6 septembre 2019
Mercredi 24 Juillet, nous quittons
Lusaka, capitale de la Zambie, pour nous rendre au Gwabi River Lodge près de Chirundu,
là où la rivière Kafue se jette dans le Zambèze : 113 km et 2 heures 19 de
route selon Google Maps, un vraie ballade !
La première heure se passe plutôt
bien : partis vers 9 heures, nous roulons à 60 kilomètres-heure (vitesse
limite sur bien des axes du pays) sur une route goudronnée très large, la D
152, puis bifurquons sur la RD 491, tout aussi belle … jusqu’à ce que
disparaisse l’asphalte : pas de panique, nous avons loué un Ford Ranger, 2
roues motrices certes, mais suffisamment haut pour avaler bien des chemins non
goudronnés !
Nous continuons donc à une vitesse
de croisière de 50 à 60 kilomètres-heure : comment pourrait-il en être
autrement puisque selon Google Maps il nous reste une petite heure de route …
donc tout va bien !
Tout va bien … sauf que la route se
rétrécit soudain : à peine plus large que la voiture, plus de croisements
possible – mais nous sommes désespérément seuls – et des pentes assez raides
complètement défoncées !
Heureusement Google Maps nous
rassure : nous avons dû mal bifurquer – mais où ? Pas vu la moindre
bifurcation ! –, mais nous allons rejoindre la route principale, la RD
941, dans quelques kilomètres. L’œil rivé sur mon Smartphone, je vois le
croisement se rapprocher … 5, 4, 3, 2, 1 kilomètre, 950, 850 mètres … 50
mètres !
On coupe la RD 941 … sur
l’écran : parce que sur le terrain, PAS DE ROUTE ! Mais on va la
recouper dans 2 kilomètres : juste un nouveau fake ! Google Maps
invente des routes.
Nouvelle pente, un trou plus gros
que les autres : on ne passe plus ! Le pick-up racle le sol, coince …
et cerise sur le gâteau : la roue avant droite est crevée ! Il est
temps d’appeler le loueur pour se faire dépanner … mais pas réseau !
Alors on boucle la voiture et part à
pieds : Google Maps est clair, on croise la route principale dans quelques
centaines de mètres.
On rencontre deux éleveurs avec
quelques chèvres : heureusement, l’anglais est la langue officielle du
pays. La route goudronnée, si proche selon Google Maps … n’existe pas ! Le
village le plus proche, en continuant dans cette direction, c’est … 8 heures
marche ; en faisant ½ tour seulement … 4 heures ! Inutile d’espérer
capter le moindre réseau dans la région non plus …
Epilogue 1 : retour à la
voiture près de laquelle est garé … un 4X4 ! Le chauffeur est un allemand
vivant en Zambie qui nous explique le chemin est inenvisageable sans 4 roues
motrices … si l’on est un conducteur expérimenté ; il nous aide à changer
la roue, sortir de l’ornière, et nous conseille de faire ½ tour : le pire
est devant nous ! Nous suivons évidemment son conseil : back to
Lusaka pour prendre la route principale, plus longue mais la seule réellement
carrossable !
Quand pour lui expliquer nos
déboires, nous évoquons Google Maps, il part d’un éclat de rire : nous ne
sommes pas les premiers à nous être fait piéger !
Epilogue 2 : tard, très tard,
nous arrivons au lodge et expliquons notre retard. Le responsable compatit puis
nous raconte avoir plusieurs fois « écrit
à Google » pour les informer de l’extrême dangerosité de l’itinéraire
… sans la moindre réponse.
Google plaidera certainement non
coupable, rejetant la faute sur les organismes locaux qui lui fournissent les
précieuses données, à l’instar de l’IGN en France ; mais on pourrait
espérer qu’une société qui a engrangé plus de 30 milliards de dollars de
bénéfices l’an passé puisse se soucier un peu plus de la qualité des services
qu’elle met à la disposition de ses clients.
Pire : Google, grâce à ses algorithmes
magiques, semblent INVENTER des routes où il n’y en a pas : car quand on
passe du mode plan au mode satellite, on voit apparaître des routes qui n’existent
pas !
Explication : la carte indique
clairement que la route RD 491 tourne à gauche quand on vient du Nord … et que
moi, qui ai été tout droit, me suis naturellement retrouvé sur un chemin non
carrossable par ma seule faute.
En mode satellite, même constat :
la route tourne à gauche …
Mais lors du passage du mode plan au
mode satellite, la route met une fraction de seconde à venir se placer :
et la copie d’écran – faut faire très vite – montre très clairement que la
belle RD 491 … n’existe pas : juste une saignée dans la forêt, peut-être
pour une ligne à haute tension.
Conclusion : Google Maps
invente des routes pour envoyer ses utilisateurs dans le ravin : notre
voiture était à deux doigts de se renverser quand nous avons rebroussé chemin.
Mais quand on gagne plus de 30 milliards de dollars de bénéfices, une telle
éventualité, c’est dans l’épaisseur du trait.
Bilan son malheureux client en
Zambie : une ½ journée de perdue, ¼ de plein d’essence (6 dollars), 200
kilomètres (95 dollars) de location de voiture en sus, plus les frais
occasionnés par l’accident (pneu détruit et pot d’échappement endommagé = 579 dollars)
… et franchement, on a eu de la chance !
Dernière précision : ce texte reprends en partie un mail que j’ai adressé à un cadre dirigeant de Google en France, en lui suggérant, s’il ne pouvait répondre, de transmettre à quelqu’un de compétent ; vous devenez la réponse : Google ne s’abaisse pas à répondre !
PS : heureusement, les paysages
à notre arrivée à Chirundu, au confluent de la rivière Kafue et du Zambèze,
nous ont bien récompensé, comme le montre la photo prise le lendemain.