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Les SUV ou le marketing à la Ponce Pilate

« Avant », le marché automobile pouvait apparaître relativement simple au consommateur lambda : plus on payait cher, plus on montait en gamme et on pouvait acquérir une voiture spacieuse et luxueuse ; il y avait quelques exceptions – quelques segments très particuliers : les voitures de sport, avec l’éternelle 911, les tous-terrains, un peu rudes, et puis des trucs bizarres, comme le Volkswagen Combi si cher à Jean-Marc Ayrault.

Sont venus s’ajouter les monospaces … mais on se demande pourquoi il y a fallu attendre si longtemps pour les voir arriver : il y avait un vrai besoin, mais Matra a eu bien du mal à convaincre Renault de le construite, après avoir essuyé un refus de PSA.

Puis sont apparus les SUV – pour Sport Utility Vehicle, véhicule utilitaire sportif, ce qui ne signifie … en fait, pas grand-chose –, des véhicules un peu hybrides : on ne voit d’ailleurs pas trop ce qu’ils ont de sportifs, ces SUV, vu qu’une voiture de sport doit être très basse pour coller à la route, comme la 911 précédemment évoquée.

Bref, plutôt un croisement entre véhicule de Monsieur tout le monde et véhicule tout terrain, avec un look un peu massif, sinon pataud, et destiné à séduire des conducteurs qui ont avant tout envie de dominer les autres : donc rien de rationnel, juste un marketing qui s’appuie sur des pulsions assez primaires … mais rien que de très banal jusque-là.

Comme quatre roues motrices, ça plombe beaucoup les budgets, les SUV proposent des versions quatre et deux roues motrices : preuve qu’on ne vend que de l’envie dominer les autres, et surtout pas de la puissance ou de la maniabilité.

Sont apparus aussi les crossover – en bon français, véhicule métis, mais évidemment, éviter la sémantique avec le 1er garagiste venu – hybrides entre les SUV – déjà des hybrides – et les berlines classiques …

Le problème, c’est que les SUV polluent comme des fous, comme le montre une récente étude du WWF France : les constructeurs automobiles se révèlent totalement irresponsables et par leur faute, la France ne respectera pas ses engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre !

Oui mais si les SUV se vendent si bien, c’est qu’il y a un marché pour : ils répondent à des attentes consommateurs, et le marketing ne peut que répondre à ces attentes … c’est le marketing à la Ponce Pilate, la planète peut crever, ce n’est pas de notre faute … en fait, les vrais coupables, ce sont les consommateurs !

Sauf que bon nombre d’acheteurs de SUV se défendent : « Je comprends le débat sur les SUV, mais quand on a 4 enfants, ce sont les seuls véhicules 7 places qui existent », se plaint ce père de famille sur France Info : les monospaces disparaissent peu à peu du marché, les constructeurs misant tout sur les SUV.

Le marketing de la demande a bon dos : le rejet de la faute vers un consommateur qui souhaite des voitures bling-bling sans égard pour la planète est bien trop facile ! Bien sûr, je ne préconiserais évidemment pas de revenir à un vieux marketing de l’offre totalement déconnecté des attentes clients ; mais de conjuguer la réponse aux attentes des consommateurs à un marketing de « l’offre responsable », soit dans le cas de l’automobile, proposer par exemple des véhicules convenant aux familles (plus ou moins) nombreuses mais respectueuses de l’environnement.

Le marketing de la malbouffe

Selon une étude parue en 2019 dans The Lancet, plus les guerres, les accidents de la route ou bien sûr le Covid-19, la malbouffe constitue désormais la première cause de mortalité dans le monde : impressionnant !

La malbouffe frappe massivement les pays occidentaux, sans épargner la France, peu s’en faut : la malbouffe, c’est par exemple … les aliments ultra-transformés qui pullulent dans les grandes surfaces ; on regroupe sous ce vocable tous les aliments comprenant parmi leurs ingrédients, au moins une substance elle-même ultra-transformée, d’où une liste à la Prévert allant des lasagnes aux sodas, en passant par les barres chocolatées, les poêlées de légumes ou les céréales de petit-déjeuner !

Essayez donc de faire vos courses dans votre hyper préféré sans glisser le moindre aliment ultra-transformé dans votre panier ! Or selon une autre étude réalisée par des chercheurs de l’Inserm, de l’Inra, de l’Université Paris 13 et du Cnam, réunis au sein de l’équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle, ou Eren, « une augmentation de 10 % de la consommation d’aliments ultra-transformés conduisait à une augmentation de 12 % du risque de cancer global et de 11 % du risque de cancer du sein » … entre autres !

Où se situe la responsabilité du marketing dans cette galère ? Un peu partout, de la conception des produits à leur promotion.

Dès la conception, par exemple en élaborant des produits trop sucrés … « parce que les consommateurs aiment ça » : le sucre, en activant le circuit de la récompense dans le cerveau humain, produit une addiction certaine – sans entrer bien sûr dans le champ des drogues dures.

D’où la commercialisation par des chaines comme Starbucks de boissons contenant jusqu’à l’équivalent de 25 cuillères de sucre, selon une étude menée par Action on Sugar ; or on connaît les effets désastreux de la surconsommation de sucre sur l’organisme, comme le rappelle Science et Vie.

Côté promotion, c’est tout aussi effrayant ! Que Choisir vient de lancer une pétition pour interdire la publicité à l’attention des enfants des produits alimentaires déséquilibrés : selon une étude menée par l’UFC, « 9 spots alimentaires pour enfants sur 10 portent sur des aliments déséquilibrés (Nutri-Score D ou E), soit une part deux fois plus élevée que pour les adultes ».

Faut-il interdire la publicité à l’attention des enfants ? Certainement pas ! Faut-il interdire la publicité à l’attention des enfants pour certains aliments dangereux à plus ou moins long terme ? Pourquoi pas ?

Un marketing vertueux pourrait consister à éduquer les enfants à décrypter la publicité pour les produits alimentaires, à leur apprendre à mieux se nourrir : ce n’est qu’un piste parmi d’autres ; mais surtout un marketing vertueux œuvrerait dès l’élaboration des produits, refusant toute dérive dangereuse pour la santé.

Pour ne pas se retrouver un jour comme marketer à promouvoir des barres ou des céréales dont on ne voudrait surtout pas pour ses propres enfants !