FLaurent, Auteur à Marketing is Dead
2
archive,author,author-flaurent,author-2,ajax_fade,page_not_loaded,,select-theme-ver-2.3,wpb-js-composer js-comp-ver-4.5.3,vc_responsive
 

Author:FLaurent

  • TRIER PAR :
  • TOUS
  • Actualité
  • Articles, publications
  • Consumer Insight
  • Coups de gueule
  • Culture(s)
  • C’est déjà demain
  • Demain l’assurance
  • Entretiens
  • Etudes Marketing
  • Interviews
  • Interviews 2.0
  • Le marketing par les nuls
  • Les copains d'abord
  • Livres
  • Mardis du Luxembourg
  • Marketing 2.0
  • Menteurs
  • Non classé
  • Respect
  • Ridicule
  • Société
  • Un peu de bon sens
  • Web 2.0

Transformer les contraintes en opportunité, par Guillaume Mikowski

Contraintes réglementaires, environnementales, technologiques, etc. : la vie des entreprises n’est plus vraiment un long fleuve tranquille ! Sans doute est-il temps de revenir aux sources mêmes du marketing et de transformer autant de faiblesses potentielles en opportunités.

C’est ce dont viendront témoigner les experts invités par le Pôle Prospective de l’Adetem le 14 Mai lors d’une matinée intitulée : « Transformer les contraintes en opportunité » ; pour plus de renseignements et s’inscrire, c’est ici :

En avant-première, Guillaume Mikowski, CEO de Brainsonic, répond à nos questions.

Question : Rapidement, tu peux nous faire part des principales contraintes qui touchent à ton activité ?

Guillaume Mikowski : Si on découpe brutalement notre activité en 3 grands domaines, la créa, le conseil et l’exécution, on peut dire que nos principales contraintes sont d’ordre :

  • Économique et politique : si on parle politique, nous venons tout juste de subir une baisse budgétaire liée aux décisions prises… outre atlantique. Quand on parle de coupes budgétaires, on peut dire que dans la com, nous sommes tristement aux premières loges ☹️.
  • Sur le plan économique, la dépendance aux clients est un sujet qui me fait toujours très peur, je ne peux même pas dire combien d’agences j’ai vu tomber car trop dépendantes d’un budget… Chez Brainsonic nous faisons tout pour qu’aucun budget ne dépasse 15% de notre marge brute… Autre sujet très sensible : la question des appels d’offres. Notre secteur n’a toujours pas trouvé le moyen de faire reconnaitre la valeur de notre travail sur les AOs. C’est profondément injuste lorsque nous faisons face aux grosses structures qui ont les moyens de financer ces appels d’offres, et c’est également très risqué : au final nous sommes toujours à quelques pas d’une mauvaise année, il suffit de perdre 2/3 appel d’offres majeurs en même temps que 2 clients importants, et ton année est pliée…
  • Réputationnel : nous sommes très vulnérables car nos métiers sont très exposés. Dans la création on prend des risques, et une seule campagne peut affecter durablement l’attractivité de l’agence…
  • Sécurité : Là on peut parler cybersécurité où notre secteur est une cible fréquente d’attaques, on peut également parler des risques collaborateurs, par exemple en événementiel, ou les collaborateurs peuvent être davantage exposés sur des événements que d’autres à l’agence.
  • Je pourrais continuer longtemps et parler de contraintes RH (nous sommes sur des métiers de talents, avec des profils parfois très singuliers…), de contraintes légales (beaucoup de règlementations dans nos domaines), de contraintes liées à la protection de nos créations, du RGPD etc. la liste est très, très longue…

Question : Parfois, plutôt que de subir, on peut transformer autant de faiblesses potentielles en opportunités : tu as un ou deux exemples concrets de réussite pour Brainsonic ?

Guillaume Mikowski : C’est ce que nous avons toujours fait avec enthousiasme à l’agence, on a une culture du test, de la transversalité, un management qui favorise l’innovation. Un exemple qui me vient tout de suite : la période Covid. Presque du jour au lendemain, guidés par notre cellule événementielle, on a transformé — temporairement mais radicalement — l’agence en leader des événements digitaux. Résultat : en un an, on a converti plus d’une centaine d’événements physiques en formats digitaux.

C’était notre façon de faire face aux coupes budgétaires : en aidant nos clients à réinventer leur façon de communiquer avec leurs audiences. Les contraintes étaient terribles à l’époque, mais on a su s’adapter vite, et bien.

Question : Tes clients souffrent des mêmes obligations :  là encore, quelques exemples de réussite ?

Guillaume Mikowski : Nos clients sont pris dans les mêmes paradoxes que nous : faire mieux avec moins, parler plus fort ou en tout cas plus juste que les autres, créer des vraies relations dans un monde qui zappe, exister partout sans se disperser… A chaque client, un brief, des contraintes, et une réponse derrière qui je l’espère fait sens pour tout le monde.

Prenons l’exemple de Yomoni, pure player de l’épargne en ligne, qui doit faire face à un secteur monopolisé par les banques, aux budgets médias 100 fois plus importantes et aux discours très conventionnels. Notre réponse : une campagne pleine d’humour avec Michel Polnareff…

Le résultat : une campagne qui percute avec une équivalence média de plusieurs millions d’euros. Notre obsession, c’est l’engagement. Pas celui qu’on mesure à la loupe sur les réseaux, celui qui fait que les gens se souviennent, partagent, agissent.

Transformer les contraintes en opportunité, par Philippe Rondeau – Sodebo

Contraintes réglementaires, environnementales, technologiques, etc. : la vie des entreprises n’est plus vraiment un long fleuve tranquille ! Sans doute est-il temps de revenir aux sources mêmes du marketing et de transformer autant de faiblesses potentielles en opportunités.

C’est ce dont viendront témoigner les experts invités par le Pôle Prospective de l’Adetem le 14 Mai lors d’une matinée intitulée : « Transformer les contraintes en opportunité » ; pour plus de renseignements et s’inscrire, c’est ici :

En avant-première, Philippe Rondeau, Directeur Développement Durable de Sodebo, répond à nos questions.

Question : Rapidement, tu peux nous faire part des principales contraintes qui touchent à ton activité ?

Philippe Rondeau : Dans le secteur agro-alimentaire, les contraintes réglementaires sont importantes (surtout liées à la sécurité sanitaire et aux questions de santé) et évoluent régulièrement : utilisation des additifs, mentions sur les emballages (Nutriscore, Origine Info…). A cela s’ajoutent depuis quelques années des contraintes réglementaires environnementales, comme la loi AGEC sur les emballages qui vise à la disparition d’emballage plastique à usage unique.

Les contraintes sont aussi celles qui nous viennent de nos parties prenantes (fournisseurs, clients, consommateurs, associations…) et qui, parfois, peuvent être contradictoires !

Il n’est plus possible aujourd’hui de développer son activité sans prendre en compte toutes ces contraintes mais il ne s’agit pas non plus de laisser toutes ces contraintes guider l’entreprise. L’entreprise doit garder son cap mais orienter ses voiles en fonction de ces vents tournants ! C’est de cette façon que les contraintes peuvent devenir opportunités et permettre à l’entreprise d’aller plus loin et plus vite.

Enfin les contraintes liées à l’enjeu de décarbonation s’imposent de plus en plus dans la stratégie des entreprises qui risquent de perdre des marchés si la décarbonation de leurs activités n’est pas au cœur de sa stratégie globale. Mais une politique environnementale volontaire et ambitieuse peut aussi être un bon moyen de conquérir de nouveaux marchés ! De plus, ces nouvelles contraintes permettent également de repenser des pratiques, processpour les rendre plus efficients, permettent de réduire des gaspillages (déchets, énergie, eau…) et de développer son autonomie (autoproduction d’énergie, recyclage de l’eau…) qui sont autant d’opportunité pour faire face aux aléas du monde actuel et à venir.

Question : Parfois, plutôt que de subir, on peut transformer autant de faiblesses potentielles en opportunités : tu as un ou deux exemples concrets de réussite pour Sodebo ?

Philippe Rondeau : Le meilleur exemple chez Sodebo de la transformation d’une contrainte en opportunité, c’est le sujet de la fourchette : comment l’obligation de suppression de la fourchette plastique dans nos salades nous a permis de développer une innovation majeure avec une fourchette comestible et de créer ainsi, un avantage concurrentiel important !

Autocars longues distances : pas vraiment responsables

Selon les études (empreinte-baroudeuse ou climate consulting), un voyage longue distance en autocar présente une empreinte carbone 12 à 15 fois supérieure au train… mais comme il peut coûter 3 à 4 fois moins, y a pas photo !

Seulement, pour rester compétitif, faut absolument réduire les coûts, notamment la masse salariale, quitte à lancer sur la route des chauffeurs qui foncent à toute vitesse pour minimiser la durée des trajets… même quand les conditions météo se révèlent particulièrement désastreuses.

Petite expérience récente, lundi 27 janvier, fin de matinée, Autoroute A4, près de Bussy Saint Georges. Vitesse limitée en temps normal à 130, mais à 110 vues les conditions météo : en fait, avec le déluge qui s’abat sur la chaussée, pas un conducteur – ou presque – ne dépasse les… 90, et encore, faut être téméraire !

Pas un conducteur, sauf un chauffeur de bus qui double, par la droite et par la gauche, zigzague sans cesse sur la chaussée, sans doute pour respecter un horaire établi par et pour beau temps.

Comme son mouchard indiquera qu’il ne dépasse pas les 130, il a tout bon !  Heureusement, les autres véhicules sont prudents pour lui. Ce qui pose quand même des questions sur les fameux « bus Macron », qui sans doute cassent les prix… au détriment de la sécurité et de l’environnement !

Ce bus-là n’est pas français, mais autrichien, mais la problématique est la même pour toute l’Europe ; sur son site, Blaguss vante ses vertus écologiques tout en se gardant bien de se comparer au train !

La société devrait surtout remercier les autres conducteurs qui eux conduisent suffisamment sagement pour éviter les accidents dus à ses chauffards.

Comment retenir l’attention de consommateurs surexposés ? Interview de François Lienart

En amont de la matinée organisée par le Pôle prospective de @Adetem le Jeudi 13 février, quelques rapides questions aux intervenants pour vous mettre l’eau à la bouche.

Question : Il semblerait aujourd’hui qu’il soit de plus en plus compliqué de capter l’attention des consommateurs : votre expérience confirme cette analyse ?

François Lienart : Il est difficile d’affirmer qu’il est compliqué de capter l’attention car s’il existe quelques études relatives à la saturation des expositions publicitaires, elles sont souvent contradictoires. En revanche, peut être appréhendons nous moins bien les principes cognitifs/créatifs permettant de capter cette attention. Les travaux de neuroscience sur ce sujet restent très récents et peuvent surprendre quant à leurs résultats. Ainsi la perte d’attention résulte le plus souvent d’une mauvaise écriture séquencée des principes cognitifs basiques permettant d’attirer l’attention. 

Question : Existe-t-il des solutions pour percer la barrière de l’indifférence ?

François Lienart : Oui, et on commence à les percer. Nos travaux menés permettent aujourd’hui le lier concrètement efficacité média et bénéfice branding. Reste à inclure dans l’équation de facteur créatif.

Question : Et plus particulièrement, vous pouvez nous dire deux mots de votre expérience avec Carrefour ?

François Lienart : Le challenge énoncé avec Carrefour consiste à compenser un levier marketing (Imprimé sans adresse/catalogue) remis en cause pour des principes RSE/écologique/Oui Pub, mais historiquement considéré comme particulièrement efficace. Comment comparer les leviers marketing/média délivrant des « occasions de contact » très différentes ? Comment surmonter le vide historique des approches médiaplanning cross média. L’attention est peut-être une partie du chainon manquant de cette équation.

Comment retenir l’attention de consommateurs surexposés ? Interview de Franck Perrier 

En amont de la matinée organisée par le Pôle prospective l’Adetem le Jeudi 13 février, quelques rapides questions aux intervenants pour vous mettre l’eau à la bouche

Question : Aujourd’hui les consommateurs sont quotidiennement exposés à plus de 10 000, voire 15 000 stimuli commerciaux…

Franck Perrier : Aujourd’hui, les consommateurs filtrent, zappent, ignorent. Nous sommes dans une culture « popcorn », où l’attention saute d’un contenu à l’autre, stimulée par une quête incessante de dopamine.

La dopamine, c’est quoi ? C’est le neurotransmetteur du plaisir et de la récompense. Chaque notification, chaque scroll, chaque vidéo courte déclenche une mini-décharge, nous poussant à en vouloir toujours plus.

Question : Il semblerait aujourd’hui qu’il soit de plus en plus compliqué de capter l’attention des consommateurs : votre expérience confirme cette analyse ?

Franck Perrier : Oui, notre expérience le confirme : les consommateurs sont hyper-sollicités et privilégient des contenus ultra-courts. Un grand acteur de la finance français, par exemple, cherche à s’adapter à TikTok, la plateforme reine du snack content et de la surconsommation d’infos. Le « cerveau TikTok », c’est une attention fragmentée. Résultat ? Moins de patience pour les formats longs. Les marques doivent s’adapter ou disparaître.

Question : Existe-t-il des solutions pour percer la barrière de l’indifférence ?

Franck Perrier : Il existe des solutions et je me demande s’il faut de nouvelles recettes ou au contraire revenir aux fondamentaux de la publicité. Je pense à 3 leviers. 

L’émotion : une marque qui fait vibrer, fait exister. Les histoires fortes captivent.

L’immersion : expériences interactives, réalité augmentée, personnalisation… L’utilisateur devient acteur en s’appuyant sur les nouvelles technologies.

L’authenticité : fini le marketing de façade, place aux valeurs sincères et aux contenus engageants.

Question : AI, influenceurs, communautés, contenus : quel est le bon choix ?

Franck Perrier : Et on pourrait ajouter : maîtrise technique des plateformes, création contrôlée de la controverse, gestion optimale des formats et d’autres encore. Il n’y a pas une réponse unique, mais une combinaison intelligente de plusieurs leviers, une orchestration. Encore faut-il savoir écrire la belle partition. On en parlera ensemble.

Absence d’empathie et greenwashing, un sacré cocktail !

Tout est bon pour certaines stations de ski pour se refaire une santé sur le dos des clients : récemment, j’évoquais le greenwashing du Grand Massif, je vais continuer avec eux, juste pour souligner combien leur conduite est loin d’être exemplaire – alors que d’autres stations sont plus sympas !

Les skieurs connaissent bien ce que l’on nomme les jours blancs, quand un épais brouillard s’installe sur la montagne et que tout semble enveloppé d’un manteau blanc : impossible d’apprécier les distances, les pentes et les reliefs des pistes.

Pour les daltoniens, cela se complique d’un « mal du ski » : « ils souffrent d’une perte d’équilibre, ont le sentiment que tout tourne autour d’eux », comme le souligne Le Figaro.

Daltonien moi-même, ça m’est arrivé deux fois : à Chamonix il y a quelques années, et cette année à Morillon, sur le Grand Massif.

A Chamonix, j’ai me suis senti pris de vertige sur les pistes du Brévent, pas loin d’un chalet de secours : un secouriste m’a gentiment invité à me reposer, puis comme je n’étais pas très vaillant, il m’a proposé de me redescendre en motoneige au bas des pistes, tout cela avec le sourire.

Au Grand Massif, quand le brouillard a commencé à tomber, j’ai voulu anticiper et rentrer en ville … sauf que le télésiège adéquat étant fermé (voir mon post précédent), j’ai dû forcer … et rebelotte : mal du ski !

Même scénario : j’avise un chalet de secours et demande à me reposer quelques instants ; ma femme, qui m’accompagne, aura le droit de m’attendre … debout ! Sympa ! Les secouristes me prennent la tension, me prennent la tension à nouveau, me prennent la tension à nouveau … on aurait dit des stagiaires qui cherchaient à passer le temps, manifestement, ils n’avaient pas lu le Figaro Santé et ne connaissaient rien au mal du ski !

Au bout d’un certain temps, je récupère et voilà qu’on me propose de me redescendre, non pas au départ des pistes, mais en haut des cabines : toujours mieux que rien … sauf qu’arrivé là-bas (allez, 5 minutes de traineau à tout casser !), ça fait 700 euros !

Si, si, vous avez bien lu : 700 euros !

Je conteste un peu auprès de la Mairie de Morillon qui m’envoie la facture : la réponse arrive rapidement pleine d’empathie sous la forme de la photo d’un panneau d’affichage en bas des pistes, avec ce commentaire du Chef des Pistes : « Il est bien indiqué au niveau de tous les accès du Domaine Skiable que les secours sont payants […] Donc le fait, que les pisteurs n’aient pas informés à M. François Laurent que les frais de secours étaient payants ne peut être retenue comme un argument nécessaire et suffisant ».

Grand Massif 0 – Chamonix 1, y’a pas photo !

Pour clore l’histoire, je transmets la facture à mon assureur qui me répond en ces termes : on sait que c’est une arnaque, mais on paie ! Je lui laisse la responsabilité de ses paroles avisées.

Ski et Greenwashing

La saison de ski va bientôt ouvrir ? Parlons greenwashing !

Comme le soulignait récemment la rtbf, Les stations de ski sont prises dans un sacré « cercle vicieux : le réchauffement climatique nécessite de plus en plus de recours à cette neige artificielle … dont le bilan environnemental contribue à alimenter le réchauffement climatique »

Alors, elles tentent de redorer leur image en usant et abusant du greenwashing.

Exemple puisé sur le site du Grand Massif (Flaine, Samoëns) : pour réduite son empreinte carbone, la station met « à l’arrêt des remontées mécaniques redondantes en dehors des périodes de forte fréquentation ».

On pourrait dire bien des choses sur l’adjectif « redondantes » : l’ouverture tardive du télésiège de Corbalanche oblige à effectuer un sacré détour pour revenir de Flaine vers Samoëns – j’y reviendrai dans un autre papier !

Cela pourrait paraître vertueux … sauf que ce magnifique « plan de sobriété énergétique » s’effectue sur le dos … des clients : car si le Grand Massif réduit ses services, il se garde bien de réduire le prix des forfaits en conséquence !

D’aucuns diraient qu’une attitude responsable réside dans le respect de la planète, condition sine qua non, mais aussi des gens – parmi lesquels ses clients ; et faire peser le poids de ses « efforts responsables » sur ces seuls derniers, ça s’appelle aussi du greenwashing … pour rester poli !

Sans compter que, comme le souligne Ecomedia, « Plus de 90 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) des domaines skiables sont liées à l’usage des engins de damage fonctionnant au gasoil, les remontées mécaniques étant décarbonées car fonctionnant à l’électricité ».

Greenwashing, quand tu nous tiens …

Le marketing, entre libertés individuelles et responsabilité collective, par Christophe Rougon.

Christophe Rougon, Responsable du marketing Stratégique, Groupe La Macif, interviendra le 17 Octobre 2024 lors de la matinée du Comité Scientifique de l’Adetem : Le dernier défi du marketing : réformer l’entreprise !

En avant-première, il répond à la question : « Dans son dernier manifeste, à paraître à l’occasion des 70 ans de l’Adetem, son Conseil Scientifique écrit : « Et si le marketing se réinventait pour contribuer à la recherche d’un équilibre entre libertés individuelles et responsabilité collective, au profit de tous et de notre planète ? En réorientant son savoir-faire, en s’ouvrant, en conciliant. En redéfinissant la place et le rôle du marketeur dans l’entreprise et le corps social. » : que vous inspire cette réflexion ? ».

Christophe Rougon : « La question est abyssale tant le marketing fait débat depuis ses origines. Dans la bouche d’une majorité de nos concitoyens, il apparaît comme péjoratif. Il est davantage vu comme le bras armé d’un fonctionnement débridé du marché où la notion de besoin est largement dévoyée pour laisser la place à une consommation effrénée.

« Comme nous le rapporte l’étude Kantar – AFM de mai 2022 (1), le marketing serait le symbole des dérives du capitalisme. Pire encore… manipulation, mensonges et arnaques sont les mots auxquels il est associé …

« Qu’il semble long le chemin pour repositionner le marketeur dans les réponses aux défis du monde d’aujourd’hui. Associé à des impacts négatifs sur l’environnement et la vie privée, le fossé se creuse …

« Comme souvent les cordonniers apparaissent les plus mal chaussés … Les marketeurs n’ont pas su se vendre, et en premiers lieu au sein de leurs propres entreprises… Non que nos actions soient toutes vertueuses, mais pour la majorité, nous avons le consommateur et la marque chevillés au corps, avec cette volonté de bien faire notre métier en les respectant …

« Davantage que la recherche des causes, la question qui se pose à nous invite surtout à changer de prisme, à enrichir et renouveler nos pratiques au risque de devenir des boucs émissaires bien utiles…

« Une chose est claire, se poser cette question, c’est aussi reconnaitre que le marketing est vivant et que l’on espère encore de lui !

« Pour cela, peut-être faut-il revenir à une définition plus moderne du marketing comme par exemple celle proposée par l’AFM en 2016 : « Le marketing est une conception des échanges et un ensemble de pratiques qui vise à créer de la valeur durable pour l’ensemble des parties prenantes (individus, entreprises ou organisations) ».

« Il n’y est plus question de réponses ou de créations de besoins, mais « d’échanges » ; non plus de générations de profits, mais de « création de valeur durable ». Il serait un peut hâtif d’objecter que tout cela ne constitue qu’une évolution sémantique, laquelle cacherait alors les mêmes maux…

« Pour devenir responsable, le marketing doit revenir à l’essence de ses origines : inviter à une relation, initier de la confiance pour orienter le choix des consommateurs… mais en dépassant une logique purement transactionnelle. Ce n’est pas parce que les parties visibles de cette relation sont avant tout marchandes et financières que seules ces dimensions importent. Nous le savons mieux que quiconque, si c’était le cas, une bonne offre se réduirait aux diktats du contrôle de gestion.

« Face aux défis d’un monde en polycrises, les clients/citoyens attendent des entreprises et des marques qu’elles prennent leur part dans les solutions(2). Elles ne peuvent plus faire comme si elles ne savent pas, comme si elles ne peuvent pas.

« En réinvestissant son rôle d’interface entre l’entreprise et ses marchés, le marketing est à la meilleure place pour la positionner au sein de son environnement. A lui de prendre l’initiative et devenir l’animateur qui interroge la marque sur ses valeurs et sa place dans la société. En initiant et portant cette interrogation au sein de l’entreprise, en la faisant centrale par l’association de tous les acteurs de son écosystème, il devient l’artisan de la réponse qu’attendent les clients/citoyens d’une marque responsable.

« Cette quête de sens et d’alignement à laquelle nous aspirons individuellement, se traduit par des convictions fortes dans l’élaboration des actions. Le résultat ne saurait alors se limiter à une simple adaptation des messages de communication comme c’est encore trop souvent le cas. Dans ce village mondial connecté, ce serait l’assurance de risques à court terme… une évidence trop souvent oubliée…

« Comme toutes convictions, elles ne s’envisagent qu’au prix de renoncements. De la même façon que les clients choisissent une marque, nous, marketeurs, avons quelques difficultés à accepter une vision limitée de notre marché. Avec la croissance pour maître mot, ce serait faillir … nous avons été formés pour cela ! Pourtant, comme la possible finitude de ce monde, nous oublions trop souvent la dimension temporelle de la relation d’un client avec sa marque. Choisir ses clients pour investir avec eux sur un temps long est une voie royale vers la rentabilité, nous le savons pourtant. Mais au quotidien nous œuvrons souvent à son contraire à coup d’expédients promotionnels ou d’artifices pseudo-innovants…

« Se réinventer pour retrouver des marges de libertés, c’est aussi s’éloigner d’une certaine facilité, d’une approche mécaniste largement outillée par  des outils digitaux. De s’abstraire du mythe confortable selon lequel les algorithmes auront la bonne réponse, que mieux qu’un humain, ils désignent ce qui est bon pour la diffusion de nos offres. Au-delà des modèles engouffrant toujours plus de datas pour nourrir des recommandations et des A/B test, il faut réinvestir la réflexion amont sur les réelles plus-values apportées par notre offre et les bénéfices qu’elle apporte à son utilisateur. Là encore revenons aux fondamentaux de notre matière qui plus qu’une science recèle encore fort heureusement une forme d’artisanat : réfléchir aux fonctions de son œuvre, adapter ses techniques à la situation et ne pas craindre de reprendre l’ouvrage…

« Il ne s‘agit pas de pêcher par naïveté, les contraintes financières de l’entreprise et celles du marché sont autant d’aiguillons du temps court qui rythment notre métier. Mais peut être aussi, nous sommes nous perdus dans une certaine forme de schizophrénie en déclamant des valeurs que nos pratiques n’incarnent pas. Dans ce réseau mondial ouvert, exigeant, l’alignement est un facteur puissant de confiance. La plupart des postures sont acceptables à condition qu’elles soient clairement présentées et pleinement assumées sans écarts avec la réalité. En cela nous avons aussi pour missions d’éclairer nos dirigeants afin qu’ils envisagent d’autres voies que celles qui semblent toutes tracées par des décennies de pratiques. Le monde change et nous pouvons modestement mais utilement être des éclaireurs pour réconcilier entreprise, marché et société.

« Faire du marketing n’est pas travestir, mais défricher et investir dans la juste perception de nos offres par d’autres humains. Nous avons ce talent et cette pédagogie, nous pouvons efficacement les mettre au service de nos marques et du rôle qu’elles désirent jouer. Le chemin est long et tumultueux, mais pas impossible. Certains s’y essayent…

« Oui, s’il veut retrouver sa liberté d’action, le marketing doit devenir plus responsable. Une grande liberté implique de grandes responsabilités… 

(1)     Etude Kantar / AFM – Quelle est l’image du marketing auprès des français – Mai 2022

(2)     Etude Opinionway / CCI France – les français et les entreprises quelles attentes pour 2024 – janvier 2024

Le marketing pour humaniser et simplifier un monde complexe, par Kamel Ouadi

Kamel Ouadi, CMO de Devialet, interviendra le 17 Octobre 2024 lors de la matinée du Comité Scientifique de l’Adetem : Le dernier défi du marketing : réformer l’entreprise !

En avant-première, il répond à la question : « Dans son dernier manifeste, à paraître à l’occasion des 70 ans de l’Adetem, son Conseil Scientifique écrit : « Seul le marketing peut générer du désir autour des 3Ps (Planet, People, Profit), et permettre l’éclosion harmonieuse de l’écologie nécessaire à la prospérité de l’entreprise et au-delà de notre société. Le marketing doit humaniser et simplifier un monde devenu trop complexe pour être hospitalier. Et redonner à notre société l’envie de faire affaire avec ce monde tel qu’il est«  : que vous inspire cette réflexion ? ».

Kamel Ouadi : « Le marketing a effectivement un rôle crucial dans la manière dont il peut humaniser et simplifier un monde devenu de plus en plus complexe. Dans un contexte où les consommateurs sont confrontés à une surcharge d’informations et de choix, le marketing doit se transformer pour répondre à ces défis.

D’abord, l’humanisation dans le marketing signifie créer des connexions authentiques avec les consommateurs. Cela implique de comprendre et de répondre à leurs besoins, émotions et valeurs. Un marketing efficace ne se contente pas de vendre un produit ou un service, il raconte une histoire qui résonne avec les expériences et aspirations des individus. En mettant en avant des témoignages réels, des histoires inspirantes et des valeurs partagées, le marketing peut rendre les marques plus accessibles et empathiques, générant un lien de confiance entre les consommateurs et les marques.

Simplifier le monde complexe signifie clarifier les messages et rendre les messages et les offres plus compréhensibles. Face à une avalanche de choix et de données, les consommateurs recherchent des informations claires et directes. Le marketing doit s’efforcer de distiller des messages complexes en propositions simples et percutantes, facilitant ainsi la prise de décision. En construisant des plateformes de marques puissante et en simplifiant le langage, les visuels et les processus d’achat, le marketing aide les consommateurs à naviguer sans aucun doute dans un environnement complexe. »

Le marketing entre libertés individuelles et protection du bien collectif, par Leonore Dobbelaere

@Leonore Dobbelaere, Directrice des marchés clientèle des particuliers de La Banque Postale, interviendra le 17 Octobre 2024 lors de la matinée du Comité Scientifique de l’Adetem : Le dernier défi du marketing : réformer l’entreprise !

En avant-première, elle répond à la question : « Dans son dernier manifeste, à paraître à l’occasion des 70 ans de l’Adetem, son Conseil Scientifique écrit : « Et si le marketing se réinventait pour contribuer à la recherche d’un équilibre entre libertés individuelles et responsabilité collective, au profit de tous et de notre planète ? » : que vous inspire cette réflexion ?

Leonore Dobbelaere : « La conjugaison entre libertés individuelles et protection du bien collectif est une question qui devient essentielle dans nos sociétés aujourd’hui hyperconnectés.

« Elle se traduit pour le marketing à trouver un équilibre entre une segmentation poussée à l’extrême pour répondre au plus près au besoin du consommateur ou du client (dans une relation quasi One to One) et la nécessité de maintenir des économies d’échelle qui permettent à la fois de communiquer dans un mode One to Many, et de conserver des prix accessibles de manière à pouvoir servir le plus grand nombre,  tout en intégrant les contraintes  sociétales et environnementales qui s’imposent à  nous pour protéger le bien commun.

« Le marketing a donc plus que jamais un rôle à jouer dans la recherche de cet équilibre instable en se confrontant à des tendances qui émergent comme par exemple la déconsommation, ou l’hyperpersonnalisation et le retour à l’artisanat »