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Interviews

Quelques nouvelles du front avec Hervé Kabla

Vient de paraître aux éditions Kawa Le confinement expliqué à mon boss ; rencontre avec son initiateur Hervé Kabla.

MarketingIsDead : Pourquoi un tel livre alors qu’on parle déjà de déconfinement ?

Hervé Kabla : Déconfinement, vraiment ? je ne suis pas si optimiste. Quand le gouvernement parle du 11 mai, quand on rentre dans les détails, on se rend compte qu’il y aura peu d’entreprises qui pourront effectivement sortir du confinement. Le livre restera d’actualité, parce que je pense que de nombreuses entreprises auront encore à réfléchir à l’impact du confinement.

Ce livre est né d’une série de questions, que je me suis posées dès la première semaine de confinement, comme de nombreux autres chefs d’entreprise et de patrons d’agence. Comment allons-nous fonctionner ? Quel va être l’impact sur les équipes ? Et sur les clients ? Pourrons-nous poursuivre notre activité commerciale ? Comment organiser un télétravail à grande échelle, alors que les enfants seront aussi à la maison avec leurs parents.

Un des patrons de mes agences partenaires, Benoit Raoult, dirige une agence à Shanghai. Autrement dit, en terme d’activité pendant le confinement, il disposait de 2 mois d’avances sur nous. En l’écoutant nous conseiller, je me suis dit qu’il y avait matière à écrire un livre pour aider les chefs d’entreprise pendant cette période particulière. J’ai contacté les éditions Kawa pour leur proposer le projet. Ils ont immédiatement suivi. J’ai embarqué 7 autres auteurs de la collection des livres expliqués à mon boss et c’était parti ! Le livre a été écrit en 10 jours, entre le 22 et le 31 mars, et est sorti officiellement le 6 avril.

Un dernier point : il était hors de question de gagner le moindre centime sur ce projet. Les revenus du livre seront intégralement reversés à la Fondation de France, dans le fond destiné au support des personnels de santé.

MarketingIsDead : Qui sont les auteurs ?

Hervé Kabla : Nous sommes huit auteurs, certains avaient déjà écrit dans la collection « à mon boss », comme Sylvie Lachkar, auteur du Social selling, Pierre Blanc, auteur de l’IA, ou Tiphaine Mayolle, auteur de La parentalité. Bien sûr, mon acolyte et alter ego Yann Gourvennec s’est totalement impliqué. Trois nouveaux auteurs nous ont rejoint : Emmanuelle Hervé, experte en communication de crise, Bertrand Duperrin, expert des RH et du digital et auteur de l’excellent blog Duperrin ) et Xavier de Mazenod, expert du télétravail.

Par ailleurs, nous avons interviewé des chefs d’entreprise avec des avis variés sur la posture à adopter face au confinement : Serge Delwasse (Cetrac), Manuel Diaz (eMakina), Clarisse Berrebi (cabinet Bolt), Philippe Grimminger (Flexsi) ou Christian Béghyn (Exos).

MarketingIsDead : Pourquoi ce livre intéresse-t-il les marketers ?

Hervé Kabla : Dans la phase difficile que nous traversons, il est important de jouer sur deux axes sur lesquels le marketing est fondamental : communiquer vis à vis des clients, préparer le futur.

Les clients, nos clients, sont dans le même pétrin que nous. Ils se demandent si leurs fournisseurs tiendront la route, si eux-mêmes auront la capacité à rebondir, ils attendent que nous leur parlions, sans leur mentir. Ces échanges seront fondamentaux. Les marques qui ne sauront pas communiquer pendant cette crise et qui continuerons de faire comme si de rien n’était, sans empathie, se trompent de combat. C’est, nous l’expliquons très tôt, l’une des priorités de l’entreprise confinée.

Préparer le futur a toujours été une des préoccupations des marketers. Anticiper les changements, identifier les besoins actuels et à venir, cela fait aussi partie de leur périmètre. C’est l’autre priorité à laquelle doivent s’atteler les marketeurs. Certaines entreprises vont devoir pivoter très rapidement. C’est faisable, il ne faut pas en avoir peur. D’autres doivent penser à imaginer de nouvelles offres, de nouveaux produits, sous peine de disparaître. Le digital devient, on le constate chaque jour, à coups de visioconférences et d’achats en ligne, non seulement essentiel, mais fondamental.

Bref, le confinement expliqué à mon boss est un livre qui vous concerne tous. Et en vous le procurant, vous ferez une bonne action.

L’aventure au coin de la ride

Danielle Rapoport vient de publier L’aventure au coin de la ride ; rencontre avec l’auteure, sociologue, consultante, conférencière … et membre du Comité Scientifique de l’Adetem.

MarketingIsDead : S’il fallait résumer en quelques lignes L’aventure au coin de la ride, c’est quoi le propos de ton livre ?

Danielle Rapoport : Ce livre est un parcours de ce que représente le vieillissement, à plusieurs étapes de la vie de femmes et des hommes interrogé(e)s, et de mon propre vécu, croisé aux théories empruntant aux sciences humaines – psycho/socio/philosophie – et aux neurosciences.

J’y différencie le cheminement du « vieillir », ses changements, ses crises et résiliences, de ce qu’est « être vieux ». A cet apport pluridisciplinaire de femmes et d’hommes de l’art, s’ajoutent des anecdotes, et quatre grandes thématiques sont abordées : le rapport au temps, aux peurs, à son corps et au corps de l’autre, et le « marketing du vieillissement ».

Un des objectifs de l’ouvrage est de contribuer à casser les tabous et le cercle vicieux de la dépréciation de soi et du regard social sur le vieillissement et les changements qui jalonnent l’avancée en âge. Il s’agit là de décloisonner, de réconcilier dans leurs représentations et leur vécu jeunes et vieux, passé présent, futur, dans une volonté de « bientraitance » individuelle et collective. Retrouver et sauvegarder l’enfance en soi et ce jusqu’à la fin est un credo qui devrait soutenir l’avancée en âge. En soi, vieillir devient une aventure, car s’ouvrent des chemins inédits et insoupçonnés, par des choix concertés pour cette seconde et nouvelle vie.

MarketingIsDead : En quoi vieillir aujourd’hui est-il si différent de vieillir au siècle dernier ?

Danielle Rapoport : Il faut replacer le vieillissement dans le contexte sociétal de l’époque. Aujourd’hui, jeunisme et stigmatisation des différences se conjuguent au diktat de l’apparence, de l’agilité, de la vitesse, du présentisme. Avec en toile de fond un paradoxe intéressant : la projection plutôt délétère dans l’avenir et un réel allongement de l’espérance de vie.

Il faut donc interroger la place des vieillissants, celle qu’on leur permet et celle qu’ils prendront. S’ils n’ont pas le même rapport au temps que les plus jeunes, ils doivent trouver le sens qu’ils donneront aux vingt ou trente années qu’il leur restent à vivre après leur retraite, grâce aux progrès de la science et de la médecine.  Cette invention du « temps qui reste » est en soi une aventure, un « travail » dans le sens noble du terme ! Notons aussi les inégalités en fonction des conditions de vie, des niveaux socioculturels et de l’accès (décryptage) à l’information et aux soins. De plus, le souci de l’autre, des plus âgés, est rendu difficile par l’habitat urbain, où contrairement aux campagnes où les « vieux », même solitaires, ont leur place, ceux qui villes sont souvent isolés.

Au siècle dernier, la course à la jeunesse n’était pas aussi prégnante, moins portée par les rouages de la consommation et les avancées scientifiques. Les familles étaient plus structurées, deux ou trois générations vivant souvent sous un même toit. Les aînés y jouaient un rôle important, reconnu, n’étaient pas stigmatisés, et s’intégraient de manière évidente dans l’ensemble familial moins éclaté qu’aujourd’hui. Il faut dire que l’espérance de vie était bien plus courte. A l’heure actuelle, quatre ou cinq générations se disséminent aux quatre coins du monde. Et le virtuel, s’il joue un rôle majeur de lien, ne remplace pas le lien plus charnel, notamment avec ses grands-parents.

Il faut rajouter, contrairement au siècle dernier, les spécifiés et difficultés de la « génération pivot », qui se situe entre des parents dont il faut prendre soin et des enfant, même adultes, à soutenir matériellement.

MarketingIsDead : A qui profitent les vieux ? … c’est quoi, le « marketing du vieillissement » ?

Danielle Rapoport : J’ai utilisé ce concept en regard d’un article que j’avais publié dans La Croix sur le « marketing de la peur ». C’est simple : toute peur demande « réparation » par une solution réelle ou magique, définissable et crédible par la promesse qui en est faite d’agir comme antidote. Un quasi remède à la peur grâce à tel objet, action, aliment etc.

Vieillir peut faire peur aujourd’hui, par ses signes extérieurs – perte de sa beauté, séduction, de sa virilité etc. –  par les risques perçus liés à la maladie et à plus ou moins long terme à la dépendance.

Peur aussi d’être exclu de « là où ça se passe », y compris du monde du travail, quand autour de la cinquantaine vous êtes « mis en quarantaine » des employeurs et des recruteurs du fait de la concurrence des plus jeunes. Le vieillissement, surtout s’il n’est pas  qualifié (recevoir des publicités pour monte-escalier quand on est en grande forme !) « profite » financièrement à tous ceux qui proposent ces antidotes pour rajeunir ou conserver sa jeunesse, et qui ont d’ailleurs imaginé cette appellation valorisante de « seniors » pour ne pas dire « vieux ». Antidotes via la cosmétologie, la médecine, la chirurgie esthétique, le sport et ses injonctions de bouger plus – ce qui en soi n’est pas un mal sauf si ces règles sont culpabilisantes pour les plus paresseux ! –, l’alimentaire et ses multiples et incessantes innovations censées prolonger notre espérance de vie ou éviter telles maladies. Cela profite aussi aux donneurs de recettes et aux coachs, qui traitent du vieillissement  là encore comme une maladie à réparer, voire à éradiquer pour les plus extrêmes des transhumanistes.

L’idéologie actuelle du bien-être et du bonheurisme font leurs choux gras grâce aux personnes rendues plus vulnérables non seulement par leur avancée en âge, mais aussi par le regard social qui, peu ou prou, rejette le fait même de vieillir, et bien sûr de mourir !

A rajouter là encore les inégalités repérées entre celles et ceux qui savent, qui assument, qui réparent, et jouent à leur manière la carte du mieux vieillir en fonction de leur savoir, de leur pouvoir d’achat, de leurs désirs … et les autres.

MarketingIsDead : Le Covid 19 va-t-il changer notre rapport au vieillissement ?

Danielle Rapoport : Très étrange et complexe cette problématique, car j’y vois un maelström émotionnel et de représentations, dans une vision ambivalente, à la fois délétère et compassionnelle, de ces « vieux » malmenés par ce virus, et qui questionne notre propre rapport au vieillissement et à celui de nos proches.

Le Covid-19 fait mourir plus majoritairement les plus âgés, ce qui en soi est vrai, mais au plan communicationnel, le vieillissement se transformerait en catégorie, case, en cage (cf. les confinés des Ehpad) dans lesquelles quiconque âgé de plus de 75 ans serait vouée à l’arrêt de soins intensifs au profit de ceux dont l’espérance de vie est plus grande. Mais si les vieux payent le prix fort de cette infection, croisée au manque de moyens matériels et humains, c’est aussi du fait  de leurs polypathologies. Ce qui relativise le propos, si tant est que le « tri » s’effectue plutôt en fonction de la vaillance des corps que du seul critère légal de l’âge.

Le rapport à son propre vieillissement risque néanmoins d’être fragilisé. On peut supposer des attitudes de prévention renforcées, de protection. Ou à l’inverse des postures de déni, de rejet encore plus fort de la maladie et de la mort qui « n’arrivent qu’aux autres », par ceux qui se sentent, du fait de leur jeunesse, en soi-disante invulnérabilité. On le voit dans la transgression des gestes barrière, où la séparation d’avec les plus âgés n’est que plus affirmée.

Mais aussi d’autres modalités relationnelles. La compassion et la souffrance mettent en marche la solidarité des familles, renforcée par celle des institutions, du politique et des entreprises. Nombre de liens initiés par voix et image réunissent virtuellement les familles éclatées, où il faut préserver les plus vieux tout en se préservant soi-même. Ambivalence, d’un côté le souci du « care », de l’autre, celui de la survie individuelle.

Quand le virus aura fini sa partie, il y aura tant de choses à repenser, qu’il faudra prendre en compte le vécu de ces aînés qui ont survécu, qui ont eu peur parfois, qui auront à nous apprendre, notamment dans notre rapport à la mort jusqu’aujourd’hui bien occultée. Mais là, les chiffres égrenés du nombre de malades et de morts nous rappellent que nous sommes mortels.

Cette crise dans laquelle nous sommes est parsemée d’inconnues. Elle nous changera peut-être, se teintera d’oubli ou au contraire s’enrichira de liens intergénérationnels redécouverts, d’un rapport à soi différent, où la vulnérabilité fera la part du factice et de l’essentiel. Chacun devra y trouver la partition de son propre vieillissement.

Après le Grand Débat, reste la data

L’analyse des données non structurées était au cœur des débats de la Journée des Etudes de l’Adetem : rencontre avec un des intervenants, Christian Langevin.

MarketingIsDead : Christian Langevin, tu diriges QWAM , une société spécialisée, notamment, dans l’analyse des données non structurées en grand nombre : c’est même ce savoir-faire qui t’a amené à dépouiller les résultats du Grand Débat National, en collaboration avec OpinionWay, nous y reviendrons ; mais avant tout, en quoi les données non structurées en grand nombre posent-elles des problèmes spécifiques quant à leur traitement ?

Christian Langevin : Le terme de données non structurées recouvre toutes les données contenant des textes libres rédigés par des « humains » (verbatim clients, questions ouvertes, réponses à des enquêtes, etc.) ainsi que des données de type documents rédigés (articles, études, rapports, etc.).

Les systèmes actuels d’analyse fonctionnent essentiellement par échantillonnage, d’où une bonne pertinence qualitative (= les principaux thèmes sont découverts) mais une absence totale de représentativité (= impossible donc de quantifier quoi que ce soit et donc d’accorder un poids quelconque à chacun des thèmes découverts.

Ajoutons enfin que si le volume de données se révèle important, le coût d’analyse devient rapidement prohibitif.

MarketingIsDead : Tu as commencé à t’intéresser, depuis maintenant 3 ans, au discours des collaborateurs dans les entreprises …

Christian Langevin : Le problème de nombreuses entreprises est de fidéliser leurs personnels, d’évaluer les retours de mission (dans les cas par exemple de consultants, interventions sur des chantiers, missions commerciales, etc.) et de diminuer les départs des compétences clés – finalement, c’est un peu comme la fidélisation clients en marketing !

D’où le développement d’enquêtes de satisfaction, avec non seulement des questions fermées, mais surtout où figurent de nombreuses questions ouvertes qui élargissent le champ d’expression et permettent de réellement prendre en compte les sentiments, aspirations et suggestions des répondants; dès qu’il y a du volume il devient compliqué de traiter par une intervention humaine les réponses aux questions ouvertes; nous avons mis au point un modèle d’analyse automatique des réponses afin de cartographier les attentes et sentiments des personnels – voir exemple ici.

Un des objectifs est souvent d’identifier les problèmes liés aux missions et les risques potentiels d’insatisfaction afin d’optimiser la gestion des ressources humaines dans son ensemble.

MarketingIsDead : Puis ensuite, il y a eu le Grand Débat National : c’était quoi, les enjeux, mis-à-part des délais très serrés et des tonnes de data ?

Christian Langevin : C’est vrai que traiter plus de 5 millions de réponses en moins d’un mois, ce fut un beau challenge – un pied dans ce que les marketers nomment Big Data.

J’en suis plutôt fier, car il s’agit d’une reconnaissance de la valeur de notre solution QWAM Text Analytics pour l’analyse de textes en masse : notre solution est basée sur les technologies sémantiques et l’intelligence artificielle pour lesquelles QWAM est un des pionniers.

C’est l’utilisation de ce type de technologie qui a permis de traiter ce volume de plus de 5,5 millions de réponses dans de tels délais : pour la première fois il a été possible réellement de prendre en compte à grande échelle les attentes et opinions des citoyens sans les cantonner à des questions fermées qui par définition limitent le champ d’expression. Pour un complément d’information en vidéo, voir ici.

MarketingIsDead : Aujourd’hui tu te penches sur l’expérience clients : tu as raison, c’est très tendance … mais en quoi ton expérience peut être utile dans ce nouveau domaine ?

Christian Langevin : Enquêtes RH, Grand Débat National, expérience clients : dans tous les cas, il s’agit de pouvoir se saisir de grandes quantités de données pour en tirer une analyse fine et opérationnelle ; aucune thématique ne doit être oubliée et leur traitement doit déboucher sur une quantification opérationnelle.

C’est pourquoi l’expérience clients constitue pour nous un domaine prometteur en terme d’analyse de données via la sémantique et l’intelligence artificielle : en effet l’analyse sémantique liée à l’IA, avec pilotage humain bien sûr, va permettre de mieux appréhender l’ensemble des messages et textes liés à l’expérience client et sans se limiter à des échantillons souvent peu représentatifs ; nos technologies permettent d’allier exhaustivité et coûts maitrisés tout en augmentant la qualité des insights

MarketingIsDead : Une des particularités du marketing, c’est d’être déjà fortement équipé d’outils de reporting, sans oublier les systèmes opérationnels comme les CRM …

Christian Langevin : … ce qui ne constitue pas un vrai problème : les indicateurs extraits des analyses faites par QWAM Text Analytics peuvent s’intégrer et se partager via la grande majorité des outils de reporting existants dans les entreprises ; il ne s’agit donc pas d’une solution technique de plus mais d’indicateurs nouveaux qui peuvent s’intégrer dans les outils existants via nos API et exports des indicateurs.

Intelligence artificielle ou intelligence amplifiée par la technologie ?

François et Chantal Cazals viennent de publier : Intelligence artificielle, l’intelligence amplifiée par la technologie ; rencontre avec François Cazals.

MarketingIsDead : Entre fantasmes et réalité, en deux mots, où en est-on vraiment avec l’intelligence artificielle aujourd’hui ?

François Cazals : Il y a une véritable ambiguïté sémantique qui génère ces fantasmes : le fait de parler d’intelligence, alors que le sujet est celui d’algorithmes mathématiques qui traitent de grandes quantités de données, grâce à la puissance des ordinateurs actuels.

Aujourd’hui, l’essentiel des applications fonctionne grâce à de l’apprentissage automatique (Machine Learning). L’analyse de données du passé permet d’identifier une règle mathématique qui est appliquée aux données du présent. Nous sommes très loin d’une intelligence humaine, elle-même toujours très mystérieuse pour les scientifiques.

L’apprentissage profond (Deep Learning) permet effectivement des traitements calculatoires spectaculaires et des classifications automatiques de données. Néanmoins, la qualité des résultats obtenus dépend essentiellement de la qualité des données d’entrée et du discernement des humains …

 MarketingIsDead : Bien souvent les startups mettent en avant une intelligence artificielle qui se résume en fait à quelques algorithmes un peu pauvres : à quand une véritable intelligence artificielle dans notre quotidien ?

François Cazals : C’est le véritable paradoxe. En fait, l’intelligence artificielle est déjà partout, et depuis assez longtemps, mais de manière pratiquement invisible.

La reconnaissance de caractères écrits sur une enveloppe, dans un centre de tri du courrier : intelligence artificielle.

Le filtre anti spam de notre messagerie électronique : intelligence artificielle.

L’application de guidage GPS qui s’adapte en fonction du trafic : intelligence artificielle.

Nous pourrions multiplier les exemples.

En fait, les véritables opérateurs de l’IA sont marginalement des startups, mais plutôt les entreprises géantes américaines et chinoises : Amazon, Microsoft, Google ou Alibaba. Ils développement des activités mondiales de services informatiques (Cloud) qui intègrent déjà des applications d’IA prêtes à l’usage et des ressources de calcul économiques, à la demande.

MarketingIsDead : Dans de 3ème volume de la trilogie Le Problème à trois corps, Cixin Liu écrit : « Il y avait un autre choix : transférer le contrôle du système de dissuasion à une intelligence artificielle. Cette idée fut finalement abandonnée. Confier la destinée de deux mondes à des machines était une chose terrifiante, d’autant que certaines simulations montraient que le taux de jugement correct de l’IA face à des situations complexes était encore plus bas que pour les humains » … pourtant le livre, publié en 2010, nous transporte dans un futur assez lointain …

François Cazals : En fait, nous sommes aujourd’hui très loin d’abandonner nos choix essentiels à l’IA. S’il est vrai que sur des actions basiques (trouver le meilleur chemin lorsque nous sommes en voiture), cela peut être le cas, c’est impossible à imaginer dans des activités très sensibles.

Je peux en témoigner personnellement sur le sujet de la sécurité publique. Engagé comme officier de la réserve citoyenne et de sécurité, j’ai l’opportunité de participer aux réflexions de la Gendarmerie Nationale sur les sujets de sa Data stratégie. Il est inimaginable de laisser des machines décider à la place des professionnels, dans des contextes opérationnels où les décisions doivent être prises en temps réel.

Le nouveau directeur général, le général d’armée Christian Rodriguez affirmait ainsi, il y a quelque jours, face aux officier en formation : « Un chef, il écoute, il comprend, il décide et il agit ! Il n’existe pas d’algorithme pour faire ce métier : tout repose sur l’humain ».

Je partage tout à fait cette position : quand on parle d’intelligence artificielle, il faut comprendre des technologies d’aide à la compréhension, à la décision ou d’automatisation, au service des humains. Pour ma part, je préfère parler d’intelligence humaine amplifiée par la technologie.

Interface responsable

Interface a remporté le 3 Juillet 2019 le Prix Marketing Responsable de l’Adetem ; rencontre avec Mickaël Cornou, Marketing Manager France & Italie d’Interface.

MarketingIsDead : En deux mots, pour mes lecteurs qui ne vous connaissent pas encore, c’est quoi Interface ?

Mickaël Cornou : Interface est l’inventeur et le leader mondial des dalles textiles, les carrés de moquette à destination des espaces professionnels : bureaux, bâtiments publics, hôtels, éducation … Nos revêtements de sol allient beauté, innovation et qualités environnementales, permettent à chaque entreprise d’exprimer sa propre vision du Design.

Interface a été l’une des premières entreprises à s’engager publiquement en faveur du développement durable, avec la promesse prise dès les années 90 d’éliminer tout impact négatif sur l’environnement d’ici à 2020. Connu sous le nom de « Mission Zéro », cet engagement fort, partagé par tous et à tous les niveaux, permet à l’entreprise de sans cesse repousser les limites pour atteindre son objectif

MarketingIsDead : Tu peux m’en dire un peu plus sur le programme Mission Zéro pour lequel vous avez été récompensés ?

Mickaël Cornou : C’est en 1994, après la prise de conscience de notre fondateur Ray Anderson, qu’Interface se fixe des objectifs ambitieux en matière de développement durable : Mission Zéro.  En mettant au point notre plan pour réduire notre empreinte environnemental, nous avons cherché à réduire notre impact dans trois domaines clés de notre activité : nos usines, nos produits et nos fournisseurs.

La société a ainsi réalisé d’incroyables progrès dans ces domaines au cours des 25 dernières années, réduisant considérablement son empreinte à tous les niveaux ou presque :

  • Réduction de 69 % de l’empreinte carbone des dalles de moquette Interface,
  • Réduction de 96 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) au niveau mondial,
  • Utilisation de 89 % d’énergies renouvelables dans les usines à travers le monde, et de 100 % d’électricité produite à partir de sources d’énergie renouvelables,
  • Utilisation de 99 % d’énergies renouvelables sur les sites de production aux États-Unis et en Europe,
  • Réduction de 46 % de la quantité d’énergie utilisée par unité de production pour fabriquer les produits au niveau mondial,
  • Réduction de 89 % de la quantité d’eau utilisée par unité de production dans les usines au niveau mondial,
  • Réduction de 92 % de la quantité de déchets mis en décharge au niveau mondial.

En outre, nous avons franchi une étape importante en janvier 2019. Tous les revêtements de sol commercialisés par Interface, qu’il s’agisse des dalles de moquettes, des LVT ou des revêtements en caoutchouc, sont désormais neutres en carbone sur toute leur durée de vie. Après avoir considérablement réduit l’empreinte carbone de ses opérations de production et de sa chaîne d’approvisionnement, Interface compense désormais le reste de ses émissions grâce à l’achat de crédits carbone, sans coût supplémentaires pour les clients.

MarketingIsDead : Un programme lancé en 1994, il y a donc … 25 ans : et maintenant, on fait quoi ?

Mickaël Cornou : Dans cette démarche pour un impact environnemental nul, nous avons fait bien plus que réduire notre propre empreinte écologique. En effet, tout au long de notre parcours nous avons partagé nos avancées et encouragé d’autres entreprises dans le monde entier à opérer des changements au sein de leur environnement et de leur activité.

Pour faire le bilan et convertir ces 25 années d’influence positive en carbone, Interface à utiliser la Méthodologie du programme SHINE .  Deux éléments ont pu ainsi être analysés et quantifiés au moyen de cette méthodologie : sa chaîne d’approvisionnement et un projet de gaz de décharge :

  • Dans le premier cas, Interface a collaboré avec Aquafil, son fournisseur de nylon pour créer une nouvelle filière d’approvisionnent de fibres de nylon recyclées (à base de filets de pêche usagés collectés dans les zones côtières des Philippines et du Cameroun dans le cadre du Programme Net-Works™, développé par Interface en collaboration avec la Zoological Society of London et des ONG locales). Ce fil fabriqué à partir de matériaux recyclés a eu des effets positifs sur toute l’industrie puisque Aquafil a pu vendre son fil à d’autres entreprises. Ces dernières, à l’instar d’Interface (qui a été le premier à utiliser ce fil pour la fabrication de ses dalles de moquette), ont pu ainsi réduire l’empreinte carbone de leurs produits.
  • Par ailleurs, afin de trouver une alternative aux gaz naturels, la société a collaboré avec la ville de La Grange, dans l’État de Géorgie, pour mettre au point un projet de gaz de décharge au niveau local, qui a eu un impact positif lorsque la ville a décidé de vendre l’excédent de gaz à un autre fabricant.

Ces deux projets seuls ont créé une empreinte positive d’1 million de tonnes d’équivalent de dioxyde de carbone (eq. CO2).

Mais nous voulons aller bien plus loin avec une nouvelle mission et un nouvel objectif : un bilan carbone négatif d’ici 2040 !  En effet, fiers des progrès réalisés jusqu’ici avec Mission Zéro®, nous avons placé la barre encore plus haut en lançant Climate Take Back™ en 2016, avec comme objectif la création d’un mouvement qui vise à lutter contre le réchauffement climatique. La société travaille sans relâche pour mettre au point des processus et des produits ayant un impact positif sur la planète.

Le luxe demain, c’est quoi ?

Yves Hanania, fondateur de Lighthouse, et Isabelle Musnik (photo), fondatrice d’Influencia, viennent de publier avec Philippe Gaillochet : Le luxe demainchez Dunod ; rencontre avec les 2 auteurs.

MarketingIsDead : Vous venez de publier Le luxe demain; mais le luxe a-t-il encore un avenir dans une société qui n’a jamais été aussi inégalitaire qu’aujourd’hui et qui n’avait jamais généré autant de pauvreté et d’exclusion ?

Yves et Isabelle : Oui le luxe a un avenir radieux. D’abord parce que les Millennials sont des clients de plus en plus actifs du luxe. En fin d’année 2018, une étude d’UBS révélait même que les Millennials seraient prêts à dépenser toujours plus sur le marché du luxe, à condition que les marques sachent les convaincre

N’oublions pas non plus que c’est un secteur qui irrigue l’économie nationale comme peu. Près de 200 000 emplois sont fournis à l’économe nationale par la mode et le luxe. Montrer du doigt le luxe comme une industrie qui génère de l’exclusion et de la pauvreté renvoie à une méconnaissance de la contribution du secteur. De plus, qui aujourd’hui intègre autant dans ses pratiques des principes d’inclusion et de diversité, comme le fait par exemple la nouvelle marque Fenty  créée par Rihanna et LVMH ? Qui fait autant travailler d’artisans?

De plus,  l’histoire de la consommation montre  qu’un puissant mouvement de démocratisation, à la source duquel se trouve l’industrialisation, met progressivement tous les biens de luxe à la portée du plus grand nombre. Le produit du luxe d’une décennie devient le produit de luxe accessible de la décennie suivante.

On peut parier que le luxe accessible, loin de présenter une menace pour le haut de gamme, aura un effet d’entraînement et plus encore d’acquisition de nouveaux consommateurs, qui avec le temps se réorienteront vers des marques de luxe établies.

MarketingIsDead : La notion de luxe a-t-elle encore un sens dans un monde où l’usage l’emporte sur la possession ?

Yves et Isabelle : Bien évidement car le produit, et l’expérience qui en découle, reste le cœur de l’offre notamment des marques de biens personnels de luxe. Complément essentiel du produit, l’expérience est un élément fort de différenciation. Elle est aussi avant tout l’occasion de faire vivre un nouveau positionnement, et une promesse.

L’expérience dans le luxe compterait pour 500 milliards d’euros contre moins de 300 milliards pour les biens personnels, selon Bain. Le luxe s’étend donc au-delà de la possession matérielle.

Les services et les expériences viennent en synergie et enrichir l’offre produits dans beaucoup de cas. Si la maison Guerlain propose une offre bien-être d’exception avec ses nouveaux centres de spa à travers le monde, elle n’en demeure pas moins connue et reconnue pour ses parfums et ses lignes de cosmétiques. Pour autant, une nouvelle offre servicielle et expérientielle se développe depuis plusieurs années et s’accélère pour répondre à de nouvelles attentes et motivations.

Selon une étude récente – Skift : U.S. Affluent Traveler Survey (2019) –, 78% des voyageurs aisés veulent inclure le bien-être dans leurs voyages. La demande de luxe va au-delà des objets matériels, les consommateurs attachant plus de valeur au bien-être et à la santé dans tous les domaines de leur vie (comme le sport et les voyages). Face à cette évolution, les marques de luxe doivent repenser la nature de leurs offres et la manière de les mettre en œuvre pour leurs clients.

Ils sont le futur des études : Camille Morin

Qu’attendent les Digital Natives d’une profession façonnée et structurée par les Digital Immigrants, quelles sont leurs aspirations profondes ? Huit d’entre eux sont venus témoigner lors de la dernière Journée Nationale des Etudes Adetem/Uda.

Pour prolonger les débats, ils ont accepté de jouer le jeu d’un rapide interview : voici les réponses de Camille Morin, Analytics and Insights, Beauty Care France Benelux chez P&G

François : Quelle est la chose la plus importante pour toi dans ta vie, ce qui te motive le plus ?

Passer du temps avec mes proches : mon mari, mes amis, ma famille notamment mes 3 sœurs, et préparer l’arrivée prochaine d’un bébé dans notre vie (petite fille prévue au printemps) !

François : Et qu’est-ce qui te motive le plus dans ton job ?

Apprendre et me développer chaque jour ! Travailler comme « chargée d’étude / business analyst » me permet d’explorer des nouvelles compétences chaque jour et m’apporte donc cette diversité dont j’ai besoin.                             

François : Que regard portes-tu sur le marketing en général, et les études marketing en particulier ?

Les études Marketing deviennent un vrai métier d’influence, au cœur de la stratégie de l’entreprise. Il est crucial de comprendre les besoins et comportement des consommateurs locaux, et d’identifier les tendances clés d’aujourd’hui et de demain, pour proposer des plans d’action pertinents.

François : Comment définirais-tu tes relations avec ceux qui t’encadrent, qu’en attends-tu ?

J’ai toujours eu d’excellentes relations avec mes managers, avec le bon équilibre entre la confiance et le coaching. J’attends d’eux qu’ils m’aident à me développer en me faisant bénéficier de leur expérience et en m’aidant à aller plus loin sur mes projets et questions. Ça a toujours été le cas jusqu’ici dans mes rôles successifs de chargée d’étude chez Procter & Gamble !

François : Comment entrevois-tu l’avenir, avec notamment l’arrivée de le Gen Z ?

Je suis confiante : le métier de chargée d’étude évolue rapidement mais le besoin fondamental de compréhension du consommateur est toujours aussi fort. La génération Z est à la recherche de sens, aime se sentir utile en apportant sa pierre à l’édifice donc cette fonction de plus en plus stratégique a des atouts pour les attirer ! Un des enjeux sera donc de leur faire découvrir cette option en entreprise, malheureusement parfois méconnue auprès des étudiants.

Ils sont le futur des études : Nathalie Folcher

Qu’attendent les Digital Natives d’une profession façonnée et structurée par les Digital Immigrants, quelles sont leurs aspirations profondes ? Huit d’entre eux sont venus témoigner lors de la dernière Journée Nationale des Etudes Adetem/Uda.

Pour prolonger les débats, ils ont accepté de jouer le jeu d’un rapide interview : voici les réponses de Nathalie Folcher, Directrice d’Etudes chez CSA Qualitative.

François : Quelle est la chose la plus importante pour toi dans ta vie, ce qui te motive le plus ?

Tu poses deux questions qui se rejoignent : découvrir c’est important, apprendre cela motive. Ceci n’est sans doute pas très original, mais en réalité c’est un sacré moteur qui évite de trop rester attentiste, qui permet d’aller de l’avant, de progresser, parfois dans la difficulté. Je crois que la motivation essentielle de mon métier, de mon quotidien chez CSA, c’est la variété : la variété des clients et de leurs problématiques, la variété des cultures, la variété des situations. L’idéal serait de ne jamais connaître deux fois la même journée, même si ces journées peuvent être fatigantes parfois.

François : C’est cela qui te motive le plus dans ton job ?

Oui. Cette variété apportée par nos clients, par mes clients. Ils se posent de vraies questions qu’il faut instruire avec eux. Ils ont un immense savoir, et de notre côté, nous arrivons avec nos méthodes, nos expériences, un regard parfois différent.

C’est cette confrontation des idées qui est géniale. Plus généralement, ce sont toutes ces relations avec les annonceurs, avec les vrais gens qu’il y a derrière toutes ces marques et institutions qui enrichissent le quotidien.

François : Que regard portes-tu sur le marketing en général, et les études marketing en particulier ?

Je répondrai davantage sur les études, qui sont une magnifique matière vivante. Chez CSA, nous avons une super palette d’outils quali, quanti, data, et nous pratiquons un beau métier qui permet de rencontrer et d’interroger de vrais consommateurs ou prospects dans des situations très humaines et authentiques.

Après, je constate tout de même que tous les mouvements de consommation, la vie des produits et services, tout cela va très vite, sans doute trop par moment. Nous ne devons pas oublier de ralentir de temps en temps, pour ne pas gâcher toute la dimension intellectuelle de notre métier, ou du marketing plus généralement.

François : Comment définirais-tu tes relations avec ceux qui t’encadrent, qu’en attends-tu ?

Tout simplement que l’on travaille bien ensemble et avec nos clients ! Je crois que nous sommes majoritaires à vouloir un management tout en bienveillance et en partage. Si mon manager s’inscrit dans cette optique de transmission, mais aussi d’innovation, alors, je suis ravie !

François : Comment entrevois-tu l’avenir, avec notamment l’arrivée de le Gen Z ?

On est toujours le jeune et le vieux de quelqu’un : il y a eu ceux qui ont connu Mai 68 et les autres. Idem pour la guerre ou l’arrivée d’Internet. Et pourtant, cela n’a jamais empêché tous ces gens de travailler ensemble.

Alors, oui, la Gen Z est totalement digital native et a un smartphone greffé ou bout du bras. Sans doute, elle sera immédiatement familière d’une forme de précarité au travail ou d’un comportement plus zappeur encore.

Mais on trouve, des X, des Y et toutes les lettres de l’alphabet qui ont la même envie de décrypter les consommateurs. Donc, les Z arrivent et c’est très bien ! Cela oblige à se réinterroger sans cesse sur les attitudes et comportements de consommation, c’est tout bon pour les études.

Ils sont le futur des études : Solène Grafte

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Pour prolonger les débats, ils ont accepté de jouer le jeu d’un rapide interview : voici les réponses de Solène Grafte, Analyst chez BVA Services.

François : Quelle est la chose la plus importante pour toi dans ta vie, ce qui te motive le plus ?

Ce qui est le plus important pour moi dans ma vie, c’est tout simplement d’être heureuse. Passer du temps avec ma moitié et ma famille, monter à cheval, voyager, promener le chien dans la forêt … il m’en faut peu pour être heureuse ! #GénérationDisney

François : Et qu’est-ce qui te motive le plus dans ton job ?

La réussite ! Celle-ci peut prendre différentes formes :  avoir fait une analyse pertinente (et percutante !) donnant toutes les clefs aux clients pour prendre des décisions stratégiques et/ou opérationnelles, avoir créé une présentation visuellement attractive, m’être appropriée une méthodologie compliquée, avoir assuré en présentation client, etc.

François : Que regard portes-tu sur le marketing en général, et les études marketing en particulier ?

Je suis une grande fan de marketing, car cette discipline mêle créativité et analyse. Je regrette néanmoins que certaines entreprises fassent du marketing de manière trop traditionnelle, sans chercher à innover, ou encore de façon «  toxique » avec pour unique motivation le profit et non la satisfaction des consommateurs.

Quant aux études marketing, ce sont selon moi de véritables opportunités pour les entreprises, car elles leur permettent de gagner en omniscience et ainsi de pouvoir prendre les meilleures décisions stratégiques et opérationnelles possibles. D’un point de vue macro, je pense que le secteur des études va reprendre du pouvoir dans les années à venir grâce à sa transformation et aux nouvelles méthodologies innovantes qui émergent.

François : Comment définirais-tu tes relations avec ceux qui t’encadrent, qu’en attends-tu ?

Nous avons de très bonnes relations. Mes managers me font confiance et me laissent travailler en autonomie, tout en étant suffisamment présents pour me conseiller et me permettre de progresser. Maintenant que vous me posez la question, je me rends compte que j’attends énormément d’eux ! Pour faire court, j’aimerais qu’ils me transmettent leur savoir et me donnent les clefs pour réussir dans ma vie professionnelle.

François : Comment entrevois-tu l’avenir, avec notamment l’arrivée de le Gen Z ?

Je pense que la Gen Z va amener une bouffée d’air frais, un véritable renouveau, dans le monde du travail. Elle va accélérer la disparition de pratiques archaïques qui ne conviennent pas aux millennials comme moi. Je pense notamment aux horaires de travail rigides, au mauvais équilibre vie personnelle / vie professionnelle, à l’absence d’évolution horizontale, au vouvoiement entre collègues, à l’utilisation d’outils informatiques désuets, etc.

Ils sont le futur des études : Kathleen Morin

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Pour prolonger les débats, ils ont accepté de jouer le jeu d’un rapide interview : voici les réponses de Kathleen Morin, Responsable Clients & Solutions chez Kantar Media

François : Quelle est la chose la plus importante pour toi dans ta vie, ce qui te motive le plus ?

Je suis un peu hyperactive alors difficile de définir une seule chose.

C’est aussi une question de tempérament mais je n’aime pas m’ennuyer.

J’ai besoin de tester régulièrement des nouvelles activités, ça permet de me challenger.

En ce moment, j’avance sur des projets personnels. J’ai mis longtemps avant de me décider et de rendre cela concret mais depuis quelques mois, j’ai senti que c’était le moment. Le tout c’est de rester à l’écoute de soi-même. Quand on sent que l’on a la ressource et l’énergie nécessaire, alors on peut sortir de sa zone de confort.

François : Et qu’est-ce qui te motive le plus dans ton job ?

Ce que j’aime vraiment, c’est de prendre part à des sujets stratégiques à moyen/long terme.

L’ensemble des études que l’on produit nourrit aussi ma culture et je trouve formidable d’avoir accès à autant d’insights.

Très simplement, j’ai aussi besoin d’aller au travail avec le sourire. C’est un facteur clé de ma motivation. Je suis persuadée qu’un salarié heureux est un salarié plus productif !

François : Que regard portes-tu sur le marketing en général, et les études marketing en particulier ?

Il y a plus que jamais un besoin d’accompagner les annonceurs sur le comportement et les usages de leurs consommateurs à travers des études ciblées.

Mais par définition, faire une étude c’est prendre le temps d’observer et d’analyser avant de conclure. A la vitesse du changement, une tendance ou un usage peut disparaitre et naitre en une fraction de seconde. Cela implique nécessairement d’aller encore plus vite et d’accélérer les méthodes et les process.

L’enjeu important dans les années à venir pourrait notamment porter sur le format de restitution.

François : Comment définirais-tu tes relations avec ceux qui t’encadrent, qu’en attends-tu ?

Avec mes managers, je peux être assez exigeante : Je souhaite qu’on me fasse confiance, qu’on m’élève, qu’on me donne des responsabilités… et qu’on me canalise aussi.

Pour cela j’ai besoin d’être accompagnée.

Un management de proximité semble ainsi essentiel.

Une fois cet équilibre trouvé, je m’investis à 300% et je suis fidèle.

Aujourd’hui, la garantie de l’emploi ne suffit plus du tout à notre génération. On a besoin en plus, et c’est là tout le challenge, que l’entreprise nous donne envie de nous lever chaque matin et de nous dépasser.

François : Comment entrevois-tu l’avenir, avec notamment l’arrivée de le Gen Z ?

L’arrivée de la Gen Z dans nos organisations va impliquer de se remettre encore plus en question et de revoir notre quotidien et nos habitudes. Pour le coup ce n’est pas une génération en opposition avec la nôtre, mais elle est peut être encore plus extrême.

Le Z voudra d’avantage entreprendre, être actif de sa propre vie mais également du monde qui l’entoure. Ce qui me donne confiance, c’est cette notion d’engagement. Hyper connectée, cette génération est dans le futur et souhaite prendre position sur le monde qui l’entoure. Elle va considérablement participer de par sa curiosité et son culot, à faire bouger les codes.

Attention cependant à une certaine contradiction les concernant : Entre l’envie de s’investir et l’impatience qui les caractérise, la culture du Zap n’est jamais loin, les fidéliser sera l’un des enjeux !