Vers un nouvel horizon : rencontre avec Eric Fourboul - Marketing is Dead
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Vers un nouvel horizon : rencontre avec Eric Fourboul

Vers un nouvel horizon : rencontre avec Eric Fourboul

« J’en ai marre », « Je veux retrouver du sens » : en plein confinement, les médias portaient la parole de ces citoyens qui souhaitaient rebondir en réorientant leur carrière, tant pour une meilleure qualité de vie que pour rendre notre monde meilleur. Utopies, fantasmes ?

Certains ont tourné la page et se sont lancés vers de nouvelles aventures ; récemment, 6 mois après le 1er déconfinement, le Club Horizon(s) de l’Adetem leur donnait la parole au cours d’un Webinar ; rencontre avec Eric Fourboul, fondateur de Boavizta.

MarketingIsDead : Tu peux résumer ton parcours jusqu’à ces dernières années ?

Eric Fourboul : Ingénieur de formation, j’ai eu un parcours « classique » de cornucopien (ou technophile) : ingénieur CAO chez Dassault Systèmes, détachement chez Boeing à Seattle pour travailler sur le 1er avion 100% numérique, le 777, puis passage chez Microsoft et une startup locale Capital Stream avant de revenir en France en 2002 et de vivre une aventure entrepreneuriale avec AMI Software – logiciel de veille – jusqu’en 2017.

MarketingIsDead : Tu as ensuite fondé Boavizta : c’est quoi exactement Boavizta ?

Eric Fourboul : Boavizta est un projet dédié à la mesure d’impact environnemental du numérique, et plus spécifiquement des systèmes d’informations d’entreprises (datacenters, réseaux, terminaux, cloud, équipes IT…, etc.). L’initiative a commencé par la création d’un groupe de travail qui souhaite adresser ces challenges et vise à développer des méthodologies, bases de données et outils en mode Open Source.

Le numérique – quoique qualifié d’immatériel – une empreinte environnementale non négligeable, longtemps ignorée et qui est surtout en croissance exponentielle.

MarketingIsDead : Peux-tu expliquer ce qui a motivé ce changement ? La crise sanitaire a-t-elle joué dans tes décisions ?

Eric Fourboul : En 2017, j’ai eu plusieurs mois d’inactivité professionnelle qui m’ont permis de creuser certains sujets dont les enjeux environnementaux et la compréhension « physique » de notre monde : le dérèglement climatique n’est qu’un symptôme d’un système qui nous amène droit dans le mur, soit par pénurie de ressources, soit par les effets du dérèglement climatique.

La lecture de The Limits To Growth de Dennis Meadows est éclairante et devrait être obligatoire pour tous les décideurs. On savait déjà en 1972 que notre modèle n’était pas soutenable !

A partir de ce constat, il a été logique de donner du sens à mon activité professionnelle en me focalisant sur les externalités produites par l’industrie que je connais le mieux.

Pendant toute ma carrière j’ai participé à imaginer des usages possibles grâce au numérique. Dorénavant, je tente de répondre à la question : quel numérique est possible dans ce monde contraint.

La crise sanitaire a amplifié mes convictions et a surtout facilité le contact avec des interlocuteurs en charge du « numérique responsable » dans plusieurs grandes entreprises. Il est ironique de constater que le groupe de travail s’est constitué pendant le 1er confinement !

MarketingIsDead : Et comment envisages-tu l’avenir ?

Eric Fourboul : Je suis un optimiste de nature, donc je pense que nous avons une grande opportunité de réinventer nos sociétés.

Pour cela, il faut sortir du déni dans lequel nous nous sommes enfermés collectivement.

Comme pour la courbe du deuil ou du changement, il faut accepter de passer par des étapes potentiellement douloureuses et anxiogènes.

Mais après, le champ des possibles est vaste.

C’est intéressant de constater que depuis une dizaine d’années, il existe une tendance de changement de vie assez  « radical » chez de  nombreux cadres qui acceptent ou provoquent une baisse de revenu pour privilégier plus de temps libre ou de quête de sens.

C’est ce changement radical et potentiellement très positif qu’il faut qu’on opère à l’échelle de nos sociétés.  Il nous faut ajouter d’autres indicateurs – bien être, soutenabilité, résilience – à ce foutu PIB qui guide toutes nos décisions et qui va inévitablement et inexorablement baisser dans les décennies qui arrivent. C’est ce que commencent à préconiser certains économistes comme Eloi Laurent.

Pour reprendre ton slogan sur le Marketing, la croissance est morte, vive les croissances !     

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