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Author:Marketing is Dead

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2 e.réputations, mais un seul personal branding #1

J’ai rédigé ce papier pour mes amis Yann Gourvennec et Hervé Kabla, il paraît aujourd’hui dans La communication digitale à mon boss que les joyeux duettistes publient chez Kawa – en commande ici, attention, c’est épais !

la-communication-digitale-expliquee-a-mon-boss.jpg

Avec le Web social, la frontière devient extrêmement poreuse entre e.réputations personnelle et professionnelle : faut-il s’en alarmer … ou faut-il plus simplement savoir en jouer ?

Notre vie privée n’existe plus

Aline, Albert, John – peu importe – publie quelques photos de la dernière fête organisée par son école sur sa page Facebook : on y découvre Alain, Albertine, Gustav – peu importe – un verre à la main … et complètement nus !

Tous leurs amis vont bien s’amuser – et même ceux qui ne connaissent pas Alain, Albertine, etc. : manifestement la petite soirée à laquelle ils ont participé s’est révélée bien arrosée, mais rien de grave !

Alain, on le retrouve d’ailleurs sur d’autres pages Facebook, toujours un verre à la main, quand ce n’est pas une bouteille, c’est un camarade agréable que l’on prend plaisir à inviter … même si parfois, il se laisse aller trop loin : bref, il porte depuis longtemps une sacrée réputation de fêtard – dans la vie « réelle », mais aussi maintenant sur la toile, puisque ses amis l’ont plus qu’à son tour épinglé sur Facebook.

Gustav, mis à part cette soirée où il s’est laissé aller à picoler plus que d’habitude avec Alain, se montre très discret sur Facebook : en fait, il soigne beaucoup plus sont profil sur LinkedIn, où il participe à divers groupes de travail, très ciblés – il s’y est peu à peu créé une assez solide réputation de spécialiste du Community Management.

Et donc tout naturellement, il déborde également d’activité sur Twitter où il dispose d’un réseau de plus en fourni de followers – à titre personnel, mais aussi sous son identité professionnelle, justement comme community manager de son employeur.

Là où Alain doit composer avec une e.réputation personnelle sulfureuse, Gustav a réussi à se construire une e.réputation professionnelle très respectable : voici donc deux mondes bien éloignés loin de l’autre, celui de l’e.réputation personnelle, et celui de l’e.réputation professionnelle.

Ce matin Gustav a rendez-vous avec son futur employeur : comme ses écrits font de plus en plus autorité sur les réseaux professionnels (car il poste aussi volontiers sur SlideShare ou sur YouTube), un chasseur ne tête l’a chaudement recommandé au directeur des ressources humaines d’une société en pleine expansion – de celles sont le nom figure comme une médaille sur un CV.

Ce que Gustav ignore, alors qu’il pérore face à son interlocuteur, c’est que ce dernier n’a conservé dans son dossier, aucune trace de LinkedIn, Twitter, SlideShare, YouTube : juste une petite copie d’écran de cette page Facebook où il apparaît en compagnie d’Alain et quelques autres – et manque de chance, leur ami commun n’a jamais su gérer les droits publics ou privés du réseau social !

Comme le montre cet exemple fictif, e.réputations personnelle et professionnelle peuvent aisément se télescoper pour le plus grand désagrément de l’individu concerné : sphères privée et professionnelle ne constituent pas des ensembles très hermétiques … du moins sur la toile : trois salariés d’Alten en ont fait la triste expérience au printemps 2010.

Les imprudents, peu satisfaits de leurs conditions de travail, avaient dénigré leur employeur sur Facebook : l’affaire n’aurait pas débordé du cercle de leurs amis, si justement un de ces « amis » (les guillemets d’impose) n’avait dénoncé leurs propos à la direction des ressources humaines !

Bref, espérer distinguer e.réputations personnelle et professionnelle constitue désormais une gageüre : en fait, notre vie privée n’existe plus vraiment.

à suivre …

PME : Gagnez en compétitivité grâce à votre marketing

Les PME, tout le monde les courtise … mais le marketing les ignore – et elles lui rende bien !

Le marketing tel qu’il s’enseigne aujourd’hui – et celui qui fait rêver les étudiants des écoles de commerce –, c’est celui que pratiquent les multinationales : un marketing peut-être efficace – quoi que 90% des lancements aboutissent … à des échecs ! – mais souvent cher, et en tous cas nécessitant des moyens hors de portée des petites entreprises.

PME.jpg

Et pourtant, avec un peu de méthodes et tout autant de bon sens, les PME pourraient décupler leurs résultats, en commercialisant des produits ou services mieux adaptés aux attentes de leurs clients : leur proposer des grilles méthodologiques adaptées à leurs capacités et à leurs besoins, tels sont les objectifs que nous nous sommes fixés avec Sophie Callies en rédigeant ce livre.

D’autant qu’avec les médias sociaux, les petites entreprises peuvent désormais lutter presque d’égales à égales avec les très grosses : bien souvent même, les PME se révèlent plus agiles et performent là où les multinationales patinent !

Bovary is dead!

Bovary21.jpgJ’ai eu la chance de lire cet été en « avant-première » le dernier opus de mon ami Georges Lewi : Bovary21.

En fait, c’est un des 3 ouvrages que j’ai emporté en vacances avec deux sommités : le dernier Murakami et L’homme qui rit.

Pour moi, il existe deux types de romans (= de mon point de vue de lecteur) : ceux que je ne peux terminer, tellement ils sont boursoufflés d’inutile (j’ai calé sur L’homme qui rit, tellement Hugo se la joue puits de science verbeux – le même travers que pour les derniers Eco) ; et ceux que j’achève en passant la vitesse supérieure (comme 1Q84, que j’ai lu d’une traite).

Bien évidemment, je ne comparerai Bovary21 ni à l’un, ni à l’autre : mais j’avoue avoir passé un bon moment ! Il se lit facilement, comme un policier : en fait, on attend depuis le début de savoir comment Georges va tuer son héroïne.

Son éditeur (en 4ième de couverture) dit que le livre flingue à tout va dans le petit monde du marketing … mais l’auteur commence par lui-même, avec un petit « Georges » mort né.

Et puis il y a aussi le nom du blog d’Emma, La tendance est morte, qui n’est pas sans m’évoquer un certain marketing, lui aussi décédé !

Difficile quand on est impliqué dans le marketing de prendre du recul par rapport à l’histoire : un roman, et notamment la suite de Flaubert, reste un roman, mais il est clair que la génération Y se prêtait bien à ce traité.

J’attends avec impatience la pièce de théâtre – puisque l’auteur évoque sur son blog un triptyque, avec l’essai Les Nouveaux Bovary !

C’est la rentrée

Income disparity between rich and poor growing rapidly.

Selon l’Insee, l’écart entre riches et pauvres s’est encore accru en France.

La paupérisation des catégories sociales les plus démunies – et l’élargissement de la fracture sociale – ne constitue pas une fatalité pour les vieilles économies libérales, et notamment en France ! Bonne nouvelle ?

Pas vraiment !

Beaucoup diagnostiquent comme un retour de tendance : pendant les Trente Glorieuses, la croissance a profité à tous, y compris aux ouvriers et aux employés – en d’autres termes, la France s’enrichissait pour le plus grand bien … de tous !

Aujourd’hui, c’est au tour des BRICS de s’enrichir … et à nous de souffrir : croissance atone et élargissement de la fracture sociale – pardon, du gouffre.

Sauf que ça ne marche pas comme ça : la 1ère citation, je la tire du … Sunday Time, édition de Jaipur ! En 2012, les riches urbains gagnaient en Inde 15 fois plus que les pauvres, avec une forte tendance à l’accélération des disparités.

Erreur de diagnostic : la confiscation des richesses par les plus aisés n’est pas une fatalité endémique de pays vieillissants comme le nôtre ; c’est une réalité mondiale, qui frappe aussi les économies en pleine croissance.

Les BRICS ne vivent pas leur Trente Glorieuses : elles vivent autre-chose, une période de croissance ininterrompue (comme la France de l’après-guerre), mais qui ne profite pas à tous.

Conséquence la mondialisation – ou plutôt d’une certaine mondialisation où la concurrence exacerbée se fait aux dépens des plus pauvres ? Certainement.

Mais la question est : jusqu’où est-ce tenable ? Pas éternellement !

En Inde, les ultra-pauvres n’ont pas vraiment accès à l’information : à Calcutta, pas vraiment de prises dans les caniveaux pour brancher un hypothétique téléviseur et se gaver des séries dansantes de Bollywood !

Calcutta.JPG

A Delhi, c’est déjà différent : Rajeev Chowk, les Champs Elysées locaux, se situent à quelques centaines de mètres de la gare de New Dehli, qui sépare la vieille ville de la nouvelle ; ce sont deux mondes qui se regardent plus ou moins douloureusement (tout dépend de quel côté on se situe).

Et les ouvriers qui construisent le nouveau métro (et vivent dans des baraquements plus moins salubres) voient passer les limousines qui pénètrent dans les jardins de l’hôtel Impérial !

Et en France ? En Espagne ? En Europe ?

La rentrée sera-t-elle chaude ?

En attendant, quelques images pour rêver encore un peu …

02 Bénarès (34).JPG03 Jaipur (29) Palais des Vents.JPG

05 Agra (74) Taj Mahal.JPG

03 Jaipur (51) Amber Palace.JPG

06 Route Agra Delhi (6).JPG

De l’utilité du marketing dans les startups

MarketingStartups.pngArticle publié pendant les vacances dans Business Angel France.

Il y a un an, Olivier Aizac, le fondateur du Bon Coin intervenait à la Nuit du Marketing organisée par l’Adetem : devant un plateau de plusieurs centaines de marketers, il révélait que le marketing n’avait jamais constitué une préoccupation pour lui. En 2012, le Bon Coin rivalisait déjà avec eBay en France … et n’était déjà plus une startup; pourtant, le site n’avait que 6 ans au compteur, ce qui n’est pas si vieux. En d’autres termes, le Bon Coin avait réalisé le rêve de toute startup : devenir en quelques années un grand parmi les grands, comme Google, Facebook ou plus récemment, AirBnB.

En s’exprimant ainsi, Olivier Aizac retraçait le parcours mythique – car on peut réellement parler de mythe – de la startup d’aujourd’hui : une bonne idée, une solide dose de culot … et surtout, pas de contraintes – et donc pas de marketing.

Google, le Bon Coin : on parle volontiers des startups qui crèvent l’écran … mais on oublie que le cimetière des startups qui se sont crashées peu après le décollage est certainement nettement plus fourni !

Par ailleurs, quand Olivier Aizac, un peu plus tard dans la soirée, nous expliquait qu’aux tous débuts du site, il appelait lui-même les clients qui avaient mal rédigé leurs petites annonces pour les aider à mieux vendre, il avouait simplement … faire du CRM, c’est-à-dire du marketing !

Mais il demeure de bon ton de ne pas faire de marketing : pour beaucoup, cela préserve l’aura du créateur de génie. Moyennant quoi, ils perpétuent l’antienne que le marketing ne sert à rien et que seule compte l’idée géniale … qui, en plus, est la leur. Moyennant quoi, ils ne se soucient du consommateur que comme d’une guigne – intelligent s’il achète leur produit ou leur service ou demeuré s’il ne le fait pas. Le seul problème, c’est que le consommateur a toujours raison tout simplement parce que c’est lui qui finance – sur le long terme – la startup : certes, pour le court terme, il y a les investisseurs financiers, mais ces derniers se lassent souvent très vite, surtout quand tardent les résultats.

En 2005, de brillants ingénieurs lançaient LE terminal Internet intelligent du futur : un lapin WiFi nommé Nabaztag. Vous n’en avez jamais entendu parlé ? Normal, le petit animal n’a jamais séduit que quelques geeks – dont ses créateurs. Hélas les internautes l’ont massivement snobé. Qui s’est montré stupide, en fait ? Les ingénieurs qui ont conçu le produit ou les consommateurs qui ne l’ont pas acheté ?

Le marketing aurait enseigné d’écouter un peu les avis des consommateurs (pas seulement, mais un peu …) ; mais le marketing ne sert à rien.

Avec le développement – je devrais dire l’explosion – de la consommation collaborative, on voit émerger de ci, de là, des sites qui ressemblent étrangement à ceux qui ont superbement réussi ces dernières années : le marketing dirait de ne pas tenter de recopier à l’identique un modèle existant, si efficace soit-il ; mais le marketing ne sert à rien.

Aujourd’hui, nombreuses sont les startups qui se lancent, la fleur au fusil et une bonne idée dans la tête : ils refont le coup du marketing de l’offre – du marketing d’avant la 1ère Guerre Mondiale, quand il n’y avait pas vraiment besoin de marketing et que l’on pouvait se passer de l’avis des consommateurs. Mais aujourd’hui Henri Ford est décédé et l’industrie automobile souffre de ne pas savoir s’adapter à un consommateur qui change sans cesse. Le problème, c’est que bien souvent, les patrons de startup souffrent d’un certain manque d’humilité : ne leur demandons pas de moins croire à leurs idées, conseillons-leur simplement de croire aussi à ce qu’en pensent – de leurs idées – leurs clients potentiels.

Et peut-être serait-ce aussi le rôle des business angels, qui possèdent un peu plus de recul et d’expérience, que ne pas leur apporter que des sous, mais aussi un peu de méthode … et de marketing !

Les entreprises face à l’e-réputation

Tribune Mai 2013.pngArticle paru dans la Tribune de l’assurance – Mai 2013

En 1999, les auteurs du The Cluetrain Manifesto publiaient leurs 95 thèses, dont la 1ère et la plus célèbre : « Les marchés sont des conversations ».

Depuis, bien des annonceurs l’ont vérifié à leurs dépens, comme Dell en 2005, quand un certain Jeff Jarvis publia sur son blog une lettre ouverte dénonçant ses manques en matière de SAV.

Dans les mois qui suivirent commença pour la marque une véritable descente aux enfers avec une chute de près de 50% de la valeur de son action !

Heureusement, toutes les crises qui affectent les marques sur la toile ne se révèlent pas si grave : la plupart du temps, l’entreprise rectifie ses erreurs, et les consommateurs oublient aussitôt.

Ainsi, ses clients ont déjà tourné la page du licenciement par Monoprix d’un employé de 59 ans, suspendu pour avoir récupéré dans la benne à ordure et emporté chez lui 6 melons et 2 salades !

L’enseigne a eu le bon goût de ne pas s’enferrer dans sa démarche procédurale : d’ailleurs aujourd’hui, bien des avocats spécialisés recommandent d’éviter les procédures trop abruptes quand les problèmes peuvent se régler autrement.

D’autant que souvent les consommateurs qui attaquent les marques sur les médias sociaux se révèlent des aficionados … déçus : bien souvent, il suffit de les prendre en conversation privée pour qu’ils se répandent en louanges, leur cas résolu positivement.

D’où importance du Community Management : mieux vaut éviter de le déléguer au premier stagiaire venu, sous prétexte que c’est un « truc de jeunes » !

Parfois, même des spécialistes chevronnés auront du mal face à l’avalanche de tweets, commentaires et autres posts : l’équipe d’Air France se souvient encore avec effroi du week-end de folie qui suivit l’accident nucléaire de Fukushima !

Un nouveau monde est en train de se construire, extrêmement complexe pour nombre d’entreprises qui ne s’y sont pas préparées.

Complexe parce qu’il l’est de dialoguer avec des consommateurs qui vous demandent immédiatement des comptes sur la moindre de vos initiatives.

Complexe parce que les entreprises doivent aussi manager des collaborateurs de la génération Y, rompus à des pratiques jusque-là méconnues – voire interdites par les DSI.

Complexe enfin parce que les bouleversements apparaissent continuels : il y a cinq ans, le futur du web social s’incarnait en Myspace et Second Life.

Nul ne sait ce que l’avenir réserve à Facebook et Twitter.

Le livre blanc du Bulletin Board

Board.jpgVient de paraître Le livre blanc du Bulletin Board, cosigné par Guillaume Rhoden et Sébastien Gradeler, d’ED Institut ; Philippe Studer, directeur de l’institut et par ailleurs coprésident avec Serge Gutnick du Club Adetem Alsace, m’ayant demandé de préfacer l’ouvrage, je vous la livre ici ; pour télécharger le livre dans son intégralité, c’est à l’adresse bulletinboard.fr.

Au fil des ans, les bulletins boards se sont imposés comme la méthodologie qualitative de référence dans le domaine des études en ligne, alors que les instituts ont globalement échoué à adapter leurs approches traditionnelles au média Internet … malgré parfois des tentatives assez cocasses, notamment Outre Atlantique – mais les USA n’ont pas vraiment la fibre qualitative non plus !

A quoi tient un tel succès ? Certainement à un peu battage médiatique dans le microcosme des études marketing, mais pas seulement : en matière d’études comme pour n’importe quel autre produit ou service, ne s’imposent réellement que les bons produits, c’est-à dire ceux apportant des réponses pertinentes à des problématiques bien réelles.

L’innovation et la différence y contribuent, certes … mais ce n’est pas suffisant.

L’innovation n’en demeure pas moins flagrante : en fait, les études marketing n’en avaient pas connues d’aussi fortes depuis … bien longtemps ! Certes, les neurosciences leur permettent de progresser dans des domaines jusque là inexplorés : mais ces nouvelles approches constituent le fruit de longues évolutions, l’adaptation de résultats issus de la recherche médicale au marketing – on ne saurait parler de bouleversements ou de révolutions, même si encore une fois, tous ces travaux se révèlent essentiels.

Ici, on peut parler de rupture, comme pour le Web 2.0 et les médias sociaux (nous allons y revenir) ; et comme pour toutes les innovations de ruptures, les changement sont rapides.

Innovation et différence : les bulletins boards ne ressemblent que de très loin aux méthodologies classiques. Certes, ce n’est pas la première fois que l’on favorise l’expression des consommateurs à domicile : dans la foulée des premiers reality shows, Findus les a même filmés en train de se confectionner des pizzas.

Mais c’est bien la première fois que celle-ci se réalise de manière non intrusive : le consommateur reste seul, choisit l’instant de sa participation en totale liberté ; d’une tâche imposée on passe à une collaboration acceptée.

Surtout, il peut communiquer avec d’autres consommateurs en totale non synchronie, un peu comme dans un forum ou sur Facebook : je lis les avis des autres, je poste le mien, je reviens plus tard pour découvrir leurs réponses et échanges.

L’asynchrone offre une souplesse méthodologique que n’offrent pas les groupes qualitatifs par exemple : les participants peuvent discuter d’une thématique (la cuisine, par exemple), soulever des interrogations et y apporter des réponses, tester les solutions proposées par leurs pairs et/ou les marques lors de la préparation normale de leurs repas, revenir, échanger, tester à nouveau, proposer des alternatives, etc.

Il est clair que les bulletins boards ne mettront jamais en œuvre la dynamique des groupes qualitatifs, mais ils ne s’adressent pas non plus à la même mémoire : l’épisodique y est plus sollicitée que la sémantique, à l’inverse justement des groupes ; de ce fait, l’information recueillie apparaît nettement plus riche en termes de vécu personnel.

Là réside une des clefs du succès actuels des bulletins boards : ils répondent à des objectifs non, ou mal, adressés précédemment. Avant, tester un nouveau produit tout en recueillant un minimum d’informations qualitatives le concernant, tant au niveau du concept qu’à celui des usages, nécessitait la mise en œuvre de processus longs et complexes : groupes qualitatifs en amont, distribution de produits pour usage à domicile, retour auprès des consommateurs sous forme d’interviews à domicile ou de groupe si l’on veut renouer avec le partage d’expérience ; et bien évidemment, si une idée géniale émergeait lors de la dernière phase, impossible de la valider … à moins de repartir sur le terrain, phase initialement non budgétée par ailleurs.

Le process interactif asynchrone des bulletins boards favorise une meilleure inscription des études dans la vie quotidienne des consommateurs … d’autant qu’il renvoie à une pratique d’échanges très actuelle.

En effet, se réunir à 8 ou 10 dans une pièce pour discuter d’un produit ou d’une marque constitue nécessairement une situation totalement artificielle pour des consommateurs – sauf si ce sont des consommateurs « professionnels », ceux que l’on a justement tendance à éviter !

Par contre, réagir aux posts déposés par ses amis sur leur mur Facebook s’inscrit désormais dans notre vie courante, tout comme solliciter des conseils de leur part sur un forum : en l’espace d’une petite dizaine d’année, avec la montée en puissance du Web social, les comportements des Français ont profondément changé.

Les discussions en ligne ne se sont certes pas substituées aux discussions physiques – et heureusement ! Mais elles occupent néanmoins à leurs côtés, une place désormais incontournable, dégageant d’autres satisfactions : il est quand même plus agréable de publier la photo du gâteau que l’on vient de réussir sur sa page Facebook plutôt que d’attendre le lendemain pour en parler à des collègues préoccupés par l’arrivée d’un nouveau directeur ou l’annonce de licenciements.

Et l’on aura encore plus de plaisir en découvrant le soir les remerciements d’un ami qui aura suivi vos conseils et affiché l’image de son propre dessert !

Cette dynamique nouvelle, qui correspond à la « vraie » vie désormais des consommateurs, ne peut que déboucher sur des résultats positifs.

Cela étant, on se méfiera des effets de mode : les bulletins boards ne constituent certainement pas l’ultime panacée, bien au contraire … et il faut bien se garder de les généraliser pour cause d’amateurisme et de coûts, l’un évidemment lié à l’autre.

En effet, une étude ne se termine pas à l’instant où l’on ferme son forum, et le rapport ne se limite pas à la fourniture des verbatims doublée d’une laconique page de « synthèse » annonçant ce que doit être le produit idéal, tel que décrit en fin de parcours par les participants … car si c’est vrai que dans ces cas-là, un tel rendu ne saurait être cher – mais on se situe également loin des études marketing.

Et même si les bulletins boards peuvent se révéler attractifs en termes de prix, il ne faut pas oublier que comme les groupes qualitatifs, entretiens individuels, observation ethnographique, etc., ils ne peuvent résoudre que certaines problématiques – et pas toutes : la dynamique des groupes autorisera toujours une créativité que l’on ne retrouvera nulle part ailleurs ; tout comme les entretiens en face à face permettent une profondeur de recueil incomparable.

Par ailleurs, l’animation de bulletins boards nécessite des compétences nouvelles : à ses qualités traditionnelles de psychologue, le modérateur devra joindre des compétences en Community management, car désormais, la logique des médias sociaux s’insinue dans celle des études marketing ; car on ne fluidifie pas les discussions sur un bulletin board comme on le ferait lors d’un groupe qualitatif – même si dans les deux cas, le principe de neutralité s’impose.

Enfin, dans la mesure où le lien entre bulletins boards et médias sociaux s’effectue naturellement, il n’est pas impossible d’imaginer des solutions mixtes, où certains inputs utilisés dans l’animation des bulletins boards proviendraient de l’analyse des conversations préexistantes sur les médias sociaux ; voire où certains participants aux bulletins boards pourraient se recruter directement sur ces derniers, en respectant évidemment les règles éthiques liées à leur vie privée.

Ce faisant, on s’achemine progressivement du monde des études marketing à celui du marketing collaboratif ; mais aujourd’hui, avec l’horizontalité des discussions sur le Web social, les frontières ne sont plus étanches entre les différentes pratiques liées à la connaissance des consommateurs et à l’innovation : de vastes chantiers s’ouvrent à nous.

Truffaut s’assied sur son image et sur l’éthique, c’est son droit.

Je reçois la semaine dernière un mail de « Truffaut et Vous » avec pour objet : « Donnez votre avis et tentez de gagner ».

Deux logo en haut de message : Truffaut à gauche et Institut DWI, sondages en ligne à droite.

Truffaut 1.jpg

Pour moi, humble consommateur, c’est assez évident : DWI réalise une étude de marché pour Truffaut et pour me motiver à répondre, on me propose de gagner un barbecue et quelques autres bricoles.

Consommateur désabusé, je jette le mail à la poubelle … mais marketer curieux, je clique sur le lien, vu que je ne connais pas d’Institut DWI – et pourtant le monde des études marketing n’est pas très vaste !

« Répondez à cette enquête et tentez de gagner les lots proposés », m’annonce-t-on, en précisant : « Enquête destinée aux personnes résidant en France Métropolitaine » : c’est bien une étude de marché, je commence à répondre.

Truffaut 2.jpg

Et rapidement, on me demande si j’ai des sous pour m’acheter un bien immobilier – tiens donc ! Et surtout, on me propose d’être « appelé par un conseiller Logic-immoneuf » !

Truffaut 3.jpg

Quoi ? Truffaut fait de la retape pour Logic-immoneuf : mais quel est le lien entre les deux ? Et qui est ce mystérieux Institut DWI qui joue les entremetteurs ?

D’Institut DWI, il y en pas vraiment en France : en fait, juste un faux nez pour constituer des bases de données marketing direct, comme le précisent les mentions légales : « Le service Institut DWI est un service de collecte de contacts qualifiés et de sélection et de diffusion d’offres promotionnelles par courrier électronique (e-mail, SMS, MMS) ou par courrier postal » … donc ne cherchez pas un « vrai » institut, membre du Syntec ou d’Esomar, juste un truc pour tromper la confiance des consommateurs !

Personnellement, j’appelle ça du mensonge : peut-être pas à la lettre, mais dans l’esprit : pas étonnant après que les consommateurs disent « tous menteurs, tous pourris » en parlant des marketers, vous vous apprêtez à répondre à une enquête pour du jardinage et on essaie de vous fourguer de l’immobilier.

CR DARWIN qui se cache derrière Institut DWI n’est pas le seul à prendre les consommateurs pour des cons : le problème, c’est qu’aujourd’hui les consommateurs le rendent bien au marketers – hélas, aux marketers honnêtes aussi, qui prennent pour les (rares, mais pernicieux) autres !

Marketing is dead : vous voyez bien qui est en train de creuser la tombe !

Et qu’est-ce que Truffaut vient faire dans cette galère ? Je ne sais … mais ce qu’ils doivent gagner d’un côté, ils le perdent de l’autre en image ! Déjà qu’en magasin, les vendeurs sont à la limite compétents … mais ça, c’est une autre histoire que je pourrais raconter un autre jour !

En tous cas, l’éthique, c’est quelque-chose qu’ils ne semblent pas vraiment connaître – pas plus que leurs compères engagés dans cette pseudo-enquête : mais vouloir ternir leur image en se muant en vendeur immobilier de bas étage, c’est leur droit.

Au-delà de l’anecdote, il y a quand même une vraie réflexion à mener – et des mesures à prendre, si on ne veut pas devenir encore moins crédibles que les hommes politiques …

Le futur du marketing

Futur.jpgParmi les récentes questions reçues d’étudiants en pleine rédaction de leurs mémoires universitaires, celles de Damien qui s’interroge sur le futur du marketing, vaste sujet !

Question : Mes premières recherches mettent en avant une profonde mutation du marketing ces dernières années …

Je ne saurais dire le contraire puisque que je la diagnostiquais dès le début des années 2000, dans La grande mutation des marques High Tech, puis dans Marketing 2.0 ! Les marketers ont prendre en compte ce que les chercheurs du Cluetrain Manifesto prédisaient dès 1999, à une époque où l’o ne parlait pas encore de médias sociaux : les gens trouvent un grand plaisir à discuter entre eux sur la toile. Ils parlent de tout et de rien – et des produits et des marques qu’ils achètent aussi : on a appelé ce nouvel Internet, Web 2.0, d’où le nom de mon second livre consacré à cette mutation sociétale.

Mais attention, marketers et publicitaires se laissent plus souvent fasciner par les mots que par les idées : pour beaucoup, le Marketing 2.0 n’est plus à la mode, il faut passer à autre chose … ce qui est stupide ! La rupture, c’est le passage d’une communication verticale (où les marques disposaient de tous les pouvoirs) à une communication horizontale (où les consommateurs ont les moyens d’engager le dialogue avec elles) : on voit mal ces derniers renoncer à leurs nouveaux droits, sous prétexte que ce n’est plus à la mode …

Question : Ces premières recherches font également ressortir des évolutions majeures dans 7 domaines différents : Digital,  CRM, Innovation, Trade, Marketing de marque, Marketing Social/durable, Compétences transversales : laquelle trouvez-vous prioritaire et pourquoi ?

Le digital n’est pas une priorité : c’est une réalité ! Penser qu’il faut digitaliser le marketing est un non sens : peut-on concevoir un marketing sans digitalisation .

Le véritable challenge est certainement le dernier, celui des compétences transversales … mais elles ne doivent pas se limiter au compétences marketing. Les marketers doivent retirer leurs œillères et regarder un peu en dehors du marketing, s’intéresser aux sciences humaines, aux sciences cognitives, à la « vraie » vie : il ne s’agit pas d’ausculter les consommateurs en commandant des études de marché, il faut aussi se frotter aux citoyens, les rencontrer. On comprendra mieux les limites au pouvoir des marques en allant se promener entre les rayons d’un hard discounter de banlieue.

Evidemment, une telle ouverture d’esprit ne s’apprend pas, contrairement au marketing : c’est pourquoi je préconise une formation universitaire avant de lancer dans le marketing, on y acquiert une démarche intellectuelle, une curiosité que l’on apprendra plus ensuite.

Question : Quels métiers actuels considérez-vous comme essentiel pour répondre au marketing de demain ?

Deux métiers me semblent fondamentaux.

Le Consumer Insight Manager : celui qui va au contact des consommateurs pour mieux les comprendre ; c’est une vision dynamique et pluridisciplinaire des services études d’antan. Son rôle, c’est d’inonder le marketing d’idées.

Le Community Manager : celui qui dialogue avec les consommateurs, c’est l’incarnation de l’entreprise ; le Community Management est fondamental, il devrait rapporter directement au board des entreprises.

Evidemment, ces deux métiers sont étroitement complémentaires, toute l’organisation marketing devrait se construire autour d’eux … il y a évidemment bien du chemin à parcourir !

Question : Selon vous, comment la formation de futurs marketers doit-elle évoluer ?

Je pense y avoir répondu plus haut : il faut envisager le marketing comme une discipline opérationnelle (même le marketing dit stratégique est une discipline opérationnelle) venant compléter une formation pluriculturelle solide.