Interviews 2.0 Archives - Consumer Insight
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Interviews 2.0

La Pensée Magique Du Net

Fischer.jpgHervé Fischer vient de publier : La Pensée Magique Du Net ; rencontre avec un auteur français exilé au Canada, fondateur en 2014 à Montréal de la Société internationale de mythanalyse, à la biographie particulièrement riche, et trop méconnu en France.

MarketingIsDead :Tu déclares éprouver une « fascination critique face au numérique » : peux-tu préciser ta posture face au numérique ?

Hervé Fischer : Je suis né en Europe, formaté par le rationalisme critique, éduqué par des humanistes classiques pourfendeurs de McLuhan, le premier philosophe à oser dire que la technologie change nos idées, nos valeurs, nos modes de socialisation, bref, notre conscience. Pour eux la technologie était – et demeure encore le plus souvent -, un antihumanisme.  J’ai cependant été un des premiers à enseigner McLuhan quand j’étais assistant à l’université Paris V au début des années 1970.

Lorsque j’ai émigré au Québec au début des années 1980, j’ai pris conscience de l’importance à venir du numérique. Mais j’ai observé aussi que les « gourous » nord-américains du numérique étaient des prophètes naïfs qui nous annonçaient la mutation finale du transhumanisme sans aucun esprit critique. McLuhan, lui, au moins, était professeur de littérature et cultivait l’esprit de finesse dans ses provocations. Ces penseurs, plus ingénieurs ou journalistes que philosophes, traversent le miroir aux alouettes avec grand succès médiatique et sans aucune inquiétude.

Je me suis trouvé entre deux continents, deux cultures, entre les américains adeptes de la pensée magique numérique  et les essayistes-philosophes français qui dénoncent encore et toujours, quasi unanimement, cette gadgetterie américaine déshumanisante. Je me suis aperçu que j’étais un peu seul, comme penseur français à être fasciné par la révolution  numérique, et très isolé, comme penseur nord-américain, à en être critique et à en dénoncer la face cachée.

MarketingIsDead : Selon toi le XX° siècle fut celui de l’énergie, le XXI° est celui de l’information ; mais l’information et sa diffusion sur la toile consomme énormément d’énergie …

Hervé Fischer : Oui, le numérique est dévorateur d’énergie et pollueur. Il semble beaucoup moins toxique que le charbon ou le nucléaire, mais Il pose aussi de graves problèmes écologiques. Il contamine l’atmosphère et les dépotoirs. Certes, plusieurs grandes compagnies affichent des inquiétudes à cet égard et des politiques vertueuses, mais dans l’ensemble, les lois concernant le traitement des déchets numériques qui ont été promulguées dans beaucoup de pays du Nord, sont peu respectées.

Les déchets numériques, au lieu d’être traités localement, sont envoyés vers des pays-dépotoirs en Afrique notamment, mais aussi en Chine, où une main d’œuvre pauvre travaille, souvent sans protection, à récupérer les métaux recyclables pour la revente. Ces malheureux s’intoxiquent gravement. Le numérique est cancérigène pour eux, alors que nous le déclarons vert dans les pays riches. Cette situation pourrait être rapidement corrigée s’il y avait une volonté écologique réelle. Mais lorsqu’on voit la lenteur des décisions  qu’il est urgent de prendre face aux gaz à effet de serre des énergies fossiles, cela demeure manifestement marginal dans l’esprit des gens. Hélas.

MarketingIsDead :En quoi recommençons-nous, toujours selon tes dires, « à fabuler le monde plus que jamais », et pourquoi, dans quel but ?

Hervé Fischer : Ce n’est pas que nous soyons des fantaisistes, des fabulateurs par naïveté ou pour amuser les foules. En fait, nous n’avons jamais eu d’autre choix, dans aucune civilisation, et quel que soit notre âge, que d’interpréter avec les moyens du bord un monde qui nous demeure mystérieux. Les mythes, les religions, la science tentent de nous présenter des récits crédibles du passé, du présent, du futur de l’univers et de nos vies individuelles dans cet infini. Et si nous adoptons ces histoires qu’on nous raconte, nous ne sommes plus des fabulateurs, mais des croyants ou des rationalistes.

Nous nous croyons modernes, mais nous avons autant de mythes que les anciens, sans nous le dire. On ne peut nier que le numérique réveille de la pensée magique et des mythes familiers. Le nouveau monde numérique qui nous submerge soudain nous semble difficile à nommer avec des mots clairs et réducteurs. Il est d’une puissance inédite, mais éveille aussi nos désirs, nos peurs. C’est un psychotrope et il crée des dépendances. Il compense nos frustrations par rapport au monde réel, il nous euphorise, crée des espoirs, nous annonce un bonheur virtuel. Le « vieux monde » exigeait nos efforts, notre travail, nous résistait, nous décevait, nous faisait souffrir.

Comment ce nouveau monde magique, prometteur sans effort physique ne nous séduirait-il pas ! Il est imaginaire et pourtant très efficace, réel-virtuel : quel enchantement ! Le numérique est une magie nouvelle, non pas dans ses buts, qui demeurent humainement les mêmes depuis toujours, mais dans ses techniques, plus efficaces que jamais.

MarketingIsDead : Quand tu te sens un peu déprimer, tu « fumes un tweet » : comment peut-on fumer un tweet ?

Hervé Fischer : Du bout de sein à la tétine, à la sucette, à la gomme à mâcher, à la cigarette, à la pipe, au tweet, à la vaporette, et même désormais à la sucette électronique, c’est du pareil au même : le lien oral avec le corps maternel puis son substitut, le corps social. Se connecter pour nier la séparation.

Produire des volutes de fumée de cigarette ou des tweets , ce n’est pas dire grand-chose, ni dans un cas, ni dans l’autre. C’est le lien et non le contenu qui compte – le médium, c’est le message, disait déjà McLuhan. C’est par un rite social dire à qui veut l’entendre : j’existe et je ne suis pas seul. L’oralité calme l’angoisse de la solitude. Et il y a les boulimiques du tweet, comme les boulimiques de la nourriture. Ceux qui allument une cigarette sur l’autre. Maintenant c’est plutôt un tweet après l’autre, ce qui est moins toxique.

Mais il y a de la nicotine sociale dans le numérique, et donc de la dépendance – compensatoire d’un manque. Voilà pourquoi nous tweetons.

Rencontre avec Nicolas Savin, Directeur marketing de la CNAV

NSavin-2102.jpgLa CNAV – la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse – nous en sommes (presque) tous un jour clients … même si pour la plupart d’entre nous, cette notion de « client » en parlant de notre retraite ne semble pas très évidente. Et pourtant, il y a bien un « Service clientèle » et même un Directeur Marketing.

MarketingIsDead : Nicolas, tu es Directeur Marketing de la CNAV : quel peut bien être le rôle du marketing dans une administration qui gère la retraite des Français ?

Nicolas Savin : Excellente question. Un bref rappel de qui nous sommes. La CNAV est le premier régime de retraite français, couvrant 68,7 % des actifs en 2013 avec un nombre de cotisants proche des 18 millions. Quant aux retraités du régime général, ils sont 13,5 millions en 2013.

Un élément clé qui a du sens sur notre activité et la nécessité de nos métiers : sur 10 Français, 9 y ont cotisé, y cotisent ou y cotiseront. Face à ces contacts, la CNAV est confrontée à un véritable défi consistant à assumer et à répondre, parallèlement à la prise en charge traditionnelle des demandes de droit retraite, aux attentes croissantes d’accompagnement et de conseils de nos assurés.

Un fort volume interagissant avec des évolutions de contexte (public élargi par la montée du droit à l’information, évolution des technologies et des usages des français, cadre législatif changeant, service unifié attendu, la thématique retraite de plus en plus au cœur des discours des banques assurances …)… et tu comprendras aisément qu’il en ressort un enjeu d’adaptation de notre offre et de la manière de la délivrer.

Nombre de professionnels du Marketing se reconnaitront bien là dans ces réflexions essentielles. Plus que jamais, le marketing adapté aux services publics a un rôle clé dans nos organisations.

MarketingIsDead : La relation de la CNAV à ses assurés est un peu particulière : vos assurés, vous n’entrez réellement en relation avec eux qu’une fois dans leur vie ; après ils n’attendent qu’une chose : toucher leur pension sans soucis …

Nicolas Savin : Comme je te le précisais dans la question précédente, cela tend à évoluer et nous ne pouvons limiter l’activité de la CNAV au versement d’une pension. La CNAV est un acteur référent sur la retraite et l’évolution de son offre de service ces dernières années nous amène à penser la relation dans sa globalité. Nous devons être présent et offrir un service différencié aux différents moments clés identifiés (en fonction de l’âge) et aux événements de vie (divorce, temps partiel, chômage,…). Nous devons être en mesure d’anticiper ces moments par la mise à disposition d’informations utiles à la prise de décision, complètes que ce soit sur la carrière ou la retraite et cohérentes sur l’ensemble des canaux. Pour cela, nous avons réalisé un très gros travail sur nos parcours clients que nous allons déployer à partir de 2015.

Le challenge à venir ? Simplifier la complexité perçue de nos organisations et faciliter l’accès multicanal aux services en faisant évoluer nos offres et nos structures par l’intégration d’un discours inter-régime en vue d’un service unifié pour l’ensemble de nos assurés.

MarketingIsDead : La CNAV est aujourd’hui capable de reconstituer la quasi-totalité des carrières de ses assurés, ce qui est une prouesse, même si la plupart des gens considèrent cela juste comme un dû ; parfois il y a aussi des problèmes et des clients plus ou moins satisfaits des services qui leur sont apportés : comment peut-on se construire des indicateurs pour évaluer cette satisfaction ?

Nicolas Savin : La CNAV a reçu pour la 6ème année consécutive le prix podium de la relation client. Cette notion de service est très présente au sein des équipes. Mais parce que l’exigence des assurés croit, l’offre de service s’élargit et le multicanal change notre relation, nous avons revu intégralement le dispositif d’écoute et de pilotage de nos assurés. Plusieurs baromètres (externes et internes) ont été mis en place pour suivre précisément la qualité de notre service.  Au delà du « traditionnel » taux de satisfaction, nous mesurons le NPS, CES et le Once & Done sur l’ensemble de notre offre. Afin de mieux comprendre la relation pour mieux la personnaliser, nous pilotons et mesurons la performance (satisfaction, réitération, effort) par parcours client et par étape de ce parcours. Ces repères structurants et innovants sont essentiels à la mise en place de parcours clients et à ce souci de rester un opérateur proche des assurés et de nos valeurs.

MarketingIsDead : Aujourd’hui, les Français prennent de plus en plus la parole sur les médias sociaux : comment les intégrez-vous dans votre dispositif ?

Nicolas Savin : Les réseaux sociaux deviennent des canaux de relation client au sein desquels nos assurés se manifestent. Si la présence initiale de la CNAV au travers d’un contenu communiquant (quiz, vidéos, informations utiles …) reste cohérente, nous menons actuellement une réflexion sur l’intégration de ces nouvelles pratiques dans notre stratégie de relation client. Le flux est encore discret mais il est indispensable de s’inscrire dans les usages d’aujourd’hui et d’apporter une cohérence dans nos réponses sur l’ensemble des canaux.

Eric Larchevêque et la Maison du Bitcoin

Larchevêque.jpegEn 2012, Eric Larchevêque, invité de la Nuit du Marketing de l’Adetem, parlait de sa dernière startup : Prixing. La semaine passée, au Colloque Prospective du LAB, il évoquait son nouveau bébé : la Maison du Bitcoin. Rencontre avec un serial entrepreneur.

MarketingIsDead : Eric, tu viens de lancer la Maison du Bitcoin : en deux mots, c’est quoi le Bitcoin ?j Une monnaie sans « vrai » régulateur, c’est hyper dangereux, il y a déjà eu un accident grave au Japon, avec Mt. Gox.

Eric Larchevêque : Bitcoin est à la fois une nouvelle forme d’argent et un réseau de paiement novateur. Il s’agit d’une technologie pair à pair, fonctionnant sans autorité centrale. La gestion des transactions et la création de bitcoins est gérée par un algorithme prédictif et inaltérable. Bitcoin est libre et ouvert, personne ne le possède, ni ne le contrôle. Le système financier classique base sa sécurité sur un principe du contrôle d’accès et de la cooptation de ses acteurs ; Bitcoin est sécurisé par un modèle mathématique décentralisé permettant à tout à chacun de se joindre au système sans aucun contrôle. Ce changement fondamental de paradigme permet la création d’usages prometteurs via une innovation constante impossible à retrouver dans les modèles actuels.

Mt Gox est une place de marché qui a fait faillite, entrainant la perte de centaine de millions de dollars. Cette place de marché agissait comme un modèle centralisé, exactement sur le même principe qu’une banque classique. Il faut en effet bien distinguer le modèle Bitcoin (décentralisé, où chacun est sa propre banque, sans point de compromission central), et le modèle « banque » (Mt Gox) où les utilisateurs confient leurs avoir à un tiers de « confiance ».

La chute de Mt Gox n’est donc pas liée à Bitcoin en tant quel tel, et est au final plutôt proche des escroqueries type Madoff que l’on peut rencontrer dès que la confiance est placée dans un tiers plutôt que dans un système mathématiquement prouvé.

MarketingIsDead : Le fondateur du Bitcoin, Satoshi Nakamoto, personne ne le connaît vraiment, et il a complètement disparu dans la nature il y a des années : mythe ou réalité  sérieuse ?

Eric Larchevêque : En effet, Satoshi Nakamoto a disparu dans la nature deux ans environ après avoir partagé son invention. Aujourd’hui encore, personne ne sait qui est réellement Satoshi Nakamoto. Mais ceci n’a en réalité que peu d’importance, car Bitcoin ne reposant sur aucun organe de contrôle et son code informatique étant complètement ouvert, la connaissance de l’identité de son créateur n’apporte aucun avantage spécifique.

MarketingIsDead : Pour revenir à toi, c’est qui la Maison du Bitcoin ?              

Eric Larchevêque : La Maison du Bitcoin est le premier comptoir de change français. Pour pouvoir obtenir des bitcoins, le plus simple est en effet de les acheter avec des euros. Nous proposons une solution simple et immédiate.

Vous y trouverez aussi des formations gratuites et ouvertes au grand public, que nous organisons régulièrement. Enfin, il s’agit aussi d’un hub où se retrouvent bitcoiners et startups, dans un objectif de stimuler l’innovation autour de cette technologie.

MarketingIsDead : Et comment comptez-vous gagner de … l’argent « classique » dans cette nouvelle structure ?

Eric Larchevêque : Nous travaillons sur des technologies de sécurisation des portefeuilles Bitcoin, basées sur un des piliers de l’ingéniérie françaises : la carte à puce. En apportant aux utilisateurs de Bitcoin les même niveaux de sécurité que les cartes bancaires, nous avons pour objectif de développer une solution globale qui permettra littéralement de mettre Bitcoin dans toutes les mains. A terme, nous souhaitons donc être un acteur majeur du Bitcoin mondial.

Gilles Babinet

Babinet.pngGilles Babinet sera un des trois grands témoins invités à la Nuit du Marketing de l’Adetem 3 juillet 2014 ; en avant-première, petit interview avec notre « Digital Champion ».

MarketingIsDead : En 2012, tu es nommé « Digital Champion » par Fleur Pellerin, auprès de Nelly Kroes, la commissaire européenne chargée du Numérique : c’est quoi, le rôle d’un « Digital Champion » ?

Gilles Babinet : Il s’agit d’aider la commission à avoir une meilleure compréhension de ce qui se passe en France, en évitant les canaux “officiels” et en étant en prise directe avec la société civile. Il s’agit également de promouvoir des thèmes qui semblent forts pour la commission comme l’éducation au numérique par exemple. Il peut enfin s’agir d’aider la Commissaire à se faire mieux comprendre dans un pays. Par exemple, je viens de publier une tribune dans le journal du Net, qui reprend un point particulièrement mal interprété en France. 

http://www.journaldunet.com/ebusiness/expert/57131/la-commission-europeenne-est-elle-vraiment-en-train-de-menacer-la-neutralite-du-net.shtml

MarketingIsDead : En ¼ de siècle, tu a fondé neuf sociétés, dans des domaines dactivité extrêmement variés, dont Captain Dash et Eyeka dans le champ du marketing : qu’est-ce qui te motive ?

Gilles Babinet : J’aime bien une sorte de mélange impliquant innovation, équipe intéressante et volonté de changer le monde. toutes les sociétés que j’ai eue ont eu ces caractéristiques. Et lorsqu’elles n’étaient pas pleinement réunies, ça n’a pas vraiment marché. L’entreprise c’est le contraire de la passivité. c’est l’action supérieure. Bien entendu, il y a des travers : un taux d’échec élevé, une difficulté à croitre ; surtout dans l’environnement économique que nous connaissons. Mais lorsque ça marche (et ça arrive) c’est vraiment une expérience passionnante de parvenir à faire en sorte que les gens donnent le meilleur d’eux même et accroissent leurs compétences au travers de responsabilités étendues. 
MarketingIsDead : Les mastodontes d’hier semblent avoir bien du mal à prendre le virage du numérique et ce sont les startups qui façonnent le paysage économique de demain ; dans LÈre Numérique, un nouvel âge de l’humanité, tu soulignes que l’humanité fait face à un changement de paradigme profond : ceci expliquerait-il cela ?

Gilles Babinet : Oui, et au risque de me répéter, il est très mal compris en France. C’est dramatique de voir que ce pays, qui était le plus innovant au début du XXème siècle est désormais perçu comme un “innovation follower” dans certains barèmes internationaux. Des décisions politiques idiotes et nombreuses, comme l’inscription du principe de précaution dans la Constitution n’y sont pas pour rien, bien au contraire. D’une façon générale, l’ensemble de nos institutions, grands corps et grandes entreprises ont été organisé pendant et pour la 2ème révolution industrielle. Or les caractéristiques de celles-ci sont souvent antagonistes avec celle de la révolution numérique. L’ère industrielle est verticalisée et s’attache à programmer sur le temps long. L’ère numérique est celle de la collaboration transversale, et de l’innovation de rupture. Ces paradigmes sont tellement différents qu’ils semblent presque insaisissables aux corps constitués -institutions et acteurs économiques- qui président aux destinées de notre pays. 

MarketingIsDead : AirBnB, BlaBlaCar, KissKissBankBank, etc. : que t’inspire la montée en puissance de la consommation collaborative ?

Gilles Babinet : C’est une part du futur. Je dis souvent que la data et le crowd sont les deux forces qui vont façonner le monde à venir. Ce qui est caractéristique de cette révolution numérique c’est sa capacité à mieux utiliser les ressources. Ce n’est plus “toujours plus vite, toujours plus”, c’est “plus malin, plus utile, plus utilisé”. Nos ressources sont limités, on le voit partout. Or, lorsque l’on sait qu’en Europe, 25 à 40% des camions circulent à vide, et plus encore sont incomplètement chargés, qu’en moyenne on a 1,4 passager par voiture en Allemagne, que 50% de la production alimentaire est perdue, qu’il y a un ratio de 1 à 6 entre la production protéique agricole et les besoins réels de l’humanité, on voit qu’il y a beaucoup à faire. 

Bien sûr on peut se réfugier dans nos peurs, dire que la donnée est le vecteur de nouvelles dictatures, que Google est notre pire ennemi, que les américains sont méchants, etc. Et on ne fera là que cultiver ce qui nous enfonce chaque jour. Je ne dis pas qu’il n’y a pas des risques inhérents aux nouvelles technologies, mais c’est à nous, sociétés humaines, de faire le tri et de mettre en place les règles pour bénéficier du meilleur de ces technologies et limiter les excès possibles. 

Pierre Bellanger et La souveraineté numérique

La souveraineté numérique.jpg

Pierre Bellanger vient de publier La souveraineté numérique, un ouvrage à la fois passionnant et déroutant, parce que par certains aspects, très pessimiste ; rencontre avec le fondateur de Skyrock.

MarketingIsDead : Nous sommes des nains du numérique face aux américains ! Google, Facebook, Microsoft et quelques autres dominent l’économie numérique, ne nous laissant que des « miettes » : est-il possible de construire une économie rentable et pérenne sur des miettes ?

Pierre Bellanger : Nous ne sommes pas des « nains » en terme de taille : nombre de nos entreprises de l’économie du logiciel, des services informatiques et des télécommunications sont bien plus importantes que lesdits « géants de l’Internet ». Non, si nous sommes des « nains » pour reprendre ton expression, c’est seulement dans nos têtes. Il est encore possible aujourd’hui de développer, sur des valeurs de liberté, une économie Internet française et européenne compétitive. Maintenant, si cela n’est pas fait, nous deviendrons en effet ce que j’ai appelé une « miettocratie », c’est-à-dire une économie marginalisée et appauvrie à l’ombre des réseaux informatiques extra-européens.

MarketingIsDead : Leur pouvoir est plus qu’économique ; Vinton Cerf, VP de Google, que tu cites, écrit d’ailleurs : « La vie privée est peut-être une anomalie » ; c’est violent comme constat, même si cela se veut transparent ! Vers quel monde se dirige-t-on, si Big Brother relève des entreprises privées et non plus des états, comme chez Orwell ? Une dictature ne vaut pas mieux qu’une autre …

Pierre Bellanger : La liberté repose sur le droit et le droit sur la souveraineté. Notre liberté sur les réseaux informatiques passent par notre souveraineté numérique. Si en effet, si le réseau n’est pas libre et démocratique nous perdrons en quelques années les combats et les sacrifice  de tant de générations qui nous ont précédés. Le monde qui nous attend, si nous abandonnons notre vigilance, ne nous laissera même pas la chance de la résistance, elle sera immédiatement détectée.

MarketingIsDead : Dans ce paysage, que deviennent le marketing et les marques ? « La marque à l’âge de l’Internet est un réseau social transactionnel », précises-tu : pourrais-tu préciser ta pensée ?

Pierre Bellanger : La marque a changé. Elle est devenue un réseau social transactionnel, c’est-à-dire qu’elle intègre dans sa nature et son expression ses utilisateurs et ses consommateurs. Elle forme une symbiose avec ses clients pour former une nouvelle totalité communicante, je décris cela en détail dans mon livre. Sa différentiation vient du partage d’expérience, sa communication crédible vient de ses utilisateurs : c’est cela le réseau social transactionnel.  Le marketing, au sens de la relation au marché, fusionne les métiers : le service et la communication deviennent la même chose, dès lors que les utilisateurs s’expriment. Enfin, le marketing devient relatif : c’est le marché conscient : tous les paramètres du marché s’ajustent les uns par rapport aux autres en temps réel. Chaque instant devient différent.

Du branding à l’e-branding : rencontre avec un mythologue.

Georges Lewi, mythologue, spécialiste des marques, se penche sur les e-brands et publie : E-branding. Stratégies de marque sur internet.

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Marketingisdead : Tu es le spécialiste du branding : l’e-branding est si différent qu’il méritait un livre à part ?

Georges Lewi : Tout ou presque est bouleversé. L’e-branding n’est pas seulement une nouvelle façon de parler du branding, c’est admettre 3 bouleversements  majeurs :

  • L’e-branding est devenu Le branding. Interrogés sur leurs marques connues et préférées, les consommateurs placent en premières des E-brands, des marques de l’internet, souvent des « pure players », nées il y a une décennie. Les « old brands » encensées encore dans les années 2000, n’apparaissent même plus.
  • La marque est, à nouveau, comme au début du marketing, supplanté par le produit.  Le règne de la comparaison réapparaît, à commencer, par les comparateurs de prix … dans tous les secteurs. On dit que ce sont les seuls gagnants du net … Comme si un siècle de branding semblait effacé. Dur retour aux basics !
  • Les marques les plus notoires ne sont pas les toujours les mieux référencées. Inscrire le nom d’une marque « traditionnelle » dans une recherche Google n’aboutit pas nécessairement sur le site de la marque dans les premières pages … Maintenir son statut de « brand », de marque immédiatement identifiée  dans le monde impitoyable de l’E-branding  et de la blogosphère tient de la gageure.

Marketingisdead : Dans La souveraineté numérique, Pierre Bellanger écrit : « La marque à l’âge de l’Internet est un réseau social transactionnel » : une bonne définition ?

Georges Lewi : Absolument pas. Cette définition rejoint une confusion généralement admise qu’il n’y a pas d’émetteur sur le net et que chacun est à la fois récepteur, émetteur et préconisateur. Dans le domaine des idées, on peut envisager cette « Wiki-logique » à la Wikipedia. Mais, pour un mythologue, l’échange des idées a toujours été fluide, partagé, gratuit comme l’est, encore aujourd’hui  l’accès aux articles des publications scientifiques.

Mais ce n’est pas le cas dans le domaine transactionnel, c’est-à-dire commercial,  où il y a toujours un « proposeur » et des consommateurs potentiels. Simplement, les « proposeurs »ont rejoint une e-brand, e-Bay, Le Bon Coin … comme les agriculteurs se retrouvent sur le marché de la ville.

« Les gens viennent au marché d’abord, avant d’aller chez leur  producteur ». La marque sur Internet, l’e-brand, n’est pas un réseau social transactionnel, mais bien une marque qui a ses valeurs, un storytelling, une identité, et qui va chercher à développer une représentation différenciante par rapport aux autres e-brands du même secteur.

Marketingisdead : « Gagner en notoriété n’est pas gagner en crédibilité », écris-tu : mais ce n’est pas nouveau ; n’est-ce pas plutôt les voies de la crédibilité qui ont changé ?

Georges Lewi : Les publicitaires (et certains annonceurs)  se focalisent sur le buzz créé par une action de « brand content », sur le nombre de clicks, sur la notoriété. Mais le net est avant tout le monde des preuves.

Imaginons une avenue des marques où toutes les marques du monde seraient présentes, côte à côte, sans même qu’on est mal aux pieds en allant de l’une à l’autre, qu’est ce qui ferait la différence ? C’est la question à se poser.

La notoriété pour une infime partie, la vitrine déjà plus sûrement, le prix, les preuves apportées dans le point de vente que l’histoire qu’on vous raconte est bien réelle … Ce n’est pas nouveau de le dire mais sur le net, ce n’est plus une affirmation mais une constatation.

Entre deux magasins dans une avenue, le consommateur, fatigué, ira peut-être, de guerre lasse, au plus notoire. Sur la toile, il n’est pas fatigué et va pouvoir « surfer » beaucoup plus longtemps. Pour choisir un voyage, beaucoup concèdent y avoir passé plus de cinq heures … La notoriété n’est alors qu’un paramètre parmi d’autres.

Facebook constitue aujourd’hui une belle marque … comme Myspace ou Second Life il n’y a pas si longtemps : les nouvelles e-brands ne sont-elles pas extrêmement fragiles ?

Georges Lewi : On parle désormais « d’années chien ». 1 an d’aujourd’hui vaut 7 ans d’hier. Cette « génération Bovary », (la génération Z qui a grandi avec les réseaux sociaux) vit dans fluide continu d’informations et d’interrelations.  En 2 ans « d’années chiens » elle a « fait le tour d’une génération de jadis ».

Comme 8% des marques disparaissait avant d’avoir atteint le cycle d’une première génération, c’est dorénavant en 2 ou 3 ans que cela se joue, se gagne ou se perd. La mémoire humaine est ainsi faite qu’elle chasse ce qui l’encombre ou ce dont elle n’a plus besoin. That’s e-brands life !

Mais comme pour les toutes les marques, le meilleur moyen, pour une e-brand de conserver toutes ses chances de survivre au tsunami de la notoriété, est d’avoir su construire un storytelling efficace, fondé sur un mythe éternel. On peut oublier la marque, mais on n’oublie pas le mythe !

Tourisme et médias sociaux

Les touristes voyagent désormais sur les médias sociaux avant d’arpenter le monde dans la vraie vie : fier de ce constat, la ville de Mérignac a lancé un « office de tourisme numérique ». Rencontre avec Marie Récalde, députée de la Gironde et adjointe au Maire de Mérignac.

MarketingIsDead : Mérignac, pour un parisien comme moi, ça ne dit pas grand-chose : tout au plus l’aéroport de Bordeaux ! Pouvez-vous en deux mots présenter votre ville.

Marie Récalde : Il est vrai que la ville souffre d’un manque de notoriété du fait de la proximité de Bordeaux. Trop souvent on ne rattache Mérignac qu’à son seul aéroport alors qu’avec 70 000 habitants, elle est la troisième ville d’Aquitaine après Bordeaux et Pau ! Avec une telle population elle pourrait être la capitale dans plus de la moitié des départements français !

Mérignac est également un des principaux pôles économiques du Sud-Ouest avec 1.500 entreprises et 50.000 emplois. La filière aéronautique notamment y est fortement représentée avec des grands groupes comme Dassault, Sabena Technics, prochainement Thales… Mérignac est donc une ville où l’on  vit, où l’on travaille et également où l’on séjourne grâce à la présence de nombreux établissements hôteliers.

Mérignac.jpg

MarketingIsDead : Justement, travaillez-vous sur l’image de votre ville ?

Marie Récalde :  Oui la ville travaille à développer son image, son rayonnement tout en promouvant sa filière touristique. Le tourisme d’affaires est en effet une filière clé à Mérignac avec 4,6 millions de passagers et 650 000 nuitées enregistrées par an. Ainsi nous avons créé un office de tourisme numérique, Mérignac Capitale Aéronautique. Ce site, en plus de mettre en avant l’offre à destination des touristes, est également un outil de marketing territorial : on met en avant la principale caractéristique de la ville, l’aéronautique, auprès des voyageurs et des organisateurs d’événements. L’idée est d’offrir une meilleure visibilité à Mérignac, une identité propre. Par ailleurs nous ne souhaitions appeler notre office de tourisme Mérignac Tourisme dans le sens où cela ne correspondait pas à notre cible : les hommes d’affaires, qui bien qu’ils soient par définition des touristes, ne se considèrent pas comme tel. 

Nous avons donc lancé cet office de tourisme qui est 100% numérique. Nous n’avons pas d’office de tourisme physique, ce qui est une première. Cela répondait à la fois aux caractéristiques de la ville, qui a de multiples polarités, à la volonté de rationaliser les coûts et aux évolutions du secteur touristique.

MarketingIsDead : Vous êtes sur Facebook, Twitter, Dailymotion, Flickr … bref, partout sur les médias sociaux : qu’est-ce que cela vous apporte ? Et n’est-ce pas chronophage ?

Marie Récalde : Nous sommes en effet présent sur de nombreux médias sociaux mais c’est surtout sur Facebook que nous nous investissons le plus, en témoignent les 10 000 fans de notre page. Pour nous, les médias sociaux sont avant tout un autre moyen de communication permettant de développer la proximité avec les citoyens. Nous souhaitons créer du dialogue avec les membres, de l’interaction. Pour cela nous mettons par exemple en place des jeux de photo-mystère. Nous essayons également d’offrir une réponse rapide à toutes les questions qui nous sont posées.

La part de la population utilisant Facebook aujourd’hui est si importante que nous ne pouvons nous passer d’un tel outil, qui nous permet de communiquer auprès de différentes classes d’âge, et notamment les jeunes, moins enclin à utiliser les modes de communication plus traditionnels comme le magazine de la ville.  

Nous rédigeons également plusieurs lettres d’informations. Parmi elles, une lettre sur l’actualité économique parait chaque semaine. Nous allons chercher les informations directement auprès des acteurs économiques, ce qui nous permet d’avoir des échanges réguliers avec eux et de connaître finement le tissu économique de notre territoire.

Concernant votre seconde question, cela nous demande moins de temps qu’auparavant. Il y a quelques mois, nous avions plusieurs pages Facebook avec chacune une thématique: une page économie et tourisme, une page culture et une page généraliste qui étaient chacune gérée par une personne. Nous avons fait le choix de regrouper ces trois pages afin de concentrer nos efforts sur la principale et d’avoir une véritable ligne éditoriale. Ainsi aujourd’hui, les trois personnes qui géraient trois pages se partagent l’animation d’une seule, avec un contenu décidé chaque mois.

MarketingIsDead : Comment voyez-vous l’avenir du tourisme sur les médias sociaux ?

Marie Récalde : Le secteur touristique est en profonde mutation depuis l’apparition du web 2.0. Aujourd’hui, un touriste prépare son voyage sur internet, le consulte pendant son voyage et très souvent après avec notamment les sites d’avis. Les médias sociaux influencent également de plus en plus les internautes dans le choix de leur future destination, que ce soit les blogs ou même les albums photos de vos amis sur Facebook. Je pense que ces tendances vont continuer à se développer et les modes de consommations des touristes vont poursuivre leurs évolutions.

Les professionnels, privés comme publics, vont donc devoir être extrêmement réactifs s’ils souhaitent continuer à être attractifs, et c’est pourquoi je pense que les moyens humains et financiers déployés par ces acteurs vont continuer à croitre. Les collectivités les plus visibles sur les médias sociaux gagneront grandement en attractivité.

Les assureurs face à la consommation collaborative.

Cédric Giorgi.jpgLe 5 Novembre dernier, le LAB organisait une matinée sur le thème : Le développement de la consommation collaborative, quels impacts sur l’Assurance et Services Financiers ?

Cette réunion s’est achevée par une table ronde réunissant quelques professionnels de l’assurance et de la consommation collaborative, qui reformulent ici leurs réponses.

Aujourd’hui, entretien avec Cédric Giorgi, un des fondateurs de cookening.com.

MarketingIsDead : En deux mots, c’est quoi Cookening ?

Cédric Giorgi : Cookening est une place de marché en ligne facilitant l’organisation de repas à la maison entre particuliers. Ces repas sont des moments  de rencontres exceptionnelles, réunissant des personnes qui n’auraient jamais pu se rencontrer par ailleurs, dans un lieu privilégié favorisant la convivialité, et autour d’une cuisine authentique.

Concrètement, nous utilisons les repas chez l’habitant, les repas à la maison comme le moyen de connecter les gens, connecter les cultures. Nous sommes en plein dans l’économie collaborative, en travaillant sur l’impact social de cette nouvelle économie.

MarketingIsDead : Après plusieurs années dans des groupes comme Seesmic ou Scoop.it, qu’est-ce quoi t’a poussé à te lancer dans la consommation collaborative ?

Cédric Giorgi : Le fait d’être au contact d’entrepreneurs, que ce soit Marc Rougier, Ludovic Le Moan et Guillaume Decugis chez Scoop.it et Loic Le Meur chez Seesmic, est clairement ce qui m’a donné envie d’entreprendre, de me lancer dans mon propre projet. C’est l’envie d’avoir un impact qui fait entreprendre, l’envie de faire bouger les choses, de changer une partie de la vie des gens, ne serait-ce que le temps d’un repas comme avec Cookening.

Je n’avais pas prévu de me lancer dans la consommation collaborative, j’ai découvert le concept, l’écosystème après avoir eu l’idée de Cookening, et cela n’a fait que finir de me convaincre.

Les assureurs face à la consommation collaborative.

Gilles-Emmanuel Bernard.jpgLe 5 Novembre dernier, le LAB organisait une matinée sur le thème : Le développement de la consommation collaborative, quels impacts sur l’Assurance et Services Financiers ?

Cette réunion s’est achevée par une table ronde réunissant quelques professionnels de l’assurance et de la consommation collaborative, qui reformulent ici leurs réponses.

Aujourd’hui, entretien avec Gilles-Emmanuel Bernard, Président du Comité Directeur du LAB.

MarketingIsDead : Gilles-Emmanuel, cette question ne s’adresse pas au dirigeant du Lab mais à l’investisseur : comment as-tu découvert les start-up de la consommation collaborative puisque que tu soutiens notamment sejourning.com ?

Gilles-Emmanuel Bernard : Lorsque l’on s’intéresse à l’investissement dans des secteurs utilisant des modes de distribution-ou de communication- diversifiés, on ne peut pas passer à côté de l’économie collaborative, qui est « le » phénomène actuel. Bien sûr il ne représente aujourd’hui pas grand-chose au regard des volumes actuels du commerce mondial, mais il est en train de déstructurer les modes traditionnels d’échange, de commerce et de relations entre prestataires et utilisateurs. En ce sens , il est aussi pour l’investisseur un formidable terrain d’apprentissage des évolutions de la consommation en mode peer to peer, qui impacteront nécessairement un certain nombre de business models d’activités plus classiques.

MarketingIsDead : Les risques ne sont-ils pas particulièrement élevés, à investir dans ce type de secteur ?

Gilles-Emmanuel Bernard : Les risques sont nécessairement très élevés à investir dans ce secteur, car même si le concept de base est pertinent, un grand nombre d’ingrédients est indispensable pour réaliser une success story ;en voici quelques-uns :

trouver l’idée, le service ou l’offre qui corresponde réellement à un besoin fondamental de Société, et ne soit pas uniquement l’exploitation d’un buzz fugace.

pouvoir atteindre rapidement une masse critique d’utilisateurs , car les marges unitaires sont en général assez faibles, quel que soit le type de monétisation adopté.

mettre en place les conditions d’un service irréprochable, et suivre toutes les évolutions techniques des outils de communication favoris des utilisateurs.

accompagner la com. virale (pas assez rapide à elle seule) par d’autres supports ou types de médiatisation soigneusement choisis, pas nécessairement via les RS ou les gros moteurs, qui deviennent de plus en plus coûteux.

faire preuve d’une très grande mobilité dans les évolutions du service … voire même du modèle !

disposer d’un modèle exportable, car le marché français reste un petit village.

Enfin, et c’est l’un des critères fondamentaux, la consistance et l’engagement des créateurs est déterminante.

Les assureurs face à la consommation collaborative.

Macif.jpgLe 5 Novembre dernier, le LAB organisait une matinée sur le thème : Le développement de la consommation collaborative, quels impacts sur l’Assurance et Services Financiers ?

Cette réunion s’est achevée par une table ronde réunissant quelques professionnels de l’assurance et de la consommation collaborative, qui reformulent ici leurs réponses.

Aujourd’hui, entretien avec Franck Dechaine, Responsable de Marché à la Macif.

MarketingIsDead : Vous soutenez déjà  quelques projets dans l’économie collaborative, notamment avec jelouemoncampingcar.com

Franck Dechaine : Pour nous à la Macif, participer c’est un moyen de mieux comprendre ces nouveaux modes de déplacements de mieux évaluer le comportement des utilisateurs et enfin de mieux appréhender les modèles économiques associés.

MarketingIsDead : Pourtant, d’une manière générale, le monde de l’assurance semble rester en retrait face à ces nouveaux business models …

Franck Dechaine : Cette relative frilosité des assureurs s’explique notamment par une difficulté d’appréhender le risque qu’ils assimilent souvent à de la location courte durée ou de la multipropriété, risques pour lesquels les résultats connus ne sont pas bons. Par ailleurs en terme actuariel, il n’y pas vraiment de référence. La nature des relations entre les individus au sein d’un modèle de consommation collaborative est différente d’une consommation exclusivement marchande traditionnelle. Le partage de responsabilité est neuf et encore difficile à appréhender. D’autant que la définition d’un cadre juridique clair de ces activités arrive souvent postérieurement …

Enfin force est de constater que les assureurs restent sollicités au dernier moment ce qui renforce une certaine prudence et les renoncements.

Dans ce contexte nous ne pouvons qu’inviter les porteurs de projet à associer très tôt les assureurs dans leur démarches afin que ces derniers puissent appréhender au mieux le risque à assurer, et dans certains cas soutenir financièrement les porteurs de projets.