qui par définition évolue tout le temps et qui a du mal à incarner une réalité business.