FLaurent, Auteur à Marketing is Dead - Page 10 sur 32
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Author:FLaurent

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Bienvenus dans la TéléVie … une dystopie pour les fêtes

La généralisation du télétravail, on pourrait aller beaucoup plus loin avec la robotique et l’intelligence artificielle, et ne pas se contenter aux emplois dans les bureaux.

Dans les usines, pourquoi ne pas contrôler à distance ce qui se passe le long des chaines robotisées ; tout comme dans les entrepôts pour vérifier que les chariots élévateurs autonomes ne dansent pas la sarabande en raison d’une mauvaise programmation ?

Le BTP commence également à découvrir les bienfaits de la robotisation : les robots plâtriers rendent des murs bien plus lisses et plats que les humains ; le nettoyage de façades automatisé se révèle plus efficace ; on voit même apparaître des « droïdes » pour remplacer les ouvriers dans certaines situations difficiles ! Toutes ces activités peuvent également se superviser à distance.

Bien sûr, il restera toujours quelques situations difficiles où l’on ne pourra réellement se passer de l’expertise humaine en présentiel ; on pourra toujours ponctuellement sous-traiter ces tâches à des travailleurs migrants dont on testera régulièrement la bonne santé … et que l’on renverra dans leur pays d’origine en cas de danger avéré.

Car des pandémies, il y en aura plein d’autres au cours du siècle à venir et mieux vaut les devants : mieux vaut s’organiser quand tout va bien pour ne pas se laisser dépasser quand la situation bascule, c’est du bon sens !

Telles étaient les réflexions qui agitaient le nouveau chef du gouvernement, et ce en pleine harmonie avec le Président de la République, quand ils lancèrent le nouveau programme de TéléVie.

Car il y a des tas d’activités qui ne nécessitent plus d’interactions humaines, du moins en présentiel.

Le commerce, par exemple : l’e-commerce permet non seulement aux clients de bénéficier d’un choix accru mais réduit considérablement les risques de contamination ; reste le douloureux problème de la livraison, mais avec la robotisation des entrepôts et le développement des véhicules autonomes, tout n’était qu’une question de temps pour arriver à une solution totalement sûre.

Le médical : depuis longtemps, les AI rendent de meilleurs diagnostiques que les humains, et les opérations à distance se passent bien quand un éminent spécialiste ne peut se déplacer : pour quoi ne pas généraliser ? Bien sûr, restera encore les facteurs psychologiques qui nécessiteront la présence de rares infirmières dans les centres de soins … du moins dans un premier temps.

Parallèlement, l’informatique deviendra plus conviviale. Si les premiers apéros virtuels demeuraient très « artificiels », depuis systèmes et terminaux ont bien évolués et les restaurants virtuels remplaceront efficacement les foyers de contamination que sont les établissements traditionnels : on se retrouve à l’heure dite avec ses amis devant son écran et un robot vous livre les plats en temps et en heure.

Les grandes réunions familiales – pour les fêtes par exemple – s’effectueront de la même manière : les parentèles pourront se réunir virtuellement sans problème de distance ou d’hébergement – finis les maux de dos pour avoir dormi sur un méchant canapé le soir de Noël !

Spectacles, réunions sportives s’effectueront à huis clos, avec retransmission au foyer sur écran ; les « like » remplaceront les applaudissements – et on pourra moduler à l’infini sa satisfaction.

Restera la question cruciale des activités sportives et des sorties hygiéniques individuelles : on ne peut complètement empêcher les gens de « prendre l’air », sinon ils dépriment : tout le monde a besoin de soleil, de grand air, voire même – il y en a qui aiment ça – de sentir le bruine sur son visage !

Mais tout cela pourra se réguler, on étalera les heures de sorties, on équipera les smartphones d’applications spécifiques pour éviter de croiser trop de monde, de se retrouver en des endroits trop fréquentés … on trouvera des solutions, Président et Premier Ministre en étaient persuadés.

Pour les lieux, ils hésitaient encore, mais là aussi, des solutions étaient en vue !

Sur le papier, tout baignait ; restait à rédiger quelques décrets – avec l’urgence sanitaire perpétuelle, plus besoin de consulter le Parlement !

Où se situe une telle dystopie ? Pourquoi pas en France …

Et en quelle année ? Très bientôt peut-être …

Que cela ne vous empêche pas de passer de joyeuses fêtes de fin d’année.

Vers un nouvel horizon : rencontre avec Eric Fourboul

« J’en ai marre », « Je veux retrouver du sens » : en plein confinement, les médias portaient la parole de ces citoyens qui souhaitaient rebondir en réorientant leur carrière, tant pour une meilleure qualité de vie que pour rendre notre monde meilleur. Utopies, fantasmes ?

Certains ont tourné la page et se sont lancés vers de nouvelles aventures ; récemment, 6 mois après le 1er déconfinement, le Club Horizon(s) de l’Adetem leur donnait la parole au cours d’un Webinar ; rencontre avec Eric Fourboul, fondateur de Boavizta.

MarketingIsDead : Tu peux résumer ton parcours jusqu’à ces dernières années ?

Eric Fourboul : Ingénieur de formation, j’ai eu un parcours « classique » de cornucopien (ou technophile) : ingénieur CAO chez Dassault Systèmes, détachement chez Boeing à Seattle pour travailler sur le 1er avion 100% numérique, le 777, puis passage chez Microsoft et une startup locale Capital Stream avant de revenir en France en 2002 et de vivre une aventure entrepreneuriale avec AMI Software – logiciel de veille – jusqu’en 2017.

MarketingIsDead : Tu as ensuite fondé Boavizta : c’est quoi exactement Boavizta ?

Eric Fourboul : Boavizta est un projet dédié à la mesure d’impact environnemental du numérique, et plus spécifiquement des systèmes d’informations d’entreprises (datacenters, réseaux, terminaux, cloud, équipes IT…, etc.). L’initiative a commencé par la création d’un groupe de travail qui souhaite adresser ces challenges et vise à développer des méthodologies, bases de données et outils en mode Open Source.

Le numérique – quoique qualifié d’immatériel – une empreinte environnementale non négligeable, longtemps ignorée et qui est surtout en croissance exponentielle.

MarketingIsDead : Peux-tu expliquer ce qui a motivé ce changement ? La crise sanitaire a-t-elle joué dans tes décisions ?

Eric Fourboul : En 2017, j’ai eu plusieurs mois d’inactivité professionnelle qui m’ont permis de creuser certains sujets dont les enjeux environnementaux et la compréhension « physique » de notre monde : le dérèglement climatique n’est qu’un symptôme d’un système qui nous amène droit dans le mur, soit par pénurie de ressources, soit par les effets du dérèglement climatique.

La lecture de The Limits To Growth de Dennis Meadows est éclairante et devrait être obligatoire pour tous les décideurs. On savait déjà en 1972 que notre modèle n’était pas soutenable !

A partir de ce constat, il a été logique de donner du sens à mon activité professionnelle en me focalisant sur les externalités produites par l’industrie que je connais le mieux.

Pendant toute ma carrière j’ai participé à imaginer des usages possibles grâce au numérique. Dorénavant, je tente de répondre à la question : quel numérique est possible dans ce monde contraint.

La crise sanitaire a amplifié mes convictions et a surtout facilité le contact avec des interlocuteurs en charge du « numérique responsable » dans plusieurs grandes entreprises. Il est ironique de constater que le groupe de travail s’est constitué pendant le 1er confinement !

MarketingIsDead : Et comment envisages-tu l’avenir ?

Eric Fourboul : Je suis un optimiste de nature, donc je pense que nous avons une grande opportunité de réinventer nos sociétés.

Pour cela, il faut sortir du déni dans lequel nous nous sommes enfermés collectivement.

Comme pour la courbe du deuil ou du changement, il faut accepter de passer par des étapes potentiellement douloureuses et anxiogènes.

Mais après, le champ des possibles est vaste.

C’est intéressant de constater que depuis une dizaine d’années, il existe une tendance de changement de vie assez  « radical » chez de  nombreux cadres qui acceptent ou provoquent une baisse de revenu pour privilégier plus de temps libre ou de quête de sens.

C’est ce changement radical et potentiellement très positif qu’il faut qu’on opère à l’échelle de nos sociétés.  Il nous faut ajouter d’autres indicateurs – bien être, soutenabilité, résilience – à ce foutu PIB qui guide toutes nos décisions et qui va inévitablement et inexorablement baisser dans les décennies qui arrivent. C’est ce que commencent à préconiser certains économistes comme Eloi Laurent.

Pour reprendre ton slogan sur le Marketing, la croissance est morte, vive les croissances !     

Innocent, une marque qui manque d’éthique

Greenwashing ? Tout dépend de l’acception que l’on met derrière ce terme, mais s’il doit inclure le respect des lois et des citoyens, alors oui, innocent – la marque qui clame haut et fort son éthique – pratique le greenwashing ! 

« Chez innocent, nous voulons laisser les choses dans un meilleur état que celui dans lequel on les a trouvées », revendique la marque sous la bannière « Notre éthique », qui se décline en « Faire les choses bien », « Protéger le Futur » et « Les héros du changement » : un discours entière expressif dirait Jakobson, c’est-à-dire entièrement centré sur l’émetteur.

… et rien pour le destinataire, le consommateur ou le citoyen donc : il est même rare de trouver une entreprise aussi narcissique !

Une entreprise complètement centrée sur elle-même et qui, hélas, ne respecte ni les lois, ni les citoyens : bien dommage !

« Ce site utilise des cookies » annonce un gros bandeau, ce qu’on peut « ACCEPTER ET CONTINUER » … à moins de préférer cliquer sur le lien écrit en plus petits caractères : « Politique de Cookies ».

Et là, vous arrivez sur un PDF de 4 pages qui en fin de dernière page, vous invite à aller vous promener dans les paramètres de votre navigateur …

Pourtant la Cnil est très claire concernant l’application du RGPD – le règlement a force de loi dans tous les pays européens : il est impératif de « permettre à l’utilisateur d’exercer ses choix avec le même degré de simplicité : par exemple, au stade du premier niveau d’information, les utilisateurs peuvent avoir le choix entre deux boutons présentés au même niveau et sur le même format, sur lesquels sont inscrits respectivement « tout accepter » et « tout refuser » ».

L’éthique ne devrait pas être une simple posture commerciale : innocent ou … coupable de greenwashing ?

Bovary 21, la pièce de théâtre

Le 22 janvier 2021 à 19 heures, dans la somptueuse chapelle du CNAM, sera montée Bovary 21, pièce de théâtre adaptée du roman éponyme de Georges Lewi, par l’auteur lui-même.

MarketingIsDead : Tu nous rappelles le thème de Bovary 21, le livre ?

Georges Lewi : Bovary 21 est l’histoire d’une Bovary au XXIe siècle. Bovary est, pour moi, le « mythe des mythes », celui de l’espérance humaine jusqu’au bout, jusqu’à la réussite absolue ou … l’échec et le clap de fin.

Bovary est, à ce titre, le symbole du marketing qui représente pour le marketer pour l’entreprise et très souvent pour le consommateur un espoir de surprise et d’amélioration sans cesse renouvelé. « Ma » Bovary (dans le roman édité chez François Bourin en 2013) et dans la pièce (éditée chez L’Harmattan en 2020) fait du marketing chez un géant du soft drink. Elle va sans doute sauver l’entreprise en lui apportant ce supplément de sens que toute marque recherche. En parallèle, elle tient un blog anti-mode, anti-tendance. Pour soutenir celui-ci et devenir une influenceuse star du web, elle va s’endetter. Connaîtra-t-elle le même sort que son illustre aïeule contrainte au suicide ? Nos fans peuvent-ils nous sauver de la solitude et de l’abandon de tous ?

Bovary développe au féminin le même mythe que Don Quichotte au masculin, l’envie irrépressible d’atteindre l’inaccessible. C’est ce que j’aime dans ce récit.

MarketingIsDead : Après le livre donc, la pièce : pourquoi monter Bovary 21 au théâtre ?

Georges Lewi : D’abord pour répondre au projet initial d’un récit cross-média. Si j’y arrive, j’aimerai pouvoir avancer sur un film et un jeu. Un mythe doit pouvoir s’exprimer de toutes les façons. Comme une marque. On peut parler de « myth content ». Bovary se battant dans un jeu pour sa survie avec l’aide des internautes, ses fans, ça aurait de la gueule, je crois !

Ensuite, parce que l’écriture théâtrale est un exercice autre que celui du roman. D’ailleurs, la fin de la pièce n’est pas la même que celle du roman. Le personnage au théâtre a sa propre personnalité et celle-ci impose de « revoir l’histoire ». J’ai succombé à l’égoïsme de l’auteur, à la jouissance à se fondre dans un récit romanesque puis théâtral, dans les dialogues des personnages. C’est mon ami Francis Yaiche (qui a reçu une bonne vingtaine de prix de mise en scène)  qui monte Bovary 21 dont la première aura lieu au Cnam, à 19 heures, le 22 Janvier dans le cadre du très prestigieux et copieux congrès TIMEWORLD 2021 que nous devons à Laurence Honnorat.

Pour s’inscrire (obligatoirement en temps Covid), c’est ici

MarketingIsDead : Bovary 21, c’est le livre d’une nouvelle Emma … avant la crise sanitaire : comment va-t-elle en ressortir, de la pandémie qui s’achève … et peut-être de celles qui s’annoncent ?

Georges Lewi : Emma Bovary est une « bonne » marketeuse, c’est à dire qu’elle sait qu’une marque doit avoir du sens, des choses à apporter à ses consommateurs pour avoir le droit de continuer à vivre sur son marché. Le bon branding est celui de la « raison d’être » avant l’invention du nom et de la loi. Ce qu’on nomme « différenciation » est synonyme d’« utile » ou pas … de plus utile que les autres marques ou pas! L’« Emma d’après », si j’ose m’exprimer ainsi, comprend l’intérêt du marketing, du branding mais au service des gens, pas seulement à celui de l’entreprise.

Elle fait du marketing et milite, en même temps, pour de l’anti-marketing. Elle n’y voit, d’ailleurs, comme la plupart de la Gen Z aucune contradiction. Sa modernité est de revenir à l’invention du marketing: faire des voitures adaptées selon les cibles et non des marques issues du seul désir imposé comme (faussement) universel.

Deux Emma se dessinent en elle : celle qui recherche la décroissance et celle qui s’adapte avec Vinted, le troc, des marques d’apparence « simple » et proches de la nature originelle. Le débat ne fait que commencer car Emma, comme moi et pas mal d’autres, on a très envie que cette parenthèse pandémasque se termine. La dernière réplique d’Emma, dans la pièce est « Demain sera demain. Avec un petit « ça » en plus ».
En espérant revoir pas mal de mes amis ce soir là …

Bienvenue dans le monde du Covid-washing

Vous connaissez – hélas – le Greenwashing : de nombreuses sociétés du CAC 40 – dont Total, BNP Paribas et bien d’autres – se sont vues décerner ces dernières années le prestigieux Prix Pinocchio, décerné par les Amis de la terre.

Plus récemment, j’ai proposé le néologisme d’éthique-washing, pour dénoncer les sociétés qui cherche à se construire une image éthique trompeuse, comme Auchan que j’ai épinglée dans le papier en lien ; on pourrait sur le modèle montrer du doigt les entreprises qui se parent sur leur site de pratiques vertueuses face au Covid … qu’elles ne respectent évidemment pas !

Tout a commencé par un … pain au chocolat que j’ai failli acheter dans une boutique Paul parisienne : cliente et vendeuse discutent, le masque sous le menton, c’est peut-être le dernier chic … mais je n’adhère pas à la mode et ressort.

Mais comme dit le compte Twitter de la chaine : « PAUL continue d’être à vos côtés avec plus de 100 magasins ouverts dans le respect des gestes barrières ». Quant au site paul.fr, il déborde de logorrhée vertueuse : « Nous rappelons le lavage régulier des mains avec un savon désinfectant et de l’eau tiède […] Nous fournissons des masques anti-projection … ».

C’est vrai, ils ne disent pas que les vendeurs sont tenus de porter ces masques … même si c’est obligatoire dans tous les commerces ! C’est vrai aussi que tous ces avertissements ont vieilli puisque « nous rouvrons les salles de restauration avec des mesures spécifiques : espacement des tables, masques … » : ils ont une dérogation pour la restauration ?

En fait, Paul n’est pas une franchise très respectueuse de ses clients, et ce sous bien des aspects. La gestion des cookies, par exemple : alors que la Cnil recommande de « permettre à l’utilisateur d’exercer ses choix avec le même degré de simplicité » – il doit être aussi simple de refuser que d’accepter -, Paul vous oblige, si vous ne souhaitez pas accepter de cookies, à aller trifouiller dans les paramètres de votre navigateur.

A une époque où les jeunes générations parlent de plus en plus de respect – des citoyens, de l’environnement, etc. – le moins qu’on puisse dire, c’est que Paul est une entreprise « old-fashioned » … pour ne pas dire dépassée, et sur la mauvaise pente.

Vers un nouvel horizon : rencontre avec Charlotte Jacoud

« J’en ai marre », « Je veux retrouver du sens » : en plein confinement, les médias portaient la parole de ces citoyens qui souhaitaient rebondir en réorientant leur carrière, tant pour une meilleure qualité de vie que pour rendre notre monde meilleur. Utopies, fantasmes ?

Certains ont tourné la page et se sont lancés vers de nouvelles aventures ; récemment, 6 mois après le 1er déconfinement, le Club Horizon(s) de l’Adetem leur donnait la parole au cours d’un Webinar ; rencontre avec Charlotte Jacoud, City Manager Lyon pour Too Good To Go.

MarketingIsDead : Tu peux résumer ton parcours avant le 1er confinement ?

Charlotte Jacoud : 5 ans d’école de commerce (ESCE) spécialité Marketing International ; 4 ans et demi chez Rotam Agrochemical Europe en tant que Chargée de Marketing ; 1 an chez Orpheo USA à New York en tant que Business Development Manager.

MarketingIsDead : Tu travailles maintenant pour Too Good To Go : c’est quoi exactement Too Good To Go ?

Charlotte Jacoud : Too Good To Go est une application mobile qui met en relation des commerçants et des consommateurs dans le but de réduire le gaspillage alimentaire. L’appli permet aux commerçants de revendre leurs invendus du jour sous forme de panier surprise.

La solution a déjà été adoptée par plus de 7 millions d’utilisateurs et plus de 15 000 commerçants sont déjà engagés dans toute la France. Too Good To Go permet :

  • D’agir concrètement contre le gaspillage alimentaire qui représente 10 millions de tonnes de nourriture jetées chaque année en France ;
  • De valoriser l’image du point de vente par son engagement contre le gaspillage alimentaire auprès du grand public ;
  • Récupérer de la valeur sur TOUS les produits alimentaires encore consommables ;
  • Générer un flux de nouveaux clients en magasin avec des répercussions en fidélisation de clients.

MarketingIsDead : Peux-tu expliquer ce qui a motivé ce changement ?

Charlotte Jacoud : Je n’étais plus en accord avec moi-même et j’avais besoin de faire un travail qui m’épanouisse et me fasse me sentir utile. L’environnement est vraiment un sujet très important pour moi et je voulais allier mes compétences à ma passion.

MarketingIsDead : Et comment envisages-tu l’avenir : pour toi ? Mais aussi pour ta génération ?

Charlotte Jacoud : Je suis assez optimiste dans le sens où je trouve que l’on voit naître beaucoup d’initiatives notamment dans ma génération mais aussi dans les autres. Que ce soit pour nettoyer les océans des déchets plastiques, revaloriser les déchets, la seconde main, les nouvelles énergies… 

J’espère rester dans ce secteur et continuer de m’épanouir et apprendre. Je suis convaincue que si on continue de convaincre chacun à son échelle qu’il faut changer les choses, on pourra sauver la planète.

Faber : la fin d’une idole ?

Il n’y a pas si longtemps, toute la communauté marketing encensait Emmanuel Faber, Président de Danone, quand il défendait dès 2016 devant des étudiants d’HEC médusés, que « Sans justice sociale, il n’y aura plus d’économie », comme le relatait alors Start Les échos : pas le discours d’un patron !

Sous sa gouvernance, Danone deviendra le « premier groupe coté de taille mondiale à adopter le statut juridique d’entreprise à mission tel qu’inscrit dans la Loi Pacte votée en 2019 », comme le soulignera encore Start Les échos : de quoi forcer l’admiration.

Et quelle mission : Apporter la santé par l’alimentation au plus grand nombre », comme le rappelle la page « à propos » du site Danone !

Emmanuel Faber chaussait les bottes de son illustre prédécesseur, Antoine Riboud, celui qui fera des Verreries Souchon-Neuvesel un géant de l’alimentaire ; celui qui proposera à un aréopage de patrons dès 1972 de « réduire les inégalités excessives en matière de conditions de vie et de travail […] de trouver les valeurs qui amélioreront la qualité de la vie en disciplinant la croissance » … un vrai discours de gauchiste qu’il assène à Marseille à un CNPF, l’ancêtre du Medef, stupéfié, comme le relate Le Monde.

Et voilà qu’aujourd’hui Emmanuel Faber annonce la suppression  de 2000 postes au sein du groupe Danone, avec pour résultat immédiat un beau milliard d’euros d’économies, excusez du peu !

Oui, mais Danone va mal, Danone est au bord de la faillite ; d’ailleurs avec la fermeture des CHR, sa branche eau a particulièrement trinqué – je sais, le jeu de mots est douteux !

En fait, non, Danone ne va pas si mal : seulement sa marge opérationnelle courante stagnera à … 14% cette année, excusez du peu ! Je connais des présidents de compagnies aériennes qui s’en contenteraient volontiers.

En plein 1er confinement, la page Danone Solidaire évoquait les « 9000 femmes et hommes de Danone en France mobilisés pour faire face à la crise COVID-19 » : en ce printemps 2020, l’altruisme suintait des entreprises – seule voix discordante … Geoffroy Roux de Bézieux, bien évidemment !

Le 2ème confinement respire la lassitude, le pessimisme – et pour beaucoup, le retour au business as usual, sans trop d’état d’âme : les premiers à se relever boufferont les autres demain, c’est comme ça.

Même s’il s’en défend, Emmanuel Faber est redevenu un « patron as usual », avec le cours de bourse en seule ligne de mire ; c’est dommage, mais ce qui est sûr, c’est que son nom sera bien moins souvent cité à la tribune des conférences marketing !

« Votre mission, si vous l’acceptez … » : zut, c’est fini, il ne l’accepte plus vraiment … Danone rentre dans le monde du Missionwashing !

Lidl ou l’art du greenwashing au quotidien

Série de Tweets trompeurs de Lidl France – @lidlfrance – à l’occasion de la Semaine Européenne de Réduction des Déchets ; ainsi le distributeur annonce fièrement qu’« en remplaçant les sachets plastique de nos fruits et légumes, ce sont 125 tonnes de plastique évitées chaque année » : bonne élève, Lidl ?

Pas vraiment … parce que pas le choix : « La loi de transition énergétique pour la croissance verte prévoit l’interdiction des sacs plastique à usage unique pour l’emballage de denrées alimentaires à compter du 1er janvier 2017 », précise le site du Ministère de la transition écologique : bref l’enseigne se contente de respecter … la loi ! Pas de quoi se vanter !

Et la suppression des couverts en plastique dans les produits de snacking à emporter – quand même, 88 tonnes de plastique en moins ? Et les cotons tiges – 125 tonnes de plastique en moins ? C’est juste le respect de la loi, puisque « l’interdiction du plastique va progressivement s’étendre à de nouveaux produits plastiques dits « à usage unique » », comme le rappelle encore le site du Ministère de l’economie, des finances et de la relance.

Evidemment, Lidl pourrait réellement anticiper, prendre des mesures volontaires pour le respect de l’environnement : par exemple refuser de vendre des produits cultivés à l’aide de pesticides néonicotinoïdes ; ou des œufs bio ou Label Rouge qui proviennent d’élevages « industriels », comme le dénonce Rue 89 Strasbourg.

Bref, mener un véritable combat pour l’environnement ou le mieux vivre ! Oui, mais ça, c’est plus compliqué que de se gargariser de performances qui ne correspondent qu’à la stricte application de la loi : vous avez dit greenwashing ?

Impact de la crise sanitaire sur les aspirations des Français

« J’en ai marre », « Je veux retrouver du sens » : en plein confinement, les médias portaient la parole de ces citoyens qui souhaitaient rebondir en réorientant leur carrière, tant pour une meilleure qualité de vie que pour rendre notre monde meilleur. Utopies, fantasmes ?

Certains ont tourné la page et se sont lancés vers de nouvelles aventures ; récemment, 6 mois après le 1er déconfinement, le Club Horizon(s) de l’Adetem leur donnait la parole au cours d’un Webinar ; rappel de quelques éléments de contexte par Luc Balleroy, Directeur Général d’OpinionWay.

Luc Balleroy : Le 17 mars constitue un moment de bascule entre un avant connu, une rupture brutale avec l’annonce du confinement par le Président de la République déclarant « nous sommes en guerre ».

Une situation inédite qui se présente sous une forme de catharsis face à la face course du monde et qui se caractérise par :

  • La privation de la liberté de mouvement,
  • La délégation à un tiers de son destin dans un climat de défiance générale,
  • La rupture des liens sociaux physiques,
  • La mise à l’écart des personnes fragiles,
  • Le décompte journalier de la morbidité,
  • La peur de la contamination et de la souffrance,
  • La dissonance cognitive des injonctions et informations qui sont émises par le gouvernement,
  • L’absence de solution immédiate et donc le constat d’une certaine impuissance du progrès,
  • La mise en activité partielle,
  • L’incertitude quant à l’échéance de la sortie de crise.

C’est un retour brutal à la base de la pyramide deMaslow : le besoin de sécurité !

Autant d’éléments qui créent les conditions d’une remise en cause laquelle se nourrit par une conjonction d’éléments :

  • Du temps pour se poser : pendant cette période 34% des actifs avaient cessé leur activité où était en chômage partiel ;
  • Le besoin de sortir de marasme ambiant marqué par la méfiance, la morosité, la lassitude et la peur;
  • C’est aussi le besoin de trouver une alternative à son mode de vie actuel – 25% des Français nous disait en avril ne pas être du tout satisfait de la vie qu’ils mènent ;
  • Dans un climat de défiance vis-à-vis des institutions c’est aussi de manière plus positive la confiance en ses pairs et en sa propre capacité à changer le monde – 81% des Français déclare que les gens peuvent changer la société par leurs choix et leurs actions dont 23 % sont tout à fait d’accord avec cette idée ;
  • Et, last but not least, ce confinement a été aussi l’expérience d’un autrement possible et plus satisfaisant – pour 47 % des Français, j’ai découvert une autre façon plaisante de vivre.

Ainsi, cette assignation à résidence a accéléré un certain nombre de tendances qui était déjà à l’œuvre avant le confinement. Huit tendances majeures ont été révélées par un dispositif, lui aussi en norme, que nous avons conduit pendant cette période qui s’appelait #Etmaintenantquevaisjefaire : Health security, Digital friendly, Money freak, Do it yourself, Planet choice, Local firt, Care lifestyle, Human value. Ces quatre dernières tendances ont en commun le fait d’être au cœur de la question du sens :

  • Le Care Lifestyle, une quête nourrie par :
    • La mise en suspend de toute consommation non essentielle à la vie,
    • Le questionnement sur le sens et le temps que l’on consacre à soi à ses envies et à ses proches,
    • Le plaisir trouvé à faire certaines activités comme le sport le jardinage le bricolage la cuisine la lecture le visionnage de films.
    • C’est l’envie de se faire plaisir de prendre soin de soi, de ses proches : ainsi 45% des actifs déclaraient vouloir lever le pied après le confinement.
  • Planète choice, une quête nourrie par :
    • Le plaisir d’une vie en mode slow life, débarrassée du superflu,
    • La vitesse de la propagation du virus en raison de la mondialisation des échanges,
    • L’origine supposée du virus dont les causes sont liées à l’absence de respect du monde animal,
    • Le constat des bienfaits d’un mode à l’arrêt pour l’environnement et la planète.

Au global c’est la redécouverte du lien qui nous unit à la terre et à nos conditions d’existence. Ce trend s’exprime dans tous les univers de la consommation – ex : 71% des Français déclarent privilégier l’équilibre entre efficacité et protection de l’environnement pour l’achat de produits d’entretien.

  • Human value, une quête nourrie par :
    • La distanciation sociale et la privation de tout rapprochement physique avec ses proches et ses amis,
    • La mise à l’écart de ses parents AG et les personnes fragiles,
    • Le sacrifice de certaines catégories de travailleurs et personnels de santé les agents de maintenance et de propreté les personnels de la distribution.

C’est la prise de conscience de l’importance de l’autre et de la solidarité ; une tendance qui s’exprime de plusieurs matières : des actions solidaires, le soutien aux petites entreprises et la recherche de convivialité : « Il y a tellement de personnes qui risquent de mettre la clé sous la porte et si on peut faire un petit effort pour les aider, il n’y a pas de question à se poser ».

  • Local first : un méga trend qui est à la confluence de plusieurs tendances : Health security [la recherche de la protection sanitaire], Human value [le fait d’être solidaire, avec une connotation de préférence nationale], Planet Choice [la recherche de comportement vertueux] : «  J’attache beaucoup d’importance à la protection de la nature, il est donc logique d’acheter bio pour être cohérent, mais également local »

Des tendances qui impactent les choix les choix de consommation et qui conduisent les entreprises à revoir leur stratégie marketing mais aussi leur raison d’être ; mais aussi des choix plus profonds sur son mode de vie avec la quête de l’ikaigaï (sorte de quête du Graal permettant d’atteindre une forme de réalisation pleine et entière conjuguant pourquoi je suis doué, ce que j’aime faire, ce dont le monde a besoin, ce qui me permet de vivre). Au regard de ces critères, 57% des actifs n’auraient pas trouvé leur Ikigaï selon une étude réalisée pour ELLE active  en septembre 2020. Il s’agit là d’une quête importante puisque pour 85% des Français, « pour être heureux dans sa vie en général il est aussi important d’avoir un travail qu’il soit utile à la société » (30% sont tout à fait d’accord avec cette idée).

Dans cette logique et très concrètement, en novembre 2020, 12 % des actifs nous disaient avoir élaboré un nouveau projet professionnel pendant le confinement, 5 % des actifs déclaraient l’avoir mise en œuvre.

A mort, Bezos !

Pourquoi tant de haine à l’égard d’Amazon !

Déjà, il faut y voir la revanche du plus faible : c’est l’éternelle histoire de David contre Goliath, qui fédère quand même Juifs, Chrétiens et Musulmans : on ne peut que détester les géants – il n’y a que Spielberg pour croire au Bon Gros Géant !

En détestant – à défaut de les vaincre – les monstres tentaculaires, le simple et faible citoyen peut se croire plus … humain : « L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature, mais c’est un roseau pensant » … comme David, je suis faible, mais …

Toutes considérations psychosociologiques mises à part, il faut quand même reconnaître que les GAFA en général – mais aussi les NATU et autres BATX – et Amazon en particulier, l’ont bien cherché, en fraudant les fiscs de toute la planète … quand les malheureux roseaux pensants se font violemment taper sur les doigts quand il fraude un tout tout petit peu !

En réalité, les GAFA ne fraudent pas vraiment : ils se contentent « d’optimiser » leurs revenus, donc finalement, les vrais coupables ce sont … nos dirigeants !

Toutefois Amazon apparaît comme un cumulard : il pratique volontiers la concurrence déloyale … pour ne pas dire le piratage sanguinaire ! Longtemps Amazon a perdu de l’argent avec la vente à distance non pas parce que son système n’était pas rentable, mais pour couler les Darty et autres Fnac de la planète : il gagnait assez avec Amazon Web Services pour se permettre de vendre, sinon à perte, du moins à marges plus que réduites en e-commerce.

Mais la concurrence déloyale, Amazon la pratique également – et c’est ce que lui reproche actuellement la Commission européenne – à l’égard des enseignes qu’il héberge sur sa propre place de marché, et dont il exploite à son propre profit les données : vous payez votre redevance pour vendre dans la boutique Amazon, et au lieu de vous garantir des ventes, ce dernier vous pique vos clients !

Il convient cependant voir les aspects positifs : Amazon crée des emplois, plus de 10 000 en France notamment dans ses services logistiques … mais avec des conditions de travail désastreuses : ses méthodes de management engendrent des critiques virulentes même aux Etats Unis !

Mais surtout Amazon sous-traite beaucoup ses livraisons, et de sous-traitance en sous-traitance, ce sont des armées d’indépendants qui besognent jusqu’à des 9, 10 heures du soir sans jamais se plaindre … par peur d’être virés ! Enfin pas réellement virés puisqu’ils sont indépendants ! Amazon tout comme Uber et consorts recrée le lumpenprolétariat du 19ème siècle.

Alors on peut comparer le visage stressé de ces chauffeurs qui vont livrer jusqu’à 150 colis par jour – pas ceux des photos officielles, ceux que vous voyez passer au volant de leurs camionnettes au coin de la rue – aux portraits d’un Bezos en nœud papillon et tout sourire … quand bien même en plein divorce dans la presse people !

Après, on peut quand même se demander d’où vient cette folie des consommateurs à commander tout et n’importe quoi en ligne, et notamment chez Amazon, mais pas seulement : c’est loin d’être moins cher et ça détruit irréversiblement la planète avec ses norias de camionnettes de livraison, ses emballages, etc. Sans oublier ses serveurs informatiques : entre ses places de marché et ses Web services, Amazon apparaît comme un des meilleurs candidats au titre de pollueur suprême !

Les gens ont peur de pénétrer dans des magasins pour acheter à manger, ou des marteaux, des câbles USB, des … : il y a tellement de commerces restés ouverts, et si l’on ajoute le click and collect pour les livres, les jouets, etc., on peut quasiment faire ses courses comme avant !

Sans doute, mais en plein Covid, le commerce en ligne, c’est plus sûr – d’autant qu’on ne signe même plus son accusé de réception : le citoyen préfère gentiment reporter le risque sur … les autres, par exemple les livreurs Amazon et consorts : sympa !

Finalement, ce sont bien souvent les mêmes qui reprochent – reproche tout à fait justifié – à Bezos son manque de respect à la fois pour la planète et pour les individus qu’elle porte … et qui se montrent totalement irrespectueux pour la planète et pour les individus qui pourtant leur ressemblent !

Mais soyons clair : cela ne dédouane en aucun cas Bezos et ses actionnaires !