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Author:Marketing is Dead

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On ne se méfie jamais assez !

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La récente « affaire » du sondage Harris plaçant Marine Le Pen en tête au 1er tour de la présidentielle – voir mon papier ici – l’a prouvé, quand les journalistes abordent un sujet qu’ils ne maîtrisent pas, les risques d’erreur deviennent gigantesques !

Récemment interviewé par un rédacteur de Veille Mag (un titre spécialisée dans la veille), je me suis vu attribuer ces propos :

Pour François Laurent, les Access Panel, fichiers de milliers d’emails, ne sont pas représentatifs. « D’autant plus qu’il arrive que les internautes sont payés pour participer ».

Evidemment, je bondis en relisant ces lignes et demande à modifier ce qui ne correspond EN AUCUN CAS à ma pensée : manque de chance, le journaliste a négligé de me faire relire les citations qu’il m’attribue … à partir de simples notes, et non d’un enregistrement.

Et c’est parti à l’imprimerie !

Alors pour ceux qui tomberaient sur cet « interview », vous pouvez tourner la page : j’ai à peu près dit … l’inverse.

A savoir aucune méthode de recueil n’est parfaite, et qu’il vaut mieux maîtriser les biais que de les nier ; l’indemnisation des panélistes n’est pas neutre, pas plus que les non répondants absolus dans le cas d’un recueil téléphonique.

Ce qui est devenu sous la plume du journaliste – mais attribué à votre serviteur : « Il y a quelques années, on travaillait par téléphone. Seule une personne sur six ou sept répondait » : on est un peu loin du compte !

Tout cela pour dire : méfiez-vous des citations – et le reste est de la responsabilité du journaliste.

Sémiologie et distribution

Le Site Marketing vient de publier la 9ème édition de son PanoTrade, un document de plusieurs centaines de pages sur l’activité média et hors média de la grande distribution en France ; une édition qui analyse cette année les enjeux majeurs que doivent affronter les enseignes comme les industriels en cette sortie de crise. Avec en toile de fond, de profondes remises en cause sur la manière de faire de la promotion et de la communiquer.

Pour la seconde année, Pierre et Elisabeth m’ont demandé d’apporter mon expertise sémiologique – ce que j’ai fait avec plaisir.


Archive with Orchestra

Pas grand-chose de passionnant dans l’activité musicale pop ou rock ces mois-ci.

Bien sûr, il y a le dernier Radiohead, le dernier Rem : rien de génial, le retour du groupe de Thom Yorke semble assez décevant, surtout après les extraordinaires livraisons d’il y a quelques années, pareil pour celui de Michael Stipe.

Le dernier Neil Young est plutôt besogneux, tout comme celui de Marianne Faithfull : bref, c’est pas la joie, seul le dernier Richard Hawley, Truelove’s Gutter, sort du lot.

J’attendais avec impatience le dernier opus des Strokes, Angles : après tant d’années ! Plus abouti, mais on est loin de Is This It !

Archive.JPG

Alors heureusement qu’il y a Archive, un groupe étrange, avec une musique naviguant entre pop, rock, et trip hop – plus quelques zestes d’électro.

Mais surtout un groupe qui tente de multiples expériences, comme de se produire au Grand Rex avec un orchestre classique de 28 musiciens !

On les compare parfois à Pink Floyd : même goût pour l’innovation, la recherche … et même expérience de mêler instruments électriques et sonorités pop et rock à la richesse d’une formation classique.

A la fin des années 60 et au début des 70, plusieurs groupes tentèrent l’aventure de mêler classique et pop : on se souviendra du fastueux Live with the Edmonton Symphony Orchestra de Procol Harum, ou de Days of Future Passed des Moody Blues.

Sans oublier les incursions de Frank Zappa, qui enregistra (au synclavier) un album de musique de chambre sous le nom de Francesco Zappa, se prétendant avec une telle assurance le descendant de ce compositeur italien inconnu, que d’aucuns croient encore à la supercherie – y compris Wikipedia !

Régulièrement les artistes pop succombent à la tentation du classique – y compris Peter Gabriel qui s’y est raté ; voir mon papier ici.

Alors ?                                                      

Ce fut vraiment un GRAND moment … qui se passe de commentaires, donc !

Enfin !

Parler du Japon les mots justes

02 Kyoto 03 Palais Empereur Retiré 05.JPGBeaucoup de clichés circulent sur les Japonais, stoïques face au malheur qui les frappe, ou résignés, ou …

Alors, je voudrais pour évoquer leur vécu avec les mots justes, recopier ci-dessous ce mail : des amis rencontrés à Tokyo lors d’un récent voyage, et qui heureusement n’ont pas physiquement souffert du tremblement de terre et du tsunami.

« I’t s been about two weeks past since the earthquake.

« We have to save the electricity strictly, because of the shortage of power supply.

« It is a bit inconvenient but manageable too.

« We’re getting used to the circumstance we’re in.

« Every time I watch TV, I can’t  help feeling sad seeing people those who were  suffered  from Tsunami.

« The worst thing everyone worries about is still the radioactive problem.

« Despite they’re trying to solve it, it seems to take a while to work it  out.

« We don’t know what’s happening next but I think It’s important to stay calm and collected.

« I  somehow believe in our willpower to overcome this crisis.

« I’m sure we can do it ».

UrgenceJapon

Par ailleurs, je souhaiterais également évoquer ici l’initiative de Céline Lazorthes, fondatrice de Leetchi.com, et de son équipe.

Leetchi.com, je vous en ai déjà parlé ici : un site permettant de créer des cagnottes en ligne, quelle qu’en soit la motivation.

En partenariat avec la Croix Rouge, ils viennent de mettre en place une collecte pour aider le Japon à se relever : www.leetchi.com/urgencejapon.

Vous pouvez également les retrouver sur Facebook.

En direct (des blogs) du Japon

En ce début d’année 2011, quelle actualité au sein de la blogosphère francophone au Japon ?

Après les traditionnelles cérémonies religieuses marquant le passage à la nouvelle année, 2011 s’annonce plutôt morose.

En effet, pour des Japonais essentiellement de confessions shintoïstes et bouddhistes (et bien souvent, les deux à la fois), le passage à la nouvelle année revêt un caractère nettement plus religieux que dans un Occident qui prie à Noël : le 1er Janvier, dès l’aube, ils se rendent massivement, qui au sanctuaire shinto, qui au temple bouddhiste – je vous suggère un petit détour par Le Japon, qui publie sur son blog une bonne cinquantaine de photos typiques de ces cérémonies.

Japon Nouvel An.jpg

Donc l’année s’annonce morose parce que – et paradoxalement – les Japonais multiplient les efforts pour relancer leur économie et ne pas se laisser rattraper et trop distancer par leurs voisins Coréens et surtout Chinois ; et que – second paradoxe – ces efforts ne vont pas directement profiter aux autochtones en matière d’emploi, comme l’explique Aujourd’hui le Japon.

Non seulement : « Dans un contexte économique qui n’en finit pas d’être morose, leur taux de chômage est toujours aussi préoccupant », mais surtout « 21% des entreprises veulent recruter des étrangers […] (car) de plus en plus demandeuses d’employés « agressifs » et actifs, les entreprises japonaises seraient actuellement en train de se tourner vers eux ».

Du coup, Aller au Japon invite les jeunes Français à tenter l’aventure : « Les entreprises de l’archipel sont plus que jamais ouvertes à employer des étrangers. […] Ceci est donc une bonne nouvelle pour ceux qui veulent s’expatrier dans ce pays ».

Toutefois, dans un autre papier, ce blog recommande la plus grande prudence pour ceux qui se rendent au Pays du soleil levant en transitant par l’Empire du Milieu car « les escales à Shanghai et Pékin sont loin d’être sans risque pour vos bagages en soute. C’est ainsi que de nombreux voyageurs français et japonais ont eu la très désagréable surprise de retrouver leur bagages vidés de leurs objets de valeur ».

Si les employés Japonais manquant de mordant, les entreprises, elles, veulent absolument apporter la preuve de leur dynamisme comme en témoigne l’aventure de la Tokyo Sky Tree, qui vient juste de dépasser la Tokyo Tower … mais ce n’est qu’une étape, comme le rappelle En direct de Tokyo :

« La Tokyo Sky Tree, nouvelle tour émettrice de Tokyo, sera le plus haut édifice d’émission à structure autoportée du monde lorsqu’elle sera achevée en fin d’année et mise en service en 2012. Cette belle dame, qui se dresse dans le nord de Tokyo, profilée comme un katana (sabre), est censée être la quintessence des techniques nippones, et un nouveau site festif, à l’instar de la Tokyo Tower, fausse jumelle de la Tour Eiffel parisienne, achevée en 1958 ».

Doc Tee Boh, lui, s’interroge, photo (ci-dessous) à l’appui : « La taille des grues qui sont installées à l’étage est “juste” équivalente à celle des gratte-ciels d’en bas ».

Tokyo Sky Tree.JPGSinon, il neige à Nagoya – photo tirée de Nagoya en français  : il n’y a pas qu’en France !

Nagoya.jpg

Tokyo réalise des exercices de prévention pour les personnes bloquées après un séisme : « Environ 4200 personnes ont participé ce lundi à Tokyo à un exercice de lutte antisismique, 16 ans exactement après le grand tremblement de terre de Hanshin-Awaji […] (on) estime que plus d’un million et demi de personnes seraient bloquées dans la zone après un puissant séisme », rappelle Sécurité Japon … ce qui donne soudain moins envie de s’expatrier !

Enfin terminons ce rapide tour d’horizon par La_rivière_aux_canards qui s’interroge : « Mon iPad me sert beaucoup moins depuis que j’ai un MacBook Air. […] « L’iPad, ne serait-il pas le gadget sur lequel on s’est rué, qui est génial et dont on se sert finalement peu ? » : si même les technophiles Japonais d’interrogent …

Les Naufragés du Fol Espoir

Samedi 6 novembre au soir, la troupe du Théâtre du Soleil s’active dès 18 heures 45 … pour servir à dîner aux spectateurs devant qui ils joueront, 3 heures 45 durant, Les Naufragés du Fol Espoir : ils sont tous là, en costumes, souriant, à proposer plats du jour et salades !

A 20 heures, direction la grande salle, et Ariane Mnouchkine viendra nous remercier d’avoir affronté pluie et cortèges contre la réforme des retraites pour être là, ce soir : puis on distribue des couvertures aux deux premiers rangs, parce que là, souffle un petit courant d’air frais.

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Ariane Mnouchkine et la troupe du Théâtre du Soleil

Les manifestations contre la réforme des retraites, le Théâtre du Soleil y aura bien participé « aux cotés de près de trois millions de personnes le jeudi 23 septembre, de près de trois autres millions le samedi 2 octobre, de trois millions et demi le mardi 12 octobre, de trois millions le samedi 16 octobre, d’à nouveau trois millions le mardi 19 octobre, de deux millions le jeudi 28 octobre, ainsi que le samedi 6 novembre » : le site est bien à jour.

Le Théâtre du Soleil, c’est avant tout le théâtre de l’espoir, des multiples espoirs un peu trop souvent brisés, et des mouvements populaires ; celui aussi des solidarités : le pourboire que l’on laissera ce soir au comptoir, va partir alimenter une action humanitaire au Cambodge.

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Le restaurant du Théâtre du Soleil

Les Naufragés du Fol Espoir, c’est la double histoire de deux espoirs hélas déçus, ou plutôt brisés, à un quart de siècle d’intervalle.

C’est l’aventure de ces artistes d’occasion, qui tournent sous la houlette d’un cinéaste échappé de chez Pathé, un film bourré d’idéalisme et de clichés – une longue allégorie, comme seul le cinéma muet pouvait en produite – dans le grenier d’une guinguette des bords de la Marne : on manque d’acteurs, et peu à peu, les serveurs se muent en marins, aristocrates, bourgeois, indiens, etc.

Tout cela, en plein été 1914, alors que la guerre plane sur l’Europe : heureusement Jaurès déclare la grève universelle – enfin européenne, la (future) chaire à canon contre politiques et grands patrons … fol espoir qui sombrera le 31 juillet, à l’annonce de l’assassinat du leader socialiste : on achèvera le film dans la nuit, parce que demain, tous partiront rejoindre leurs régiments …

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La scène pendant l’entracte

Mais le Fol Espoir, c’est aussi le nom d’un navire qui s’en ira sombrer au large du Cap Horn : l’histoire commence à Mayerling avec l’assassinat de l’archiduc héritier d’Autriche Rodolphe. Un Rodolphe qui rédige des pamphlets marxistes avec l’aide de son cousin … Cousin qui devra fuir loin d’Europe, et qui réapparaîtra un jour dans les terres australes, défenseur des indiens – et qui recueillera les passagers du Fol Espoir.

Une aventure totalement invraisemblable – à peine moins que celle de nos cinéastes qui tournent sans répit dans leur restaurant des bords de marne.

Mais une allégorie extraordinaire qui souligne comment la solidarité des peuples, riches ou pauvres, s’en vient nécessairement butter, sombrer, face à l’avidité des quelques-uns : les passagers du Fol Espoir vont libérer les forçats enchaînés en fond de cale, qui vont les trucider pour quelques paillettes d’or.

Mais avec Mnouchkine, le spectacle n’est pas seulement sur scène – et même, deux fois sur scène, puisque la pièce retrace l’épopée d’un film qui se construit presque spontanément – presque parfois contre la volonté de ses acteurs, de son metteur en scène.

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Les loges pendant l’entracte

Le spectacle est partout, le restaurant a été entièrement couvert de fresques pour l’occasion ; les loges – sous les gradins – sont juste séparées de rideaux en dentelle ; on guette le moment où les spectateurs vont monter sur scène, intervenir dans les débats … on regrette un peu que personne ne le fasse.

La passion est partout – comme dans beaucoup de théâtres ; mais là en plus, elle irradie : c’est le Théâtre du Soleil.

Concert pour la paix en Corée

Je vous ai récemment parlé du « Concert pour la paix en Corée » organisé Salle Cortot par l’Association Appassionata Sorisarang ; sa directrice artistique, Gabrielle Yoonseong Guyonne, a répondu ici à mes questions.

Voici quelques photos de cette soirée, réalisée par le photographe David Raynal.

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Thibault Perrine et l’Ensemble international de Paris.

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La soprano Jang Yuree

 

Fonction phatique 2.0

Jakobson.jpgRoman Jakobson, linguiste d’origine russe, est considéré comme un des pères de l’analyse structurelle du langage, qu’il enseigna à Harvard, après un assez long passage en Pologne où il participa à la fondation de l’École de Prague. Il est avant tout l’auteur des Essais de Linguistique Générale, compilation de divers articles parus dans diverses revues scientifiques, le plus souvent rédigés à la suite de conférences.

En d’autres termes, si l’ensemble constitue une somme reflétant la pensée de l’auteur, chaque essai n’en demeure pas moins un tout indépendant ; parmi les plus connus, Linguistique et Poétique, daté de 1960, revisite les théories de la communication en attribuant une fonction à chacun des « facteurs inaliénables de la communication » que l’on découvre sur le schéma ci-dessous :

Contexte

Destinateur … Message … Destinataire

Contact

Code

« Le destinateur envoie un message au destinataire. Pour être opérant, le message requiert d’abord un contexte auquel il renvoie […] ; ensuite, le message requiert un code, commun, en tout ou au moins en partie, au destinateur et au destinataire […] ; enfin le message requiert un contact, un canal physique et une connexion psychologique entre le destinateur et le destinataire, contact qui permet d’établir et de maintenir la communication ».

« Chacun de ces six facteurs donne naissance à une fonction linguistique différente » : après avoir rapidement défini chacune d’elles, Jakobson s’intéressera plus spécifiquement à la poétique. Pour lui, « la visée du message en tant que tel, l’accent mis sur le message pour son propre compte, est ce qui caractérise la fonction poétique du langage ».

Les autres fonctions sont donc la fonction expressive, centrée sur le destinateur – qui sera également qualifiée d’émotive -, la fonction conative qui concerne le destinataire, la fonction référentielle qui renvoie au monde extérieur, la fonction métalinguistique par laquelle le code devient objet du message, et la fonction phatique qui sert à établir et maintenir le contact.

D’où le nouveau le schéma des six fonctions ci-dessous :

Référentielle

Emotive … Poétique … Conative

Phatique

Métalinguistique

Toutes ces fonctions participent peu ou prou de tous les messages : aucun ne sera exclusivement expressif, ou conatif, ou référentiel, etc. Mais il sera majoritairement expressif si le « je » l’emporte, c’est-à-dire si l’auteur s’investit fortement dans son message – ce qui sera le cas d’un roman autobiographique et pas celui d’un traité mathématique ; l’impératif caractérisera un message conatif, un renvoi de bas de page ou lien hypertexte autorisera un message métalinguistique, etc.

La fonction phatique s’apparente à une sorte de degré zéro de la communication : « Il y a des messages qui servent essentiellement à établir, prolonger, ou interrompre la communication, à vérifier que le circuit fonctionne (« Allô, vous m’entendez ? »), à attirer l’attention de l’interlocuteur ou à s’assurer qu’elle ne se relâche pas… » (« Dites, vous m’écoutez ? ») ».

Bref, la fonction phatique apparaît fondamentale – à moins d’aimer parler dans le vide – même si elle ne communique rien en soi : le contact établi, la communication proprement dite peut débuter.

Les linguistes, Jakobson le premier, ne l’approfondiront pas outre mesure : lui-même s’intéressera essentiellement à la fonction poétique – d’où le titre de l’essai.

Toutefois la fonction phatique peut se révéler beaucoup plus riche qu’on ne le soupçonne de prime abord, ne serait-ce que, comme toutes les autres fonctions, elle demeure rarement seule : de même qu’il n’y a pas de message uniquement émotif – un poème introspectif mêlera bien évidemment fonctions émotive et poétique, mais bien souvent référentielle et/ou conative, pour peu m’émergent quelques souvenirs communs aux deux interlocuteurs, du type : « T’en souviens-tu … » – les messages sont rarement strictement phatiques : un simple « Allo » peut se révéler impatient, angoissé (et émotif), inquisiteur (et conatif), etc.

Il serait donc plus juste de parler de messages à dominante émotive, référentielle … phatique – quand un seule fonction domine !

Par ailleurs, bon nombre de messages apparemment conatifs et émotifs se révèlent à l’analyse à dominante phatique. Ainsi un « Tu es triste ? » pourra ne constituer qu’une simple relance – plus polie qu’un simple : « Tu est encore là », quand s’installe un blanc dans une conversation téléphonique.

De vive voix, un « Tu as passé un bon weekend ? » sera tout aussi phatique si votre collègue de bureau si vous faites mine de lui raconter par le menu vos pérégrinations des deux jours précédents ; un simple « Bonjour » établit tout aussi bien la communication : à partir de maintenant, si tu as quelque-chose à me dire, je suis disponible … et l’on évitera plus tard dans la matinée de proposer de partager un café à celui qui aura refusé de rendre son salut matinal.

Dans un bureau, il existe deux types de communications interpersonnelles : celle que l’on a en un instant précis sur un sujet précis (avec son manager, concernant le projet X) ; et celles plus informelles qui se font et se défont au gré des événements et au fil du temps, le plus souvent parce que l’on a besoin de lever un peu le pied : des conversations qui comprennent de longs « blancs » ou de longues pauses, et que l’on relance d’un « Qui vient boire un café ? ».

Et en ce sens, un « Qui vient boire un café ? » est tout aussi, sinon plus phatique, qu’une invitation réelle.

Un ami m’expliquait pourquoi il aimait envoyer des SMS à ses amis : « J’ai envie de lui dire : « Je pense à toi », et surtout pas de l’entendre me répondre : « C’est sympa » » !

La réflexion précédente est intéressante car elle souligne qu’une réponse émotive ou conative à un message à dominante phatique conduit à un réel malaise – à un dysfonctionnement patent.

Je me branche sur le fil de Twitter et découvre :

« La plus grande arnaque des Disney c’est pas le Prince Charmant, c’est les animaux qui font gaiement ta vaisselle pendant que tu chantes ».
« Je voudrais bien qu’on m’explique comment on peut réquisitionner en matière de carburant et pas en matière de logement ».
« Jean Sarkozy est le seul étudiant de France qui a droit à un article de presse quand il obtient sa deuxième année ».

Certainement le second message présente-t-il une dominante émotive ; mais le premier s’apparente plutôt à un « Hé, les copains, je suis toujours là » ; pour le dernier, on peut hésiter … mais je pencherais volontiers pour une dominante phatique également.

Bien sûr, certains messages apparaissent manifestement référentiels : c’est même celui de l’amerrissage d’un avion sur l’Hudson qui a boosté la popularité du réseau de micro blogging.

Mais quand je découvre : « Phoenix et Daft Punk en rappel au Madison Square Garden, photos et vidéos http://… », il y a pour moi autant de référentiel (une « vraie » info) que d’émotif (je vibre encore de ce concert) … et de phatique : dans leur grande majorité, les gazouillis de Twitter – et Twitter en général – présentent une nette dominante phatique.

Twitter, n’est-ce pas le meilleur moyen de rester en communication avec ceux que l’on aime – et les autres – sans nécessairement avoir quelque-chose de réellement important à réellement leur dire.

Et Facebook, et Linkedin, et YouTube ?

Ce sera l’objet d’un prochain post où je me poserai la question : que peuvent venir faire les marques dans un système phatique ? Et que se passe-t-il quand un interlocuteur se trompe – insère un message référentiel par exemple dans une suite essentiellement phatique : quand apparaît un dysfonctionnement patent.

Si vous avez des avis sur la questions, ma réflexion est loin d’être achevée.

Nuit Blanche dans l’Est Parisien

Samedi, c’était la Nuit Blanche.

Juste quelques images glanées dans l’Est de Paris, de Belleville à Ménilmontant, sans le moindre soucis de représentativité ou d’objectivité.

Juste pour le plaisir …

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La photo ci-dessous est sans rapport, elle provient d’une crypte à Lima, au Pérou, et pourtant …
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Le contrat de marque à l’ère post post moderniste

revue_des_marques.jpgAnnonceurs et agences s’interrogent – questionnant sans relâche leurs experts : la crise risque-t-elle de durablement fragiliser les marques ?

Les optimistes affirmeront haut et fort que, crise ou non, les consommateurs auront toujours besoin de repères – et donc de marques fortes.

Les pessimistes souligneront que les mêmes consommateurs n’ont plus trop les moyens de se payer des marques, voire pire : qu’ils ont découvert qu’ils pouvaient aisément s’en passer sans dommage.

Tous ont raison … sauf que le débat ne s’est jamais réellement situé là !

Bien sûr, crise ou non, nous avons tous besoin de repères – donc de marques capables de jouer ce rôle ; mais c’est là que le bât blesse : trop de marques véhiculent d’inutiles promesses … et leurs clients s’en sont aperçu !

Balle au centre, donc ?

Non : ce n’est pas parce que certaines marques ne respectent pas leurs obligations que toutes sont condamnées à court ou moyen terme.

Ce n’est pas parce que de nombreuses marques n’en sont plus vraiment que celles qui respectent encore leurs obligations contractuelles à l’égard de leurs clients, devraient en pâtir définitivement.

« Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés » : toutes les marques souffrent – et certaines ne s’en relèveront pas.

 

Le contrat de marque


De nombreuses marques n’en sont plus vraiment : mais qu’est-ce qu’une marque ?

Une fiction, un substitut – à un créateur, un fabricant, un artisan -, et une abstraction : c’est pour cela que l’on parle tant d’ADN, de personnalité de marque – juste pour oublier qu’une marque n’est pas, ne sera jamais, humaine.

Pourquoi et comment sont-elles apparues ?

On renverra à Procter & Gamble et à leur mythique savon Ivory, « un savon blanc peu coûteux d’une haute qualité égale à celle des savons importés de Castille », comme le rappelle encore le site du groupe : comment convaincre des millions d’américains de l’acheter ?

Par la publicité – 11 000 $ dans un magazine hebdomadaire.

Les marques se sont développées le jour où s’est définitivement rompue la relation entre producteurs et consommateurs, entre fabricants et clients ; où le vendeur ne pouvait plus convaincre son acheteur dans le cadre étroit de sa boutique : « Ceci vous donnera toute satisfaction ».

Mondialisation naissante de la production, généralisation du libre service : le monde devenait moderne – pénétrait dans l’ère moderne … ou du moins, du modernisme.

La marque a alors repris à son compte les droits et devoirs des créateurs / vendeurs auxquels elle se substituait, d’où l’idée d’un contrat de marque.

« Un contrat se définit comme une convention  formelle ou informelle, passée entre deux parties ou davantage, ayant pour objet l’établissement d’obligations à la charge ou au bénéfice de chacune de ces parties », précise Wikipédia.

Le contrat de marque – convention évidemment informelle – précise les obligations à la charge du fabricant et au bénéfice du consommateur : en termes marketing, les avantages produits que garantit la marque à ses clients ; en retour, ce dernier les achète à leur juste prix.

Le contrat de marque trouve cependant une certaine formalisation dans le discours publicitaire – que l’on pourrait même définir comme l’expression la plus formelle du contrat de marque – que le consommateur signera, quant à lui, non de son sang, mais de son argent !

Le modernisme sera l’époque de ces annonces vantant des bénéfices, et un progrès, très concrets : ceux du « Avec Génie, je ne fais plus bouillir », des premiers réfrigérateurs, des premiers hypermarchés regorgeant de produits quasi magiques.

 

Postmodernisme


Le postmodernisme naîtra quant à lui, à la fin des Trente Glorieuses, quand les publicitaires découvrant qu’ils n’ont plus rien à dire des produits dont les annonceurs leur confient la destinée, se décident à qualifier … les acheteurs de ces produits.

Avant, on achetait une DS pour le plaisir, voire ce que Barthes nommait « une gourmandise de la conduite »[1] ! A partir des années 70, les cadres se rueront sur les BMW pour affirmer leur réussite sociale, comme le constatera Baudrillard : « Les objets […] ne « désignent » non plus le monde, mais l’être et le rang social de leur détenteur »[2].

Le postmodernisme sera l’âge d’une consommation désabusé, où le progrès ne sert plus vraiment les individus, mais leur permet juste de se différencier les uns des autres ; où on n’achète plus un téléviseur Sony pour son image mais pour son prix … élevé !

Le postmodernisme sera l’époque où tous les produits se ressemblent – Clio, Fiesta, Corsa, … : comment les différencier ? – et où des consommateurs blasés se rassurent en payant plus cher.

Jusqu’à la caricature quand Séguéla déclare : « Si on n’a pas de Rolex à 50 ans, on a raté sa vie ».

Mais que devient le contrat de marque à l’époque postmoderne ?

Rien : il vole simplement en éclats.

Car on ne peut inclure dans un contrat ce qu’on ne possède pas – ou que l’on ne maîtrise pas, ce qui revient au même. Un constructeur automobile peut garantir la nervosité d’un moteur ; pas le statut que son modèle conférera à son conducteur.

Ou du moins, plus aujourd’hui.

 

Post post moderniste


Le postmodernisme aurait pu durer longtemps – aussi longtemps que les publicitaires verrouillaient la communication marchande : la puissance du média télévisuel les y aidait grandement … sauf que le jour où Le Lay déclarait vendre à Coca-Cola « du temps de cerveau humain disponible », le tonneau des Danaïdes s’était réellement mis à fuir de partout.

Comme l’annonçaient dès 1999 les rédacteurs du Cluetrain Manifesto, « les marchés sont des conversations » : à côté du verticalisme de la publicité médias, naissait une communication citoyenne, horizontale, entre pairs.

Et les gens se sont tranquillement mis à discuter des produits et des marques qu’ils achetaient, non plus en en termes de signes, mais de réels bénéfices – et cela tombait bien, depuis un quart de siècle que leur pouvoir d’achat s’érodait (les revenus salariaux n’ont pas progressé en France depuis 1980 – Source : Insee.

Dès lors, ils allaient distinguer les vrais progrès des faux … car bizarrement avec Internet, fixe ou mobile, notre société s’était remise à avancer : alors que les publicitaires s’évertuent toujours à parler de signes, les consommateurs parlent d’usages ; il semblerait même que certains retrouvent un certain plaisir à consommer – utilement, s’entend – comme ce fut le cas de leurs parents et grands parents dans la France de l’après guerre.

Retour vers le modernisme ?

Paradoxe : alors que de nombreuses sont les marques qui se proclament haut et fort leur légitimité, alors qu’elles ne proposent aucun contrat réel, ce sont souvent celles à qui on dénie l’appellation – les no names, les sans marques – qui renouent avec le contrat original au travers d’un juste rapport qualité prix.

A méditer ...

Article parue dans la Revue des Marques de Juillet 2010


[1] Roland Barthes : Mythologies

[2] Jean Baudrillard : Pour une critique de l’économie politique du signe