J’achète le 22 janvier un pullover en laine mérinos à la boutique Muji des Halles : quelques jours après, je constate qu’il pluche ! Passant ce matin devant le magasin, j’entre et demande si c’est normal.
Réponse de la vendeuse : non, peut-être est-ce parce que vous porter dessus un manteau en polyester : pourtant jamais Muji ne m’a prévenu du risque de porter un manteau en polyester sur leur pull.
Voyant que la réponse ne me satisfait pas vraiment, elle me propose de voir son supérieur, pour qui, il n’y a pas eu de retour négatif sur ce type de pull, donc … tout va bien : vous comprenez, on a des réclamations journalières à traiter, on ne va pas rembourser tout le monde.
Bref, évitez d’acheter un pull chez Muji, c’est sympa quand c’est neuf, mais TRES rapidement immettable ; et des soucis, ils en ont tous les jours – dixit le responsable de … rayon, magasin … je ne sais pas trop, il ne s’est pas présenté ?
Muji surfe sur une vague japonisante minimaliste, et ça marche : et c’est même très tendance auprès des jeunes, tendance bobo parisien … Il y a aussi le côté écolo qui plait bien.
Belle image de marque, un zest de mission et de RSE … et une expérience utilisateur un peu pourrie : on est les meilleurs, on ne va quand même pas se soucier des désagréments de nos clients … surtout quand il n’y a pas une obligation légale qui nous y oblige !
Y aurait-il encore des métiers qui ne s’écrivent qu’au féminin – ou très majoritairement au féminin : cela semble le cas pour le « Réseau national d’agences spécialisées dans l’aide à domicile pour les personnes âgées »Petits-fils, du moins à en croire leur dernière campagne d’affichage.
Campagne qui a immédiatement suscité sur Twitter de nombreux commentaires négatifs : « C’est un beau métier, vous auriez pu mettre en valeur l’humain et les valeurs de façon plus classe » ; « Maria … Fatima…Bonjour les clichés !!! ».
Et l’annonceur de se défendre, en précisant que « les 4 prénoms les plus fréquents dans nos agences sont CATHERINE, MARIA, FATIMA et CHRISTOPHE », en précisant « Nous sommes fiers de la diversité de nos auxiliaires de vie ».
Bref, 3 auxiliaires sur 4 sont des femmes chez Petits-fils, preuve sans doute de la difficulté du secteur à recruter des hommes : peut-être pas nécessaire de leur jeter la pierre … mais peut-être pas nécessaire pour la société de s’en vanter !
Mais du constat à la promotion, il y a un gouffre … dans lequel tombe le publicitaire qui a réalisé la campagne – et bien évidemment l’annonceur qui l’a validée ! Car la publicité n’est pas déclarative – les non sémioticiens me pardonneront mon jargon –, elle est performative ; pour faire plus simple : elle ne dit pas ce qui est est, mais ce que l’annonceur souhaite qu’il soit !
Et pour ce dernier, c’est clair : la profession d’auxiliaires de vie est très majoritairement féminine, c’est sa vision, et il souhaite majoritairement recruter des femmes ; en équilibrant les visuels entre prénoms masculins et féminins, il aurait proposé une vision plus moderne, et surtout plus éthique, de ladite profession.
Aujourd’hui les Ehpad occupent le devant de la scène médiatique, les langues se délient – très légitimement : les sommes en jeu sont colossales et les malversations à la hauteur des investissements.
Mais il na faudrait pas oublier l’autre bout de la chaine, celui des petites structures privées qui se développent à grande vitesse : avec le vieillissement de la population, le marché est porteur, d’autant que les familles souhaitent maintenait le plus longtemps possible leurs aînés à domicile … et vu le scandale des Ehpad, ça se comprend.
La qualité des prestations n’apparaît pas nécessairement au rendez-vous, du moins à en croire la DGCCRF, qui s’est penché sur la question peu avant la crise sanitaire : « Menée fin 2018 et début 2019, l’enquête a révélé que ces opérateurs méconnaissent souvent la réglementation ».
Petit florilège : « pratiques commerciales trompeuses sur les prix, la qualité et la durée des prestations » dont « apposition sur les documents et en vitrine de logos de certification que l’organisme ne détient pas » et « surévaluation des diplômes des intervenants » ; « manquements dans l’information précontractuelle » ou encore : « clauses abusives dans les contrats », etc.
Ce qui pose un grave problème d’éthique à deux niveaux :
Des franchisés, qui souhaitent rapidement rentrer dans leurs fonds après avoir investi entre 50 et 100 K€ pour ouvrir boutique ;
Des franchiseurs, qui ne pensent qu’à couvrir le plus rapidement possible le territoire national, ne serait-ce que bloquer l’arrivée de la concurrence.
A une époque où l’on prône la responsabilité sociale des entreprise, il semble que le secteur des services à la personne devrait commencer à la faire le ménage devant sa porte avant d’aller le faire chez les séniors !