FLaurent, Auteur à Marketing is Dead
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Author:FLaurent

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Absence d’empathie et greenwashing, un sacré cocktail !

Tout est bon pour certaines stations de ski pour se refaire une santé sur le dos des clients : récemment, j’évoquais le greenwashing du Grand Massif, je vais continuer avec eux, juste pour souligner combien leur conduite est loin d’être exemplaire – alors que d’autres stations sont plus sympas !

Les skieurs connaissent bien ce que l’on nomme les jours blancs, quand un épais brouillard s’installe sur la montagne et que tout semble enveloppé d’un manteau blanc : impossible d’apprécier les distances, les pentes et les reliefs des pistes.

Pour les daltoniens, cela se complique d’un « mal du ski » : « ils souffrent d’une perte d’équilibre, ont le sentiment que tout tourne autour d’eux », comme le souligne Le Figaro.

Daltonien moi-même, ça m’est arrivé deux fois : à Chamonix il y a quelques années, et cette année à Morillon, sur le Grand Massif.

A Chamonix, j’ai me suis senti pris de vertige sur les pistes du Brévent, pas loin d’un chalet de secours : un secouriste m’a gentiment invité à me reposer, puis comme je n’étais pas très vaillant, il m’a proposé de me redescendre en motoneige au bas des pistes, tout cela avec le sourire.

Au Grand Massif, quand le brouillard a commencé à tomber, j’ai voulu anticiper et rentrer en ville … sauf que le télésiège adéquat étant fermé (voir mon post précédent), j’ai dû forcer … et rebelotte : mal du ski !

Même scénario : j’avise un chalet de secours et demande à me reposer quelques instants ; ma femme, qui m’accompagne, aura le droit de m’attendre … debout ! Sympa ! Les secouristes me prennent la tension, me prennent la tension à nouveau, me prennent la tension à nouveau … on aurait dit des stagiaires qui cherchaient à passer le temps, manifestement, ils n’avaient pas lu le Figaro Santé et ne connaissaient rien au mal du ski !

Au bout d’un certain temps, je récupère et voilà qu’on me propose de me redescendre, non pas au départ des pistes, mais en haut des cabines : toujours mieux que rien … sauf qu’arrivé là-bas (allez, 5 minutes de traineau à tout casser !), ça fait 700 euros !

Si, si, vous avez bien lu : 700 euros !

Je conteste un peu auprès de la Mairie de Morillon qui m’envoie la facture : la réponse arrive rapidement pleine d’empathie sous la forme de la photo d’un panneau d’affichage en bas des pistes, avec ce commentaire du Chef des Pistes : « Il est bien indiqué au niveau de tous les accès du Domaine Skiable que les secours sont payants […] Donc le fait, que les pisteurs n’aient pas informés à M. François Laurent que les frais de secours étaient payants ne peut être retenue comme un argument nécessaire et suffisant ».

Grand Massif 0 – Chamonix 1, y’a pas photo !

Pour clore l’histoire, je transmets la facture à mon assureur qui me répond en ces termes : on sait que c’est une arnaque, mais on paie ! Je lui laisse la responsabilité de ses paroles avisées.

Ski et Greenwashing

La saison de ski va bientôt ouvrir ? Parlons greenwashing !

Comme le soulignait récemment la rtbf, Les stations de ski sont prises dans un sacré « cercle vicieux : le réchauffement climatique nécessite de plus en plus de recours à cette neige artificielle … dont le bilan environnemental contribue à alimenter le réchauffement climatique »

Alors, elles tentent de redorer leur image en usant et abusant du greenwashing.

Exemple puisé sur le site du Grand Massif (Flaine, Samoëns) : pour réduite son empreinte carbone, la station met « à l’arrêt des remontées mécaniques redondantes en dehors des périodes de forte fréquentation ».

On pourrait dire bien des choses sur l’adjectif « redondantes » : l’ouverture tardive du télésiège de Corbalanche oblige à effectuer un sacré détour pour revenir de Flaine vers Samoëns – j’y reviendrai dans un autre papier !

Cela pourrait paraître vertueux … sauf que ce magnifique « plan de sobriété énergétique » s’effectue sur le dos … des clients : car si le Grand Massif réduit ses services, il se garde bien de réduire le prix des forfaits en conséquence !

D’aucuns diraient qu’une attitude responsable réside dans le respect de la planète, condition sine qua non, mais aussi des gens – parmi lesquels ses clients ; et faire peser le poids de ses « efforts responsables » sur ces seuls derniers, ça s’appelle aussi du greenwashing … pour rester poli !

Sans compter que, comme le souligne Ecomedia, « Plus de 90 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) des domaines skiables sont liées à l’usage des engins de damage fonctionnant au gasoil, les remontées mécaniques étant décarbonées car fonctionnant à l’électricité ».

Greenwashing, quand tu nous tiens …

Le marketing, entre libertés individuelles et responsabilité collective, par Christophe Rougon.

Christophe Rougon, Responsable du marketing Stratégique, Groupe La Macif, interviendra le 17 Octobre 2024 lors de la matinée du Comité Scientifique de l’Adetem : Le dernier défi du marketing : réformer l’entreprise !

En avant-première, il répond à la question : « Dans son dernier manifeste, à paraître à l’occasion des 70 ans de l’Adetem, son Conseil Scientifique écrit : « Et si le marketing se réinventait pour contribuer à la recherche d’un équilibre entre libertés individuelles et responsabilité collective, au profit de tous et de notre planète ? En réorientant son savoir-faire, en s’ouvrant, en conciliant. En redéfinissant la place et le rôle du marketeur dans l’entreprise et le corps social. » : que vous inspire cette réflexion ? ».

Christophe Rougon : « La question est abyssale tant le marketing fait débat depuis ses origines. Dans la bouche d’une majorité de nos concitoyens, il apparaît comme péjoratif. Il est davantage vu comme le bras armé d’un fonctionnement débridé du marché où la notion de besoin est largement dévoyée pour laisser la place à une consommation effrénée.

« Comme nous le rapporte l’étude Kantar – AFM de mai 2022 (1), le marketing serait le symbole des dérives du capitalisme. Pire encore… manipulation, mensonges et arnaques sont les mots auxquels il est associé …

« Qu’il semble long le chemin pour repositionner le marketeur dans les réponses aux défis du monde d’aujourd’hui. Associé à des impacts négatifs sur l’environnement et la vie privée, le fossé se creuse …

« Comme souvent les cordonniers apparaissent les plus mal chaussés … Les marketeurs n’ont pas su se vendre, et en premiers lieu au sein de leurs propres entreprises… Non que nos actions soient toutes vertueuses, mais pour la majorité, nous avons le consommateur et la marque chevillés au corps, avec cette volonté de bien faire notre métier en les respectant …

« Davantage que la recherche des causes, la question qui se pose à nous invite surtout à changer de prisme, à enrichir et renouveler nos pratiques au risque de devenir des boucs émissaires bien utiles…

« Une chose est claire, se poser cette question, c’est aussi reconnaitre que le marketing est vivant et que l’on espère encore de lui !

« Pour cela, peut-être faut-il revenir à une définition plus moderne du marketing comme par exemple celle proposée par l’AFM en 2016 : « Le marketing est une conception des échanges et un ensemble de pratiques qui vise à créer de la valeur durable pour l’ensemble des parties prenantes (individus, entreprises ou organisations) ».

« Il n’y est plus question de réponses ou de créations de besoins, mais « d’échanges » ; non plus de générations de profits, mais de « création de valeur durable ». Il serait un peut hâtif d’objecter que tout cela ne constitue qu’une évolution sémantique, laquelle cacherait alors les mêmes maux…

« Pour devenir responsable, le marketing doit revenir à l’essence de ses origines : inviter à une relation, initier de la confiance pour orienter le choix des consommateurs… mais en dépassant une logique purement transactionnelle. Ce n’est pas parce que les parties visibles de cette relation sont avant tout marchandes et financières que seules ces dimensions importent. Nous le savons mieux que quiconque, si c’était le cas, une bonne offre se réduirait aux diktats du contrôle de gestion.

« Face aux défis d’un monde en polycrises, les clients/citoyens attendent des entreprises et des marques qu’elles prennent leur part dans les solutions(2). Elles ne peuvent plus faire comme si elles ne savent pas, comme si elles ne peuvent pas.

« En réinvestissant son rôle d’interface entre l’entreprise et ses marchés, le marketing est à la meilleure place pour la positionner au sein de son environnement. A lui de prendre l’initiative et devenir l’animateur qui interroge la marque sur ses valeurs et sa place dans la société. En initiant et portant cette interrogation au sein de l’entreprise, en la faisant centrale par l’association de tous les acteurs de son écosystème, il devient l’artisan de la réponse qu’attendent les clients/citoyens d’une marque responsable.

« Cette quête de sens et d’alignement à laquelle nous aspirons individuellement, se traduit par des convictions fortes dans l’élaboration des actions. Le résultat ne saurait alors se limiter à une simple adaptation des messages de communication comme c’est encore trop souvent le cas. Dans ce village mondial connecté, ce serait l’assurance de risques à court terme… une évidence trop souvent oubliée…

« Comme toutes convictions, elles ne s’envisagent qu’au prix de renoncements. De la même façon que les clients choisissent une marque, nous, marketeurs, avons quelques difficultés à accepter une vision limitée de notre marché. Avec la croissance pour maître mot, ce serait faillir … nous avons été formés pour cela ! Pourtant, comme la possible finitude de ce monde, nous oublions trop souvent la dimension temporelle de la relation d’un client avec sa marque. Choisir ses clients pour investir avec eux sur un temps long est une voie royale vers la rentabilité, nous le savons pourtant. Mais au quotidien nous œuvrons souvent à son contraire à coup d’expédients promotionnels ou d’artifices pseudo-innovants…

« Se réinventer pour retrouver des marges de libertés, c’est aussi s’éloigner d’une certaine facilité, d’une approche mécaniste largement outillée par  des outils digitaux. De s’abstraire du mythe confortable selon lequel les algorithmes auront la bonne réponse, que mieux qu’un humain, ils désignent ce qui est bon pour la diffusion de nos offres. Au-delà des modèles engouffrant toujours plus de datas pour nourrir des recommandations et des A/B test, il faut réinvestir la réflexion amont sur les réelles plus-values apportées par notre offre et les bénéfices qu’elle apporte à son utilisateur. Là encore revenons aux fondamentaux de notre matière qui plus qu’une science recèle encore fort heureusement une forme d’artisanat : réfléchir aux fonctions de son œuvre, adapter ses techniques à la situation et ne pas craindre de reprendre l’ouvrage…

« Il ne s‘agit pas de pêcher par naïveté, les contraintes financières de l’entreprise et celles du marché sont autant d’aiguillons du temps court qui rythment notre métier. Mais peut être aussi, nous sommes nous perdus dans une certaine forme de schizophrénie en déclamant des valeurs que nos pratiques n’incarnent pas. Dans ce réseau mondial ouvert, exigeant, l’alignement est un facteur puissant de confiance. La plupart des postures sont acceptables à condition qu’elles soient clairement présentées et pleinement assumées sans écarts avec la réalité. En cela nous avons aussi pour missions d’éclairer nos dirigeants afin qu’ils envisagent d’autres voies que celles qui semblent toutes tracées par des décennies de pratiques. Le monde change et nous pouvons modestement mais utilement être des éclaireurs pour réconcilier entreprise, marché et société.

« Faire du marketing n’est pas travestir, mais défricher et investir dans la juste perception de nos offres par d’autres humains. Nous avons ce talent et cette pédagogie, nous pouvons efficacement les mettre au service de nos marques et du rôle qu’elles désirent jouer. Le chemin est long et tumultueux, mais pas impossible. Certains s’y essayent…

« Oui, s’il veut retrouver sa liberté d’action, le marketing doit devenir plus responsable. Une grande liberté implique de grandes responsabilités… 

(1)     Etude Kantar / AFM – Quelle est l’image du marketing auprès des français – Mai 2022

(2)     Etude Opinionway / CCI France – les français et les entreprises quelles attentes pour 2024 – janvier 2024

Le marketing pour humaniser et simplifier un monde complexe, par Kamel Ouadi

Kamel Ouadi, CMO de Devialet, interviendra le 17 Octobre 2024 lors de la matinée du Comité Scientifique de l’Adetem : Le dernier défi du marketing : réformer l’entreprise !

En avant-première, il répond à la question : « Dans son dernier manifeste, à paraître à l’occasion des 70 ans de l’Adetem, son Conseil Scientifique écrit : « Seul le marketing peut générer du désir autour des 3Ps (Planet, People, Profit), et permettre l’éclosion harmonieuse de l’écologie nécessaire à la prospérité de l’entreprise et au-delà de notre société. Le marketing doit humaniser et simplifier un monde devenu trop complexe pour être hospitalier. Et redonner à notre société l’envie de faire affaire avec ce monde tel qu’il est«  : que vous inspire cette réflexion ? ».

Kamel Ouadi : « Le marketing a effectivement un rôle crucial dans la manière dont il peut humaniser et simplifier un monde devenu de plus en plus complexe. Dans un contexte où les consommateurs sont confrontés à une surcharge d’informations et de choix, le marketing doit se transformer pour répondre à ces défis.

D’abord, l’humanisation dans le marketing signifie créer des connexions authentiques avec les consommateurs. Cela implique de comprendre et de répondre à leurs besoins, émotions et valeurs. Un marketing efficace ne se contente pas de vendre un produit ou un service, il raconte une histoire qui résonne avec les expériences et aspirations des individus. En mettant en avant des témoignages réels, des histoires inspirantes et des valeurs partagées, le marketing peut rendre les marques plus accessibles et empathiques, générant un lien de confiance entre les consommateurs et les marques.

Simplifier le monde complexe signifie clarifier les messages et rendre les messages et les offres plus compréhensibles. Face à une avalanche de choix et de données, les consommateurs recherchent des informations claires et directes. Le marketing doit s’efforcer de distiller des messages complexes en propositions simples et percutantes, facilitant ainsi la prise de décision. En construisant des plateformes de marques puissante et en simplifiant le langage, les visuels et les processus d’achat, le marketing aide les consommateurs à naviguer sans aucun doute dans un environnement complexe. »

Le marketing entre libertés individuelles et protection du bien collectif, par Leonore Dobbelaere

@Leonore Dobbelaere, Directrice des marchés clientèle des particuliers de La Banque Postale, interviendra le 17 Octobre 2024 lors de la matinée du Comité Scientifique de l’Adetem : Le dernier défi du marketing : réformer l’entreprise !

En avant-première, elle répond à la question : « Dans son dernier manifeste, à paraître à l’occasion des 70 ans de l’Adetem, son Conseil Scientifique écrit : « Et si le marketing se réinventait pour contribuer à la recherche d’un équilibre entre libertés individuelles et responsabilité collective, au profit de tous et de notre planète ? » : que vous inspire cette réflexion ?

Leonore Dobbelaere : « La conjugaison entre libertés individuelles et protection du bien collectif est une question qui devient essentielle dans nos sociétés aujourd’hui hyperconnectés.

« Elle se traduit pour le marketing à trouver un équilibre entre une segmentation poussée à l’extrême pour répondre au plus près au besoin du consommateur ou du client (dans une relation quasi One to One) et la nécessité de maintenir des économies d’échelle qui permettent à la fois de communiquer dans un mode One to Many, et de conserver des prix accessibles de manière à pouvoir servir le plus grand nombre,  tout en intégrant les contraintes  sociétales et environnementales qui s’imposent à  nous pour protéger le bien commun.

« Le marketing a donc plus que jamais un rôle à jouer dans la recherche de cet équilibre instable en se confrontant à des tendances qui émergent comme par exemple la déconsommation, ou l’hyperpersonnalisation et le retour à l’artisanat »

Et si le marketing se réinventait, par Valérie Brisac

Valérie Brisac, Directrice générale de la Communauté des Entreprises à Mission, interviendra le 17 Octobre 2024 lors de la matinée du Comité Scientifique de l’Adetem : Le dernier défi du marketing : réformer l’entreprise !

En avant-première, elle répond à la question : « Dans son dernier manifeste, à paraître à l’occasion des 70 ans de l’Adetem, son Conseil Scientifique écrit : « Et si le marketing se réinventait pour contribuer à la recherche d’un équilibre entre libertés individuelles et responsabilité collective, au profit de tous et de notre planète ? En réorientant son savoir-faire, en s’ouvrant, en conciliant. En redéfinissant la place et le rôle du marketeur dans l’entreprise et le corps social. » : que vous inspire cette réflexion ? »

Valérie Brisac : « Se poser cette question, c’est reconnaître que la responsabilité collective a été trop longtemps ignorée. Il est temps en effet de rééquilibrer liberté et responsabilité, car il n’y a pas de liberté sans responsabilité, que ce soit au niveau de l’entreprise ou au niveau des individus. Nous sortons tout juste d’une sorte de cécité collective, où le « toujours plus », la création de nouveaux besoins sans limites n’était pas questionnée, du moment que cela servait les intérêts de l’entreprise et que le marché répondait. Des générations de consommateurs ont grandi dans un système où le marketing a glorifié la consommation, en a fait un marqueur social, de différenciation, voire de source unique du bonheur, sans se préoccuper des impacts de ce modèle. Aujourd’hui, on voit bien que cela ne tient plus, tant les signaux, les études, les alertes fusent de partout, et que la société est en attente d’un autre discours.

« Se réinventer : c’est vraiment le mot, tant le changement nécessite un rétropédalage complet, et ce à plusieurs niveaux. Il faut commencer par prendre conscience du fait que l’entreprise a un pouvoir très important, à la fois dans sa proposition de service mais également sur la culture, les messages qu’elle transmet, et les moyens dont elle dispose. Ce pouvoir oblige, et les marketeurs doivent reprendre les sujets à la base : au niveau des produits et services (en quoi ce que l’entreprise propose est utile ? de qualité ? apporte des bienfaits ? en quoi le modèle de production est-il responsable ?) ; des messages (quels comportements l’entreprise essaie-t-elle d’induire ? favorisent-ils le collectif ?) ; des canaux (comment est-ce que je m’adresse à mon marché ? est-ce responsable ?), etc. C’est tout le système de pensée qu’il faut remettre à plat.

« Le marketing ne peut se réinventer seul, il lui faut un mandat clair de la part de la gouvernance. Sans changement de logiciel, les marketeurs ne pourront pas changer structurellement les choses, si le seul indicateur reste celui du résultat à court terme. Les équipes marketing pourront proposer, tester de nouvelles approches, mais ne pourront pas aller plus loin sans changement de stratégie et d’indicateurs de performance. C’est le propre des entreprises à mission que de donner la possibilité à la gouvernance d’adopter une nouvelle boussole, qui rééquilibre justement liberté et responsabilité. Ce cadre laisse toute sa place à l’innovation, à la créativité des équipes R&D, marketing, au service d’objectifs conjuguant intérêt économique et impacts positifs pour l’environnement et la société.

« La bonne nouvelle, c’est que dans ce nouveau cadre de liberté d’action, le marketing peut faire des merveilles au service d’un nouveau récit, tant son pouvoir est grand. Imaginons tous les savoir-faire des marketeurs dédiés à la redéfinition de la proposition de valeur : nouvelle raison d’être de l’entreprise, capacité d’innovation, veille sur les attentes profondes de la société, choix d’influenceurs, de canaux de communication, de nouveaux éléments de langage … Tous ces talents, ces outils, cette expérience accumulée, mis au service d’un nouveau projet permettant d’articuler liberté et responsabilité, peuvent très concrètement changer les choses, ringardiser certains modes de consommation et en valoriser d’autres. Et ce faisant, remobiliser les équipes autour d’un projet servant non seulement l’entreprise, mais aussi la société dans son ensemble ».

Le « Made in France », par Arnault Daubresque, Némès

Peut-on – et comment – construire une stratégie marketing sur le Made in France ? Pour (tenter de) y répondre, le 24/04 au matin, le Pôle Prospective de l’Adetem, donnera la parole aux entreprises qui le mettent concrètement en œuvre.

Pour vous mettre l’eau à la bouche, un rapide interview de Arnault Daubresque, Founder & CEO de Némès.

Question : Némès porte un nouveau modèle de bijouterie, très innovant, qui requiert une fabrication locale, au plus proche des clients. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Arnault Daubresque : Némès est en effet la première et la seule marque de bijouterie sur-mesure accessible (à partir de 69€) au monde. Pour donner vie à des bijoux tous uniques, créés en ligne par nos clients, nous avons dû construire une chaîne logistique très particulière, combinant artisanat et nouvelles technologies, 100% made in France. Les bijoux requièrent l’intervention de plusieurs ateliers, certains étant en Bourgogne, d’autres dans le Lot, dans le Perche ou en Île-de-France. Cette proximité entre les différents ateliers et savoir-faire, ainsi qu’avec nos équipes, est nécessaire tant proposer du sur-mesure de manière massive est un défi logistique.

C’est un défi mais également une opportunité et une chance : nous pouvons ouvrir les portes de nos ateliers et présenter les personnes qui travaillent à la réalisation des bijoux, qui pourraient être les voisins ou les amis des clients finaux. Leur présence dans divers espaces géographiques français peut aussi ancrer le projet de manière locale, et devenir une source de fierté pour nos clients dans différentes régions. La transparence et la proximité sont des valeurs extrêmement fortes pour créer du lien et rassurer nos clients, qui découvrent avec nous concept dont ils n’avaient souvent jamais entendu parler auparavant.

Le « Made in France », par Paola Fabiani, Wisecom

Peut-on – et comment – construire une stratégie marketing sur le Made in France ? Pour (tenter de) y répondre, le 24/04 au matin, le Pôle Prospective de l’Adetem, donnera la parole aux entreprises qui le mettent concrètement en œuvre.

Pour vous mettre l’eau à la bouche, un rapide interview de Paola Fabiani, Présidente Fondatrice de Wisecom.

Question : Quand on évoque le Made in France, on oublie le domaine des services, or pourtant la dimension humaine est capitale, d’autant qu’elle se conjugue avec une dimension éthique très forte : vous pouvez nous parler de l’expérience Wisecom en la matière ?

Paola Fabiani : En partant du constat que certaines notions ont largement évoluées !

En effet à l’heure de l’IA, les distinctions définies jadis entre le service et l’industrie sont de plus en plus perméables et font émerger des nouvelles typologies comme l’industrie de service ou le service industrialisé.

De ce premier postulat en découle un second … Le savoir-faire à la française, mais pour tous les secteurs et en particulier ceux ou on ne l’attend pas, comme le service, la notion de service France garantie prend ainsi tout son sens.

C’est sur cette réflexion que le concept de Wisecom s’est en partie fondé.

Ou comment mettre en lumière à l’échelle européenne voire mondiale le savoir-faire à la française, « La French Touch », dans un métier de service ultra concurrentiel, souvent délocalisé comme le centre d’appel et en faire un argument de compétitivité, d’innovation et d’engagement !

Le Marketing digital de @ à Z, rencontre avec Yann Gourvennec

MarketingIsDead : Avec ton complice Hubert Kratiroff, tu viens de publier la nouvelle Bible du marketing digital, mais n’est-ce pas aujourd’hui un truisme ? Peut-on faire du marketing non digital ?

Yann Gourvennec : Commençons par préciser que ce terme de « nouvelle Bible du marketing digital » n’est pas de notre fait. C’est la phrase qui a été choisie par Jean-Philippe Timsit pour qualifier notre livre. La modestie nous impose cette précision.

Effectivement, ta question est tout à fait pertinente et c’est la première que nous nous sommes posée à nous-mêmes. Pourquoi écrire un livre sur le marketing digital en 2024 alors que cela devrait être une évidence ? Nous sommes tous utilisateurs d’outils digitaux, tous les marketeurs utilisent le digital, le digital est dans tout et tout se fait avec au moins une dose de numérique. Même le marketing traditionnel s’appuie sur des technologies digitales, on n’y échappe pas, elles sont omniprésentes. De là à ce que tous les marketeurs soient au fait des subtilités de cette discipline, par ailleurs fort large et hyper segmentée…

Tel est notre constat de praticiens sur le terrain, mais aussi d’enseignants dans les écoles, aussi bien auprès des formations initiales que continues, nous amène à penser qu’une grande marge de progression est encore possible dans ce domaine.

Certes, le Web s’est imposé à tous depuis 30 ans, et il devrait être une seconde nature, mais force est de constater que la pratique n’est pas toujours à la hauteur de ce qui est attendu. D’une certaine manière c’est un peu normal, le marketing digital est une matière à la fois technique et marketing, une sorte d’alliance entre ces deux domaines, d’où notre prédilection pour ces nouveaux profils que nous nommons « full-stack marketers » en forme de clin d’œil.

Or, les « full-stack marketers » ne sont pas si nombreux que cela. Même dans les écoles et avec les générations prétendument digital natives, beaucoup d’acculturation est nécessaire. Dans un sens c’est une bonne chose, cela veut dire que nous avons encore du travail pour quelques années.

Tel était le but de ce livre, se présenter comme un nécessaire rappel aux fondamentaux, mais ce n’est pas tout.

Le Web et le monde de l’Internet traversent une période fort complexe, qui n’est pas décorrélée de la complexification croissante du monde qui nous entoure. Ceci nous oblige à rebattre les cartes en permanence. Ce n’est pas spécialement nouveau, mais l’accélération de ces dernières années est patente.

Et pas seulement à cause du Covid ni de l’intelligence artificielle. Mais aussi de la généralisation du mobile, de la complexification du SEO, du SEA, du content marketing, bref du bouleversement de ces fondamentaux qui n’étaient déjà pas encore digérés par le monde de l’entreprise.

En résumé, il n’est pas illogique de faire un livre sur le marketing digital aujourd’hui, c’est même une véritable nécessité, peut-être même que l’urgence n’en a jamais été autant ressentie que dans ces dernières années.

MarketingIsDead : Votre livre regorge des infos les plus actuelles, mais avec le développement des IA dans combien de temps sera-t-il obsolète ?

Yann Gourvennec : Nous sommes bien conscients de la durée de péremption des technologies.

Et c’est pour cela que nous inscrivons toujours nos livres dans le temps long. Il faut donner, c’est ce qui manque beaucoup aux professionnels, une vision et des outils pour pouvoir décrypter les technologies dans la durée et non dans l’instant. Or, c’est une constante de cette période d’essayer d’écrire l’histoire des technologies en temps réel, ce qui n’est pas possible. Car les innovations prennent souvent beaucoup de temps pour s’instaurer dans les usages et dans nos sociétés. C’est contre-intuitif, à l’heure où on parle, souvent à tort et à travers, d’accélération numérique.

Il est une sorte de miroir aux alouettes notamment dans cette période qui est marquée par les IA génératives. Et on y retrouve d’ailleurs systématiquement notre schéma de digestion des technologies, comme pour les innovations du passé. Sans oublier d’ailleurs que l’intelligence artificielle elle-même est un vieux champ d’application, puisque j’ai moi-même démarré ma carrière informatique dans ce domaine.

D’une part, il est une tendance à exagérer les promesses de la technologie avant même d’en avoir réellement évalué la portée (ce qui prend souvent quelques années). Et d’autre part, on trouve les hypothèses négativistes qui tendent à minimiser l’importance de la technologie ou à en souligner uniquement les côtés néfastes.

Bernard Stiegler, le philosophe qui nous a quittés malheureusement il y a quelques années, décrivait ces technologies comme des « Pharmakon ». Par là il voulait dire qu’elles étaient à la fois le mal et le remède. C’était très bien vu il faut être capable d’embrasser cette ambivalence et de la comprendre pour pouvoir véritablement voir où va cette technologie. Et ne pas croire que les miracles ni les catastrophes arrivent instantanément.

C’est pour cela qu’au travers du livre, nous fournissons des outils comme notre matrice de la digestion des technologies.

MarketingIsDead : Au millénaire dernier Christopher Locke et ses copains du Cluetrain manifesto lançaient un lapidaire “Markets are conversions”.  Finalement n’est-ce pas toujours ça la base du marketing digital ? Le reste n’est-il pas que des outils qui vieilliront plus ou moins vite et plus ou moins bien ?

Yann Gourvennec : Nous sommes bien entendu comme toi des disciples de Doc Searls[1] et ses compagnons. Ce mantra, qui avance que les marchés sont la résultante de conversations entre clients, est effectivement le fondement du marketing. Et d’ailleurs c’est pour cela que la dernière partie du livre, la septième, est entièrement dédiée au marketing du bouche-à-oreille, une discipline injustement méconnue en France et peu enseignée, que je contribue moi-même à professer depuis maintenant plus de 17 ans.

C’est un sujet fondamental qui va bien au-delà des outils. D’ailleurs mon cours inclut les médias sociaux, mais les place en dernier, car ils ne sont que la partie visible du bouche-à-oreille, non sa partie majoritaire.

Il faut donc effectivement revenir aux fondamentaux et c’est pour cela que nous fournissons ces outils méthodologie qui sont plus de l’ordre de l’approche stratégique et qui seront toujours valables. Dans 100 ans, on pourra encore relire cette partie sur le marketing du bouche-à-oreille, sans doute que l’on devra l’adapter à la marge, mais ses fondamentaux seront toujours vrais.

Est-ce qu’il y aura encore à cette époque-là des médias sociaux dans la forme où on les connaît aujourd’hui, j’en doute grandement? D’ici là, d’autres formes de technologies d’échange et de communication auront émergé et c’est tant mieux. Car depuis le temps que nous travaillons sur les médias sociaux professionnels (LinkedIn a fêté ses 20 ans l’an dernier), le monde a beaucoup changé, un besoin de nouveauté se fait sentir grandement qui n’est pas encore satisfait par les nouvelles plates-formes sociales (Bluesky, Threads…), qui arrivent sur le marché et qui ne réussisent d’ailleurs pas à détrôner X.com.

En conclusion, tu as parfaitement raison, il faut être capable de dépasser les outils, mais force est de constater que les utilisateurs sont attirés par eux. Ils sont à la fois fascinés et effrayés par les technologies. C’est pour cela que nous leur conseillons nos logiciels et services en ligne favoris, à la fin de chaque chapitre et tout au long du livre.

Nous sommes donc face à un paradoxe intéressant.

Les technologues chevronnés savent utiliser ces outils et les regarder avec du recul, de manière rationnelle, sans fantasmer, ni paniquer. A nous d’apprendre aux professionnels et futurs professionnels de garder la tête froide, même en ce moment où le monde entier perd la raison à vouloir la sous-traiter à des machines.

Ils savent qu’il faut du temps pour qu’une technologie trouve sa place dans les usages et qu’on puisse dire en fin de compte : « est-ce que cela m’a fait gagner du temps et est-ce que je suis plus efficace avec cet outil ».

C’est seulement avec ce temps et ce recul que l’on peut véritablement évaluer l’efficacité du numérique et du marketing digital en particulier.


[1] Voir https://vismktg.info/searls

Le « Made in France », par Emilie Faget, Appinio

Peut-on – et comment – construire une stratégie marketing sur le Made in France ? Pour (tenter de) y répondre, le 24/04 au matin, le Pôle Prospective de l’Adetem, donnera la parole aux entreprises qui le mettent concrètement en œuvre.

Pour vous mettre l’eau à la bouche, un rapide interview de Emilie Faget, Directrice de clientèle, Appinio.

Question : Avec l’inflation, les Français plébiscitent-ils encore le Made in France ? Tu as quelques chiffres à nous dévoiler sur le sujet ?

Emilie Faget : Selon notre étude réalisée pour @LSA, la consommation de produits Made in France s’est dans l’ensemble maintenue en 2023 (à 39 %), voire a augmenté pour près d’un tiers des Français (30 %), et ce malgré une hausse notable des prix de ce type de produits, constatée par 82 % des répondants. Rappelons que le pays de fabrication est un critère d’achat important pour 62 %, des Français, et même déterminant pour 1 personne sur 4

Plus des deux tiers des Français (69 %) considèrent notamment que le Made in France est la garantie d’avoir un produit de meilleure qualité.Mais notre étude révèle aussi qu’un tiers de Français (32 %) ont réduit leurs achats Made in France, une baisse directement liée à l’inflation puisque plus les répondants ont vu leur pouvoir d’achat impacté et plus ils ont restreint ces dépenses (en baisse pour 47 % des Français les plus touchés par l’inflation).In fine, si 76 % se déclarent prêts à dépenser plus pour du Made in France, en particulier pour les produits alimentaires et les produits d’hygiène/cosmétiques (suivi de l’habillement, l’automobile et les jouets), seuls 28% sont prêts à payer entre 5% et 10% plus cher, et 11% plus de 10% plus cher.